Ignorer les BRICS en tant que force politique majeure – ce que les États-Unis ont été enclins à faire dans le passé – n’est plus une option. Si nous avons vu par ailleurs que la pire des options, celle d’un holocauste nucléaire planétaire, est toujours présente dans l’agenda des gouvernants des Etats-Unis, concernant la Chine et la Russie, cet apparent mutisme s’explique. Comme s’explique la prudence des Brics dont les dirigeants savent bien la nature réelle de l’hégémonie occidentale. Il ne s’agit pas de provoquer la bête féroce mais de l’empêcher de s’effondrer sur soi, ou d’attaquer sans pitié, en tant que tel les Brics ne sont pas une coalition hostile aux Etats-Unis mais de fait par leur puissance même, ils ne cessent de contrecarrer ses plans. Leur élargissement quel que soit leur ordre du jour dénué d’hostilité est un enjeu en soi et contribue à ce que les auteurs définissent comme “un dénigrement” des Etats-Unis, ce qui bien sûr est “intolérable” parce qu’ils oublient de signaler à quel point ce dénigrement peut peser sur la toute puissance du dollar, de l’armée, de l’interdiction de la souveraineté des peuples. Cet attentisme provoque une sorte d’impatience chez les supporters des deux systèmes, mais il s’avère qu’étant ce qu’ils sont les Brics déjouent en fait la stratégie des Etats-Unis et donc ceux-ci vont plus ou moins être dans la nécessité d’aller au-delà de l’attentisme. C’est la situation que nous voyons se dessiner en particulier depuis la guerre en Ukraine et les foyers qui sont tentés d’être allumés partout, une situation nous le répétons qu’aucune force politique ne devrait ignorer. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)
Par MIHAELA PAPA, FRANK ODONNELL Et ZHEN HAN AOÛT 21, 2023
Les dirigeants de la Chine, de l’Inde et du Brésil sont arrivés en Afrique du Sud pour le sommet des chefs d’État des BRICS. Xi Jinping, Narendra Modi et Luis Inasiu Lula da Silva se sont rendus en Afrique du Sud pour participer aux travaux du 15e Sommet des BRICS. Poutine interviendra en vidéo. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa va accueillir chacun de ses collègues des “cinq”. Les dirigeants de l’Inde, de la Chine et du Brésil tiendront également des réunions bilatérales les uns avec les autres dans le cadre du sommet. La dernière étape de l’événement consistera en une réunion élargie des représentants des pays membres du BRICS et des délégués (principalement des chefs d’État et de gouvernement) d’une quarantaine de pays invités intéressés à rejoindre le bloc, d’Afrique, d’Amérique du Sud, des Caraïbes et d’Asie. Cette simple description dit l’impossibilité pour les Etats-Unis et le bloc du G7 d’ignorer ce sommet. Pour le moment, les USA se sont contentés de faire monter les tensions grâce à leurs marionnettes, interventions militaires ou étranglement des sanctions et des blocus. (note de Danielle Bleitrach histoire et société)
Lorsque les dirigeants du groupe des grandes économies émergentes des BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – se réuniront à Johannesburg pendant deux jours à partir du 22 août 2023, les décideurs politiques étrangers à Washington écouteront sans aucun doute attentivement.
Le groupe BRICS a remis en question certains principes clés du leadership mondial des États-Unis ces dernières années. Sur le front diplomatique, il a sapé la stratégie de la Maison Blanche sur l’Ukraine en contrant l’utilisation occidentale des sanctions contre la Russie. Sur le plan économique, il a cherché à réduire la domination américaine en affaiblissant le rôle du dollar en tant que monnaie par défaut du monde
Et maintenant, le groupe envisage de s’agrandir, avec 23 candidats officiels. Une telle décision – surtout si les BRICS acceptent l’Iran, Cuba ou le Venezuela – renforcerait probablement le positionnement anti-américain du groupe.
Alors, à quoi Washington peut-il s’attendre ensuite, et comment peut-il réagir ?
Notre équipe de recherche à l’Université Tufts a travaillé sur un projet pluriannuel Rising Power Alliances qui a analysé l’évolution des BRICS et les relations du groupe avec les États-Unis. Ce que nous avons constaté, c’est que la représentation commune des BRICS comme un groupe dominé par la Chine poursuivant principalement des programmes anti-américains est déplacée.
Au contraire, les pays BRICS se connectent autour d’intérêts de développement communs et d’une quête d’un ordre mondial multipolaire dans lequel aucune puissance ne domine. Pourtant, la consolidation des BRICS a transformé le groupe en une force de négociation puissante qui remet maintenant en question les objectifs géopolitiques et économiques de Washington.
Ignorer les BRICS en tant que force politique majeure – ce que les États-Unis ont été enclins à faire dans le passé – n’est plus une option.
Freiner le dénigrement de l’Amérique
À l’aube de la coopération BRIC en 2008 – avant l’adhésion de l’Afrique du Sud en 2010, ajoutant un « S » – les membres étaient conscients que l’existence du groupe pourrait entraîner des tensions avec les décideurs politiques qui considéraient les États-Unis comme la « nation indispensable » du monde.
Comme l’ancien ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, l’a fait remarquer à l’époque, « nous devrions promouvoir un ordre mondial plus démocratique en assurant la pleine participation des pays en développement aux organes de prise de décisions ». Il voyait les pays BRIC « comme un pont entre les pays industrialisés et les pays en développement pour un développement durable et une politique économique internationale plus équilibrée ».
Alors que de tels réalignements dilueraient certainement la puissance américaine, le BRIC s’est explicitement abstenu de toute rhétorique anti-américaine.
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