Le “Nord global” pour parodier la désignation de l’article découvre avec stupéfaction la popularité dont la Russie jouit dans les masses du Tiers-monde en Afrique en particulier. Les explications apportées qui toutes relèvent de l’arrogante cécité de la suprématie occidentale font d’abord état du rôle militaire de la Russie et en particulier celui des mercenaires de Wagner. Ce qui nous vaut des articles livrées clés en main par la CIA, y compris dans l’Humanité sur le rôle de ces milices, notons que les Etats-Unis sont les maitres en la matière mais que seule Wagner déclenche de tels vertueux articles. Notons également que l’on comprend mal dans ce cas pourquoi les mercenaires russes jouiraient d’un tel crédit populaire si ce n’est que l’expérience qu’en ont les populations comme les dirigeants africains s’avère nettement plus enthousiasmante que celle de l’armée française. Mais ce primat de l’armée est nettement insuffisant à expliquer la situation et ces drapeaux russes agités comme un symbole de libération.
Il y a d’autres facteurs, le rôle que la Russie joue non seulement dans la distribution du blé mais aussi des engrais. Là encore n’en déplaise à nos gouvernants, à madame Colonna en particulier, il s’avère que les Africains n’attribuent pas à la Russie leurs problèmes de difficultés d’approvisionnement. Si comme le montre l’article la Russie joue sur la mémoire “anticoloniale”, il ne s’agit pas seulement de fait liés à l’histoire des grands parents d’une Afrique très jeune mais bien du rôle que depuis la chute de l’URSS les pays occidentaux, la France en particulier, mais également l’Allemagne, la Grande-Bretagne et d’autres, ont prétendu jouer sur des pays officiellement indépendants. Et de ce point de vue, prétendre comme l’auteur de l’article que le récit de “l’URSS” se vend moins bien en Ukraine ou en Europe de l’Est est parler un peu vite, oublier que ce qui se passe en Ukraine, et dans bien d’autres pays de l’Europe de l’Est est le choix y compris de “nazifier” ou de jouer au moins sur un nationalisme identitaire qui partout produit division et conflit pour tenter d’éradiquer ce qui demeure de regret du socialisme dans les peuples. Notons enfin que la dimension peuples du sud global est également à l’oeuvre dans les relations avec la Chine et aussi l’Inde qui tente de se placer dans ce créneau mais avec nettement moins de succès que les deux précédents, Allez savoir pourquoi ? L’auteur de l’article clôt sur une hypothèse qui nous semble tout à fait pertinente : et si c’était l’ordre “libéral” post-colonial, post fin de l’URSS qui était impopulaire ? (Note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Moscou pointe son histoire « anticoloniale » en Afrique et dans les pays du Sud, un récit qui ne se vend pas aussi bien en Ukraine ou en Europe de l’Est Par JOSE CABALLEROAOÛT 26, 2023
Depuis le début de la guerre d’Ukraine, il y a eu de nombreuses visites diplomatiques de responsables russes en Afrique et en Amérique latine visant à renforcer l’influence mondiale de la Russie.
En 2023, des responsables russes se sont rendus en Angola, au Burundi, en Érythrée, en Eswatini, au Kenya, au Mali, en Mauritanie, au Mozambique, en Afrique du Sud et au Soudan. La même année, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a visité certaines régions d’Amérique latine, visitant le Brésil, le Venezuela, le Nicaragua et Cuba. L’objectif était d’approfondir les liens et d’accroître le soutien à la guerre de la Russie en Ukraine.
Alors que la guerre ukrainienne se poursuit, certains observateurs ont noté que la Russie tente de rassembler un soutien influent pour sa position dans la guerre. Ses prétentions à lutter contre le pouvoir de l’Occident et le néocolonialisme semblent avoir gagné quelques partisans. Les tentatives de l’Ukraine de gagner des alliés dans les mêmes régions en arguant qu’elle se bat contre un empire ne semblent pas avoir si bien résonné.
Certains observateurs soutiennent que nous assistons au « retour de la Russie mondiale » par l’influence économique et politique, et par son utilisation de techniques de désinformation numérique pour diffuser des récits. Dans les années 2010, l’expansion de l’influence de la Russie en Afrique était le résultat de « l’opportunisme » économique, mais pendant la guerre d’Ukraine, elle est devenue plus stratégique.
Il est prouvé que dans certains pays africains, l’influence de la Russie continue de s’intensifier. L’Afrique du Sud, par exemple, semble s’éloigner de l’ouest et se diriger vers l’orbite de la Chine et de la Russie.
Mais cela pourrait être dû en partie au fait qu’une remise en question de l’ordre libéral actuel est susceptible d’être bénéfique pour les pays du Sud, en leur donnant plus de pouvoir de négociation sur la scène internationale et d’atteindre certains de leurs objectifs politiques.
Cela a été suggéré lors de la récente réunion de la conférence des BRICS des hauts dirigeants de Russie, de Chine, du Brésil, d’Inde et d’Afrique du Sud. Les dirigeants de ces économies en expansion hésitent donc à condamner pleinement la Russie pour ses actions en Ukraine.
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