Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Gaza, quel avenir ?

12 OCTOBRE 2023

Pour le moment il est sans doute impossible de se faire entendre, nous avons des écorchés vifs, chauffés à blanc par les médias et c’est l’effet qui était recherché non seulement par “l’opération autosuicide” du Hamas, mais par ceux dont tout laisse à penser qu’ils ont laissé faire. Leur victoire est temporaire, quand on pourra avoir une vision plus réaliste de ce qui aujourd’hui apparait comme une opération criminelle d’une cruauté intolérable contre des civils, nous pourrons faire entendre que la “riposte” israélienne est tout aussi suicidaire parce que criminelle contre des civils. Parce que ça fait longtemps que ce qui se passe aujourd’hui contre Gaza sous prétexte de la vengeance d’aujourd’hui ne peut produire que de l’anéantissement. L’espérance du Hamas de voir l’apocalypse embraser tout le Moyen Orient dans laquelle la paix renaissait, est aussi l’objectif de l’extrême-droite israélienne et des Etats-Unis. Mais les choses sont en train de changer, la guerre, la mort comme stratégies deviennent de plus en plus minoritaires et la condamnation de celui qui l’inflige par crime, par blocus, à des populations désarmées peut très vite enfler dans des peuples qui ne croient plus à la propagande et donner lieu à des effets boomerang. La politique comme raison doit le savoir dès aujourd’hui et je le dis à mes deux peuples, l’un de naissance, l’autre d’élection, les juifs et les Palestiniens, il est temps de ne plus accepter d’être des victimes, de prendre place dans le monde qui est en train de naitre (note et traduction de Danielle Bleitrach)

PAR PATRICK HOWLETT-MARTINFacebook (en anglais)GazouillerRedditMessagerie électronique

Photo par Robin Sommer

Gaza, quel avenir ?

La bande de Gaza est en quarantaine depuis 2007, soumise à un blocus commercial et naval à la discrétion arbitraire d’Israël. Il a été la cible de trois invasions militaires israéliennes en 2009, 2012 et 2014. En l’espace de 22 jours (du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009), 1434 Palestiniens ont été tués, dont 1259 civils et 288 enfants. Entre le 14 et le 21 novembre 2012, 103 Palestiniens ont été tués, dont 30 enfants. En moins de deux mois (du 8 juillet au 26 août 2014), 1462 civils ont été tués, dont 551 enfants. Au cours de cette dernière offensive, 136 écoles ont été détruites ou endommagées, 15 hôpitaux et 43 centres de santé ont été détruits. Près de 20 000 maisons ont été bombardées, laissant 105 000 personnes sans abri. En mai 2021, les affrontements ont fait au moins 232 morts du côté palestinien, dont 65 enfants, et 12 morts en Israël, dont un enfant de six ans et une fille de 16 ans. Les Nations Unies estiment qu’il y a 1600 orphelins dans la bande de Gaza.

Richard Falk, le Rapporteur spécial des Nations Unies pour les territoires occupés, a estimé que 40% de la population masculine de Gaza avait connu les prisons israéliennes. La détention administrative en Israël permet une détention de six mois, renouvelable, sans aucune accusation.

Plus de 50% des jeunes Palestiniens de cette enclave sont au chômage, ce qui en fait des recrues faciles pour les forces militaires du Hamas. L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) concernait en 2000 environ 80 000 personnes, en compte aujourd’hui plus de 800 000 (sur une population de 2 millions d’habitants). Selon un rapport de l’ONG internationale de défense des droits de l’enfant Save The Children, intitulé « Pris au piège » et publié en juin 2022, quatre enfants sur cinq à Gaza souffrent de dépression et d’anxiété. 80% de la population de Gaza vit en dessous du seuil de pauvreté.

« Une action rapide est nécessaire pour prévenir les flambées de violence entre Israéliens et Palestiniens et pour éviter une crise alimentaire imminente », a déclaré en vain Tor Wennesland, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, au Conseil de sécurité le 24 mai 2023.

La victoire du Hamas aux élections de 2006 est indissociable de la radicalisation de la société palestinienne, face au blocus israélien, comme l’a été sa création en décembre 1987 au début de la première Intifada. Le Hamas dispose d’un réseau dense d’associations caritatives au sein d’une population humiliée et impuissante. Les principaux dirigeants du Hamas ont tous été assassinés par les Israéliens. Les dirigeants actuels sont depuis réfugiés au Qatar. Le chef de l’armée de l’air israélienne s’est vanté devant la presse d’avoir supervisé entre 80 et 100 assassinats extrajudiciaires ciblés, avec un « taux de réussite de 90 % ».

Depuis le retrait israélien de la bande de Gaza en 2005, une zone tampon dite « d’exclusion militaire » allant de 300 mètres à 1,5 kilomètre de profondeur couvre 20% du territoire et entrave 35% des terres cultivables, loin de la ligne d’armistice de 1949 (« Ligne verte ») séparant à l’origine Israël et Gaza. Depuis cette date, il y a eu plus de douze offensives contre ce territoire avec un lourd bilan humain : côté palestinien, 7600 tués, dont 2800 civils ; du côté israélien, 123 morts, dont 23 civils.

Avec l’offensive militaire du Hamas le 8 octobre 2023, ce bilan augmentera considérablement. Et pour quel résultat ?

La meilleure garantie de la sécurité d’Israël est la dignité restaurée des populations palestiniennes et non, comme l’a déclaré le ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Netanyahu, Eli Yishai, lors du bombardement de la bande de Gaza, de « ramener Gaza à l’époque médiévale ».

Patrick Howlett-Martin est un diplomate de carrière vivant à Paris.

Vues : 471

Suite de l'article

2 Commentaires

  • RUIZ
    RUIZ

    Je ne sais pas si Israël savait et a laissé faire pour justifier cette riposte immonde.
    Par contre, il semble bien que, malgré les blocages des régimes locaux, dans de nombreux pays arabes ou musulmans, les opinions publiques sont à nouveau clairement du côté des Palestiniens et que cela risque de refroidir les ardeurs de certains qui se sont rapprochés d’Israël (Maroc, Emirats,…) ou qui se rapprochaient de ce pays (Arabie saoudite). Sur ce point, si Israël a laissé faire, le bilan risque d’être désastreux pour elle !
    Ce qui m’inquiète particulièrement, c’est la répression en France de toute voix qui oserait critiquer Israël. Je ne parle pas des maboules de la France Insoumise mais des interdictions des manifestations de soutien au peuple palestinien ou de l’oukase que vient de faire paraître Dupont-Moretti qui condamne tout propos critique d’Israël qui sera, d’office, assimilé à du soutien au terrorisme.
    La fascisation du régime avance à grand pas !

    Répondre
  • Cedric
    Cedric

    j’aime bien cette chaine, vous connaissez sûrement, je découvre: https://www.youtube.com/watch?v=dsGoOGmsXlA

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.