La Chine pronostique une “lassitude” de l’Europe face à Kiev

L’Europe montre une « lassitude » face à l’approvisionnement de Kiev et pourrait s’orienter vers un compromis, selon des experts. Cela dit ce n’est pas forcément seulement une bonne nouvelle puisque les “occientaux” sous la direction des USA savent qu’il va éclater d’autres conflits provoqués par la soif d’hégémonie des USA et l’incertitude des élections américaines. Les Chinois tablent sur la durée, celle de l’agonie d’une domination exclusive de l’occident mais une défense acharnée destructice des positions. Une guerre de position et pas seulement en Ukraine. Par les journalistes de l’équipe GTPublié : 15 nov. 2023 20 :33    

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky Photo : VCG

Malgré les appels répétés de Kiev à un soutien accru sur le champ de bataille, les responsables de l’UE ont admis mardi qu’ils risquaient de ne pas tenir leur promesse de fournir à l’Ukraine les munitions dont elle a besoin. Les experts estiment qu’alors que le dernier conflit israélo-palestinien s’éternise et que le conflit russo-ukrainien est dans l’impasse, associé à des divergences croissantes au sein de l’UE sur l’aide au prix d’une compression de son propre budget, l’Europe change de position et penche vers la négociation et le compromis.

Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a reconnu avant un sommet des ministres de la Défense de l’UE à Bruxelles que l’UE ne parviendrait pas à fournir à l’Ukraine 1 million d’obus d’artillerie et de missiles d’ici mars prochain, marquant la première admission de ce type par un haut responsable de l’UE, a rapporté VOA mardi.

Tout en réaffirmant le soutien indéfectible de l’Europe à Kiev, le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a également émis des doutes sur cet objectif, alors que plusieurs membres hésitent à engager jusqu’à 5 milliards de dollars par an sur quatre ans dans le cadre d’engagements de sécurité occidentaux plus larges pour renforcer les défenses de l’Ukraine.

L’Europe montre récemment une « lassitude » à l’égard de Kiev, à la fois dans ses capacités et dans l’opinion publique, alors que le conflit qui dure depuis près de deux ans est dans l’impasse et que le résultat souhaité par l’Occident de repousser la Russie semble loin d’être atteint, tandis que les autres objectifs fixés pour le conflit, tels que l’accélération de la transformation stratégique de l’OTAN et les exercices de guerre, ont été largement atteints, a déclaré mercredi Sun Keqin, chercheur à l’Institut chinois des relations internationales contemporaines, au Global Times.

Par conséquent, l’attitude de l’Occident face à la crise a montré des signes de changement, devenant moins radicale et moins conflictuelle, a noté Sun, dans ce qu’il considère comme une phase de transition de la position précédente vers un processus de négociation et de compromis.

Cui Heng, chercheur à l’Institut national chinois pour les échanges internationaux et la coopération judiciaire de l’OCS, a déclaré que le soutien de l’Europe à l’Ukraine serait encore dilué, compte tenu non seulement de l’éclatement soudain d’un conflit au Moyen-Orient, mais aussi de futurs conflits potentiels qui, selon l’OTAN, pourraient se produire en Asie de l’Est. « Donc, si nous regardons la situation dans son ensemble, l’investissement à Kiev va certainement diminuer car ils doivent se préparer à de futures dispositions stratégiques », a déclaré Cui au Global Times mercredi.

Bien que le niveau de soutien puisse baisser, l’aide à l’Ukraine se poursuivra et restera la priorité stratégique absolue de l’Europe, car le conflit se déroule « à sa porte » et elle le perçoit comme une menace directe et importante pour la sécurité européenne, ont déclaré des experts.

Par conséquent, le soutien de l’Europe à l’Ukraine pourrait provenir davantage de l’aide économique que de la fourniture d’armes, a noté M. Cui, en particulier après la suspension de l’aide économique de Washington à Kiev et la réduction potentielle de l’aide si l’ancien président américain Donald Trump reprenait le pouvoir.

Le défi consiste maintenant à convertir les fonds en armes dont l’Ukraine a besoin, car il ne sera pas facile de le faire étant donné qu’il n’y a que peu de pays dans le monde disposant d’une telle capacité de production.

Les analystes estiment que la promesse non tenue de l’Europe de fournir des armes aggravera encore la situation des troupes ukrainiennes, mais il est peu probable qu’il y ait des percées majeures pour changer la situation sur le champ de bataille, car les deux parties ont établi des fortifications de défense complètes sur les lignes de front, et le lancement d’une attaque donnerait peu de résultats favorables pour l’une ou l’autre des parties.