Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les travailleurs attendent face à la crise politique, par Michel Berlemont

Ce qui m’a convaincue de publier cette contribution c’est 1) que Michel insiste sur quelque chose qui me paraît mériter d’être fouillé à savoir la contradiction actuelle entre monopoles financiarisés (portant le libéral libertaire) et bourgeoisie nationale. 2) surtout parce que c’est le témoignage de quelqu’un à qui on a volé son parti, ce parti qui lui permettait cet échange collectif, cette culture sans équivalent dont son texte est l’illustration, cette volonté de penser pour agir. Quelques désaccords avec ce texte qui m’a été transmis par son auteur, deux en particulier… Le premier qui saute aux yeux: en établissant un panorama assez pertinent des derniers secrétaires du PCF, il dit : “Mais il restait encore Marchais qui résistait comme un vieux grognard. Avec son remplacement par Hue le reniement avait ici aussi contaminé l’appareil. Depuis, ce curieux parti communiste anticommuniste cherche désespérément des électeurs. Buffet a essayé les femmes, Laurent les couches moyennes, Roussel tente les travailleurs, le prochain qui… les vieux?” Pourquoi mettre dans le même sac que les autres Roussel dont le grand mérite est effectivement de vouloir un retour vers les travailleurs. C’est d’autant plus incompréhensible que l’article proposé s’intitule “les travailleurs attendent”. Il aurait pu critiquer cette adresse en insistant sur le fait que la classe ouvrière n’est pas une somme d’individus mais bien une classe avec son organisation, son idéologie, sa représentation du monde, de lui-même et de ses rapports sociaux. Et qu’un secrétaire du PCF n’est pas seulement un candidat à la recherche d’un électorat mais bien celui qui coordonne les efforts pour créer ce collectif et sa formation. Là sa critique serait plus pertinente et constructive. Autre chose, sur la question féminine, c’est un peu court, le vrai problème est que là aussi le travail théorique est insuffisant et ignore l’apport communiste, les luttes mais aussi des textes fondamentaux du marxisme et la manière dont Marx à l’article de la mort confie à Engels le soin de travailler à partir de l’anthropologue Morgan et cela donne un texte très important et d’une érudition fantastique “L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État.” Outre le fait que les anthropologues marxistes ont beaucoup travaillé cette question qui revient à l’existence ou non d’une “nature humaine” au moins sur le plan théorique et c’est à partir d’Engels que l’on peut envisager madame Cromagnon comme créatrice de civilisation. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)


Crise politique


En France, comme dans les autres pays d’Occident, le panorama politique traditionnel est sens dessus dessous. La social démocratie et le PCF soutiennent les va t’en guerre de l’Otan en Ukraine, alors qu’une partie de la droite développe des arguments pacifistes. Macron et Biden sont qualifiés de gauchistes par des analystes conservateurs. Qui l’aurait imaginé il y a seulement une dizaine d’années ? Cette radicale inversion des repères ne peut pas être le signe d’une simple évolution de la société. Elle suppose une transformation qualitative des structures de classe qui déterminent les prises de position politiques en cours. Comme cette métamorphose structurelle me paraît quelque peu occultée dans les analyses et commentaires, je veux ici la pointer du doigt.
À mon sens, l’inédit de la situation politique actuelle est le fruit d’une mutation majeure des structures capitalistes. Comme dans un coup d’État, la partie la plus concentrée du capital financier occidental a pris le pouvoir sur sa propre classe. Dans les pays occidentaux, les bourgeoisies nationales sont dépossédées du pouvoir politique d’État mis au service exclusif de l’oligarchie financière mondialiste. En France, le symptôme de son avènement idéologique fut la révolte des fils de la bourgeoisie en mai 1968. Le sociologue Clouscard en avait fait un début d’analyse particulièrement pertinent. Cette révolte, ou plutôt le mouvement structurel profond qui la sous-tendait, amena son premier succès politique : le remplacement de De Gaule par Pompidou à la présidence de la République. J’étais alors jeune salarié et militant au PCF à Paris.

Un autre bouleversement international précipita l’avènement politique de cette oligarchie sur la scène politique mondiale : la décomposition de l’URSS et des Républiques Populaires, associée à la complaisance des communistes à l’anticommunisme qui l’accompagnait. L’interaction de ces deux évènements me semble éclairer le renversement inédit du paysage politique et la décadence de la pensée révolutionnaire en France comme dans les autres pays occidentaux. Je souhaite ici en montrer le processus tel qu’il m’apparaît. D’autres héritiers opiniâtres de la pensée marxiste, plus savant et connaisseurs, corrigeront, préciseront ou développeront mieux que moi.

Les reniements communistes


Je me souviens : quand Gorbatchev a lancé une campagne largement médiatisée de répression contre l’alcoolisme des travailleurs, je me suis dit : celui-là a lu Marx comme on lit un bottin de téléphone. J’eus la même réflexion lors de la loi Gayssot d’interdiction du racisme dans l’espace public. Plutôt que de prendre un réel à bras-le-corps pour agir sur les causes, on l’interdit. Un communiste qui prétend empêcher par la loi l’expression d’un réel existant est, pour reprendre une formule du chanteur Renault, un marxiste « tendance Pif le chien » (mais ce n’est pas gentil pour les chiens). La construction du socialisme et la lutte de classe en pays capitaliste sont certes difficiles et ardues, mais que des dirigeants communistes s’en détournent pour singer les pratiques sociales-démocrates était l’aveu de graves faiblesses théoriques.

Ces deux anecdotes étaient les symptômes de dérives peu réjouissantes. Un non-marxiste à la tête du PCUS, avec ce que cela supposait d’opportunismes pour qu’il y soit élu, était l’assurance d’une catastrophe imminente. Qu’en France ce même type de personnage soit au bureau politique du PCF n’était pas bon signe… Mais il restait encore Marchais qui résistait comme un vieux grognard. Avec son remplacement par Hue le reniement avait ici aussi contaminé l’appareil. Depuis, ce curieux parti communiste anticommuniste cherche désespérément des électeurs. Buffet a essayé les femmes, Laurent les couches moyennes, Roussel tente les travailleurs, le prochain qui… les vieux ? La lutte de classe est abandonnée au profit de celle des minorités sociales et des couches moyennes.

Devant cette bérézina des partis communistes occidentaux, une évidence apparaît : la bourgeoisie aurait gagné sa lutte idéologique et politique contre le mouvement révolutionnaire. En fait, non. Le doute doit nous saisir quand une évidence apparaît. À regarder au-delà des représentations qui ont fait nos habitudes de pensée, le vainqueur d’aujourd’hui n’est pas la bourgeoisie nationale. Cette dernière est affaiblie et son existence est sous tutelle. Sa disparition en tant que classe autonome est même en cours dans tous les pays occidentaux. Cette affirmation peut surprendre et je vais tenter de la justifier avec quelques arguments factuels.

L’enfant dénaturé de la bourgeoisie occidentale

On peut considérer que jusque dans les années 1970, la lutte de classe entre la bourgeoisie française et les travailleurs, PCF en tête, était globalement, sans être victorieuse, à l’avantage des forces révolutionnaires et de leurs alliés. Des accords de Matignon de 36 au Grenelle de 68, les succès structurants des luttes ouvrières étaient soutenus par une perspective révolutionnaire et l’aura positive des pays socialistes et de la décolonisation. L’avenir semblait prometteur. Mais c’était sans bien mesurer que pendant ce temps, sans crier gare, une enfant naturelle des bourgeoisies nationales commençait à revendiquer son avènement. Les capitaux financiers des pays occidentaux prenaient peu à peu leur autonomie à internationale. Engendré à l’origine par les bourgeoisies manufacturières et commerçantes de la Renaissance le capital financier fut mis au monde au XIX° siècle par l’impérialisme européen, surtout anglais. Durant cette période, si les bourgeoisies nationales fricotent toujours avec les banques d’affaires, ces dernières commencent à vouloir s’en émanciper. Les luttes interimpérialistes des bourgeoisies européennes en concurrence deviennent des entraves au développement du capital financier. Puis, dans la première moitié du XX°, comme le coucou squatte le nid qui lui convient le mieux, ce capital financier choisit de mettre à son service les puissances militaires, économique et diplomatique des États-Unis. En y affirmant sa puissance et son autonomie ce capital financier devient une oligarchie financière particulièrement puissante et à vocation mondiale.

Grâce aux deux guerres mondiales, cette oligarchie accumule, s’organise, se structure et se mondialise. Cependant, elle ne peut encore se détacher de ses origines culturelles sédentaires et industrielles. La raison en est que l’existence de riches et puissants territoires européens lui échappe encore : les pays socialistes. La chute de l’URSS et des Démocraties populaires lui ouvre la perspective tant attendue de son hégémonie mondiale. Croyant à la fin de l’histoire, c’est-à-dire de la lutte de classe, elle s’émancipe définitivement des structures, manières, cultures et modes de fonctionnement de ses géniteurs bourgeois industriels nationaux et impérialistes.

Ce n’est pas un hasard si l’oligarchie financière mondialiste s’est nichée dans un puissant pays isolé par deux océans, fondé par un peuple d’expatriés, sur la terre brûlée d’anciens et nombreux peuples indigènes génocidés. Contrairement à ses géniteurs bourgeois industriels et commerciaux des pays du continent européen, l’oligarchie financière mondialiste n’a ni patrie ni tradition ni culture ni parole ni morale ni éthique ni compassion ni honte ni dignité. Son critère exclusif est le taux de profit maximum, condition de sa propre existence. Toute politique, guerre, accord, loi, pression, ultimatum ou projet sont obsessionnellement pensés à seule fin d’alimenter sa capitalisation financière compulsive.

Le projet mondialiste de cette oligarchie est présentement entravé par une révolte inédite des bourgeoisies nationales des pays émergents. Ces résistances sont les conséquences de deux évènements. D’une part l’alternative d’une coopération plus avantageuse et moins contraignante avec la puissance économique et financière de la Chine, d’autre part les interventions militaires de la Russie en Syrie puis en Ukraine qui impose un « non » catégorique aux puissances impérialistes. Pour ces bourgeoisies des anciens pays colonisés, encore soumises au joug des pays occidentaux, ces deux évènements révèlent la possibilité de leur réelle indépendance et de leur autonomie. Pour elles, l’histoire reprend sa course pour des lendemains meilleurs.

Par contre, les bourgeoisies des pays occidentaux, qui ont enfanté cette oligarchie financière, y sont asservies comme des mères le sont par leur petit dernier : le plus beau et le plus fort du monde. En fait, elles sont complètement dépendantes, addicts, de leur progéniture insatiable devenue structurellement et financièrement beaucoup plus puissante qu’elles. Cette oligarchie est devenue leur maître incontesté, le tyran attirant qui leur dicte ses propres lois et directives. D’où l’actuel zèle des « dirigeants » politiques de l’occident qui se précipitent pour être celui qui satisfera le mieux les impératifs mondialistes.

L’idéologie de l’oligarchie financière


Si l’ennemi direct des travailleurs est toujours le patronat et la bourgeoisie française sur les lieux de travail, son ennemi politique a changé de nature. C’est aujourd’hui l’oligarchie financière mondialiste qui a mis l’appareil d’État à son service exclusif. Ce changement structurel de l’objectif de classe du pouvoir s’accompagne d’un changement de l’idéologie qu’elle veut dominante. C’est ce changement en cours qui brouille et perturbe les représentations du paysage politique. J’ai déjà noté que l’oligarchie financière mondialiste n’a ni patrie ni tradition ni culture ni morale ni honte ni dignité. Il lui faut remplacer l’idéologie dominante passée, encore dominante dans le peuple de France, pour promouvoir à marche forcée ses propres valeurs nihilistes.

« Interdit d’interdire » était le mot d’ordre des enfants révoltés de la bourgeoisie française en 1968. Ils exigeaient le droit de faire ou d’être ce que l’on pense bon de faire ou être. Ce cri d’enfant gâté friqué et capricieux est aujourd’hui repris par les idéologues de l’oligarchie financière mondialiste. Après avoir contaminé la gauche démocrate aux États-Unis, cette idéologie déstructurante des valeurs humaines a séduit la sociale démocratie et les partis communistes renégats des autres pays occidentaux.

Les « théories » du genre, l’anti-patriarcat, l’anti-sexualité, le transgenre, le transhumanisme, les pensées supposées éveillées dites « woke », l’art officiel dit « contemporain » ou l’écriture inclusive, recouvrent assurément des idées nouvelles. Mais elles ne sont en aucune manière progressistes. Que la sociale démocratie soit séduite est dans l’ordre des choses, son opportunisme est libre et sans borne. Il me semble par contre nécessaire que les forces révolutionnaires mesurent la forfaiture idéologique de ces soi-disant mises en cause du réel existant.

Car en fait de remise en cause du réel existant, cette idéologie prétend remettre en cause l’existence de la conscience que les hommes et les femmes réels ont d’eux-mêmes. C’est-à-dire l’existence de leurs rapports sociaux de classe dans le processus de leur humanisation. Ce n’est pas l’aliénation des hommes que cette idéologie combat. Au contraire, elle veut nier les hommes aliénés en tant qu’hommes. Elle nie la conscience d’être homme pour conserver l’aliénation. Il en restera l’aliénation sans homme ni femme : une masse aliénée, une masse indistincte et amorphe, une masse malléable et servile à souhait.

Rappelons que le fascisme était aussi une idée novatrice dans l’Italie des années vingt. À proprement parler, la forfaiture idéologique qui séduit les gauches écologico-sociales-démocrates occidentales est l’idéologie fasciste des conditions nouvelles de la composition du capital. Les fascismes et nazismes du capitalisme d’antan en étaient les préambules brutaux et locaux, celui de l’oligarchie financière mondialiste est sophistiqué et mondial. Pour faire image, dans l’ancien, les barbelés entouraient les camps de concentration, dans le nouveau les barbelés protégeront les paradis idylliques des oligarques et de leurs domestiques.

La nouvelle donne de la lutte de classe


Il s’ensuit que la défaite des forces révolutionnaires des pays occidentaux n’est pas due à la victoire des bourgeoisies nationales conservatrices. En France, la bourgeoisie ne tient plus les rênes du pouvoir. Macron n’est pas au service de la bourgeoisie française. Le candidat de cette dernière, Fillon, fut empêché d’élection par le socialiste Hollande pour faire place au serviteur de l’oligarchie formé par la banque Rothchild. Remarquons qu’il est le deuxième serviteur venu de cette même banque d’affaires. Le premier était Pompidou en 1968 et nous n’en avions pas alors tiré toutes les conséquences structurelles et politiques. Avec sa bonhomie de père tranquille, Pompidou prit la place du dernier représentant politique de la bourgeoisie française, De Gaule. Celui-ci venait de jeter l’éponge en provoquant un référendum perdu d’avance. Depuis ce temps, malgré une ultime résistance (Chirac), l’appareil d’État a été réorganisé pour le service exclusif de l’oligarchie financière mondialisée. Elle fut servie par ses représentants directs (Pompidou, Giscard d’Estaing, Sarkozy), et avec grands profits par ceux de la sociale démocratie (Mitterrand, Hollande). L’actuel serviteur personnifie parfaitement la synthèse de cette déconstruction de l’État français. Dans la pratique effective de sa fonction, Macron est le sous-préfet en poste à la sous-préfecture de France du département Européen de l’oligarchie financière mondiale.

L’ancienne idéologie dominante était celle de la bourgeoisie française et du peuple de France. C’est celle-là que les fils de bourgeois refusaient en 1968 et qu’ils continuent de combattre au côté de l’oligarchie. On comprend que les conservateurs qualifient les politiques de Macron, Van der Leyen ou Biden de gauchistes. Aujourd’hui, les idéologues de la bourgeoisie française qui n’ont pas retourné leur veste résistent à cette vague liberticide. Ces conservateurs de droite se revendiquent de l’héritage du dernier président de la bourgeoisie française : De Gaulle. Mais il existe aussi, silencieuse celle-là, une autre partie du peuple de France qui n’est pas dupe, qui n’est pas « nupes ». Les travailleurs, particulièrement ceux de culture ouvrière par conscience de classe ou filiation, se détournent, se marrent ou s’offusquent, de ces modes de pensée infantiles de petits-bourgeois capricieux et irresponsables. Ils sont nombreux, très nombreux et silencieux, la plupart ne votent plus, par habitude parfois ils participent aux grandes manifestations – ça rappelle le bon vieux temps. Ayant perdu leur identité de classe en raison du reniement du PCF et de la CGT ils se détournent et attendent.

Que faire ?

L’appareil idéologique de l’oligarchie financière mondialiste est d’une redoutable efficacité : la « gauche » des pays occidentaux s’allie aux factieux à croix gammée d’Ukraine sous l’autorité de l’OTAN pour alimenter militairement sa croisade mondialiste. Qui aurait cru cette indignité probable ? Pendant ce temps les travailleurs se détournent et attendent.

Sous le prétexte mécaniste débile qu’elle est effectivement novatrice et anti-conservatrice, les forces politiques complaisantes qui soutiennent cette nouvelle idéologie du capital financier mondialiste sont de fait les alliés objectifs de son projet hégémonique. Ce faisant, par leur irresponsabilité, leur cupidité ou leur complicité, ils promeuvent activement son idéologie nihiliste, liberticide et à proprement parler fasciste. À ce propos, les mobilisations contre l’extrême droite fascisante traditionnelle sont toujours nécessaires (son utilisation, comme en Ukraine, sert encore). Mais il faut insister : c’est l’oligarchie financière qui donne vie ou non aux mouvements fascistes. Tous les Le Pen, Zemmour ou autres Zelinsky sont, comme l’étaient Hitler, Franco, Mussolini ou autres Pinochet, des produits disponibles au bon vouloir de la finance. J’insiste, le danger politique majeur aujourd’hui c’est l’idéologie politique de cette oligarchie servie en France par Macron. Danger d’autant plus redoutable qu’elle se présente sous des apparences d’une gauche bien pensante et libérale. Son unique objet est la monstruosité de son existence : le taux de profit. Et de son point de vue aveugle, le reste est aussi anecdotique que la mort lente de 500 000 enfants irakiens pendant 12 ans de blocus international.

L’expérience a montré que la dynamique et la permanence de la lutte de classe dans les entreprises supposent la concomitance de perspectives politiques révolutionnaires pour mettre à bas le pouvoir en place. Sans cela, les luttes sont ponctuelles, restent locales et sans avenir. En France, ces perspectives de lendemain qui chantent ont disparu avec le renoncement du PCF à son combat communiste. La conséquence est qu’avec la défection de leur représentant, les travailleurs ont perdu leur identité de classe. Leurs luttes ne peuvent alors qu’avorter ou rester locales devant un adversaire qui, lui, n’a pas renié son combat de classe. Pour que les travailleurs recouvrent une conscience de leur classe qui corresponde à la réalité présente, les forces politiques censées les représenter ne doivent pas se tromper d’adversaire. Aujourd’hui, les gesticulations politiciennes de la social-démocratie singées par le PCF laissent les travailleurs dans l’expectative. Avec ce qui reste des idées révolutionnaires, certains ont la nostalgie d’un passé plus glorieux. D’aucuns même rêvent d’un nouveau « Front Populaire », voire d’un nouveau « Conseil National de la Résistance ». Ils ont oublié que l’histoire répétée est toujours une farce et ce faisant montrent leur désarroi devant l’inédit de la nature des rapports de classe. Les travailleurs, le peuple en général, ne font certes pas d’analyse théorique. Mais ils ressentent bien que ces gesticulations ne sont pas dignes d’eux. Ils se détournent et attendent.

L’oligarchie financière mondialiste est l’enfant dégénéré des alliances consanguines des bourgeoisies nationales avec les banques d’affaires, l’aboutissement ultime du processus de l’accumulation et de la concentration du capital. Elle est l’eschatologie du capitalisme qui appelle l’avènement de la communauté humaine des hommes enfin libérés. À regarder les bouleversements des pays émergents nous pouvons reprendre espoir et confiance. À regarder les bouleversements chez nous… Il serait grand temps de changer nos lunettes, creuser nos cervelles et retrousser nos manches. Les travailleurs qui se sont détournés attendent.

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