13 DÉCEMBRE 2023
Outre la description de l’isolement non seulement d’Israël mais des Etats-Unis dans une politique dont l’inhumanité constitue un pas que même les complices de toujours n’osent franchir, il y a une perspective politique qui devrait être celle adoptée dans les interventions politiques en faveur d’une solution de paix. Le recours à l’assemblée générale dans le cas du blocage des résolutions de l’ONU pourrait aller dans le sens d’une reconnaissance de l’État palestinien et devenir officiel. Le PCF a pris une telle position et elle pourrait fédérer largement.(note et traduction de Danielle Bleitrach)
PAR JOHN WHITBECKFacebook (en anglais seulementGazouillerSur RedditMessagerie électronique
Que se passera-t-il après le vote de l’Assemblée générale ?
L’Assemblée générale de l’ONU vient de voter la résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat dans le conflit entre Israël et Gaza, à laquelle les États-Unis ont opposé leur veto au Conseil de sécurité.
Résultat : OUI : 153 ; NON : 10 ; Abstentions : 23
L’Autriche, la République tchèque, le Guatemala, le Liberia, la Micronésie, Nauru, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Paraguay se sont joints à Israël et aux États-Unis pour voter « non ».
Les 23 abstentionnistes étaient l’Allemagne, l’Argentine, la Bulgarie, le Cameroun, le Cap-Vert, la Géorgie, la Hongrie, l’Italie, la Lituanie, le Malawi, les Îles Marshall, les Pays-Bas, les Palaos, le Panama, la Roumanie, la Slovaquie, le Soudan du Sud, le Togo, les Tonga, l’Ukraine et l’Uruguay.
Il est à noter que seuls deux pays européens ont voté avec Israël et les États-Unis et que seuls huit membres de l’Union européenne se sont abstenus, ce qui suggère que le soutien inconditionnel au « droit à se défendre » d’Israël qui s’est manifesté en Europe jusqu’à récemment commence à fondre. En effet, même l’Ukraine s’est abstenue.
Il convient également de noter qu’aucun pays d’Asie, à l’exception d’Israël lui-même, n’a voté « non » ou ne s’est abstenu sur cette résolution, ce qui suggère que les espoirs du gouvernement américain d’obtenir un soutien asiatique loyal pour affronter, contenir et contrer son principal adversaire perçu, la Chine, ne seront pas facilement réalisés.
Même les Îles Marshall et les Palaos, deux des trois « États librement associés » (avec la Micronésie) des États-Unis, des quasi-colonies avec des codes postaux américains, liés par leurs pactes de libre association pour être guidés par les États-Unis dans leur politique étrangère et généralement des partisans fidèles du camp en remplissant le nombre minimal de votes anti-palestiniens sur les résolutions de l’ONU, ont osé s’abstenir lors de ce vote. Même pour eux, certains ponts de la faillite morale, de l’inhumanité et de la dépravation de la politique étrangère américaine sont allés trop loin pour être franchis derrière elle.
Ce vote a eu lieu lors d’une « session extraordinaire d’urgence » de l’Assemblée générale en vertu de la résolution « S’unir pour la paix », applicable lorsque le Conseil de sécurité n’exerce pas sa responsabilité première en matière de paix et de sécurité internationales en raison du veto d’un membre permanent, et qu’il existe un précédent pour que de tels votes soient réputés, comme les votes du Conseil de sécurité. juridiquement contraignant (https://legal.un.org/avl/ha/ufp/ufp.html).
Bien sûr, cette distinction juridique subtile peut être considérée comme non pertinente, puisqu’Israël s’est rarement, voire jamais, conformé à une résolution de l’ONU qu’il n’aimait pas, qu’elle soit « contraignante » ou non, et que le contrôle effectif d’Israël sur le gouvernement américain a fait en sorte que sa défiance n’ait pas donné lieu à des conséquences négatives.
Cependant, il y a un point sur lequel le caractère potentiellement contraignant d’une telle résolution « S’unir pour la paix » pourrait devenir pertinent.
Si l’État de Palestine donnait suite à ce vote écrasant de l’Assemblée générale en demandant au Conseil de sécurité d’être reclassé d’État observateur non membre à État membre à part entière et si les États-Unis opposaient leur veto à cette demande, la même question pourrait-elle être soumise à l’Assemblée générale dans le cadre de la résolution « S’unir pour la paix », le résultat de ce vote étant considéré comme contraignant par le secrétariat de l’ONU, guidé par un Secrétaire général qui ne souffre manifestement pas de la défiance israélienne, de l’impolitesse publique et des insultes personnelles ?
Le professeur américain de droit international Francis Boyle pense que cela pourrait et devrait être possible (https://accuracy.org/release/palestinian-un-bid-and-uniting-for-peace).
Il y a des raisons d’espérer que, si le président Biden devait être mis à l’épreuve dans les jours à venir, la théorie juridique du professeur Boyle n’aurait peut-être pas besoin de l’être.
Alors même qu’il transportait par avion des quantités massives d’armes à Israël et lui fournissait une couverture diplomatique, le gouvernement américain a insisté publiquement, avec un niveau de sincérité qui n’a pas encore été testé, sur le fait qu’une « solution à deux États » est désormais essentielle pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient.
À la lumière de cette position publique et dans le sillage d’avoir dégoûté la plupart de l’humanité avec son dernier veto au Conseil de sécurité, le gouvernement américain oserait-il vraiment dégoûter à nouveau la plupart de l’humanité avec un deuxième veto anti-palestinien en succession rapide, qui mettrait simultanément à nu le manque de sincérité cynique de son prétendu soutien à l’État palestinien ? qui est déjà reconnue diplomatiquement par l’ONU, par 138 États membres de l’ONU et par le Saint-Siège/Cité du Vatican ? Exceptionnellement, à l’heure actuelle, ce n’est peut-être pas le cas.
S’il reste quelque chose du droit international et du système des Nations Unies, l’occupation de l’ensemble du territoire d’un État membre de l’ONU par un autre État membre de l’ONU, comme dans le cas du Koweït pendant sept mois, ne peut pas être autorisée à persister indéfiniment et sans conséquences.
Alors que la sympathie et le soutien du monde entier pour la Palestine et son peuple n’ont jamais été aussi élevés, la Palestine n’a rien à perdre – et potentiellement beaucoup à gagner – à mettre les États-Unis à l’épreuve.
John V. Whitbeck est un avocat international basé à Paris.
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