Alors que par ailleurs la Chine montre aujourd’hui à quel point elle ne renonce pas à voir s’établir un continent eurasiatique de paix qui ne serait pas celui de l’OTAN, ce voyage nous en donne quelques éléments en train de se mettre en œuvre y compris dans sa dimension écologique. (note de Danielle Bleitrach dans histoireetsoiete)
http://www.reveilcommuniste.fr/2023/10/retour-de-chine-de-bruno-drweski-3/3.html
Visite du Musée des ressources naturelles du Qinghai
Toute la province a été érigée en territoire pilote pour la Chine en raison de son caractère pauvre, pluri-ethnique et écologique. La province est la source des trois plus grands fleuves chinois et de l’Asie du sud-est (Le Mekong, le Yangtzé et le fleuve jaune), c’est à cause de ses glaciers, qualifiés de « troisième pôle glaciaire » de la terre (derrière cette expression se profilent des revendications chinoises pour intégrer le processus de gouvernance de l’Arctique). C’est donc pour cela qu’elle a été choisie comme province pilote pour le développement d’une « civilisation écologique ». Xining est par ailleurs, à côté de Xian et de Chengdu que nous allons aussi visiter, la tête de la ligne de chemin de fer du projet « Une ceinture, une route » BRI en direction du Xinjiang, du Kazakhstan, de la Russie, de la Biélorussie et du port sec polonais de Malaszewicze, tête de ligne pour les trains de marchandises chinois en direction d’Europe occidentale.
A côté de cela, le Qinghai est le symbole du retour de la politique de l’État chinois vers le marché intérieur et les régions occidentales de la Chine contrairement à la première phase des réformes de 1978 quand ce sont les régions maritimes qui jouaient un rôle pionnier dans le développement de l’économie nationale et internationale.
Visite du monastère bouddhiste tibétain (lamaïste) Kumbum de Ta’er
C’est un très vaste monastère avec une architecture extrêmement riche et bien entretenue qui permet de voir dans cette région multi-ethnique des caractéristiques tibétaines mélangées à une influence de l’architecture des régions han et mongoles. L’impression générale que j’ai retenue est que les moines locaux ne faisaient pas grand chose si ce n’est de nous regarder, de loin, ce qui m’a donné un peu l’impression d’être un genre de touriste découvrant une réserve indienne, d’autant plus que le guide nous expliquant la religion tibétaine n’était pas un moine mais une guide han. Ce monastère qui a semble-t-il joué un rôle fondamental dans la naissance du bouddhisme tibétain est censé nous montrer la politique de tolérance et d’aide aux activités religieuses et culturelles mise en place par l’État chinois mais j’ai quand même eu l’impression que si, sur le plan du décorum et du respect strict des règles du rituel, on a effectivement affaire à une protection du patrimoine historique et religieux tibétain, le volet « foi authentique » ne semble pas évident. Hormis les moines, c’est à une masse de touristes que l’on a affaire, un peu comme au mont St Michel, mais je n’ai vu en tout et pour tout au long de cette longue visite qu’une seule fidèle faire un acte de dévotion, les moines eux-mêmes donnant l’impression d’être désœuvrés ou se livrant sur la place centrale du monastère à quelque chose qui ressemblait plus à un jeu qu’à des discussions théologiques, même si on m’a expliqué qu’ils « jouaient » ainsi en se tapant les mains dans un rituel coutumier pour prendre la parole et contredire l’autre moine qui venait de donner son interprétation de ce que les moines avaient lu pendant la matinée. La majorité des moines ne participaient à aucune activité et on m’a dit que l’après-midi était le moment de pause après les études des textes sacrés du matin. Comme pause, j’avais plus l’impression de les regarder comme des animaux de zoo et eux aussi nous regardaient comme des bêtes étranges. Pendant ce temps-là, la guide han nous expliquait dans le détail les fondements théologiques de la religion lamaïste sans oublier de mentionner en passant les inscriptions permettant de voir le rôle des empereurs de Chine dans le développement du monastère. Impression ambiguë. Mais, en ce qui concerne le nombre de moines, il faut constater qu’ils sont très nombreux et qu’on peut se demander qui les fait vivre.
Visite de l’usine de production de tapis traditionnels tibétains de Shengyuan à Xining (Shengyuan Carpet Co, Ltd.)
Le lendemain nous avons visité une usine de tapis traditionnels tibétains qui a été créée en 2007 en se basant sur les savoir faire ancestraux, par un propriétaire han et sa fille. C’est aujourd’hui une usine qui produit des tapis pour le monde entier. Certains continuent à être produits à la main par des maîtres du détail et de la perfection, d’autres utilisent des machines modernes conçues pour produire des tapis aux motifs divers mais découlant de la tradition tibétaine et aussi proches que possible de la solidité que les tapis faits à la main. Les clients peuvent aussi commander des tapis « mixtes », avec une base industrielle et une finition faite main. Les machines ont été importées de Belgique et du Royaume-Uni et la fille du propriétaire a fait à cet effet un long stage dans l’entreprise belge les produisant. L’entreprise familiale coopère avec les éleveurs de yaks de la région, elle a construit des logements à bas loyers pour ses employés, ce qui est une forme de salaire différé pour les ouvriers et surtout ouvrières non originaires de la ville. Il existe un syndicat et une cellule du Parti dans l’usine. Un des principaux rôle du Parti est d’aider à la formation politique et professionnelle des ouvriers membres pour les promouvoir ensuite à des postes de responsabilité.
J’ai profité de cette visite et de la visite dans d’autres entreprises pour essayer de comprendre le rôle des organisations du Parti dans les établissements publics ou privés. J’ai noté qu’il n’y a pratiquement jamais de grèves dans les entreprises publiques où les conditions de travail semblent nettement supérieures à celles des autres entreprises, ce qui explique qu’un Chinois préfère travailler dans une entreprise publique d’autant plus qu’à l’école il apprend que les entreprises d’État sont synonymes de socialisme et d’avant-garde alors que les entreprises privées sont des concessions provisoires faites au capitalisme dans le but d’accélérer le développement des forces productives tant que les entreprises publiques n’auront pas appris à être aussi efficaces que l’initiative privée, et qu’une concession au capitalisme est nécessaire pour sortir la Chine du sous-développement. Au départ, les grèves étaient extrêmement fréquentes dans les entreprises à capitaux étrangers mais le Parti a finalement imposé la création d’organisations syndicales et du Parti dans ces établissements ce qui a abouti à la généralisation de l’application du code du travail et à la baisse radicale du nombre de grèves dans ces entreprises. Ce sont donc aujourd’hui surtout les entreprises privées à capitaux chinois qui sont touchées par des conflits sociaux de grande ampleur, d’où le souci, comme dans l’entreprise décrite plus haut, d’établir aussi dans ces entreprises des syndicats et des organisations du Parti qui permettent une meilleure éducation politique des travailleurs et une meilleure conscience de leurs droits. En général, m’a-t-on dit, une entreprise où il n’y a pas d’organisation syndicale ou du Parti est plus suspecte et plus souvent visitée par les inspecteurs du travail.
D’une façon générale, le Parti est un lieu où sont censés se retrouver les éléments les plus actifs, les plus éduqués et les plus utiles à la collectivité. C’est donc un lieu de formation et de promotion sociale. Mais pour éviter qu’il ne devienne un lieu de carriérisme, le candidat à l’adhésion doit obtenir une opinion positive de l’organisation du Parti qui vérifie sa motivation et son niveau de formation politique et idéologique et qui vérifie aussi auprès de ses collègues de travail quelle opinion ils ont de lui. Avant d’être accepté comme membre du Parti, il faut passer par l’étape du candidat à l’adhésion au cours de laquelle le postulant doit assister aux réunions, participer aux activités de l’organisation, réaliser les missions qu’on lui assigne, respecter les secrets internes à l’organisation mais sans droit de vote aux réunions. Chaque candidat au Parti est suivi par deux membres de l’organisation qui le conseillent, le forment et l’évaluent. Ce n’est qu’au bout d’un certain temps que l’organisation du Parti prend une décision sur son admission, le prolongement de son stage de candidat ou sa non admission. Le même processus se répète à chaque promotion interne à un niveau supérieur en partant de la cellule de base d’entreprise ou de quartier jusqu’au niveau de la direction nationale. A chaque fois on recueille les opinions concernant le candidat de la part des membres du Parti et « des masses » auprès desquels il a travaillé.
Visite de l’usine de panneaux solaires Trina Solar de Xining
C’est une énorme entreprise privée de production de panneaux solaires très largement automatisée et dont 2/3 du chiffre d’affaires provient des ventes faites à l’étranger. Elle possède un syndicat et une cellule du Parti. Dans cette usine comme dans celle des tapis, nos interlocuteurs insistent sur le rôle crucial de la Recherche/Développement et de la technologie.
Visite de l’exposition sur les « Réalisations du Qinghai dans la pratique de la pensée du Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour l’ère nouvelle »
L’exposition a montré les détails des initiatives prises pour lutter contre la pauvreté, éliminer la grande pauvreté, développer une économie productive et écologique et faire du Qinghai une base du projet « Une Ceinture, une route » en direction de l’Asie centrale, de l’Asie occidentale et de l’Europe.
Participation au meeting international sur les « Réalisations du Qinghai dans la pratique de la pensée du Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour la nouvelle ère de l’humanité » et « la modernisation chinoise visant à l’harmonie entre l’homme et la nature »
Notre délégation a été conviée à cette grande conférence de 150 représentants de partis politiques venus de 30 pays d’Europe occidentale et d’Asie, et avec lesquels le département international du PCC entretient des relations. Pour l’Europe occidentale, c’était notre délégation qui était présente, pour l’Asie-Pacifique, j’ai pu noter la présence de représentants du Pakistan, de Syrie, de Turquie, d’Iran, du Népal, des îles Fidji et sans doute d’autres pays encore.
La rencontre a été présidée par Liu Jianchao, directeur de l’ID PCC de retour du Vietnam et du Laos. Il a axé son intervention sur les questions environnementales en soulignant qu’après de multiples études, le PCC avait décidé de lutter contre l’habituel « polluons d’abord et traitons ensuite » pour revenir à des principes contenus dans la culture chinoise traditionnelle d’harmonie avec la nature en même temps qu’on procède au développement économique. La décision a été donc prise lors du XVIIIe congrès du Parti en 2012 de bâtir une « civilisation écologique » visant à multiplier les efforts de la Chine dans ce sens à l’échelle mondiale. L’écologie étant le point clef correspondant à l’intérêt ultime de tous les peuples, de tous les pays, de tous les groupes sociaux et de toutes les orientations politiques, elle peut permettre de bâtir cette entente minimum entre les pays nécessaire pour préserver la paix et faciliter les coopérations économiques. La Chine est donc devenue en dix ans le pays qui s’est le plus développé dans le domaine de l’amélioration de la qualité de l’air, qui a réussi à garantir que 87 % de ses cours d’eau soient sains et qu’elle représente le quart des étendues reboisées dans le monde. La Chine est arrivée à cela en utilisant une approche holistique des questions économiques et écologiques, elle a décidé de favoriser un tourisme écologique et de faire du projet « une ceinture, une route » un axe de « développement vert » à l’échelle du monde. Le XXe congrès du Parti a poursuivi dans cette ligne de développement les concepts novateurs de Xi Jinping en matière d’écologie visant à construite un pays socialiste moderne contribuant à la construction d’une nouvelle civilisation pour l’humanité entière. L’intervenant a souligné la responsabilité des partis politiques du monde entier dans cette tache visant à inaugurer une nouvelle ère de progrès pour toute l’humanité.
La parole a ensuite été prise par Chen Gang, premier secrétaire du PCC de la province de Qinghai. Ce dernier vient d’être élu à ce poste depuis huit mois et il est un nouveau venu dans la province. On lui avait dit avant de venir dans cette province que c’était une province difficile, pauvre, éloignée, au climat et à l’altitude (3000 m et plus) rudes mais il a tout de suite été charmé par sa « magnificente beauté » et le fait que sa tache était concentrée, selon les documents de l’ONU, dans « une des quatre régions les plus propres du monde » ce qui devrait lui permettre de faire du Qinghai une province modèle pour la civilisation écologique chinoise en construction et pour le monde. Le Qinghai fait en effet partie du plateau Tibet-Qinghai encore peu touché par le changement climatique mondial et devant permettre plus aisément de passer de la théorie à la pratique. La mission qu’il a reçu du Parti pour appliquer la loi de la protection de la nature adoptée par la Chine et créer une région écologique modèle basée sur une vision innovante holistique de développement vert est donc exaltante. Il faut protéger et en même temps utiliser pour le développement le troisième pôle glacier de la terre. En développant le nombre de parcs nationaux et assurant la croissance des espèces naturelles locales, végétales et animales. L’humanité a-t-il dit ne peut se permettre de perdre la bataille contre les changements climatiques. La Chine atteindra en 2030 son pic carbone à partir de quoi il déclinera pour atteindre en 2060 la neutralité carbone. Au Qinghai, 84,5 % de l’énergie produite et consommée localement ou exportée dans d’autres régions du pays est une énergie propre.
L’objectif décidé par le Parti est de construire « une belle patrie » respectueuse de ses traditions culturelles et ethniques et propageant un éco-tourisme réfléchi à la place du tourisme de masse abrutissant en vigueur dans les pays capitalistes. Au Qinghai, 146 000 éleveurs ont été formés pour être également des protecteurs de l’environnement selon la philosophie chinoise traditionnelle qui pourrait aider à promouvoir un futur commun pour toute l’humanité « tous sous un même ciel ».
A ces deux interventions de cadres du Parti ont succédé six interventions d’acteurs de terrain décrivant leurs activités régulières dans le domaine de l’écotourisme, de logement pour touristes chez l’habitant, de guides touristiques et de protecteurs de l’environnement.
Un intervenant est un éleveur qui a pu élargir ses activités, augmenter son niveau de vie, apprendre le chinois littéraire (« mandarin ») et établir des contacts et des coopérations mutuellement avantageuses avec les touristes qu’il a reçus, accompagné et avec lesquels il a établi des contacts réguliers utiles au lancement d’initiatives économiques transrégionales.
Un autre intervenant est un « navigateur » qui a créé dans le désert du Gobi « une mer de panneaux solaires » à partir desquels s’est développée « une mer d’industries vertes » aidant aussi au développement de la faune locale.
Un autre intervenant a développé des activités de recherches des changements climatiques et des conditions atmosphériques, un « ranger du parc national » chargé de surveiller l’environnement, un acteur du grand lac salé du Qinghai contenant du lithium et du sel. 70 % du lithium se trouve dans les lacs salés et 43 % du lithium en Chine se trouve dans le grand lac salé du Qinghai, ce qui a permis la création du groupe industriel du grand lac salé permettant de produire du lithium sans créer de problèmes environnementaux, à un coût moindre et de construire sur les rives du lac un parc industriel écologique.
Une autre intervenante a décrit l’école pour enfants de nomades établies depuis 1958 et qui est devenue en 2004 l’école pour les enfants des éleveurs désormais rassemblés dans un nouveau village pour anciens nomades devenus à la fois éleveurs et gardiens de la nature collectant les informations sur l’évolution de la flore et de la faune locales.
Ont suivi deux interventions des représentants étrangers présents à cette rencontre. La délégation des pays d’Asie était représentée par le Parti communiste du Népal d’Unité marxiste-léniniste dont le représentant a parlé de la modernisation de la Chine, de la crise écologique menaçant la vie des peuples. Il a parlé de l’expérience gouvernementale de son parti qui a donc été confronté à la question du développement économique et écologique dans la situation d’une compétition géopolitique mondiale freinant le développement d’un consensus minimum pour l’humanité. Il a souligné l’importance de quatre idées : la modernisation verte, la sécurité écologique, la solidarité coordonnée, l’initiative chinoise pour la promotion d’un civilisation écologique mondiale. La Chine et le Népal a-t-il dit sont de bons voisins tant au niveau des relations d’État à État que de Parti à Parti. La délégation d’Europe occidentale était représentée par le membre du bureau politique d’AKEL qui a parlé de son observation de la société chinoise et de la nécessité de développer des canaux de communication avec la Chine pour mieux connaître ce pays malgré la pression médiatique des pays menant une politique impérialiste allant à l’encontre des politiques honnêtes promues par la Chine en direction de la paix et de bénéfices mutuels. Il a parlé de la politique dialectique d’égalité, de paix, de démocratie et de modernisation socialiste promue dans un environnement mondial difficile nous forçant à reposer la question « socialisme ou barbarie ». Il a mentionné la politique impérialiste des Etats-Unis contre le peuple chypriote faisant contraste avec la politique de la Chine visant à redessiner une gouvernance mondiale qui explique pourquoi le monde entier attend beaucoup de la Chine qui avance de façon régulière grâce à ses plans quinquennaux et sa politique d’harmonie avec la nature.
Visite du parc écologique Kanbula, du parc écologique Nan Zong et du réservoir Lijiaxia dans la préfecture autonome tibétaine de la province du Qinghai
Ce parc écologique a été créé dans une région de haute montagne très spectaculaire. Le touriste ne peut s’aventurer n’importe où dans le parc mais marche sur un large ponton de quelques kilomètres en bois placé à un mètre environ au-dessus du sol ce qui lui permet de passer par tous les endroits intéressant du parc sans interférer avec la faune et la flore locales. C’est un endroit vénéré par les Tibétains et une de ses montagnes est ornée d’une gigantesque statue de Bouddha où les croyants viennent se prosterner.
A la fin de la visite, les délégations ont eu droit à un repas dans une immense tente construite près du parking de sortie. Des artistes des différents groupes ethniques habitant la province ont exécuté des chants et des danses, ce qui a poussé les Pakistanais présents et très réactifs à ces incantations himalayennes et comparables aussi aux incantations islamiques (le Pakistan est à la fois himalayen et islamique) à se joindre aux danseurs et à exécuter avec eux des danses pakistanaises, créant ainsi une ambiance d’amitié qui a poussé les Fidjiens présent à rejoindre la piste de danse et finalement tout s’est terminé dans une immense danse improvisée sino-tibéto-pakistano-fidjo-européenne aux sons d’un orchestre tibétain donnant le « la »… Une ambiance extraordinaire de fraternité et d’amitié spontanée entre les peuples. Ce qui est d’autant plus notable que les Pakistanais qui ont joué un rôle moteur dans cette « déformalisation » de l’événement représentaient des partis différents allant de partis laïcs socialisant à la Ligue musulmane et que tout le monde, y compris un mollah, s’est retrouvé à danser dans une danse plurinationale et mixte. Le mollah en particulier, le jour précédent, m’avait été signalé par un des Pakistanais comme un homme rigide refusant la danse, la musique, la mixité et tout ce qui rend sur terre la vie agréable. Cette fois ci, ses compatriotes ont réussi à le pousser vers la piste de danse… en l’entourant toutefois un peu pour qu’il ne touche pas par inadvertance une femme en train de danser. Délicatesse réussie et remarquable de leur part qui augure de la possibilité d’un monde meilleur là où certains s’y attendraient le moins. D’une façon générale, j’ai été impressionné par la grande politesse, la grande délicatesse et la grande capacité des Chinois à créer, par petites touches, des liens entre personnes venues d’horizons très différents, ce qui m’a poussé à croire qu’ils souhaitent réellement un monde de paix, de coopération et de relations humaines et commerciales stabilisées, confiantes et mutuellement avantageuses.
Visite du village de Deji
Ce village modèle a été bâti pour des anciens nomades tibétains qui ont accepté de se sédentariser. Le village fait un peu carte postale avec tous les bâtiments, objets et monuments censés montrer la sollicitude des autorités envers la culture tibétaine. Nous avons donc eu droit à la visite de la très belle salle d’exposition de la culture locale, d’une danse traditionnelle « spontanée » au bord de l’eau, de stands où l’on pouvait acheter tous les produits de l’artisanat local et d’une visite dans une maison d’hôtes modèle où l’on nous a fait déguster le beurre tibétain mélangé à des herbes et quelque chose qui m’a semblé être une sorte d’orge local. Le village est en principe tibétain mais j’y ai croisé quelques femmes houeï en foulard islamique et nous avons pu échanger par l’intermédiaire de notre interprète avec deux délicieuses petites filles tibétaines rencontrées au bord du trottoir et qui nous dévisageaient avec intérêt. Elles devaient avoir six ou sept ans et pouvaient nous parler en chinois qu’elles apprenaient à l’école. Elles nous prenaient pour des Américains, le seul pays « blanc » dont elles avaient connaissance, le mot France ne leur disant rien.
Visite de l’Institut d’art bouddhique tibétain de Tongen
Nous sommes ensuite arrivés dans la ville de Tongen, capitale d’une préfecture autonome tibétaine où nous avons visité cet institut d’exposition d’art bouddhique et de peinture Thangka. Nous avons été accueilli par le fondateur et directeur de cet institut accompagné de deux cadres portant un badge rouge avec la faucille et le marteau. Ce directeur a visité plusieurs pays du monde et y a organisé des expositions du travail de ses élèves. Impressionnant de voir ces élèves peindre détail ultra-minutieux après détail ultra-minutieux, chaque élément de ce tableau sacré qui prendra quelques mois voire plus avant d’être réalisé. J’avais au départ l’impression qu’il s’agissait d’un travail à but lucratif pour riches touristes ou pour lieux de cultes en demande, mais sans grande consistance mystique. Mais notre interprète chinoise nous a expliqué qu’un tel travail était impossible à exécuter sans une foi profonde, non seulement parce que le souci du détail rendrait n’importe quel « mécréant » impatient et incapable de poursuivre l’œuvre jusqu’au bout mais parce que chaque artiste qui a passé des années à apprendre ce travail doit donner sa propre interprétation du verset sacré qu’il a choisi de décrire par sa peinture, ce qui nécessite une très bonne connaissance de la croyance et une conviction intime devant transparaître dans l’œuvre et être convaincante pour les croyants, en particulier pour les maîtres du bouddhisme lamaïque avec lesquels on ne peut pas tricher. Cette explication m’a paru crédible, même si j’ai à cette occasion pu ressentir à quel point le mysticisme tibétain et sans doute plus largement asiatique est très éloigné du mysticisme de nos monastères chrétiens.
Visite au Sichuan
Après le périple au Qinghai, région rocailleuse et grandiose de haute montagne, nous nous sommes envolés vers Chengdu la capitale du Sichuan verdoyant. Le Sichuan est une des provinces chinoises les plus engagées dans les innovations et la recherche de nouvelles méthodes économiques, sociales et politiques. C’est aussi une province que les Chinois considèrent comme un endroit où l’on est plus détendu et où l’on peut mieux s’amuser et passer du bon temps. C’est une des provinces ayant ses propres services de relations internationales et qui est très fière d’avoir un des aéroports internationaux de Chine. Nous avons été accueillis à l’aéroport par le délégué aux relations internationales du PCC de la province. La première rencontre que nous avons faite était en présence de nombreux dignitaires sous la présidence du chef des ONG de relations internationales du Sichuan. En fait nous allions comprendre que c’était un ancien dirigeant du Parti et de l’administration provinciale et ce qu’on peut appeler en Chine une « éminence grise », une personnalité qui, par son âge, son expérience et son autorité morale jouit dans la société d’une autorité informelle mais autrement plus importante que beaucoup de hauts fonctionnaires « en activité ». La Chine est une société qui respecte profondément l’âge.
Le Sichuan est une région d’expérimentations économiques qui nous a reçu de façon princière et très amicale. Nous avons eu au cours des banquets beaucoup de conversations informelles sur le monde, l’Europe, la Chine, etc. Cela a beaucoup aidé à comprendre « la Chine de l’intérieur ».
Le soir nous sommes allés dans un club « underground » pour la jeunesse très branchée de Chine, chansons anglo-saxonnes, rythme ultra-bruyant, jeunesse qui se saoule un max et tout cela avec de jeunes membres du Parti en visite au Sichuan et enchantés de se retrouver dans un lieu aussi… branché. Le Parti aura des problèmes à lutter contre ce qu’il appelle la « pollution spirituelle » venant de l’Ouest ! Les jeunes des classes moyennes en Chine semblent parfois plus proches des jeunes d’Europe ou d’Amérique que de leurs grands parents. En est il autrement chez les jeunes des classes populaires ?
Rencontre avec les économistes du comité provincial du PCC
Deux économistes, un homme et une femme, du Parti local se relayaient lors de cette séance. Le premier a fait son intervention et la seconde répondait aux questions ou donnaient des conseils à son collègue comment répondre aux questions (le professeur Xu Yan, directeur du département d’enseignement et de recherche économique pour l’école du parti du comité provincial du Sichuan et la professeure Guo Xianfeng, directrice adjointe).
L’intervention a commencé par une explication sur la manière dont on a cherché à trouver le moyen juste pour répondre aux spécificités locales de la province du Sichuan. Pour cela il a fallu trouver les atouts de la province pour la rendre compétitive par rapport aux provinces plus riches. Ce qui est passé par :
1°/ La compétitivité des industries traditionnelles sichuanaises d’avant la période de réforme et d’ouverture (1978)
2°/ La prise en compte du fait que le Sichuan était riche en énergies propres
3°/ Le potentiel de cohérence des industries d’importance stratégique en combinant les vieilles usines avec la création de nouvelles usines
Les industries traditionnelles au Sichuan étaient l’électronique, l’automobile, la nourriture, le textile, la production de machines, la production d’énergie, l’industrie pharmaceutique. Les investissements ont donc été concentrés dans l’amélioration du potentiel de ces secteurs. Dans la foulée on s’est lancé dans la construction d’industries vertes et le Sichuan est devenu le « hub propre » de la Chine, en particulier grâce à ses ressources hydro-électriques, ses réserves de gaz naturel et de gaz de schiste. Le Sichuan s’est aussi lancé dans la production de batteries au lithium et il profite du fait qu’il possède 14 ressources minières d’importance stratégique.
Le Sichuan a su combiner tradition et innovation, ce qui a boosté sa productivité. Il est en train de construire dans deux villes de la province un « hub » scientifique, technologique et informatique, ce qui devrait accroître la compétitivité de la province. Le Sichuan est enclavé, ce qui constitue un handicap, ce pour quoi il a beaucoup investi dans les infrastructures de transport, désormais ouvertes sur le monde par l’aéroport international et par le chemin de fer qui relie Chengdu au réseau « une ceinture, une route » BRI.
Une politique de développement intégré des villes et des campagnes a été lancée dans le but de diminuer l’écart entre ces deux espaces. Vu la configuration du Sichuan, une agriculture de grandes exploitations comme en Europe ou aux USA est impossible à introduire dans la province, ce qui implique la construction d’un système d’agriculture socialisé permettant une synergie entre exploitations et marchés urbains. Les développements urbains ont été élaborés en cercles concentriques à partir du centre ville vers les banlieues et les campagnes environnantes. Les intervenants concluent en soulignant que l’Europe est pour eux un partenaire de premier plan et que par ailleurs le développement de la Chine contribue au développement de toute l’économie mondiale.
Les questions posées portaient surtout sur la polarisation ville campagne et l’aspect social. Une des questions soulignait que la Chine pour développer ses forces productives avait à partir de 1978 fait appel au secteur privé comme élément nécessaire pour construire les bases du futur socialisme mais que, à terme, pour arriver au socialisme, le secteur privé devrait être socialisé. L’économiste a répondu en disant, certes, mais que Deng Xiaoping avait dit que la période de développement des forces productives nécessitant le maintien d’un secteur privé serait longue et que, pour le moment, ce qui donnait à la Chine son caractère socialiste, c’est le fait qu’elle menait une politique résolue de lutte contre la pauvreté.
Visite de Haite group aviation
On nous a montré cette entreprise en nous disant que nous étions des amis du peuple chinois et qu’on nous la montrait pour cette raison mais que nous ne pourrions pas photographier car on nous montrerait des choses confidentielles. Cette entreprise lancée au départ par un père et son fils, aujourd’hui cotée en bourse, s’occupe de la production de pièces et moteurs pour avions, de la maintenance et plus récemment de la diffusion de la 5G. Elle a des accords de coopération avec Airbus, Boeing, Thales, Israel defense industry et beaucoup de compagnies aériennes de par le monde. C’est une entreprise privée de pointe qui a connu un développement ultra-rapide et où il existe une organisation syndicale et une cellule du PCC.
Visite du parc d’exposition Tianfu
C’est en fait un parc modèle pour habitants avec en dessous du parc et des lacs à l’eau pure, sous terre, une immense station d’épuration d’eau et autour un quartier résidentiel avec des immeubles et services ultra-modernes. Autre cité modèle.
Panda park
Dans la campagne assez loin de Chengdu, on a visité le parc zoologique qui abrite l’animal fétiche du Sichuan renommé dans toute la Chine, le panda. On trouve dans ce parc des pandas noirs et des pandas roux. Le panda était une espèce menacée à cause de la disparition de son habitat mais il est en train de reprendre vie avec les mesures de protection de l’environnement qui ont été prises. Sur les 1 500 pandas vivant, un millier est aujourd’hui en liberté et 500 en captivité. Le problème des pandas est qu’ils sont lents et donc voudraient bien manger de la viande mais ont rarement la rapidité nécessaire pour chasser leurs proies et doivent se replier sur le bambou dont ils n’assimilent que 20 % de ce qu’ils mangent, ce qui les obligent à dormir très longtemps pour digérer. En captivité ils sont mieux nourris ce qui explique qu’ils y vivent en moyenne dix ans de plus, l’objectif étant de les renvoyer dans leur état naturel tout en les aidant à se procurer de la viande. En captivité, ils ont tendance à ne pas se reproduire mais les chercheurs ont eu l’idée de leur projeter des films avec des ébats mâles/femelles, ce qui leur a redonné l’idée de se reproduire.
Visite du plus vieux système d’irrigation du monde à Chengdu
Il y a 2200 ans, le gouverneur de la ville de Chengdu a eu l’idée d’organiser avec l’aide d’un ingénieur un réseau de distribution et d’épuration d’eau à partir du fleuve en créant des ramifications multiples qui amènent l’eau à tous les quartiers de la ville jusqu’à aujourd’hui. Ce système nécessite simplement d’être nettoyé et rénové tous les dix ans ce qui s’est réalisé jusqu’à aujourd’hui. Quelques investissements supplémentaires seulement ont été faits dans les années 1950 et 1970. Le président Mao en personne était venu examiner cette réalisation extraordinaire et a donné quelques conseils pour son élargissement. C’est en fait un gigantesque parc le long du fleuve et de ses ramifications artificielles avec de très nombreux temples sur les collines ou dans le parc et des statues des ingénieurs qui ont travaillé à sa construction et à son développement. Encore aujourd’hui les Chinois viennent se faire photographier à côté de ces statues d’ingénieurs qui sont l’objet d’un véritable culte au point où la statue du premier ingénieur du lieux est systématiquement caressée par les visiteurs car cela est censé leur apporter la chance et le savoir. C’est presque un lieu de promenade et de pèlerinage scientifique, culturel, historique, patriotique.
Musée municipal de Chengdu
Chengdu est une ville au passé glorieux avec un très fort patriotisme provincial et local et le musée est le témoignage imposant et grandiose de cette longue histoire et de la fierté de ses habitants depuis la plus haute Antiquité jusqu’à nos jours. Beaucoup d’articles exposés de grande beauté et de grande habileté qui témoignent de la grandeur de la civilisation chinoise et de la puissance en son sein de la province du Sichuan à la très forte personnalité. Ce qu’on avait d’ailleurs pu voir lors d’un repas « princier » d’où nous pouvions voir la scène où l’on voyait des spectacles de l’opéra Sichuanais qui est assez différent de la tradition de l’opéra de Pékin.
Du musée j’ai remarqué au loin la statue du président Mao et j’ai demandé à la guide si nous avions le temps d’aller la voir, ce qui a été possible. La statue de Mao se trouve devant le Musée de la science et de la technologie du Sichuan ce qui explique pourquoi sous la statue il y a une citation du président Xi Jinping sur l’importance de la science et de la technologie. Nous avons pris des photos sous la statue du président Mao et à cette occasion j’ai dit aux cadres du Parti qui m’accompagnait la seule phrase en chinois que je connais « vive le président Mao ! » ce qui a provoqué leur étonnement, les ont amenés à discuter avec moi sur ce que je connaissais de la révolution chinoise et de la pensée Mao Zedong, et le cadre de la province délégué aux relations internationales a manifesté son admiration pour ma connaissance du président Mao si bien que le lendemain au pied de l’avion me ramenant en Europe, en me disant au revoir il a levé son poing et m’a dit « vive le président Mao ! ». J’ai en effet remarqué que les Chinois éprouvaient toujours beaucoup d’admiration, voire de tendresse, pour Mao Zedong et son héritage, sa capacité à avoir restauré l’État chinois. Mais ce phénomène semble surtout observable chez ceux qui sont particulièrement attachés à l’égalité sociale et on peut sentir que le clivage droite/gauche existe bien en Chine, même si aujourd’hui il se manifeste en douceur et par la façon dont les cadres mettent l’accent sur certaines périodes de l’histoire du communisme ou sur certains anciens dirigeants communistes. La question des classes sociales en Chine existe donc comme partout ailleurs dans le monde mais elle est visiblement traitée autrement dans le régime chinois que dans les pays capitalistes ou dans les autres pays socialistes, du passé ou actuels. Tout cela dans le cadre d’une société gigantesque et diversifiée, aux fortes traditions collectivistes et étatiques mais confrontée aujourd’hui au défi de la culture capitaliste mondialisée apportant individualisme et esprit de compétition tendant à concurrencer l’émulation socialiste des démocraties populaires d’après 1945.
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Michel BEYER
L’intérêt ne faibli pas. Bruno Drewski nous fourni un éclairage sur de multiples aspects de la vie chinoise, loin des standards occidentaux. Qu’il en soit remercié.
L’autre jour, sur BFMTV je crois, une jeune perruche perruchait: “je n’aimerais pas vivre là-bas” disait-elle. Personne ne le lui demandait, et qu’est-ce qu’elle connaît de la vie chinoise pour affirmer cela? Si de jeunes français lisent le document de B.Drewski, ils se feront peut-être une autre idée.
Toutefois, je vais mettre un bémol, relevé d’ailleurs dans le texte, je le cite:”J’ai en effet remarqué que les Chinois éprouvaient toujours beaucoup d’admiration, voire de tendresse, pour Mao Zedong et son héritage, sa capacité à avoir restauré l’État chinois. Mais ce phénomène semble surtout observable chez ceux qui sont particulièrement attachés à l’égalité sociale et on peut sentir que le clivage droite/gauche existe bien en Chine, même si aujourd’hui il se manifeste en douceur et par la façon dont les cadres mettent l’accent sur certaines périodes de l’histoire du communisme ou sur certains anciens dirigeants communistes. La question des classes sociales en Chine existe donc comme partout ailleurs dans le monde mais elle est visiblement traitée autrement dans le régime chinois que dans les pays capitalistes ou dans les autres pays socialistes, du passé ou actuels. Tout cela dans le cadre d’une société gigantesque et diversifiée, aux fortes traditions collectivistes et étatiques mais confrontée aujourd’hui au défi de la culture capitaliste mondialisée apportant individualisme et esprit de compétition tendant à concurrencer l’émulation socialiste des démocraties populaires d’après 1945.”
En fin de partie no 2, j’avais noté une certaine insouciance d’une partie de la jeunesse des couches moyennes peu intéressée, et considérant comme normal le niveau de vie atteint, sans se rendre compte qu’il a fallu 75 ans de lutte pour en arriver là.
Pour appuyer ma démonstration, je cite un autre passage du texte:”Le Parti aura des problèmes à lutter contre ce qu’il appelle la « pollution spirituelle » venant de l’Ouest ! Les jeunes des classes moyennes en Chine semblent parfois plus proches des jeunes d’Europe ou d’Amérique que de leurs grands parents. En est il autrement chez les jeunes des classes populaires ?”
Daniel Arias
Il y a certainement un point qui est commun entre les jeunes chinois et ceux des rives atlantiques: ils consomment tous des produits made in china.
Par contre les chinois ont beaucoup moins de raisons de devenir dépressifs que leurs camarades de par chez nous, eux ont la chance d’être dans une nation en pleine croissance qui est la locomotive scientifique, technique et industrielle du monde.
Certes le consumérisme comme chez nous se répand et une bourgeoisie s’en tire plutôt très bien même mieux que la notre, pour l’instant sous la vigilance du PCC dont pour l’heure la stratégie semble être la bonne.
En URSS cette bourgeoisie bureaucratique était contenue et pour se libérer à préféré détruire la structure socialiste, chez les soviétiques aussi dans les derniers films le goût pour le luxe devenait présentable avec quelques précautions, puis des comportements destructeurs étaient carrément mis en scène et valorisés dans un film comme “le coursier”.
Je pense que le capitalisme a encore de longues années de développement en particulier en Amérique Latine et en Afrique. La coopération que propose la Chine présente une stabilité et crée les conditions d’une longue période de développement. Les capitalistes en Chine doivent être particulièrement heureux et optimistes, d’ailleurs les nôtres ne rêvent que d’y faire des affaires ou vendre des produits chinois dans leurs gigantesques réseaux de distribution.
Espérons qu’ils ne reproduisent jamais la forme criminelle de l’impérialisme atlantique.
L’Histoire de la Chine montre que depuis l’unification les aventures militaires à l’étranger ont été exceptionnelles, l’exemple de la coopération pratique incitera probablement les nouveaux arrivants dans le développement à rester pacifiques.
Parmi les puissances émergentes une semble particulièrement expansionniste: la Turquie.
Comme communiste français la Chine peut compliquer la définition d’un socialisme aux caractéristiques françaises tout en ouvrant des pistes de réflexions en particulier sur la cohabitation entre capitalistes et socialistes.
Une question et non la moindre pour le PCF pourrait être peut il y avoir une alliance tactique avec notre bourgeoisie et laquelle ? Ou bien la lutte frontale prolétariat contre bourgeoisie est elle encore envisageable ?
La réponse aurait était plus simple a obtenir si nous avions su défendre la planification et les entreprises nationales issues du Commissariat au Plan et de la Libération. Nous aurions au moins le pouvoir sur des secteurs économiques stratégiques.
Sachant que toute volonté d’indépendance nous attirera les foudres des agents de la CIA déguisés en ONG.
Ces derniers jours un documentaire ouvertement anti nucléaire diffusé sur le service public juste au moment où Macron affirme sa volonté de relancer le nucléaire.
Nucléaire qui est une de nos garantie de souveraineté.
L’amitié pro américaine dans le service public audiovisuel est de plus en plus assumée, pour qui travaillent ils vraiment ? Voilà une question politique bien importante que de s’en prendre au pauvre arabe du coin de la rue comme le font les pseudo patriotes et vrais traîtres de la France avec leur diversion raciste.
https://www.france.tv/france-2/complement-d-enquete/5288631-dechets-nucleaires-quand-nos-poubelles-debordent.html
Xuan
Le paradoxe c’est que les pays occidentaux sont à la fois un miroir aux alouettes et un repoussoir pour la jeunesse chinoise.
C’est la guerre économique et les campagnes de propagande (sur le covid, sur Hong Kong, sur le Xinjiang…) de Trump qui ont ruiné l’influence du courant libéral dans le PCC. Il est apparu pour de très nombreux chinois que les pays impérialistes, au lieu de les aider dans l’épreuve difficile de la pandémie, leur ont mis la tête sous l’eau et les ont dénigrés.
D’une certaine façon, c’est l’impérialisme qui fortifie le socialisme.
Mais en même temps il le combat bien évidemment.
La lutte des classes se poursuit sous la dictature du prolétariat, comme le rappelait Deng Xiaoping, mais d’une manière atténuée parce que la bourgeoisie est dominée.
Tant que l’impérialisme perdure de façon conséquente, il bénéficie d’un soutien dans les pays socialistes, et rêve de les détruire.
La fin de l’hégémonisme US signifierait que le pilier de l’impérialisme est détruit, et qu’il n’en existe pas d’autre capable de le remplacer, pas d’autre capable de consteller la planète de bases militaires, d’imposer sa monnaie et ses dettes, de mettre le feu à des régions entière et d’appuyer militairement la réaction. Les conséquences pour l’essor du socialisme seraient énormes.
Il suffit de penser à la fin du féodalisme en Europe, à l’essor des révolutions nationales démocratiques bourgeoises dans cette période pour mesurer l’ampleur d’un tel bouleversement.