Ceux qui auront eu le courage de lire l’excellent texte sur l’Afghanistan que nous avons publié hier, jusqu’au bout, auront peut-être quelqu’intérêt à suivre le processus judiciaire donc David McBride est victime.
David McBride est un citoyen australien, ancien juriste militaire. Il a rendu public un ensemble de documents établissant le rôle de militaires australiens dans les meurtres de civils en Afghanistan.
La saga judiciaire nous instruit sur le rôle de la loi dans nos sociétés ‘occidentales’ ‘démocratiques’ en voie de fascisation. En essence, le juge décrète que l’argument de McBride et de sa défense selon lequel il a agi pour satisfaire à l’impératif d’intérêt public n’est pas recevable, l’intérêt public n’étant pas au-dessus de son devoir d’obéir aux ordres. Une régression historique massive qui place les forces armées (et par extension les forces de police) au-dessus du processus démocratique.
Consortium News a suivi le procès de près (note de Jean-Luc Picker)
https://consortiumnews.com/2023/11/17/left-with-no-defense-mcbride-pleads-guilty/
Après qu’une demande de défense d’intérêt public et des documents classifiés nécessaires à sa défense lui aient été refusés, le lanceur d’alerte David McBride a plaidé coupable à trois chefs d’accusation réduits vendredi. Reportage de Joe Lauria.
Par Joe Lauria
à Canberra, Australie
Spécial pour Consortium News
Alors que ses options pour un procès équitable étaient épuisées, le lanceur d’alerte australien David McBride a demandé vendredi un nouvel acte d’accusation pour lequel il a plaidé coupable de tous les chefs d’accusation.
McBride, un ancien avocat militaire, a été accusé d’avoir volé des documents gouvernementaux et de les avoir donnés à des journalistes pour révéler des meurtres dissimulés de civils non armés par des soldats australiens en Afghanistan.
Sa défense reposait sur le fait que le tribunal avait accepté son argument selon lequel son serment à la couronne britannique lui donnait le devoir, au-delà de l’obéissance aux ordres militaires, d’informer la nation entière de ces crimes.
Mais le juge du procès, le juge David Mossop, a déclaré qu’il demanderait au jury, qui devait être sélectionné à partir de lundi, de ne pas tenir compte de tout intérêt public pour la défense. « Il n’y a aucun aspect du devoir qui permet à l’accusé d’agir dans l’intérêt public contrairement à un ordre légal », a-t-il déclaré à la cour mercredi.
L’équipe juridique de McBride a tenté de faire appel de cette décision, mais sa demande a été rejetée par la juge en chef de la Cour suprême, Lucy McCallum, jeudi. Plus tard dans la journée, Mossop a ordonné que les agents du bureau du procureur général puissent retirer des documents classifiés de la possession de la défense, que l’équipe de McBride avait l’intention de présenter au jury.
En raison de ces décisions régressives, McBride a accepté le conseil de ses avocats selon lequel, sans défense viable, il devrait plaider coupable.
Vendredi après-midi, il a demandé un nouvel acte d’accusation. Lors de sa deuxième mise en accusation, McBride s’est tenu debout dans la salle d’audience SC7 devant un micro placé devant lui et a déclaré « Coupable » pour chaque chef d’accusation qui lui a été lu.
McBride a ensuite été embrassé par son avocat Mark Davis et par sa femme, qui s’est penchée par-dessus la balustrade de la tribune du public.
Mossop accepta de retarder le prononcé de la peine jusqu’à la nouvelle année et de permettre à McBride de rester en liberté sous caution. Il encourt une peine maximale de dix ans de prison. Mais Mossop a consenti à une soi-disant « évaluation intensive de l’ordre correctionnel », ce qui signifie que McBride pourrait être admissible à une punition hors de prison.
Dans la rue à l’extérieur du palais de justice immédiatement après, Davis a déclaré aux journalistes : « Nous avons reçu la décision cet après-midi, qui était essentiellement de retirer des preuves de la défense. … La Couronne, c’est-à-dire le gouvernement, a reçu le pouvoir de regrouper les éléments de preuve et de s’en servir par la porte de derrière. Il n’est plus en mesure de le soumettre à un jury.
Davis a déclaré :
« C’est le coup fatal porté en conjonction avec la décision d’il y a quelques jours qui limite ce que nous pouvons dire au jury au nom de David en termes de ce qu’était son devoir en tant qu’officier sur le serment qu’il a prêté de servir, comme nous le disons, les intérêts du peuple australien.
Eh bien, la décision a été : il n’a pas le devoir de servir les intérêts du peuple australien. Il a le devoir d’obéir aux ordres. À notre avis, il s’agit là d’une interprétation très étroite de la loi qui nous ramène à la période d’avant la Seconde Guerre mondiale. Nous savons tous comment le droit militaire a été jugé depuis lors en termes de respect des ordres.
Donc, face à cette réalité, nous sommes limités en termes de ce que nous pourrions soumettre à un jury en termes de devoir de David… avec la suppression des preuves, il est impossible, de manière réaliste, d’aller en procès. C’est un jour triste et difficile pour nous de conseiller David sur ses options cet après-midi et il les a acceptées.
McBride a déclaré : « Je me tiens debout et je crois que j’ai fait mon devoir et je ne le vois pas comme une défaite. Je vois cela comme le début d’une Australie meilleure.
Joe Lauria est rédacteur en chef de Consortium News et ancien correspondant à l’ONU du Wall Street Journal, du Boston Globe et d’autres journaux, dont The Montreal Gazette, le London Daily Mail et le Star of Johannesburg. Il a été journaliste d’investigation pour le Sunday Times de Londres, journaliste financier pour Bloomberg News et a commencé son travail professionnel en tant que pigiste de 19 ans pour le New York Times. Il est l’auteur de deux livres, A Political Odyssey, avec le sénateur Mike Gravel, préface de Daniel Ellsberg, et How I Lost d’Hillary Clinton, préface de Julian Assange. On peut le joindre au joelauria@consortiumnews.com et le suivre sur Twitter @unjoe Vues de l’article : 6,820
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