Nicolas Cossange, le secrétaire fédéral de l’Hérault nous envoie ce compte-rendu de débat sur la paix dans une “toute petite section de son département”. Il estime que cette intervention a été nourrie par le débat à la fête de l’Humanité avec le camarade du KPRF, il souhaite la lui adresser et lui dire comment tous ceux qui ont assisté à cette rencontre l’ont appréciée et sont ressortis “gonflés à bloc” pour ce combat. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
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Chers amis et camarades,
Avant tout je tiens à remercier et féliciter les communistes de la section de Lunel-Mauguio pour l’organisation de cette initiative, de ce débat en cette journée mondiale de la Paix. Je tiens à remercier Monsieur le Maire de Mauguio pour nous avoir permis de nous réunir dans cette belle salle de la commune.
C’est une initiative heureuse que ce débat, bienvenue dans les temps troublés que nous vivons.
Une guerre d’une terrible intensité ravage depuis un an et demi l’Europe. Une guerre de position, qui a fait des centaines de milliers de morts et blessés, combattants ou civils.
Guerre de position dans laquelle chacun espère l’usure de l’adversaire. Ce qui n’est pas sans rappeler la Première Guerre mondiale.
Depuis 1 an et demi s’accumulent les morts, les destructions, la misère et d’un même mouvement les profits pratiquement sans limites des marchands de canons et de ceux qui espèrent profiter encore lors de la reconstruction, de ceux qui spéculent sur les denrées alimentaires plongeant l’Afrique devant le risque de famines d’une ampleur inégalée, de ceux qui spéculent sur le gaz et le pétrole provoquant en France et en Europe une inflation aggravant misère et pauvreté.
Cette guerre a assez duré et si les incantations n’y mettront pas fin, les communistes exigent que notre pays sorte d’une économie de guerre qui ne dit pas son nom et porte une voix de paix. Cela n’est possible que si nous retrouvons en préambule notre indépendance diplomatique et militaire, à la fois en refusant fermement la militarisation de l’Union Européenne mais aussi en sortant de l’OTAN immédiatement, cette organisation créée dans le seul but d’affronter un bloc socialiste qui n’existe plus depuis 20 ans !
Car le rôle de l’OTAN dans le prolongement du conflit est d’autant plus important qu’il contribue au renforcement d’un des belligérants. Des équipements de plus en plus sophistiqués sont envoyés. Les risques mondiaux augmentent car alors que les fusils, les chars, les armes anti-aériennes, les canons et les drones envoyés à l’Ukraine n’ont pas suffit à faire évoluer d’un mètre le conflit, nous sommes en droit de nous demander quelle sera la prochaine étape : des avions ? L’envoi d’un contingent comme le préparait la simulation faite au début de l’été dernier dans les environs de Sète ?
La question se doit d’être posée devant l’impasse militaire et diplomatique, devant les répercussions guerrières qui se font déjà sentir en Europe, particulièrement dans le Caucase ces derniers jours. La Russie devait être isolée, ruinée par les sanctions. Sa population devait se révolter contre la guerre. Un an et demi plus tard on s’aperçoit qu’il n’en est rien. Et cela ne peut se réduire à l’explication qu’il s’agit d’un pays autoritaire sous la coupe d’un homme, même si je ne nie en rien, ni ne cherche à atténuer le caractère autoritaire, réactionnaire et nationaliste de Vladimir Poutine et de Russie Unie. C’est toute la contradiction politique de cette guerre que nous ne pouvons lire ni dans le manichéisme de l’OTAN, ni dans celui de l’extrême-droite européenne qui a été largement financée par le pouvoir russe ces dernières années.
Pour nous communistes, notre grille de lecture est celle des peuples et de leurs intérêts qui ne sont ni ceux du capitalisme européen, dont les représentants dirigent actuellement l’UE, ni ceux de l’OTAN, ni ceux du capitalisme russe.
Tous les peuples sont pressurés, exploités : russe et ukrainien en priorité. En France le parlement a voté une loi de programmation militaire en vertigineuse augmentation. 413 milliards d’euros de budget militaire c’est du jamais vu alors que la France n’est en conflit ouvert avec personne ! Comment d’ailleurs ne pas faire le lien entre ces dépenses pour les marchands de canons, les récentes annonces de Bercy indiquant que notre pays honorerait ses engagements européens sur sa dette publique et la batterie de mesures anti-sociales et austéritaires prises ces derniers temps, au premier rang desquelles la réforme des retraites !
Je parlais tout à l’heure des répercussions dans le Caucase, comment ne pas faire le lien l’attitude de l’UE et de l’OTAN en Ukraine et leur silence assourdissant sur l’invasion par l’Azerbaïdjan avec le soutien de la Turquie des territoires autonomes arméniens, dont la reddition ce matin même provoque la fuite de près de 100.000 personnes. Depuis que les sanctions ont été prises sur le gaz russe, ce sont les producteurs azéri et les gazoducs turcs qui fournissent l’Europe et plus particulièrement ses pays fortement dépendants des énergies fossiles comme l’Allemagne. Anatole France ne s’y trompait pas « on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels ».
Va t-on, dans le contexte supplémentaire de la dédollarisation de l’économie mondiale qui bouleverse l’ordre établi depuis la fin de la guerre froide, va t-on les laisser encore longtemps ces industriels, les grands groupes capitalistes et leurs intérêts décider de la marche du monde ?
Dans leur logique guerrière d’un capitalisme qui, pour citer Jean Jaurès, « porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage », chaque minute de prolongement du conflit multiplie vertigineusement le risque d’une apocalypse nucléaire. Directement ou indirectement via l’OTAN ce sont pas moins de 4 puissances nucléaires qui sont impliquées dans le conflit ukrainien, la Russie, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. Jamais le risque d’apocalypse nucléaire n’a été aussi important depuis la crise des missiles, qu’un seul soit lancé et le dernier soucis de l’humanité sera de savoir qui a tiré le premier !
Mettre en route une autre perspective est nécessaire.
Un cessez-le-feu immédiat, des négociations prenant d’abord en compte les positions des populations concernées ukrainiennes et russes. Celles des populations de l’est de l’Ukraine entre autres. N’oublions pas que la population du Donbass entre 2014 et mars 2021 moment de l’extension de la guerre par la Russie a perdu plus de 14.000 morts et vu sa région ravagée.
La non application des accords de MINSK I et II en est une cause majeure. Ces accords qui en synthèse écartaient l’OTAN de l’Ukraine et permettaient l’autodétermination des régions ukrainiennes le souhaitant, auraient certainement permis d’éviter cette guerre qui dure pour ces populations depuis 9 ans.
Notre pays doit prendre toute initiative favorisant ce cessez-le-feu et il ne sera pas seul : Chine, Afrique du Sud, Inde, Brésil… Déjà ces pays se sont exprimés à l’ONU dans ce sens, en dépit des désaccords qu’il peuvent d’ailleurs avoir sur d’autres sujets. Ils représentent tout de même plus de la moitié de la population de la planète !
Ces négociations, nous autres communistes n’aurons de cesse de le réclamer. Car nous pensons que c’est le rôle de notre pays, d’une France qui doit retrouver sa souveraineté diplomatique et militaire pour répondre aux intérêts de son peuple qui ne sont pas ceux de l’OTAN ou de Poutine.
La France doit agir pour une ONU donnant enfin toute sa place aux nations issues des combats de la décolonisation. Un autre monde, multipolaire, est aujourd’hui possible, le développement des BRICS en témoigne. Les coups d’états militaires en Afrique contre les gouvernements corrompus, les politiques néocoloniales des grands groupes français, en dépit là aussi de leurs contradictions, en sont aussi une manifestation.
Enfin la France se grandirait en signant enfin le TIAN, traité d’interdiction des armes nucléaires déjà ratifié par une soixantaine de pays, elle serait la première puissance nucléaire à le faire, donnant une toute autre portée à ce combat. Je tiens d’ailleurs à saluer l’initiative de la ville voisine de Villeneuve-les-Maguelones qui a pris l’initiative de rejoindre l’Association des Maires pour la Paix, association initiée par la mairie d’Hiroshima.
Sans paix il n’y aura nulle part démocratie et liberté pour les peuples.
Sans paix et désarmement il n’y aura aucune conquête sociale durable,
Restons chaque jour dans tous nos combats d’ardents combattants de la paix partout dans le monde.
Je vous remercie.
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Jean-Claude Delaunay
Ce que je vais dire est insignifiant. Je vais quand même le dire. Lire le texte d’introduction au débat du camarade de Mauguio, puis imaginer la discussion qui en fut la suite donne chaud au coeur. Merci.