Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

D’un lecteur…. La Crimée, le Donbass et l’Auvergne.

Mon périple en Occitanie m’a permis de rencontrer des lecteurs fidèles de ce bloc, qu’il s’agisse des amis de l’Hérault, de ceux de Toulouse et de Limoges, Jay à Poitiers ce fut une grande joie et beaucoup d’émotions. parfois un instant un mot comme celui de Lacaze à Toulouse qui apprécie la relève du blog, un autre que je croyais argentin, des visages qui se gravent derrière des mots, ou un ancien étudiant qui adhère au PCF, cela durait des soirées mais la sensation de familière camaraderie devenait forte en un éclair, une main serrée… Nous étions épuisés Étoile rouge qui nous a conduits et parfois perdus dans les chemins vicinaux, dans des festins gastronomiques qui me faisaient rêver de cloîtres où vivre de soupe d’orties, dans le silence… Marianne et moi, mais nous ne regrettions pas toutes les rencontres et de nous savoir si proches, même quand comme à Toulouse ce fut “à la japonaise”, chaque minute occupée, dense. Ce n’est pas très sérieux pour une vieille dame comme moi d’accomplir à votre rencontre un tel périple, mais je reprends pied pour découvrir des textes comme celui-ci. J’ai demandé à cet ami lecteur s’il avait des photos du cimetière d’Odessa où est enterrée cette héroïne dont il nous rappelle la mémoire, mais il n’en avait pas et il m’en a envoyé d’autres prises en Russie aujourd’hui pour témoigner de la survivance de l’URSS. Mais j’ai retrouvé ce timbre commémoratif soviétique. (note de Danielle Bleitrach)

Bonjour, Je vous lis toujours avec intérêt,
et vous remercie pour votre effort de vérité. Ma femme est russe, je suis donc allé assez souvent en Russie. J’y fais notamment des photographies… de paix. Je me promène aussi dans les cimetières, de France, de Russie, où d’ailleurs. J’ai fait en France une rencontre intéressante, qui vous rappellera une histoire que vous connaissez bien. J’avais écrit à cette occasion un petit texte. Peut-être vous intéressera-t-il. Je me permets de vous le transmettre à toute fin que vous jugerez utile ou non (Je dispose de sa traduction en russe).

La Crimée, le Donbass et l’Auvergne.

Dans le petit cimetière de Lezoux, au cœur de l’Auvergne, où la fureur des hommes s’est tué, et où ne s’entend plus que le chant des oiseaux, à quelques pas de la tombe de Jean Rimbert, résistant fusillé le 2 octobre 1943 au Mont Valérien, la tombe d’un officier mort en 1919 dans une localité lointaine à consonance russe.
Intrigué, je me livre à quelques recherches pour apprendre que ce soldat, au nom effacé, officier décoré de la légion d’honneur, faisait partie des troupes de l’Occident impérialiste qui ont occupé Odessa.
Par une Ironie du sort, Jeanne Labourbe, vers la même époque, une Auvergnate elle aussi, née pas très loin, à Lapalisse, au sud-est de l’Allier, simple blanchisseuse, répond à une offre d’emploi et se retrouve gouvernante et lectrice de français dans une famille polonaise. Elle participe à la Révolution d’Octobre et fonde le « groupe communiste français de Moscou ». Elle demande à être envoyée en mission à Odessa, où Georges Clemenceau, alors président du Conseil, a dépêché une escadre pour soutenir les Russes blancs qui contrôlent la ville. Déjà les Occidentaux – les Allemands à l’Ouest ; Anglais, Français et Grecs, au sud – souhaitent s’emparer des ports de la Mer noire, fondés par les Russes au XVIIIe siècle, lorgnent sur les riches terres de la Crimée et le charbon du Donbass.
Jeanne a pour mission d’organiser la résistance. Elle écrit et répand des tracts en français en direction des marins et soldats de l’escadre, avant d’être dénoncée, torturée, puis fusillée par un peloton… d’officiers français. L’officier enterré à Lezoux en faisait-il partie ? Une rue, là-bas, à Odessa, portait le nom de Jeanne Labourbe avant d’être débaptisée par le régime de Kiev. En France, quelques villes ont donné son nom à une rue, une école. En Russie, on a édité un timbre à sa mémoire. Elle a aussi inspiré un film réalisé en 1965 : « À l’Ouest s’en retourne l’escadre ! ».
L’escadre en effet finira par lever le siège : les marins, maltraités, mal nourris, menacent de se mutiner. Ils ont hissé aux mâts le drapeau rouge. Ils seront emprisonnés à leur retour à Brest, puis libérés discrètement, pour ne pas faire de vagues, après deux, trois ou quatre ans d’emprisonnement…
Bien sûr, les enjeux aujourd’hui sont plus cruciaux encore.
En France, on ne parle plus depuis longtemps de cet épisode peu glorieux de notre histoire. Lentement, sur la pierre des tombes, le souvenir s’efface. On pense que les enfants ont le droit d’être heureux, qu’il faut oublier, laisser dans les cimetières l’herbe croître et les oiseaux chanter. Mais l’oubli n’arrange rien, et prépare dans l’ombre de nouvelles croix…
nov. 2022

Solidairement,

Th. E.

aujourd’hui en Russie sous la statue de Lénine
fresque dans un restaurant

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2 Commentaires

  • Godefroy Gérard
    Godefroy Gérard

    C’est ainsi que l’Histoire peut être enseignée : peuplée de témoignages qui font sens, d’anecdotes qui favorisent la compréhension, de rencontres tout aussi improbables les unes que les autres. Pour transmettre, pour partager, il faut emmagasiner ce lourd bagage. Il ne pèse pas tant que cela, car il s’inscrit dans la recherche de la vérité et non dans les génuflexions honteuses des collabos. De là, notre regard et l’agitation sur le présent où nous sommes immergés, et aussi simultanément nos projections sur ce qui sera, ce qui adviendra, ce que nous voulons, notre Classe !

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    • etoilerouge
      etoilerouge

      je connaissais l’histoire tragique et héroïque de Jeanne Labourbe. On parle de clemenceau , jamais de cette femme d’un gd courage, simple , vaillante et trahie par son gouvernement et son armée corrompue. Pourquoi le PCF fait il silence sur ces militants, pourquoi la commission femme n’en parle pas, quel livre retrace sa vie brève et terrible? Il y a en a d’autres comme Ambroise CROIZAT, rien ds sa ville de naissance! Ou Henri Barbusse dt la maison est laissée à l’abandon! Voilà le parti de KAMENKA, voilà ce qu’en ont fait pierre Laurent, Marie george Buffet et tant d’autres incapables.

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