Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Ukraine, Palestine, Taïwan. Le cours de la guerre mondiale et comment l’arrêter

Il y a ceux qui ont compris ce que signifie la nazification de l’Ukraine et les autres. Si l’on comprend cela on ne raisonne plus seulement en terme de gouvernements, même de nationalités, mais bien d’une lutte de tous contre le parti du totalitarisme de la guerre qui peut prendre des visages nationaux mais se heurte aussi en son sein à des résistances accrues comme il en provoque au plan international en bousculant les ententes de sommet. On se souvient de la phrase de Brecht : « Moscou la Rouge a vaincu les nazis au nom de tous les peuples y compris celui que l’on nomme allemand ». Faire percevoir ce qu’est ce monde multipolaire nouveau où la Chine coauteur d’une résolution avec les pays arabes est en train de créer au niveau de l’ONU comme de toutes les institutions un rapport des forces qui correspond à l’aspiration à la paix des peuples. C’est pour cela que l’on aurait besoin des communistes pour faire comprendre l’enjeu esquissé ici. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

28/10/2023

Par Dimitris Konstantakopoulos

Si la Russie s’était rendu compte à temps de la profondeur et de la nature systémique de l’agression et de l’intransigeance du système capitaliste-impérialiste occidental, elle aurait agi de manière plus décisive en empêchant ou en aidant à réprimer le coup d’État organisé par les Américains à Kiev en 2014. Et si elle avait choisi d’intervenir militairement, elle l’aurait fait avant que l’Ukraine (sous la présidence Trump en particulier) ne soit armée jusqu’aux dents. Nous n’aurions probablement pas connu la tragédie actuelle en Ukraine, et nous n’aurions pas non plus couru les énormes risques nucléaires que nous courons aujourd’hui.

Nous sommes dans une situation similaire aujourd’hui. Si l’humanité démocratique exerce toute son influence, en coupant toutes les relations diplomatiques et économiques avec Israël et en faisant pression par divers moyens sur les pays qui la soutiennent, alors elle peut arrêter le nettoyage ethnique du peuple palestinien et la poursuite du projet totalitaire occidental (et israélien) qui nous conduit finalement à la guerre mondiale. Si ce n’est pas le cas, elle risque d’être contrainte de mener la bataille dans des circonstances bien pires, sur des fronts beaucoup plus vastes et à un coût et à des risques beaucoup plus élevés.

Ce qui peut encore être évité aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain. Et s’il est encore possible de l’empêcher demain, ce sera à un coût énorme.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit. Si les communistes allemands avaient donné toute leur énergie pour arrêter Hitler et prendre le pouvoir, avec ou sans les sociaux-démocrates, avant 1933, les communistes soviétiques n’auraient pas affronté Hitler dans les faubourgs de Moscou et à Stalingrad. La même chose se serait probablement produite si les « démocraties occidentales » et les communistes espagnols avaient agi de manière décisive contre les fascistes de Franco en Espagne pendant la guerre civile (1936-39) qui était le prologue et le test général de la Seconde Guerre mondiale.

La même chose est en train de se produire avec la Palestine. Si l’agression extrémiste de l’actuel gouvernement israélien, soutenu sans réserve par les États-Unis et les membres européens de l’OTAN et de l’UE, n’est pas stoppée maintenant, si on lui permet d’achever son plan de nettoyage ethnique de l’ensemble de la population palestinienne, ou même de provoquer demain une guerre avec l’Iran, comme il le cherche depuis de nombreuses décennies, Il sera alors beaucoup plus difficile d’empêcher une catastrophe beaucoup plus grande demain. L’ensemble du Moyen-Orient sera en flammes et au-delà, et la survie même des États de la région pourrait être menacée.

Une « Internationale noire » en action

La similitude entre la Palestine et l’Ukraine ou l’Europe d’avant-guerre n’est pas symptomatique. C’est organique, « systémique ». Le président Biden lui-même l’a admis lorsqu’il a lié la « solidarité » avec l’Ukraine à celle avec Israël. Dans les deux cas, il ne s’agit pas tant ou seulement de causes « locales », mais de la domination de l’Occident collectif, dirigé par les États-Unis et Israël, en Eurasie, au Moyen-Orient et dans le monde entier.

Nous avons dans tous ces cas l’action d’un « parti du totalitarisme et de la guerre » occidental, au cœur du système capitaliste-impérialiste occidental, qui généralise de plus en plus la guerre (contre la Russie, les Palestiniens, l’Iran, la Chine…) comme principal moyen d’imposition et de domination, à la fois régionale et mondiale. L’actuel Premier ministre d’Israël, M. Netanyahou, n’est pas seulement un politicien d’un pays de taille moyenne, mais l’un des représentants les plus éminents et les plus décisifs de ce parti mondial. Il a été le financier et l’instigateur de l’élaboration des plans néoconservateurs qui ont abouti à une douzaine de guerres destructrices au Moyen-Orient et en Afrique. (https://en.wikipedia.org/ wiki/A_Clean_Break :_A_New_Strategy_for_Securing_the_Realm).

Donald Trump s’est entretenu avec lui avant de prononcer son discours de 2017 aux Nations unies dans lequel il menaçait explicitement la Corée du Nord, un pays de 25 millions d’habitants, d’extinction et utilisait, légitimant ainsi, pour la première fois depuis 1945, des menaces nucléaires directes. C’est plutôt M. Netanyahou qui impose sa politique au Moyen-Orient aux États-Unis (et à tous les États européens et à l’UE) que l’inverse. Quant aux méthodes et aux aspirations de ce courant au Moyen-Orient, elles s’inspirent des idées de la géopolitique de Haushofer, de celles qui ont inspiré les nationaux-socialistes allemands, de la stratégie de Yinon (https://www.voltairenet.org/ IMG/pdf/A_strategy_for_Israel_in_the_Nineteen_Eighties.pdf) et des idées de Huntington. Ils n’ont rien à envier aux méthodes du nazisme. Pour cette aile, la devise est « la guerre est le père de tout », même s’il est tout à fait douteux qu’ils comprennent le monde tel qu’Héraclite le comprenait (qui était, après tout, un produit de la profonde révolution démocratique des anciens Grecs dans les cités ioniennes et non des prêtres orientaux).

L’alliance de M. Netanyahou avec le fondamentalisme juif et ses attaques contre le secrétaire général des Nations unies trahissent également la nature totalitaire de ce courant. Une grande partie du peuple juif lui-même comprend mieux que nous tous ce caractère totalitaire et ce qu’il est capable d’accomplir, c’est pourquoi nous assistons à une énorme révolte contre le gouvernement de Netanyahou en Israël par une grande partie des citoyens israéliens et même des cadres de l’armée et des services secrets de ce pays.

La guerre comme réponse du capitalisme occidental à sa crise

La tendance du capitalisme occidental d’aujourd’hui à recourir universellement à la guerre s’explique par sa propre crise, une crise de domination économique et mondiale, et elle ne se manifeste pas seulement dans le domaine de la géopolitique, mais aussi dans le domaine de l’économie et de la société, comme cela s’est produit avec la destruction de couches sociales et de pays entiers. même des pays qui appartiennent à l’OTAN et à l’UE, comme la Grèce qui a été détruite par les « programmes de sauvetage » coloniaux qui lui ont été imposés par l’Allemagne, l’UE et le FMI, comme cela s’est également manifesté dans la guerre qu’elle a déclarée contre le climat et l’environnement naturel qui permettent l’existence même de l’humanité et des formes supérieures de vie sur la planète.

Si ce parti mondial n’est pas vaincu maintenant, si on lui permet de réussir sa tentative de nettoyage ethnique des Palestiniens, nous le verrons intervenir demain dans tout le Moyen-Orient, à Taïwan et en Corée. Les problèmes deviendront de plus en plus difficiles à traiter et le risque d’embrasement nucléaire augmentera inévitablement, par erreur, par erreur de calcul ou par piégeage des parties adverses dans des situations qui rendent impensable le repli. Même si nous évitons un holocauste nucléaire, l’humanité sera perdue par les risques écologiques et technologiques auxquels elle est confrontée, qui sont impossibles à gérer dans une atmosphère de guerres froides, sans parler des guerres chaudes.

Que faire ?

Et vous me direz maintenant ce qu’il y a à faire ? Faut-il qu’il y ait une intervention militaire en Palestine, au nom des Palestiniens, comme celle qu’Emmanuel Macron, le banquier Rothschild au pouvoir en France et les ministres de Biden agissant en tant qu’employés de Netanyahou, envisagent déjà ?

Bien sûr que non. C’est précisément pour écarter la possibilité de conflits militaires plus larges, conventionnels ou même nucléaires, que les États arabes et musulmans, les BRICS et les partisans d’un « monde multipolaire » doivent agir de manière décisive dès maintenant en utilisant la somme totale des très nombreux instruments non militaires, diplomatiques, politiques et économiques dont ils disposent et qu’ils n’ont pas encore utilisés pour contraindre Israël à mettre fin au nettoyage ethnique aujourd’hui et d’entamer des négociations avec les Palestiniens, la seule solution à l’impasse dangereuse actuelle dans l’intérêt des Palestiniens et de tous les peuples arabes, des Juifs eux-mêmes et de la paix et de la sécurité mondiales.

Les États qui agiront de la sorte en tireront un énorme avantage politique, en devenant les protagonistes de la sortie du Moyen-Orient de la crise actuelle dangereuse pour l’humanité. Le projet des BRICS fera de grandes avancées politiques, en devenant l’alternative mondiale pacifique aux guerres déclenchées ou provoquées par « l’Occident collectif ».

Il est regrettable que la majorité des partis et des organisations occidentales qui se réfèrent à la gauche trahissent leur propre base et leur propre idéologie, se rangeant, comme dans le cas ukrainien, du côté de l’impérialisme. Et ils le font parce que la majorité d’entre eux sont contrôlés, de plus en plus directement, par le capital financier mondial et les lobbies sionistes qui lui sont liés, de sorte qu’ils sont incapables d’exprimer une partie significative de l’opinion publique européenne et américaine, qui, malgré le barrage pro-israélien de ses médias et de ses politiciens, se révolte maintenant contre le crime à Gaza, un crime qui éclaire horriblement l’avenir que le « Parti de la guerre totalitaire » prépare pour toute l’humanité si nous ne l’arrêtons pas ici et maintenant.

Le parti de gauche Podemos (co-dirigeant) en Espagne est une exception courageuse et très importante, appelant à l’imposition de sanctions contre Israël et à ce que les dirigeants de ce pays soient traduits devant le Tribunal international pour les crimes de guerre (https://twitter.com/ ionebelarra/status/1717190578495017300).

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3 Commentaires

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    L’auteur de cet article manie le “SI” avec insistance. Il cherche à mobiliser avec raison pour imposer la Paix aux pays occidentaux, mais pour ce faire, ses exemples méritent d’être mieux choisis ou mieux approfondis.
    “Ce n’est pas la première fois que cela se produit. Si les communistes allemands avaient donné toute leur énergie pour arrêter Hitler et prendre le pouvoir, avec ou sans les sociaux-démocrates, avant 1933, les communistes soviétiques n’auraient pas affronté Hitler dans les faubourgs de Moscou et à Stalingrad. La même chose se serait probablement produite si les « démocraties occidentales » et les communistes espagnols avaient agi de manière décisive contre les fascistes de Franco en Espagne pendant la guerre civile (1936-39) qui était le prologue et le test général de la Seconde Guerre mondiale”.(texte)
    Ah! bon, c’est de la faute des communistes allemands si Hitler est venu au pouvoir. C’est un peu court comme explication. Le capitalisme et les “démocraties occidentales” n’y sont pour rien ou si peu.
    Ah! bon, c’est de la faute des communistes espagnols et un peu” des démocraties occidentales si Franco a gagné la guerre civile. Leon Blum et la politique de “non-intervention” doivent aussi être pour quelque chose, et la politique du double jeu des supposées “démocraties”.
    “Si la Russie s’était rendu compte à temps de la profondeur et de la nature systémique de l’agression et de l’intransigeance du système capitaliste-impérialiste occidental, elle aurait agi de manière plus décisive en empêchant ou en aidant à réprimer le coup d’État organisé par les Américains à Kiev en 2014. Et si elle avait choisi d’intervenir militairement, elle l’aurait fait avant que l’Ukraine (sous la présidence Trump en particulier) ne soit armée jusqu’aux dents. Nous n’aurions probablement pas connu la tragédie actuelle en Ukraine, et nous n’aurions pas non plus couru les énormes risques nucléaires que nous courons aujourd’hui.”(texte) Fallait-il que la Russie intervienne militairement dès 2014? Comment l’auteur peut-il affirmer que les risques nucléaires auraient été moindres. De plus, je ne crois pas qu’en 2014, la Russie avait les moyens militaires de février 2022, encore moins ceux de 2023.

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    • Serge Bellemain
      Serge Bellemain

      Un commentaire qui ne fera pas avancer le chimblik : “avec des si on mettrait Paris en bouteille”…et puis ras-le-bol de voir assénees des “vérités d’aujourd’hui” en disant l’histoire documentée par les preuves apportées par les historiens, alors que les évènements se réalisent dans la vérité de leur moment…et “si ma mère en avait on l’appellerait monsieur.”

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Le courage de Podemos est surtout de faire des déclaration qui ne lui coûte pas cher. Podemos soutien la coalition de gauche, co direction atlantiste, qui forme l’armée nazie ukrainienne pour éliminer les Russes sur Terre en bon chien de garde des Anglo Saxons qui sont les précurseurs de toutes les monstruosités contemporaine.
    Y compris sur la promotion du nazisme en Allemagne si l’ont en croit les recherche de Patrice Tort sur les origines américaine de la pensée nazie.

    Les communistes espagnols pas assez décidés. Mon grand oncle était un des dirigeants communiste armés mort et dont la trace se perd dans la prison Modelo d’Oviedo, le dernier Guerillero, communiste également est mort en 1956, les communistes espagnols ont escorté le méfiant Charles de Gaulle sur les Champs Elysées tant il devait se méfier de ses propres troupes. Ceux de la Nueve, ceux qui ont affronté à la baïonnette avec leurs camarades Sénégalais les troupes parachutistes d’Hitler en Afrique du Nord, puis pour libérer Paris et pour les derniers finir au nid d’aigle du Fürher. Les Communistes Espagnols ont voulu reprendre l’Espagne mais l’Europe libérée n’a pas voulu se sacrifier à leurs côtés. Voilà la triste réalité de l’avortement de la reconquête de la République, plus personne ne voulait mourir pour l’Espagne, ils étaient fatigués de tant de guerre et n’étaient plus décidés.

    Dans les démocraties occidental il y eut les plus de 30 000 ouvriers des Brigades Internationales dont les plus nombreux étaient les camarades de Thorez, Bataillon de la Commune de Paris, mais aussi ceux d’Abraham Lincoln commandés par un noir, les camarades du bataillon Tällemann Allemands, Garibaldi, les britanniques Saklatvala en hommage au Communiste Indien.
    Il y eut même une brigade mixte juive et musulmane venue du Parti Communiste de Palestine et encore, en partie issus du Bataillon polonais Dombrowksi, le bataillon juif international de 150 combattants Naftali Botwin dont le drapeau avait pour devise “Pour Votre Liberté et la Nôtre”, devise en Yeddish et Polonais d’un côté et en espagnol de l’autre.

    Il m’est insupportable de lire les critiques des communistes de 1936 et de valoriser Podemos qui eux n’ont envoyé aucun combattant antifasciste au Donbass, ils ne prennent aucun risques ils sont partie du triste spectacle politique et leur mission est de concurrencer par des grands mots les communistes qui poursuivent tant bien que mal des projets progressistes sans vouloir totalement renier leur glorieuse et héroïque histoire y compris quand comme le PCF ils tentent de se faire accepter par la clique anti communiste.

    Qui aujourd’hui en France, en Espagne ou ailleurs est prêt au sacrifice ultime des communistes de 36 ?

    Nous avons changé d’époque et de tels femmes et hommes n’existent plus en ces quantités et qualités.

    Nous leurs devons au minimum le respect et éviter de donner des leçons quand nous ne sommes même plus capable de faire grève.

    Si l’effet militaire des Brigades est resté modeste le projet politique est grandiose et incarne dans ce qu’il y a de plus concret la lutte des classes à mort contre le capitalisme qui fini toujours par montrer son vrai visage criminel et ses actes dévastateurs.

    Prolétaires de tous les pays ! Unissez-Vous !

    Juifs, arabes, ukrainiens, russes, états-uniens et japonais nous avons tous le même ennemi partout qui nous exploite, nous saigne, nous méprise et nous divise.

    Un bel hommage à ceux qui auraient dû agir de manière “décisive” et qui l’ont fait jusqu’à la mort.

    https://youtu.be/csJIo_wfTh0?si=s0-1euBcTBFMYJoz

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