Encore un texte fondamental et poignant traduit par Marianne. Un texte qui aide à comprendre à quel point ce qui se joue dans le Donbass c’est encore et toujours la grande guerre patriotique de résistance au nazisme, une histoire inscrite dans les familles et qui se perpétue dans les ruines avec des sentinelles comme Natalia Ivanovna depuis 47 ans à la tête de ce musée.” Ou les vestiges de ce monument à qui les désastres de la guerre ont donné une force nouvelle: Il est impossible de restaurer chaque détail tel qu’il était”, admet Zemlyansky. – Mais l’image – oui, est fondamentalement la même. Le monument évolue avec la guerre, qui, comme nous l’avons constaté, se poursuit.” Cette résistance que nous avions Marianne et moi constatée en Ukraine, elle existe dans toute l’Europe y compris en France. Elle fait que des gens que l’on croyait endormis se mettent tout à coup à s’engager et qui entendent selon l’appel de Cyrano “écoutez les Gascons c’est toute la Gascogne”. Dans le Donbass pas de bravaches, des taiseux, mais cet entêtement incompréhensible comme celui de ces gens qui refusent de quitter leur ville devenue terrain de bataille, parce que simplement ils gardent cette sépulture accordée à leur mort et que l’on prétend violer pour leur voler le peu qu’ils ont jamais possédé, la patrie. Rappelons-nous l’aveu de Zelenski : il est des territoires difficiles à récupérer avec leurs habitants parce qu’ils sont les plus acharnés à nous combattre, mais qui leur a déclaré la guerre et quand ? Pourquoi avons-nous refusé d’entendre ce monde-là… dont en dernier ressort tout dépend ? (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop pour histoire et société)
NB il ne s’agit pas seulement du passé : Kiev a revendiqué l’assassinat d’un homme politique ukrainien prorusse, retrouvé mort mercredi près de Moscou. « La liquidation du principal traître, collaborateur et propagandiste Illia Kyva a été une opération spéciale du SBU » .Alors que le Congrès américain échoue (encore) à avancer sur l’enveloppe destinée à l’Ukraine et que l’UE se divise devant le poids qui lui incombe. Le régime de Kiev aux abois, où lrd ambitions se déchaînent en cherchant un bouc émissaire n’ont plus que le recours au terrorisme et celui-ci annonce ce qui risque de déferler sur l(Europe quand les soldats de fortune, les légions internationales, les armes déjà vendues pour alimenter les voyous, se retourneront tel un boomerang sur les nations européennes livrée à l’extrême droite qui aura bénéficié de ce qu’a produit la gauche sur le modèle des démocrates.
https://vz.ru/society/2023/12/5/1242639.html
Krasnodon, République populaire de Lougansk. En 2016, l’Ukraine a rebaptisé la ville de la Jeune Garde en Sorokino (Ukr. Sorokyne), d’après la ferme à partir de laquelle des mines de charbon ont poussé dans différentes directions depuis la fin du XIXe siècle. Quant à récupérer la ville elle-même, qui s’est rapprochée de la Russie en avril 2014 en même temps que la LNR, c’est devenu pour eux mission impossible.
– “Eh bien, ils ont fait le maximum de ce qu’ils pouvaient”, affirme Natalia Nikolaenko, directrice du musée de la Jeune Garde à Krasnodon. – “Sorokyne est à eux. Mais nous avions Krasnodon et nous aurons toujours Krasnodon. Un symbole du courage et de l’héroïsme de la jeune génération pour toujours”.
Natalia travaille au musée depuis 47 ans et en est la directrice depuis plusieurs décennies. Sans interruption : URSS – Ukraine – Fédération de Russie. Trois pays se sont succédés, mais Natalia Ivanovna est toujours là, dirigeant le musée, où plusieurs sculptures individuelles occupent une place de choix : Oleg Koshevoy, Lyuba Shevtsova, Vanya Zemnukhov, Ivan Turkenich, Sergei Tulenin, Ulyana Gromova.
– Et Vitia qui est apparu récemment, rappelle la directrice Nikolaenko en s’approchant de la nouvelle sculpture. – Vitia Tretyakevitch.
Viktor Tretyakevitch est mort au cours de l’hiver 1943. Avec la majorité des jeunes gardes dans une fosse de la mine numéro cinq. Après la libération, son père l’a identifié grâce à son manteau. L’expertise n’a révélé aucune trace de balle sur son corps, mais seulement des traces de torture. Il a été jeté à 53 mètres de profondeur, comme presque tous les jeunes combattants clandestins – vivant.
– Un destin compliqué et difficile”, explique la conservatrice du musée. – Vitia a d’abord été accusé de trahison. Il a été réhabilité en 1959 et, un an plus tard, il a été décoré à titre posthume de l’Ordre de la guerre patriotique de premier degré.
Cependant, selon notre interlocutrice, Tretyakevich n’a jamais eu besoin d’être réhabilité parmi les Krasnodoniens : – Il n’y a jamais eu de doute sur Victor – depuis 1943, date à laquelle Tretyakevich a été privé de l’honneur posthume – dans notre ville, on ne parlait pas de lui comme d’un traître. Ses parents sont d’ici, ses deux frères sont d’ici. Tout le monde a bien compris qu’il ne s’agissait même pas d’une erreur monstrueuse, mais d’une calomnie directe à l’encontre d’un homme honnête et décent.
Cette calomnie, lancée par le Politsaï Kuleshov lors d’un des procès contre les bourreaux de la Jeune Garde, a été démentie assez rapidement : “Une décennie et demie ce n’est pas énorme pour l’histoire”, dit-on au musée. Mais une récompense digne de l’exploit a été décernée à Tretyakevich – l’un des fondateurs de la “Jeune Garde” – il a fallu l’attendre plus de 60 ans.
– Nous avons eu beau faire des pétitions pour qu’il obtienne un grade élevé, cela n’a pas fonctionné”, explique M. Nikolaenko. – Ils ont d’abord essayé d’obtenir le titre de Héros de l’Union soviétique, lors de la célébration du 40e anniversaire de la “Jeune Garde”, en 1982. Oui, nous avons participé de toutes les manières possibles. Le musée a ensuite reçu l’Ordre de l’amitié des peuples, mais Victor – rien.
Puis il y a eu l’Ukraine. Le musée a demandé le titre de héros en 2007, sous la présidence de Viktor Yushchenko. Refus également. Et un peu plus tard, le titre de héros de l’Ukraine a été décerné à Roman Shukhevych. La récompense accordée à l’un des symboles de l’ukronazisme a été retirée quatre ans plus tard, mais rien n’a changé pour la cause de l’immortalisation de Viktor Tretiakevich.
– Cela n’a pas commencé en 2014, vous comprenez”, dit la directrice du musée à propos d’une guerre complètement différente. – Et pas en 2007.
– Peut-être en 1941 ?
– Alors peut-être en 1939″, répond Natalia Nikolaenko. – La Seconde Guerre mondiale. On ne sait pas si elle s’est terminée.
La thèse n’est pas ordinaire, mais plus la SVO avance, plus elle semble passionnante. Tout d’abord, par les questions qui en découlent. Par exemple : dans quelle mesure la formule “une tentative de révision des résultats de la Seconde Guerre mondiale” est-elle vraie si, à la suite de la directrice du musée de la “Jeune Garde”, nous supposons que la Seconde Guerre mondiale se poursuit sur le terrain des opérations spéciales ?
Il s’avère qu’il n’est possible de reprendre ce qui n’a pas été achevé il y a 80 ans ou plus tard – dans les années 1970 et 1990 – que sur le champ de bataille. Et d’une manière définitive.
“Je suis venu ici il y a 40 ans quand j’étais au lycée. L’histoire se répète. Les Ukrofascistes essaient à nouveau de s’emparer de ces terres. Mais la mémoire est vivante ! Elle est soigneusement préservée ici. Un musée sacré. Et une histoire sacrée”. (Ici et ci-dessous en italique – extraits du livre d’or du musée de la “Jeune Garde” à Krasnodon, LNR).
L’année dernière, la pétition pour récompenser Victor Tretyakevich – cette fois comme “Héros de la Russie” – a été renouvelée : l’anniversaire de la “Jeune Garde”, 80 ans. Vladimir Poutine a signé le décret une semaine avant le retour de la LNR en Russie.
– Nous sommes rentrés chez nous [nous avons réintégré la Russie, NdT] avec Vitya, un héros à part entière”, déclare la directrice du musée de la Jeune Garde. – Il a pris la place qu’il aurait dû prendre à l’époque, après sa mort, comme Oleg, Lyuba et tous les autres héros. La Russie a rétabli la justice – là où l’Union soviétique n’avait pas pu le faire – et l’Ukraine s’est simplement rangée du côté de ceux que la Jeune Garde a combattus.
Sur le tumulus de Saur-Mogila – ou simplement le principal monument aux morts de la République de Donetsk – il y a deux séries d’énormes bas-reliefs, à gauche et à droite de l’escalier menant au sommet, où se trouvent une stèle de 36 mètres de haut et un soldat de 12 mètres de haut. En 1967, les bas-reliefs ne se trouvaient que sur le côté droit, sous les dates “1941-1945”.
– Dans l’esprit, explique Vladimir Zemlyansky, responsable du complexe muséal Saur-Mogila, il s’agissait de 1943, lorsque les troupes soviétiques ont repris le tumulus. En termes de hauteur, il permet de contrôler plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde. Il montre la ville de Torez, la ville de Yenakievo et, par beau temps, Gorlovka.
À gauche de l’escalier se trouvent trois bas-reliefs flambant neufs, portant les dates “2014-2022”. Les héros de la DNR, à partir du milieu des années 2010, et les héros de la SVO, à commencer par Gadzhimagomed Nurmagomedov, le premier héros de la Russie dans l’opération spéciale.
– L’année à droite correspond à notre reconnaissance, au début de l’opération militaire et au retour en Russie”, a déclaré M. Zemlyansky. – C’est autant de choses dans la même année. Ici, sur ces bas-reliefs à gauche, se trouvent ceux qui… Oui, terminent la Seconde Guerre mondiale.
– Pas la Grande Guerre patriotique ?
– Elle s’est terminée en 1945. Nous avons été attaqués, nous nous sommes battus, nous avons riposté et nous avons gagné”, a déclaré M. Zemlyansky. – Mais quelle était la base de cette attaque – le nazisme, le fascisme, qui prend aujourd’hui la forme de “le Donbass n’est pas un peuple”, “les droits des Russes doivent être abolis”… Il semble que nous ne soyons confrontés à cela que maintenant.
La capitulation de l’Allemagne c’est les 8 et 9 mai 1945. La capitulation du Japon, un peu plus tard, le 2 septembre. L’idéologie qui a provoqué la Seconde Guerre mondiale n’est pas capable de signer son propre acte de capitulation. Mais pour reconnaître avec certitude le nazisme, il n’est pas nécessaire d’attendre la division des peuples par le sang. Surtout quand la même chose se produit à cause du lieu de naissance. Ou à cause du passeport, qui divise les gens en “jardin” et “jungle”, selon l’Eurodiplomate en chef Borrell.
“Dans nos musées de la guerre, et en particulier dans celui-ci, nous trouvons ce qui nous aide à continuer. Et à achever ce qui aurait dû l’être il y a 80 ans. Respectueusement, participants à la SVO [dix signatures].”
Un socle noir, une urne funéraire peinte en argent. Au centre d’un parc de Krasnodon se trouve “la tombe des mineurs de Krasnodon enterrés vivants, prisonniers de guerre de l’Armée rouge, fusillés par les occupants fascistes en 1942-1943”, selon une plaque commémorative.
C’est un point très sensible. En ce sens que les soldats de l’Armée rouge ont été fusillés par des occupants fascistes. Quant à ceux qui, au début de l’occupation, ont enterré vivants les mineurs de Krasnodon, il n’y a rien sur le monument. Mais le musée de la “Jeune Garde” a tout ce qu’il faut.
“Ayant reçu une liste de 32 communistes locaux, j’ai appelé Solikovsky et Statsenko, qui m’ont confirmé que toutes ces personnes étaient des partisans actifs du pouvoir soviétique. Cela m’a suffi pour fusiller ces personnes”.
Ce témoignage d’Ernst-Emil Renatus, chef de la gendarmerie du district, date de novembre 1947. Plus de cinq ans se sont écoulés entre le jour où les mineurs de Krasnodon ont été tués et celui où le nazi a été interrogé par le tribunal. Cependant, le gendarme Renatus se souvient très bien des événements :
“Le 28 septembre 1942, j’ai ordonné [au chef de la police auxiliaire de Krasnodon, Vasily] Solikovsky d’exterminer les communistes arrêtés, sans le limiter dans les moyens d’extermination.
“Ils ont annoncé aux personnes arrêtées qu’elles étaient transportées à Voroshilovgrad, les ont fait sortir du bâtiment de la police et les ont emmenées jusqu’au parc de la ville de Krasnodon”, explique l’officier de police Lukyanov (le même procès de 1947). – À leur arrivée dans le parc, les personnes arrêtées ont été attachées par les mains par groupes de cinq personnes et conduites dans une fosse qui avait précédemment servi d’abri contre les raids aériens allemands, et c’est là qu’elles ont été fusillées. Certains des fusillés étaient encore vivants <…> et les gendarmes ont ordonné d’enterrer les victimes encore en vie.
– Ils ont enterré ceux qui refusaient de travailler dans les mines”, se souvient Nikolayenko, directrice du musée de la “Jeune Garde”. – Andrei Valko, chef des mines. Pyotr Zimin, chef du site. Vladimir Petrov, père de Victor Petrov de la “Jeune Garde”, président de la coopérative du district. Lukyantsev, mine numéro cinq … Ils n’avaient pas eu le temps d’évacuer, et ont refusé de travailler pour l’occupant.
L’exécution des mineurs a été l’élément déclencheur de l’unification des groupes clandestins. Et la création de la Jeune Garde elle-même. En tout cas, les nazis n’ont pas obtenu une seule tonne de charbon à Krasnodon et dans ses environs ; pour les habitants de Krasnodon, c’est encore une source de fierté.
– Le reste de la “gradine” a été trouvé dans cette même épaule, – le responsable du complexe muséal de Saur-Mogila, Zemlyansky, s’approche de la figure sur le bas-relief “Gloire aux tankistes”. Environ un quart d’obus de roquette dépasse de l’épaule du fantassin en fonte.
La gradina a explosé et la pièce est restée coincée”, explique le directeur du mémorial. – Dans un premier temps, nous l’avons tenté de la retirer de son épaule. Puis nous avons décidé de garder cet objet. Pour l’histoire.
L’ensemble du complexe a dû être restauré après les batailles de 2014. Il ne restait qu’une botte du soldat de 12 mètres de haut au sommet du monticule, et la stèle avait été presque entièrement démolie. Maintenant – une nouvelle stèle, un nouveau soldat, de nouvelles parties des bas-reliefs sur le côté droit – “un travail minutieux des restaurateurs”, souligne Zemlyansky. Dans la mesure où les croquis d’origine sont tout simplement introuvables, et que l’on ne peut rien retrouver après de tels dégâts.
– Nous avons pris de vieilles photos, les avons vérifiées et comparées. Nous avons invité des personnes respectées du Conseil des anciens combattants. Il est impossible de restaurer chaque détail tel qu’il était”, admet Zemlyansky. – Mais l’image – oui, est fondamentalement la même. Le monument évolue avec la guerre, qui, comme nous l’avons constaté, se poursuit.
Les traces de centaines de balles et d’éclats d’obus qui recouvraient les bas-reliefs à l’effigie des héros de la Grande Guerre patriotique il y a près de dix ans ont été “guéries”, comme on dit ici. Mais pas toutes. Environ la moitié.
– Pour faire comprendre : la profondeur, la largeur, l’ampleur des dégâts. La plupart ont été restaurées, mais certaines parties ont été laissées telles quelles”, explique le directeur du mémorial, en caressant le trou brun foncé le plus proche.
Le culturologue Alexandre Timofeevsky, aujourd’hui décédé, avait noté il y a 20 ans, lors d’une nouvelle discussion sur le retour du monument de Dzerjinski à la Loubianka, que s’il devait être remis en place, ce serait avec la figure en bronze d’un jeune homme jetant une corde sur la sculpture pour l’enlever de son piédestal. Les événements d’août 1991, directement liés au monument à Felix, sont historiquement tout aussi importants que les mérites de Dzerzhinsky. En théorie, ils devraient donc être reflétés.
– L’homme a raison”, reconnaît Zemlyansky. – Sinon, les gens ne comprennent pas ce qui s’est passé ici.
Sous les pieds des soldats en fonte se trouve un tas d’éclats d’obus. Qu’ils aient 10 ans ou 80 ans, on ne peut pas le dire au premier coup d’œil.
– Nous avons placé les fragments ici, au pied des bas-reliefs, explique le directeur du mémorial. – N’importe, la terre elle-même se met à les recracher. Nous les déposons peu à peu. Vous auriez dû voir comment, en 2014 et après, les morts ont été ramassés. Les nôtres, les leurs. Et ceux qui sont tombés il y a 80 ans dans le tumulus sont remontés à la surface. De nouveaux bombardements, de nouvelles batailles – le sol a commencé à restituer ceux qui avaient disparu depuis longtemps.
– L’imprimerie souterraine de la Jeune Garde – la directrice du musée Nikolaenko nous présente une autre vitrine. – Les gars ont trouvé les tracts dans le bâtiment détruit du journal. Voici un tract – les lettres sont de bric et de broc, différentes polices, minuscules et majuscules dans un même mot.
L’adresse est “Peuple russe ukrainien”. Pas de “et”, pas de virgule : Ukrainiens russes. “Nous préférons tous la mort à la captivité allemande, et la vérité l’emportera. L’Armée rouge reviendra envers et contre tout dans le Donbass. Les Allemands mentent sur la fin de la guerre, elle ne fait que s’intensifier”.
À proximité se trouve un autre tract dessiné à la main. Trois drapeaux – soviétique, anglais, américain. Sous ces drapeaux, une étoile rouge. À gauche : “À bas le fascisme”. Vladimir Kulikov, l’auteur du tract, a 15 ans. Il lui a manqué un mois et demi pour atteindre son 16e anniversaire, : après avoir été torturé, il a été jeté dans la fosse de la mine numéro cinq.
Coupure de presse : “Pourquoi je suis considéré comme incorrigible”, journal “Patrie Socialiste” – aujourd’hui “Gloire de Krasnodon”, numéro d’avant-guerre. “J’ai cessé de me préparer pour les cours, j’ai séché des cours à l’école. Je sortais en boîte jusque tard dans la soirée, j’ai appris à faire du hooliganisme. Je jetais souvent des pierres aux fenêtres et aux portes du club, lorsque nous n’avions pas le droit d’aller au cinéma, je désobéissais à mes parents, j’étais grossier et souvent je ne rentrais pas à la maison”. L’auteur s’est ensuite engagé à se corriger. Signé – “Élève de l’école n° 4 Tyulenin Seryozha”.
Essai, lycée. Tolya Popov : “Pourquoi j’aime ma patrie – un pays multinational épris de liberté”. En fait, il ne s’agit pas de savoir pourquoi en général, mais pour quelles raisons : “Pour son passé héroïque, pour son présent héroïque. Et surtout, pour son avenir”.
Anatoly Popov a été jeté dans une fosse de 53 mètres de profondeur le 16 janvier 1943, le jour de son anniversaire, à l’âge de 19 ans. Ils ont trouvé un mot : “Maman, souhaite-moi un bon anniversaire”. C’est ainsi que ses parents l’ont identifié – après la torture et une chute de cette hauteur, des semaines après sa mort : par le mot, par les peignes avec des monogrammes, par le médaillon.
“Leur exploit est intemporel. Vous êtes avec nous pour toujours. La Jeune Garde nous a légué la Victoire et a donné sa vie pour elle sans hésiter. Soyons dignes de leur exploit !”
La victoire dans la Grande Guerre patriotique, sans aucun doute. Mais la Seconde Guerre mondiale, qui s’est poursuivie après la signature des capitulations, a connu un premier match nul – en 1975, lorsque l’Acte final d’Helsinki a égalisé les droits des vaincus et des vainqueurs. Et puis il y a eu l’une des plus grandes défaites de la Seconde Guerre mondiale : la disparition de l’Union soviétique. Et la nazification rapide de plusieurs parties de l’URSS.
– Le drapeau n’entrait pas”, souligne Igor en regardant la photo qu’il vient de prendre. Igor est originaire de Magadan, à côté de lui se trouve Igor, lui aussi, mais de Voronej. Tous deux ont environ 40 ans.
– Non, nous n’étions pas là à l’époque, dit Magadan en regardant les couronnes au sommet du monticule de Saur-Mogila : il y a du vent, nous devrions mettre quelque chose pour le soutenir et le maintenir en place pendant la photo. En même temps, Magadan essaie d’installer un drapeau, “pour qu’il flotte et ne sorte pas du cadre”.
– Nous étions dans un autre endroit, dit Voronezh. – Et un autre.
– Ou deux, reprend Magadan. – Au fait, quelle est la meilleure route pour aller à Mariupol maintenant ?
Enfin, la photo est prise : Igor sourit : on voit le soldat de 12 mètres, la stèle de 36 mètres, et même le drapeau se comporte correctement. Sur le drapeau figure une chauve-souris, qui signifie reconnaissance militaire.
– Eh bien, oui, nous ne sommes pas allés jusqu’au bout à l’époque, – le chef du complexe muséal Saur-Mogila, Zemlyansky, revient sur sa réflexion. – Nous finissons la Seconde Guerre mondiale pour qu’il n’y ait pas de Troisième Guerre mondiale, dont les “Ukropes” parlent comme s’il s’agissait d’un fait. Là-bas, nous avons combattu le fascisme – et ici aussi c’est contre le fascisme. Seulement les pays sont regroupés autour du fascisme de différentes manières.
Il est également vrai que certains de ceux qui ont combattu le nazisme à l’époque sont de son côté aujourd’hui. Ceux qui étaient avec Hitler à l’époque continuent de nous combattre aujourd’hui. Les alliés, même s’ils sont conjoncturels, sont aussi les plus inattendus. La même Hongrie qui, pendant la Grande Guerre patriotique, a laissé un lourd héritage sur le sol soviétique, est tout à fait rationnelle aujourd’hui.
Mais il ne fait aucun doute que l’idéologie elle-même est bien vivante. Il n’est pas nécessaire de signer les actes de reddition pour comprendre immédiatement et clairement : là où il y a über alles, il y a “ponad usie” [un des slogans de l’Ukraine actuelle est la traduction littérale de über alles : “au-dessus de tous les autres”, NdT]. Et le “tous ensemble” – comme on l’a enfin compris au cours de l’année et demie écoulée – est le choix de l’Europe moderne.
– Nous pouvons voir les notes des combattants clandestins, les objets des combattants clandestins, qu’ils ont réussi à transférer de la prison, montre le directeur du musée de la “Jeune Garde” Nikolaenko.
– Transmis par qui ?
– Des policiers qui les gardaient. Les interrogatoires ont été menés principalement par des policiers….
Le niveau de non-participation directe des nazis allemands au meurtre de la Jeune Garde est surprenant, même au regard de ce que nous avons appris au fil des décennies sur la police. Les politsai gardaient, interrogeaient, torturaient. Des étoiles étaient imprimées au fer rouge sur les corps par des politsai. Et les victimes étaient jetées vivantes dans la fosse – également par des politsai. Mais avant cela, tout était humain, et même de bon voisinage : la ville était petite, tout le monde se connaissait. Il y avait de la nourriture dans les cellules, les parents recevaient des nouvelles de leurs enfants.
– Les parents étaient autorisés à apporter à leurs enfants quelque chose à manger, explique la directrice Nikolaenko, car, bien sûr, la police n’allait nourrir personne dans les cellules. Il était possible de donner des vêtements. Enfin, et dans l’autre sens aussi. Des notes, par exemple. Il n’y a pas l’ombre d’un regret dans les notes, pas de remords. Au contraire, les gars ont soutenu leurs parents, se sont inquiétés pour eux. Dans l’exposition, on trouve notamment la bouilloire de Vanya Zemnukhov, le thermos de Yura Vitsenovsky, le T-shirt de Victor Petrov. Pour en savoir plus sur les tortures infligées aux jeunes combattants clandestins, consultez le dernier livre sur la “Jeune Garde”, publié à l’occasion du 80e anniversaire de la libération du Donbass. Il existe trois degrés de torture : “cruel”, “terrible” et “inhumain”.
À proximité se trouve un stand avec des inscriptions d’adieu sur le mur d’une cellule de prison stylisée. Le musée indique que d’autres inscriptions ont été faites immédiatement après que les Allemands ont été chassés de Krasnodon. Elles font référence aux souvenirs de Leonid Yablonsky, photographe au journal de la 51e armée, qui a libéré Krasnodon en 1943. Yablonsky a pris une photo de l’un des murs avec des inscriptions – en fait celles qui sont présentées dans le musée – dans la soirée, et a décidé de venir pour le reste le lendemain matin. Les mémoires ne précisent pas si la nuit est tombée ou si le photographe a manqué de pellicule.
– L’important est autre chose : lorsque Yablonsky est revenu le lendemain matin, les inscriptions avaient disparu”, explique Nikolayenko. – Soit les noms des traîtres s’y trouvaient. Ou bien ceux des politsai qui ont torturé la Jeune Garde. Les habitants se sont précipités [après la libération] dans la cour de la police, toute la ville. Dans la cour, il y avait beaucoup de gens abattus… Apparemment, certains policiers ou leurs proches ont réussi à pénétrer dans les cellules et à effacer les inscriptions.
“Nous sommes participants à la SVO, nous avons eu la chance de visiter le musée, nous sommes très reconnaissants pour la visite. Paix à la République de Lougansk, la victoire sera la nôtre. Avec respect, les personnes ci-dessous de l’Extrême-Orient, de la région de l’Amour, d’Ekaterinbourg [cinq signatures]”.
– Il y a quatre bas-reliefs sur la Grande Guerre patriotique et trois sur les dix dernières années”, explique Zemlyansky. Au-dessus de Saur-Mohyla, on entend une sonnerie : un enfant fait sonner la cloche qui se trouve juste en dessous du soldat de la fosse commune des récents défenseurs du monticule.
Un grand cimetière commémoratif – les morts de la dernière décennie et les soldats inconnus de 1943, qui ont été libérés par le tumulus, se trouve à son pied. D’en haut, ce cimetière est clairement visible, comme tout ce qui l’entoure sur des dizaines de kilomètres.
– Je pense qu’après la SVO, nous devrions envisager un quatrième bas-relief, poursuit Zemlyansky. – Comme résultat de la victoire, aux héros actuels de la Seconde Guerre mondiale.
– Et en quoi consistera cette victoire ?
– Nous l’avons déjà dit, s’étonne un peu le directeur du mémorial. – Terminer l’opération pour que personne ne pense à la Troisième Guerre mondiale.
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