Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Démonstration : le mythe selon lequel Poutine est déterminé à conquérir l’Ukraine et à créer une grande Russie est de l’enfumage…

Ceux qui croient encore à ce que leur racontent nos médias sur l’Ukraine petit pays porteur de nos libertés et Zelensky notre fier et pur héros sont vraiment prêts à croire n’importe quoi. Mais même si la foi en ces gens là n’est plus ce qu’elle était, il demeure de toute cette histoire le fond de ce qui nous a été inculqué, la peur de l’ennemi qui venu de l’est nous veut du mal. Pourtant n’importe quel esprit rationnel au courant simplement des faits tels qu’on les découvre peu à peu (en particulier l’existence de négociations dès le début de l’opération spéciale, négociations menées par la Turquie et Israël, et torpillées par les faucons de l’OTAN) s’inscrivent en faux contre ce leurre ultime destiné à nous faire supporter la poursuite de guerres meurtrières et inutiles. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

20/12/2023

par John Mearsheimer
Publié le

Il existe de plus en plus de preuves irréfutables montrant que la Russie et l’Ukraine ont participé à des négociations sérieuses pour mettre fin à la guerre en Ukraine juste après son début le 24 février 2022. Ces pourparlers ont été facilités par le président turc Recep Erdogan et l’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett et ont donné lieu à des discussions détaillées et franches sur les termes d’un éventuel règlement.

De l’avis général, ces négociations, qui ont eu lieu en mars-avril 2022, ont fait de réels progrès lorsque la Grande-Bretagne et les États-Unis ont demandé au président ukrainien Zelensky de les abandonner, ce qu’il a fait.

La couverture médiatique de ces événements s’est concentrée sur la folie et l’irresponsabilité du président Joe Biden et du Premier ministre Boris Johnson de mettre fin à ces négociations, compte tenu de toutes les morts et destructions que l’Ukraine a subies depuis lors – dans une guerre que Kiev est susceptible de perdre.

Pourtant, un aspect particulièrement important de cette histoire concernant les causes de la guerre en Ukraine a reçu peu d’attention. La sagesse conventionnelle bien ancrée en Occident est que le président Poutine a envahi l’Ukraine pour conquérir ce pays et l’intégrer à une Grande Russie. Ensuite, il partira à la conquête d’autres pays d’Europe de l’Est. Le contre-argument, qui jouit de peu de soutien en Occident, est que Poutine était principalement motivé par la menace d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et de devenir un rempart occidental à la frontière de la Russie. Pour lui et d’autres élites russes, l’Ukraine au sein de l’OTAN était une menace existentielle.

Les négociations de mars-avril 2022 montrent clairement que la sagesse conventionnelle sur les causes de la guerre est fausse, et le contre-argument est juste, pour deux raisons principales. Tout d’abord, les pourparlers se sont directement concentrés sur la satisfaction de la demande de la Russie que l’Ukraine ne fasse pas partie de l’OTAN et devienne plutôt un État neutre. Toutes les personnes impliquées dans les négociations ont compris que les relations de l’Ukraine avec l’OTAN étaient au cœur des préoccupations de la Russie. Deuxièmement, si Poutine était déterminé à conquérir toute l’Ukraine, il n’aurait pas accepté ces pourparlers, car leur essence même contredisait toute possibilité que la Russie conquière toute l’Ukraine. On pourrait dire qu’il a participé à ces négociations et qu’il a beaucoup parlé de neutralité pour masquer ses grandes ambitions. Il n’y a cependant aucune preuve à l’appui de cet argument, sans parler du fait que : 1) la petite force d’invasion de la Russie n’était pas capable de conquérir et d’occuper toute l’Ukraine ; et 2) cela n’aurait eu aucun sens de retarder une offensive plus importante, car cela aurait donné à l’Ukraine le temps de renforcer ses défenses.

En bref, Poutine a lancé une attaque limitée en Ukraine dans le but de contraindre Zelensky à abandonner la politique de Kiev consistant à s’aligner sur l’Occident et à faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN. Si la Grande-Bretagne et l’Occident n’étaient pas intervenus pour mettre fin aux négociations, il y a de bonnes raisons de penser que Poutine aurait atteint cet objectif limité et accepté de mettre fin à la guerre.

Il convient également de rappeler que la Russie n’a annexé les oblasts ukrainiens de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia qu’en septembre 2022, bien après la fin des pourparlers. Si un accord avait été conclu, l’Ukraine contrôlerait presque certainement une part beaucoup plus importante de son territoire d’origine qu’elle ne le fait actuellement.

Il devient de plus en plus clair que dans le cas de l’Ukraine, le niveau de folie et de malhonnêteté parmi les élites occidentales et les médias occidentaux grand public est stupéfiant.

Reproduit avec la permission de John’s Substack.

* John Mearsheimer est professeur émérite de sciences politiques à l’Université de Chicago et l’un des plus éminents spécialistes de la politique étrangère aux États-Unis.

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2 Commentaires

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Pourquoi la Russie chercherait-elle à s’agrandir? Géographiquement, c’est le plus grand pays du monde. Le réchauffement climatique révèle d’énormes richesses dans son sous-sol. De nouvelles routes maritimes apparaissent dans l’Arctique. Pourquoi chercherait-elle à s’agrandir vers l’Ouest? C’et véritablement de propagande qui ne tient pas la route.
    Certaines nuances sont peut-être apparues dans les propos du représentant russe à l’ONU, de Sergueï Lavrov et de Vladimir Poutine. Celui-ci à tenu à préciser le 14 décembre les objectifs de l’opération militaire social déclenchée le 24/02/2022: dénazification, démilitarisation, statut de neutralité pour l’Ukraine. Nul trace dans ces propos de volonté de conquête d’autres pays. Comme le précise John Mearsheimer, la perte des 4 oblasts c’est le résultat de l’abandon des accords de mars/avril 2022. Vladimir Poutine a aussi précisé que Odessa est une ville russe. Au moment de la “capitulation” selon la déclaration du représentant russe à l’ONU, ce problème sera peut-être un point chaud.

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  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Rectificatif: il s’agit bien sûr d'”opération militaire spéciale” et non “sociale”
    Autre déclaration de Vladimir Poutine, lue sur le site de l’Ambassade Russie:
    🇷🇺 Le président russe Vladimir Poutine:

    “💬 Nous ne nous isolons pas du continent américain, ni de pays européens. Il est temps qu’ils comprennent qu’il faut arrêter de déconner et d’attendre notre effondrement. Il est devenu clair pour tout le monde que s’ils veulent bénéficier de la coopération avec la Russie, ils doivent le faire. Nous ne les repoussons pas”
    Sans “déconner”, le message est clair.

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