Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

« Le wokisme aboutit à des idées réactionnaires »

Si en renouvelant l’idée de “gauche” aujourd’hui participant d’une crise profonde qui a été sa participation au liberalisme-libertaire, les marxistes ne se lancent pas dans ce débat, nous risquons de le voir servir un retour en force des conservatismes empruntant le masque des lumières. Suzanne Neiman dont le livre va être traduit en français dit des choses qui paraissent justes sur le caractère réactionnaire non seulement du wokisme mais d’auteurs comme Foucault qui ont accompagné la vague néo-libérale, mais autant cette prise de conscience et ce retour aux Lumières y compris après la Dialectique de la raison est nécessaire, autant elle peut servir aussi la vague de réaction conservatrice d’aujourd’hui. Il y a les Lumières la phase la plus haute de la révolution bourgeoise, mais il y a aussi les Lumières appropriées et dépassées par la révolution prolétarienne. Ce n’est pas un hasard si dans le mouvement multipolaire qui se développe aujourd’hui l’auteur s’attaque justement à la philosophie du dirigeant indien mais elle ne peut rien dire sur la proposition chinoise face à l’universalisme occidental, qu’est-ce que l’idée du progrès ? Permettez-moi de dire que ce qui se passe en France au sein du PCF pourrait être le pivot d’une confrontation passionnante, mais que la faiblesse théorique, la censure instituée dans les publications du PCF autour “du politiquement correct” entre wokisme et républicanisme universel sont un terrible obstacle à ce débat qui existe déjà pourtant dans la collection Delga, le Temps des cerises, les Editions critiques. Ici aussi comme dans la politique internationale, le poids des liquidateurs vers la norme de “gauche” joue un rôle destructeur. On étouffe littéralement. Il est nécessaire de partir de la conscience que l’on vous a volé une part essentielle de votre propre histoire et à partir de là il y a besoin d’approfondissement. Sur des aspects comme le rôle des sociétés sans état, il faut non seulement discuter avec les anthropologues mais aussi relire un texte aussi fondamental que celui d’Engels sur l’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, concernant l’approche méthodique, revenir à l’histoire en tant que discipline y compris à partir des historiens de la Révolution française, dans leur affrontement avec Furet. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Propos recueillis par Maarten Boudry* pour Quillette** (traduction par Peggy Sastre) • 5 juin 2023« Le wokisme aboutit à des idées réactionnaires »© Isabel Infantes/AFP

« Ce livre ne pouvait pas attendre. Il était trop urgent, trop nécessaire. » Voilà ce que me dit Susan Neiman, philosophe américano-allemande, quand j’arrive dans sa chambre d’hôtel de Gand, en Belgique. L’autrice était en train de parcourir l’Europe pour promouvoir son dernier livre, Left is Not Woke [« La gauche n’est pas le woke », sorti chez Polity, le 2 juin, et prévu pour être traduit en français à l’automne 2023, NDLR].

Si Susan Neiman est née et a grandi à Atlanta, dans l’État de Géorgie, elle aura passé la majeure partie de sa vie d’adulte en Allemagne, où elle dirige aujourd’hui le Forum Einstein à Potsdam (Land de Brandebourg). On lui doit plusieurs ouvrages sur la responsabilité morale, l’éthique et les Lumières, et la résolution de l’Allemagne à réparer les atrocités nazies. Son ouvrage le plus ambitieux à ce jour, Penser le mal : une autre histoire de la philosophie (Premier Parallèle, septembre 2022), appréhende la philosophie moderne comme une série de réponses au problème du « mal moral ».

Elle était d’ailleurs en train de plancher à un autre grand projet philosophique, sur l’héroïsme à l’âge victimaire, quand la montée de l’idéologie woke en est venue à tellement la tourmenter qu’elle a décidé de le mettre en pause et d’intercaler ce volume, plus mince. « Mon éditeur s’est empressé de publier le livre, qui sortira très rapidement dans d’autres langues. »

Elle admet ne pas l’avoir écrit pour ses pairs universitaires : « C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis attachée aux Lumières. Ils n’écrivaient pas non plus pour leur classe, mais pour le grand public. » Et ces Lumières, avec leur universalisme, leur foi dans le progrès et la justice, sont aujourd’hui mises à mal par des intellectuels et des militants se réclamant faussement de la « gauche ».

Pendant l’entretien, nous allions arpenter les canaux médiévaux de Gand, pour rejoindre le site de l’ancien monastère où on l’attendait pour une conférence. Philosopher en marchant, n’est-ce pas ainsi que le père fondateur de la philosophie occidentale, Aristote ? un autre de ces vieux mâles blancs morts ?, l’avait à l’origine envisagé ?

Maarten Boudry : À gauche, beaucoup estiment que le danger du wokisme n’est que le fruit de l’imagination de la droite. Pourquoi vous a-t-il semblé nécessaire d’attaquer l’idéologie woke sous un angle explicitement de gauche ?

Susan Neiman : Cela fait deux ans que je ne cesse de croiser des amis, dans divers pays, qui déplorent, toujours discrètement et uniquement en bonne compagnie, les excès wokes ou l’annulation de tel ou tel événement pour des raisons ridicules et toujours en ajoutant ce commentaire morose : « Il faut croire que je ne suis plus de gauche. » Mais à un moment donné, j’ai commencé à rétorquer : « Non, ce sont ces gens, c’est cette foule woke qui n’est plus de gauche ! »

J’ai donc voulu sortir du manichéisme entre droite et gauche woke, démêler la confusion et replacer à gauche certaines positions, comme l’universalisme et la croyance dans le progrès moral. Pour vraiment résumer mon argument, je dirais que le wokisme, s’il est alimenté par toutes sortes d’émotions progressistes ? le c?ur qui bat pour les opprimés, la défense indignée des marginalisés ?, aboutit à des idées tout à fait réactionnaires.

Vos détracteurs diront que vous faites le jeu de la droite?

Je le sais. Au départ, j’étais d’ailleurs mal à l’aise à l’idée d’aider et de rassurer la droite. Comme si critiquer le wokisme vous plaçait dans le camp des Ron DeSantis [membre du Parti républicain américain, NDLR], Donald Trump ou Rishi Sunak [Premier ministre britannique, NDLR]. Certains de mes amis m’ont même dit : « Susan, je suis d’accord avec tes arguments, mais, s’il te plaît, change le titre. Ne va pas sur ce terrain, dans cette mode du woke. »

J’y ai réfléchi, mais je n’ai pas trouvé de meilleur titre. Nous savons tous de quoi nous parlons. Mais je voulais qu’il soit très clair, dès la première page, que je porte une voix de gauche. Je suis gauchiste et socialiste et je l’ai toujours été. De même, je fais attention d’éviter certains médias de droite, en prévenant en amont mon éditeur pour qu’il refuse les invitations.

Pour le moment, je n’ai vu qu’une seule recension d’un conservateur, qui a écrit quelque chose du genre : « Il faut se taper un tas de conneries gauchistes avant d’y arriver, mais elle pose de bons arguments. » Il est évident que je ne suis pas instrumentalisée par la droite. Maintenant, pour les gens qui affirment que le phénomène woke n’est pas réel, je me demande s’ils ont passé ces dernières années dans une grotte.

Faites simplement la liste de ce qui se publie et de ce qui ne se publie pas. Et la situation est désormais internationale. Peut-être que tout cela a commencé dans les universités américaines, mais impossible d’en manquer les ricochets dans la vie culturelle à Berlin où je vis. Dans mon livre, je ne donne pas tant d’exemples que cela, parce que je m’attache aux racines philosophiques du problème, mais je m’attarde tout de même sur tout le tintouin autour de la traduction néerlandaise du poème d’Amanda Gorman. Un cas d’école du caractère si extraordinairement problématique de l’idéologie de « l’appropriation culturelle  ».

Gorman avait choisi une traductrice parce qu’elle aimait ce qu’elle avait écrit jusque-là. Quelqu’un qu’elle jugeait capable de faire passer ses mots. Et voilà qu’une blogueuse mode afro-néerlandaise ou surinamaise allait faire valoir que seule une femme de couleur était à même de traduire correctement le travail de Gorman et qu’il était incroyable qu’on n’en ait pas trouvé une.

La traductrice d’origine, certes blanche mais aussi non-binaire, s’est donc retirée du projet et ils ont opté pour une traductrice néerlandaise noire. Puis, cette logique a traversé toute l’Europe. La traduction espagnole a été refaite par une personne de couleur et les Allemands ont trouvé une solution très allemande ? un comité de traduction composé de trois individus d’origines différentes. L’idée qu’on ne pourrait écrire sur un sujet que si l’on a l’identité ethnique et sexuelle du sujet sape tout le pouvoir de la culture. J’ai un ami de couleur qui a intitulé toute une série de conférences ainsi : « La culture, c’est l’appropriation. »

N’appréhendons pas la culture comme une marchandise mais comme une communication. Ce qui est fou dans l’identitarisme actuel, c’est qu’il nous réduit aux deux aspects sur lesquels nous n’avons aucun contrôle. On ne s’attache plus aux idées que vous avez, aux jugements que vous portez, aux métiers que vous exercez, aux compétences que vous apprenez et aux relations que vous entretenez ? vous êtes réduits aux deux éléments identitaires sur lesquels vous avez le moins de contrôle et qui peuvent le mieux vous servir en tant que victime.

D’après les wokes, les Lumières seraient à l’origine de l’eurocentrisme, du colonialisme et du racisme?

Quand j’ai entendu pour la première fois de tels arguments chez des théoriciens postcoloniaux, je me suis dit qu’ils étaient trop stupides pour leur accorder de l’attention. Mais aujourd’hui, on peut lire, sur la page Wikipédia de Kant, qu’il était raciste et colonialiste ! Alors que le siècle des Lumières a littéralement inventé la critique de l’eurocentrisme. Il suffit d’ouvrir un livre, même pas un livre universitaire, mais par exemple le roman satirique et très accessible de Voltaire, Candide.

Les penseurs des Lumières ont absolument condamné le colonialisme et le racisme. Lorsque les postcoloniaux affirment qu’il faut prêter attention au reste du monde et à la manière dont l’Europe apparaît au reste du monde? ils parlent la langue des Lumières. Et que Kant et Voltaire ne soient pas allés aussi loin que nous pourrions aujourd’hui le faire, par exemple dans leur condamnation du racisme, devrait être une raison de nous réjouir, car cela montre qu’il y a du progrès.

Ce que les philosophes des Lumières n’ont absolument pas compris, en revanche, c’est le sexisme. Pourquoi ces gens, qui ont écrit sur l’universalité et les droits de l’homme à travers les cultures, n’ont-ils pas accordé les mêmes droits aux femmes qui vivaient juste à côté d’eux ? Certes, ils ne l’ont pas fait, mais il convient de rappeler qu’au XVIIIe siècle, les femmes étaient contraintes de procréer d’une façon que nous ne pouvons même pas imaginer.

Une femme devait avoir en moyenne cinq enfants rien que pour remplacer la population humaine, à cause du taux de mortalité monstrueux des enfants et des mères. Je ne veux pas les dédouaner totalement, mais la maîtresse de Voltaire, Madame du Châtelet, traduisait Newton et écrivait des livres sur l’astronomie, et il la respectait en tant qu’intellectuelle. Sauf qu’elle est morte en couches.

IMartin Amis : « Il y a une nouvelle pression, énorme, sur la liberté de pensée. » 

Vous portez un jugement très sévère sur Michel Foucault, que vous qualifiez d’au moins aussi réactionnaire qu’Edmund Burke ou Joseph de Maistre, deux figures emblématiques des anti-Lumières. Comment se fait-il qu’il soit considéré comme un parangon de la pensée progressiste ?

J’aimerais vraiment prendre le temps d’échanger avec quelqu’un qui pense que Foucault était progressiste et qu’il me donne une seule raison allant dans ce sens, à part qu’il était ouvertement gay à une époque où la chose était très inhabituelle. Qu’il s’agisse des écoles, des asiles d’aliénés, des prisons ou d’autres institutions, Foucault pose que tout ce que l’on croit être un progrès est, en fait, une forme beaucoup plus subtile de domination et de contrôle. Ainsi, chaque fois que vous tentez un pas en avant, vous finissez, malgré vous, par produire quelque chose d’encore plus dévastateur. S’il est pire que de Maistre ou Burke, c’est parce qu’il dispose d’un argumentaire beaucoup plus puissant.

Plus insidieux ?

Absolument insidieux.

Les défenseurs de Foucault vous diraient que, contrairement aux vrais réactionnaires, il luttait contre l’oppression en exposant ses mécanismes?

Exact, mais vous en ressortez également avec le sentiment que, quoi que vous fassiez pour lutter contre ces mécanismes d’oppression, ils vous dépassent et vous en faites vous-même partie. Soit un extraordinaire appel au défaitisme ou à la résignation. Il n’est même pas certain qu’il ait été du côté de la réforme pénitentiaire. Lorsque les gens parlaient d’améliorations concrètes pour améliorer la vie des prisonniers, Foucault se contentait de souffler : « Ah que c’est trivial ! » Beaucoup d’universitaires soi-disant progressistes en sont d’ailleurs venus à penser que tout ce qu’il y avait à faire, c’était déconstruire les mécanismes du pouvoir. Mais la déconstruction en elle-même n’est pas un acte politique !

ICaroline Fourest : « Le modèle identitaire américain peut tuer notre laïcité » 

Vos collègues universitaires vont probablement vous reprocher de ne rien comprendre à Foucault?

De l’avis d’un ami, je n’étais pas juste envers Foucault, et tout son travail aurait en réalité porté sur la libération. Cela va sans dire, je n’avais aucune envie de commettre des erreurs grossières, alors j’ai décidé de revenir sur mes pas et de donner une seconde chance à Foucault. J’ai lu sa dernière série de conférences sur le néolibéralisme, qui sont des diagnostics assez perspicaces, notamment parce qu’il les pose en 1978-1979, à l’heure où le néolibéralisme ne s’était pas encore emparé de la planète. Mais quel est l’impact normatif de sa discussion ?

Je me suis donc procuré un volume entier d’articles signés par des spécialistes de Foucault, qui n’arrivaient même pas à s’accorder sur son opposition ou son adhésion au néolibéralisme. Pardon, mais j’en ai eu ma claque. Je ne pense pas que patauger dans les méandres du débat scientifique soit ce dont nous avons besoin en ce moment.

Lorsque nous parlons des wokes, il n’est pas question d’une armée de spécialistes de Foucault, de Schmitt ou de Heidegger. Beaucoup de wokes n’ont peut-être même jamais entendu parler de ces auteurs, mais ils en sont venus à biberonner leurs hypothèses réactionnaires comme si elles s’étaient retrouvées dans l’eau du robinet.

À l’origine, les Lumières visaient, en outre, à détruire les anciennes certitudes, les dogmes, les traditions et la foi. Sauf qu’une fois toutes les vieilles idoles à terre, que reste-t-il à détruire ? Eh bien, vous disent les postmodernistes, les fondements mêmes des Lumières : la rationalité, la vérité, le progrès. Peut-on considérer le postmodernisme comme un enfant des Lumières, mais un enfant rebelle et confus ?

Je pense que vous avez raison et le même problème se pose avec Adorno et Horkheimer. J’ai récemment discuté avec un spécialiste de leur célèbre Dialectique de la raison, pour qui tout leur projet viserait à déconstruire les fondements des Lumières pour en construire des nouvelles sur de meilleures bases. Je lui ai alors demandé : « Pouvez-vous me montrer où ? » Sa réponse : « Bon, en fait, ils n’ont jamais écrit la deuxième partie ! » (rires)

L’eurocentrisme n’a pas été inventé par les Lumières mais n’est-il pas vrai que les Occidentaux veulent imposer leurs valeurs et leurs normes au reste du monde ? En visant notamment à ce que le monde entier adopte la démocratie ? Un tel universalisme est tout à fait étranger à la civilisation chinoise, par exemple. Aujourd’hui, si la Chine peut également être accusée de colonialisme avec son initiative des nouvelles Routes de la soie, la grosse différence est qu’elle ne cherche pas du tout à imposer son système politique aux pays africains. Mais nous, si. Nous affirmons posséder certaines valeurs « universelles » que nous jugeons non négociables. Que répondez-vous à cette accusation ?

Le souci est que l’on peut appliquer le même relativisme à des coutumes et traditions « indigènes » qui sont encore pires, comme les mutilations génitales féminines. Quelqu’un comme Narendra Modi [Premier ministre indien, NDLR] est un parfait exemple du recours abusif à cette rhétorique post-coloniale et aux revendications indigénistes. Oui, comme concept, les droits de l’homme ont été formalisés à l’origine en Europe, même si l’on en trouve des variantes dans d’autres cultures. Mais malgré tous les préjudices très réels causés par le colonialisme britannique en Asie du Sud, voulons-nous vraiment dire qu’ils ont eu tort de contester et d’interdire le suttee [l’immolation des veuves, NDLR] ?

Peut-être qu’au fond, même ceux qui défendent officiellement le relativisme culturel sont des universalistes refoulés, vu que lorsqu’on en arrive à des cas extrêmes comme l’excision et le suttee, ils abdiquent ?

Tout à fait. Il suffit de passer de l’abstrait au concret pour trouver beaucoup plus de consensus international.

En parlant d’universalisme, vous faites le lien entre le tribalisme de gauche et l’essor de la psychologie évolutionnaire. Mais cela me semble étrange. L’une des pierres angulaires de la psychologie évolutionnaire est la notion d’universalisme et de nature humaine commune, qu’importe toutes nos différences culturelles. Si l’on compare l’esprit d’un chasseur-cueilleur d’il y a deux millions d’années à celui d’un être humain moderne, on constate qu’il est presque identique, parce que l’évolution est trop lente et les différences génétiques entre les populations humaines superficielles. Ainsi, il me semble non seulement que la psychologie évolutionnaire n’a rien d’un terreau fertile pour le tribalisme mais qu’elle peut même être un rempart contre l’idée qu’il existerait des barrières ethniques et culturelles infranchissables.

Oui, je comprends cette perspective. Mais permettez-moi tout d’abord de poser une question. Lorsque vous affirmez pouvoir comparer « l’esprit d’un chasseur-cueilleur d’il y a deux millions d’années » à celui d’un humain moderne, comment avez-vous déterminé cet esprit ? Vous ou quelqu’un d’autre ? Je dois admettre que c’est la partie de mon livre où j’étais la moins assurée. J’ai donc demandé à mon ami Philip Kitcher, qui a écrit au moins deux livres sur la psychologie évolutionnaire, de la lire et de corriger mes erreurs éventuelles. Il m’a fait quelques suggestions mineures, tout en pensant que j’avais bien saisi l’essentiel.

La psychologie évolutionnaire est le plus grand exemple de pseudoscience qu’on ait jamais vu devenir aussi respectable. Ils n’ont aucune source sur laquelle s’appuyer. Certes, l’évolution est lente, nous n’avons pas accès à l’esprit d’un chasseur-cueilleur. Nous pouvons examiner leurs os et divers vestiges archéologiques, mais envisager leur esprit relève de la pure spéculation. Et même si nous savions ce que pensaient nos ancêtres, il y a deux millions d’années, nous n’avons absolument aucune raison de nous croire dotés des mêmes pulsions et motivations, car, dans l’intervalle de ces deux millions d’années, les cultures ont également évolué.

Aucune, vraiment ? Pas même les « universaux humains » (comme dans la liste de Donald Brown) montrant que de nombreuses cultures ayant évolué indépendamment les unes des autres ont des points communs, à l’instar des intuitions morales, des émotions, des compétences cognitives ? L’explication la plus parcimonieuse n’est-elle pas que nous avons au moins quelques dispositions innées ?

Je pense que nous avons tout un tas de dispositions innées, mais les plus grands psychologues évolutionnaires estiment que nous avons cette disposition à vouloir accroître notre propre patrimoine génétique et que c’est la base de chacune de nos actions. De ce point de vue, les psychologues évolutionnaires sont confrontés à ce qu’ils appellent le « problème de l’altruisme ».

Il est intéressant de constater qu’ils considèrent cela comme un problème ! En fait, l’altruisme est très répandu dans le monde vivant, comme le montrent les livres de Frans de Waal. Et pour expliquer l’altruisme, ils disent des choses comme : vous sacrifierez vos propres intérêts si et seulement si vous augmentez le patrimoine génétique de vos proches parents, donc soit deux enfants, soit quatre nièces ou neveux, etc. C’est là que cela ressemble à de la satire.

Ce n’est pas une coïncidence si la psychologie évolutionnaire s’est refait une jeunesse à l’époque où tout le monde répétait le mantra de Margaret Thatcher voulant qu’il n’y aurait « pas d’alternative » au néolibéralisme mondialisé. Les gens spéculent sur la nature humaine depuis des milliers d’années, mais comme Rousseau l’avait souligné, nous y lisons toujours nos propres idées préconçues. Et puis, ce nouveau truc est arrivé et s’est autoproclamé « science » et si vous n’êtes pas d’accord avec ça, c’est que vous faites partie des créationnistes zinzin?

D’accord, partons du principe que la psychologie évolutionnaire est une pseudoscience. Reste que ses plus grands opposants sont les wokes. Ils la détestent copieusement !

Mais quel est donc l’angle d’attaque woke contre la psychologie évolutionnaire ? Parce que je n’ai encore jamais lu ce genre de critique.

Globalement, qu’elle est sexiste et essentialise les différences entre hommes et femmes.

Mais c’est ce qu’elle est et fait ! Comme beaucoup de wokes, d’ailleurs. On ne peut pas grandir dans cette culture sans y être perméable. Un jour, j’ai discuté de psychologie évolutionnaire avec mon fils, qui est réalisateur de documentaires et très woke, tout en étant capable d’une pensée sophistiquée. Et il m’a dit : « Ben c’est de la science, tu sais. »

Quid d’une autre source intellectuelle du wokisme, à savoir le marxisme ? D’aucuns estiment que le wokisme ne serait fondamentalement que l’application de schémas de pensée marxistes à la sphère non économique, c’est-à-dire à la sexualité, au genre et à l’ethnicité. Vous divisez la société en deux groupes, les oppresseurs et les victimes, et il y a un jeu à somme nulle entre les deux, avec un no man’s land quelque part au milieu. Les deux groupes ont leur propre conscience collective, mais la classe des victimes jouit d’un privilège épistémique de par son statut de victime. Et si vous n’êtes pas d’accord avec ça, c’est que vous souffrez de « fausse conscience ».

C’est une vision assez réductrice du marxisme, même s’il me faut préciser que je suis socialiste mais pas marxiste. Pour plusieurs raisons, mais surtout parce que Marx était un réductionniste de classe, du moins dans ses derniers écrits. Au XIXe siècle, cela avait un certain sens, mais, au XXIe siècle, c’est une façon ridicule de diviser les gens.

Les individus n’agissent pas uniquement en fonction de leurs intérêts de classe, c’est le moins que l’on puisse dire. Marx s’est trompé de deux côtés : par les millions de membres de la classe moyenne qui ont soutenu le socialisme, non pas par intérêt de classe mais par sens de la justice ; et par les millions de membres de la classe ouvrière qui ont toujours voté pour des intérêts réactionnaires.

Un peu comme les personnes non blanches qui ne suivent pas la ligne du parti, comme Ayaan Hirsi Ali [femme politique et écrivaine néerlando-américaine d’origine somalienne, NDLR] ou John McWhorter [professeur de linguistique et civilisation américaine à Columbia University, auteur de Woke Racism, NDLR], qui sont traitées de « traîtres à la race » ou d’« Oncle Tom ».

C’est un type de pensée effectivement très en vogue. L’un de mes amis, un éminent historien ostensiblement d’origine indienne, travaille sur les racines fascistes du post-colonialisme et il a été blacklisté par tout un tas d’institutions. C’est vraiment un problème. Si vous voulez représenter un groupe particulier, les seules voix jugées « authentiques » sont celles qui posent une victimisation maximale.

J’ai été traitée d’antisémite par un certain nombre de journaux allemands et de « traître à la race » par certains juifs conservateurs, parce que j’ai cette idée étrange que les Palestiniens méritent les mêmes droits que les Israéliens et parce que je n’estime pas que notre victimisation soit le fondement de l’identité juive. Bien sûr, à ce stade de l’histoire, tout woke se rangera du côté des Palestiniens parce que les Palestiniens sont les plus grandes victimes. Mais si je soutiens les droits civiques des Palestiniens, c’est parce que je suis universaliste, pas parce que je me range immédiatement du côté des personnes à la peau plus sombre.

Êtes-vous d’accord pour dire que la montée de l’Alt-Right [mouvance d’extrême droite née à la fin des années 2000, NDLR] est en partie motivée par le wokisme ? Ces deux factions ne se poussent-elles pas mutuellement à la folie ?

Oui, il y a une part de vérité là-dedans. J’ai rencontré des gens tellement déçus par les idées de la gauche qu’ils disaient se rapprocher du centre ou du centre droit. Mais le plus courant, c’est que des gens de gauche se retirent de l’engagement politique parce qu’ils ont l’impression que la gauche est devenue folle. Je termine le livre en rappelant comment les fascistes sont arrivés au pouvoir en 1933 : si les gauchistes avaient formé un front uni contre le fascisme, le monde aurait été épargné d’une terrible guerre.

Le problème, c’est que la gauche dévore toujours ses propres enfants et passe à côté du vrai danger. Donald Trump pourrait vraiment redevenir président. Le Pen pourrait battre Macron si les élections avaient lieu aujourd’hui. À en croire mes amis indiens, le président du plus grand pays du monde est un fasciste. Les dangers de notre époque sont bien réels et nous devons renforcer nos propres rangs.

*Maarten Boudry est philosophe des sciences et chercheur à l’université de Gand (Belgique). Vous pouvez le suivre sur Twitter @mboudry.

** Cet article est paru dans « Quillette », un journal australien en ligne qui promeut le libre-échange d’idées sur de nombreux sujets, même les plus polémiques. Cette jeune parution, devenue une référence, cherche à raviver le débat intellectuel anglo-saxon en donnant une voix à des chercheurs et à des penseurs qui peinent à se faire entendre. « Quillette » aborde des sujets aussi variés que la polarisation politique, la crise du libéralisme, le féminisme ou encore le racisme. « Le Point » publie régulièrement des traductions d’articles parus dans « Quillette ».

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26 Commentaires

  • LEMOINE Michel

    Je n’avais jamais entendu parler de psychologie évolutionniste et je ne vois pas comment une telle science pourrait se constituer. Il me semble qu’en revanche on peut clairement voir une évolution des modes de pensées dans l’évolution de la philosophie. On passe de la pensée comme vision chez Homère à la pensée mythique puis à différents essais de rationalisation du raisonnement chez les philosophes qu’on dit présocratiques. Chez Platon le mode de raisonnement, le processus de la recherche est consciemment élaboré (de faut il échoue). On peut suivre ainsi le passage au concept et à la logique chez Aristote. On voit le raisonnement juridique devenir le modèle avec la scolastique. Le raisonnement prendre la forme géométrique chez Spinoza. Pour passer finalement à la dialectique encore formaliste chez Hegel puis généralisée chez Marx. Chaque grand philosophe marque un progrès du mode de pensée.
    Que les hommes ne raisonnent pas tous de la même façon se constate tous les jours.Rien n’est plus difficile que de se faire comprendre de quelqu’un à qui la dialectique est étrangère.C’est quasiment impossible face à des gens qui en restent à la pensée magique propre aux religions.

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    • admin5319
      admin5319

      tout à fait d’accord et c’est un vrai problème avec ce qu’il reste de militants aujourd’hui que cette incapacité à toute dialectique : c’est épuisant on a l’impression qu’il faut reprendre tout le raisonnement tant il reproduit tout le consensus social, au point que ceux qui pensent être des “révolutionnaires” sont incapables de suivre un raisonnement qui admette des contradictions, ait besoin d’un minimume de développement. Ils se raccrochent à des bribes, des idées fixes qu’ils prennent pour des certitudes et confondent tous les niveaux , ceux du développement scientifique et technique, de sa relation avec l’état de la lutte des classes, avec la religion, les institutions. Je ne sais pas s’il va être possible de remonter une telle incapacité moi je dois dire et je le disais à Marianne, je baisse les bras… Non seulement ils ont perdu l’idée de l’existence d’un adversaire et pensent que s’ils sont gentils celui-ci va leur accorder quelques miettes, mais même ceux qui ont encore une certaines combativité ont perdu le sens de l’organisation mais quand ils le conservent ne voient pas l’intérêt de la thorie… Et ceux surtout les jeunes qui recherchent la théorie et l’organisation ne savent pas comment s’y prendre … Bref nous sommes une bande de bras cassés…
      Là cette brave dame dit quelques vérités en particulier à Foucault, à la nécessité du concret, mais comme elle s’accroche aux lumières sans même voir ce qui s’est passé dans le XIXe , XXe et maintenant XXI siècle elle a toute chance de conforter une droite dont elle ne veut pas.

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      • LEMOINE Michel

        Elle me parait être sur des positions très proches de celles déjà développées par Helen Pluckrose et James Lindsay dans “le triomphe des impostures intellectuelles — Comment les théories sur l’identité, le genre, la race gangrènent l’université et nuisent à la société”. C’est-à-dire qu’elle dote “les Lumières”, “la Raison” de majuscules qui en font des universels figés à jamais dans le marbre, sans lien avec la montée en puissance de la bourgeoisie et donc sans devenir et sans contradiction (sinon l’oubli de la part féminine)

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      • Martine Garcin
        Martine Garcin

        des “révolutionnaires” incapables de suivre un raisonnement qui admette des contradictions et ait besoin d’un minimum de développement” :
        Comment avancer des arguments lorsque ces “révolutionnaires”, notamment des jeunes, n’ont même plus d’ordinateur, ne fonctionnent qu’avec leur smartphone, leurs réseaux sociaux au format d’échange minimum, refusent l’envoi et la réception de pièces jointes, de textes, de PDF, etc… Dans une organisation où l’on se tient encore droit, des responsables mettent en garde leurs adhérents sur ce type de fonctionnement basé sur les “réseaux sociaux”.

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        • admin5319
          admin5319

          Pourtant il faut savoir qui est l’adversaire et manier un minimum de dialectique qui interdit le premier degré et le parcellaire où la logique du chaudron (c’est-à dire des propositions incohérentes prises ensemble) pour lire ce bulletin sur la “contreoffensive” triomphale de Kiev après plus d’une année de bourrage de crâne :
          LE DOIGT DANS LE POT DE CONFITURE

          Il est difficile d’être plus clairement embarrassés que les truands qui nous gouvernent et qui mentent comme des arracheurs de dents mais sont pas peu en train de se contorsionner pour ne pas dire ce qu’il en est de l’échec du règime ukrainien qu’ils ont poussé au refus des négociations comme ils les ont poussé à la guerre civile dans le Donbass et dans le sud.

          Commentaires officiels : Que pensent les Occidentaux de l’offensive ukrainienne dans le Donbass?(tiens on ne parle plus du sud pour faire peut-être oublier l’ecocide du barrage? )

          Alors que Kyiv annonce la libération de 7 villages dans le Sud-Est du pays, ses alliés affirment qu’il est encore trop tôt pour évaluer le succès des manoeuvres en cours. Mais tous estiment qu’elle pourrait jouer un rôle déterminant dans la fin de la guerre.

          Le Chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré: “le succès de l’Ukraine dans la contre-offensive aurait pour effet deux choses : cela renforcerait sa position à toute table de négociation qui émergerait, et cela pourrait également avoir pour effet d’amener Poutine à se concentrer enfin sur la négociation d’une fin à la guerre qu’il a déclenchée.”(quant au déclenchement on se demande qui joue avec les avancées de l’OTAN? Les coups d’Etat et les sanctions?).

          Mais le plus touchant est Macron: Le président français Emmanuel Macron, qui accueillait les dirigeants allemand et polonais ce lundi à Paris, considère que la contre-offensive pourrait durer très longtemps: “elle a été préparée avec soin, méthode par une armée des dirigeants qui ont montré depuis un peu plus d’un an leur détermination, leur bravoure et l’excellence de leur sens tactique et de leur organisation. Et donc cette offensive a vocation à se déployer sur plusieurs semaines voire plusieurs mois.”

          Bref ils sont si compétents que cela menace de s’éterniser…
          Tout à fait d’accord avec ce que dit Jacques Beaud dans cet interview
          https://youtu.be/YlSDbXrrzWU

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        • Martine Garcin
          Martine Garcin

          Et avec ce type de fonctionnement “Réseaux sociaux”, impossibilité d’archiver un historique, on vit dans le présent, dans l’instant.

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      • Michel BEYER
        Michel BEYER

        je le disais à Marianne, je baisse les bras…(Danielle)
        Allons, allons…tout espoir n’est pas perdu. Tu m’as pratiquement convaincu avec l’aide de Frank MARSAL. Il faut dire que je suis long à décoincer. Je ne sais pas pourquoi, je m’étais mis dans la tête. que nous allions vers une liste”chabada”. C’est une liste étiquetée PCF qu’il faut établir, même si quelques co-listiers ne sont pas membres du Parti. Je mettrais mon mouchoir par dessus certains des sortants. Je préfère ne pas donner de noms.
        Frank réclame un programme. Oui, avec la Paix en priorité!

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  • Xuan

    Le wokisme prend de la place dans l’espace visible, mais combien dans les masses populaires ?
    Quitte à passer pour le blaireau de service et prétendre couper le noeud gordien sans chercher à “comprendre”, il faudrait prendre la boussole de la lutte des classes, et partir des faits.
    Le wokisme contribue-t-il à l’unité et à la lutte du prolétariat et du peuple contre le grand capital, ou pas ?

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    • LEMOINE Michel

      Nous aurions tort de négliger le phénomène. Il fait régner une peur sourde, à tel point que je voyais hier sur le site d’un garage Renault où j’ai dû laisser mon véhicule en panne qu’ils sont “LGBT friendly” sympathisants LGBT. Chose même pas imaginable il y a à peine dix ans (à noter l’usage de l’anglais).
      En France le phénomène est apparu d’abord à sciences-po. Il touche maintenant les lycées partout en France (c’est-à-dire les masses populaires de demain).

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      • Xuan

        Le Figaro s’inquiète aujourd’hui de l’écriture inclusive. Faut-il que ce soit le Figaro ?
        Mais que penser du port de la barbe ? Mode insignifiante ou pas ?

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        • admin5319
          admin5319

          Ma position sur le sujet a le mérite d’être simple et concrète. Il s’avère que je suis pour une société où les femmes ne soient pas le prolétaire du prolétaire, comme je détesterais vivre dans une societe où on embête les gens pour les choses qu’ils peuvent le moins maitriser, leur origine familiale ou leurs préférences sexuelles. Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs j’ai toujours pensé ça et je me suis battue pour qu’il en soit ainsi. Mais j’ai été très vite alertée par la manière dont ces combats étaient dévoyés, caricaturés, détâchés et même opposés à la lutte des classes y compris dans sa dimension anti-impérialiste. Je me suis dit que l’on risquait e voir ce qui s’était déjà passé à Weimar, isoler tout ce qui avait trait à l’émancipation des individus ddans une gadgétisation, une marchandisation, eet quand le capital en aurait terminé avec les communistes puis la gauche anti-communiste, nouer des liens dans la répression avec les forces conservatrices qui exigeraient uun retour à ce qu’ils considèrent comme l’ordre moral et naturel mais qui est en fait le fascisme.
          c’est pourquoi je pense que cette chercheuse énonce des vérités en particulier en ce qui concerne Foucault, mais elle en fait l’ennemi principal de la gauche, ce qui est inexact, il accompagne la destruction du marxisme, préfigure la “révolution conservagtrice” libérale, libertaire, mais ce n’en est pas l’origine.
          Je suis tout à fait d’accord avec ceux qui soulignent la perte d’une pensée dialectique avec les différents types de contradictions à l’oeuvre c’est étouffant de bêtise, d’incapacité de fournir les concepts qui permettent non pas d’épuiser la complexité de la réalité mais de créer l’illusion de determinants tels que le capital les forge pour nous. Honnêtement je n’en puis plus, je n’arrive pas à penser l’ignorance, la limite intellectuelle, je les vis comme une agresivité et c’est ma propre limite, celle qui crée en moi des effets de colère et de fuite inappropriées.

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        • martin
          martin

          Et j’ajouterai à cela le tatouage,les vêtements déchirés (“estrassés “en provençal)les ferrailles sur le visage appelées d’un nom anglo-français piercing,…..Le Burger de Mac Do et le vapotage dernier cri appelé Puff ,pour adolescents
          Etc…….Vive la mode “amerlo”.

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          • LEMOINE Michel

            Il vaut mieux limiter le sujet et en rester à ce qu’il a de nouveau : le wokisme c’est cette idéologie qui soutient que la science et le langage sont sexistes, que seuls les Blancs peuvent être racistes ou que le sexe biologique est une construction sociale.
            Il s’appuie sur des doctrines comme la théorie postcoloniale, la théorie queer, le néoféminisme (le lesbianisme), l’intersectionnalité, les études critiques sur le handicap, la corpulence etc.

          • Bernard
            Bernard

            les féministes en france ont découvert avec 20 ans de retards des écrits de féministes noires américaines .. Ces féministes là sont plutôt associées à une petite bourgeoisie mondiale, en gros ce sont les féministes que Emmanuel Todd pointe dans son dernier livre sur la question.. il leur en met plein la tronche parce qu’elles ne se situent pas elles même (classe sociale etc) avant de se lancer dans des combats idéologiques forcément un peu creux et qui ne concernent pas la majorité des femmes. C’est ce qui fait par exemple qu’en 2019, la maison des femmes de paris organisait des sortes de happenings dans la rue pour sensibiliser les gens à leur précarité et demander des moyens.. et que dans les jours qui suivaient, les femens rejouaient avec plus de soutiens financiers et tous les canards locaux autour les même happenings, vidés de leur sens, et pour mieux détourner l’attention de ces femmes là en particulier qui avaient des demandes concrètes et faisaient autre chose que remuer leurs nibards pour la presse après être allées brûler des communistes à Odessa. Je vous laisse deviner qui on aura préféré montrer dans les gazettes et mettre en avant…

          • alfreda
            alfreda

            C’est assez éloquant aussi de constater que tous les ennemis déclarés du capitalisme se voient accusés d’être des violeurs.. à posteriori, on juge même les cadavres!! du style Bruno Bettelheim. Qui était pourtant encensé il y a 20 ans par des revues comme “elle” à la réédition.. et puis finalement, avec un peu de recul, on réalise que le mec a quand même donné de trop belles clés de compréhension dans ses livres, alors tout bien considéré, on est allés lui chercher des perversions … les pages wikipedia sont le nouvel ordre dénonciateur. Pareil pour assange.. pareil pour depardieu..

      • Daniel Arias
        Daniel Arias

        Dans les lycées contrairement à mon époque les couples “LGB” sont beaucoup mieux acceptés et semblent tout à fait normal à beaucoup d’élèves, certains s’affichent sans complexes. Pour ce qui est de la normalisation du “T” je suis moins sûr, d’autant plus qu’il y a eut de sérieux scandales en particulier en Suède où le changement de sexe a été désastreux pour des adolescents à qui la transformation a été proposée parfois dès l’âge de 12 13 ans.
        Des médecins ont du s’en mettre plein les poches.

        Pour les LGB en tout cas les campagnes médiatiques ont semble-t-il eut un impact positif la normalisation de leur situation, même si nous restons loin des réformes de la famille conduite par les cubains.

        Toujours dans les lycées j’ai pu constaté une réaction à une autre forme de propagande celle du tout écolo et du “développement durable” perçu justement par bien des jeunes comme du Green Washing et surtout un ras le bol de voir du développement durable dans presque chaque cours.

        Outre la diversion par rapport aux problèmes réels provoqués par le capitalisme les formes extrémistes de ces luttes risquent au contraire de provoquer des rejets et des divisions inutiles.

        LGBT Friendly, Planet Friendly accompagnent bien les nouvelles politiques d’entreprises qui appliquent la responsabilité sociale d’entreprise (RSE) comme par hasard en même temps que l’exploitation capitaliste s’intensifie et se concentre par l’usage des plateformes numériques aux marges plus que généreuses sur l’exploitation hors contrat de travail des producteurs, intensification également dans les délocalisation vers des pays où la protection sociale a été détruite (pays de “l’Est”) migrants employés massivement au noir dans l’agriculture, la restauration et le BTP,…

        Ce sont des luttes détournées pour donner bonne image en montrant de temps en temps une femme PdG ou un autre sujet à la mode.

        Là où ce phénomène prend de l’importance c’est dans les directions des partis de la gauche et dans les média.

        Ce matin un des sujet du JT était les milliers de menaces de morts qu’a reçu une chanteuse pour avoir embrassé sur scène une danseuse.

        Voilà un des critères de mesure de certains observateurs journalistes ou politiciens.
        Ceci sans connaissance de comment fonctionnent les réseaux sociaux.

        Les algorithmes en général favorisent les sujets les plus actifs: nombre de vues et surtout les interactions donc les commentaires et les partages.

        Derrière ce mécanisme c’est développé toute une “industrie” des influenceurs qui peuvent être aussi bien des personnes payés pour nourrir un sujet particulier que des personnes pour nourrir les commentaires. Il y a des entreprises professionnelles de “Trolls” et aujourd’hui une part d’entre elle utilisent des “bots” ces programmes qui génèrent automatiquement des messages, commentaires par milliers faisant croire à un intérêt fort pour un sujet.

        Comme illustration de ces pratiques regarder les commentaires pro LFI sur les réseaux tenus par les communistes.

        Dans ce monde virtuel il est facile d’être trompé même s’il a une influence surtout chez les plu jeunes qui n’ont quasiment plus que leur smartphone comme source d’information et de communication.

        Le meilleur moyen d’avoir une image plus réaliste des préoccupation des gens est de les rencontrer et nous revenons encore et toujours au nécessaire travail de proximité ce que les communistes pratiquaient hier implantés dans les usines, les quartiers polulaires ou les universités.

        Les lycéens rencontrent aussi assez rapidement un autre aspect formateur dans leur parcours une fois entrés à l’université: le coût énorme des loyers, la misère, le manque de soins médicaux, le stress, l’exploitation obligée des stages avec leur difficile accès donnant un avant goût du marché du travail, ce rendre compte de leur dépendances aux parents, à l’exploiteur pour un job de merde, au bailleur et pour certains aux restos du cœur.

        Pour beaucoup les préoccupations secondaires du lycée seront vite supplantées par la réalité encore plus dure à la sortie de l’université diplôme en poche pour continuer à se voir proposer encore des stage ou autres services civiques, tout en remboursant le crédit étudiant plus celui de la voiture dont il faut en plus assurer les réparation parmi une quantité de coûts incompressibles de plus en plus élevés.

        La rentrée dans le monde des adultes est brutale.

        J’ai perdu la référence mais j’avais trouvé sur un site gouvernemental des USA une note de sécurité surprenant dont le sujet était les LGBT mettant ce sujet au même niveau que d’autres notes de sécurité sur la lutte contre l’influence chinoise et russe.

        Curieusement aucune note de sécurité sur les dégâts du capitalisme et la destruction des services publics et de l’environnement.

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        • Xuan

          C’est juste, il faut revenir à la vie réelle. C’est quand même paradoxal que l’article du Figaro, consacré à la querelle
          de l’écriture inclusive à l’Université, cite Bentolila “…Le combat présumé de la langue dispense les féministes de salon d’une lutte réelle pour le statut des femmes”.

          Répondre
          • Franck Marsal
            Franck Marsal

            Tout est mélangé et c’est très difficile pour les jeunes.
            Deux remarques de contexte :
            1. nous vivons dans une société où la pornographie et l’exposition dans l’espace public du corps érotisé de la femme est omniprésente. Pour certains jeunes, notamment des jeunes filles, se dire LGBT devient une protection.
            2. Je suis perplexe pour ne pas dire moins, de constater que dans notre société, où l’on a fait cette si puissante campagne pour “me-too” (je ne remets pas en cause la nécessaire prise de parole des femmes, pas du tout), on laisse passer quasiment sans aucune protestation sérieuse la remise en cause de l’avortement aux USA. Je crains comme Danielle de sévères retours de batons et l’instrumentalisation de ces questions par l’extrême-droite et la bourgeoisie comme dérivatifs à la crise capitaliste qui se développe de jour en jour.

          • alfreda
            alfreda

            https://www.msn.com/en-us/video/tunedi/tarana-burke-on-why-she-created-the-supernumbermetoo-movement-%E2%80%94-and-where-its-headed/vi-AA12YP1D. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tarana_Burke. me too est un appel lancé par une femme noire américaine du nom de tarana burke sur internet en 2006… c’est une récupération francophone à laquelle nous avons assistés en 2017. plus de 11 ans après! Vous ne voyez pas venir la grosse menterie? Franchement en tant que femme, j’ai été choquée. Le mouvement metoo n’a servi à rien d’autre qu’à inciter les femmes à “dénoncer” … or.. est ce que l’on a observé des changements réels par la suite, j’entends, une prise en compte de la vulnérabilité des femmes en france, des aides aux victimes de viols etc se sont elles mises en place? Non. allez consulter les articles et demandes par exemple de muriel Salmona.. vous verrez que rien n’a changé. https://fr.wikipedia.org/wiki/Muriel_Salmona Conclusion? C’est du vent. C’était fait pour accroitre les tensions entre les sexes, ni plus ni moins. Imaginez: Au moment où toutes ces imprécations médiatiques ont deferlé en france…ce qu’ont pu ressentir les millions de femmes de tous âges (une sur 3) en france qui ont déjà subi une agression sexuelle voire plusieurs et ont été immédiatement découragées par l’absence totale de prise en charge et le déni outrancier que l’on connait sur ces questions, dans la justice francaise? Je les imagine personnellement choqués, outrées, en colère.. vous savez.. comme quand le tonton débile, au moment d’un repas familial, te dit que quand même, ce serait pas mal que les femmes fassent des efforts pour être moins considérées comme des objets aussi.. ou pour le dire vite, elles l’ont sans doute un peu cherché… Vous ne pensez pas que ces campagnes n’avaient que pour seul but de “bien nous chauffer” en remuant les traumatismes vécus par tant de femmes? écoutez ici ce que dit Nicole Feronni à ce propos: https://www.youtube.com/watch?v=3EQsvoeomZ0. y a t il eu plus de moyens mis du côté de la justice pour aider les victimes ? non. conclusion? Vous n’avez pas senti cette pointe d’hypocrisie énorme dans cette mise en scène autour du meurtre d’un mec noir aux états unis, qui est tombée en plein covid, et exactement un an après le début des manifestations des gilets jaunes? Je n’ai jamais vu autant de personnes racisées en colère après cette vague d’indignation via les médias.. conclusion? Vous l’avez. Ces pseudo dénonciations ont une fonction, un but. Selon moi, le seul but, c’est de choquer et d’énerver les personnes qui s’identifient à ces “combats” idéologiques.. dans tous les cas, ça ne contribue pas à un climat de paix.

          • Bernardo
            Bernardo

            La peur est un moyen de pression sûre des multiples gangs sur nous, façon ‘camisole psychologique” je suis assez d’accord avec votre analyse. Quelle belle immunité collective nous pouvons développer par rapport à ces peurs, qui ne relèvent d’aucune menace immédiate et fondée (ce en quoi elles sont “projectives”). Le rire est la clé. La vague “charlie” était franchement pilotée en 2015 aussi, si vous voulez mon avis, c’était vraiment pour énerver tous les gens qui craignent les musulmans. (bunch of complotists those medias!! pas étonnant qu’ils en voient partout, vu que c’est ce qu’ils pratiquent volontiers eux mêmes plutôt que de faire leur boulot et nous présenter des faits!) regardons plutôt du côté des bonnes nouvelles.. http://www.bonnes-nouvelles.be/site/index.php

  • Franck Marsal
    Franck Marsal

    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Psychologie_%C3%A9volutionniste

    La psychologie évolutionniste ou évolutionnaire est un réductionnisme, et en ce sens, s’oppose au marxisme. L’univers est construit en imbrication dialectique. Les relations entre les particules matérielles, qu’étudie la physique est la base. Mais ces relations permettent par exemple un nombre extrêmement grand d’agencement des atomes en molécules. De fait, si la physique et la chimie parviennent à expliquer les formes de ces agencements d’atomes, les outils de la physique sont dépassés à expliquer la complexité des formes vivantes de la matière, la biologie. Il faut un autre champ scientifique, la biologie. Ces deux disciplines sont liées, les concepts clés de la physiques restent valables en biologie (par exemple la masse, l’énergie, l’entropie …) mais l’essentiel des phénomènes nécessitent de nouveaux outils parce qu’une barrière de complexité a éé franchie.

    C’est la même chose entre la théorie évolutionnaire de Darwin et les sciences dites “humaines et sociales”, psychologie, sociologie, anthropologie, et bien sûr aussi économie. L’humain est un être social. Contrairement aux autres espèces, c’est dans son organisation sociale qu’il a construit, produit, reproduit et transmis ses facultés d’adaptations, en particulier dans le langage, qui est le support social de la pensée. Les autres espèces déposent essentiellement leurs facultés d’adaptations dans leur génômes et autres mécanismes de transmission biologiques. Il y a une part d’éducation et de société chez de nombreuses espèces, mais seulement l’espèce humaine a franchi une barrière de complexité qui fait que de nouveaux champs scientifiques sont nécessaires pour comprendre des fonctionnements radicalement différents de ceux des autres espèces. Les éléments de la théorie darwinnienne restent valables, nous restons une espèce, nous formons des éco-systèmes écologiques avec les autres espèces vivantes … mais l’essentiel des modes de production et de reproduction ont changé de nature.

    En ce sens, elle a tout à fait raison de dire que la psychologie évolutionnaire est une pseudo-science.

    De même le lien qui est fait entre la pensée dite “wokiste” et le post-modernisme (qui est fondamentalement anti-communiste) est tout à fait pertinent.

    En revanche, ce qu’elle dit sur le marxisme est tout à fait faux et en fait, elle ne le comprend pas. Le marxisme n’est pas du tout un réductionnisme. Et l’argument qui consiste à dire qu’il y a des “millions de membres de la classe moyenne qui ont soutenu le socialisme, non pas par intérêt de classe mais par sens de la justice ; et par (des) millions de membres de la classe ouvrière qui ont toujours voté pour des intérêts réactionnaires” ce qui prouve que les gens n’agissent pas en fonction de leur intérêt de classe mais selon des ressorts “psychologiques” comme le “sens de la justice” doit être radicalement contesté.

    Remarquons d’abord la conclusion de cette interprétation : si les “classes moyennes” votent pour le “socialisme” par “sens de la justice” alors que des millions d’ouvriers votent pour des intérêts réactionnaires”, on devrait conclure d’une part que les ouvriers manquent de sens de la justice et d’autre part, qu’ils sont – de ce fait – une classe réactionnaire.

    Il est difficile de ne pas voir dans cette énoncé le mépris traditionnel de la petite bourgeoisie intellectuelle vis à vis de l’ouvrier, mais ce serait peut-être un peu réductionniste … D’abord, un petite remarque personnelle : mon oncle était ouvrier du bâtiment. Il avait commencé à travailler à 14 ans et est mort quelques mois avant de pouvoir prendre sa retraite. Il m’a expliqué un jour avoir toujours voté à droite. Alors que j’essayais de le convaincre de voter plutôt pour la gauche, il m’a expliqué que lorsque la gauche était arrivée au pouvoir, il y avait moins de grèves et que les intérêts des ouvriers étaient moins bien défendus. C’était dans les années 90 et j’avoue que je n’avais pas beaucoup d’arguments à lui opposer. La gauche “éprise du sens de la justice” avait en effet, après avoir accordé de grandes réformes en 81, tourné casaque dès 82, abandonnant les ouvriers français au chômage, aux fermetures de mines et d’usines, aux délocalisations.

    Susan Neiman oublie ici un concept central de la pensée de Marx, c’est celui de l’idéologie dominante, que Marx expose ainsi dans “L’idéologie allemande”” :
    “A toute époque, les idées de la classe dominante sont les idées dominantes; autrement dit, la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est en même temps la puissance spirituelle dominante. La classe qui dispose des moyens de production matérielle dispose en même temps, de ce fait, des moyens de la production intellectuelle, si bien qu’en général, elle exerce son pouvoir sur les idées de ceux à qui ces moyens font défaut. Les pensées dominantes ne sont rien d’autre que l’expression en idées des conditions matérielles dominantes, ce sont ces conditions conçues comme idées, donc l’expression des rapports sociaux qui font justement d’une seule classe la classe dominante, donc les idées de la suprématie. Les individus qui composent la classe dominante ont aussi, entre autres choses, une conscience et c’est pourquoi ils pensent.”

    La petite bourgeoisie croit généralement à l’indépendance des idées par rapport aux classes sociales. Elle pense que l’histoire est avant tout un affrontement d’idées dans lequel chacun est à égalité et doit montrer la supériorité de sa pensée. Mais pour l’ouvrier, la “raison” est dans la plupart des circonstances (c’est à dire notamment lorsque le prolétaire se présente en tant qu’individu rationnel face à la puissance de la classe dominante) un piètre recours pour améliorer ou même défendre ses conditions de vie. Entre l’ouvrier et le capitaliste, comme l’a si bien exposé La Fontaine “la raison du plus fort est toujours la meilleure”.

    De ce fait, la conscience de classe de toute classe dominée est une chose particulièrement complexe. L’ouvrier vit la domination, il doit lui résister tout en subissant constamment la pensée dominante, la culture dominante, en se voyant retirer les outils de pensée, les concepts et le langage nécessaire à la compréhension de ces mécanismes de classes et en subissant les assauts permanents des producteurs culturels de la classe dominante, non seulement dans le domaine politique, mais dans l’ensemble des champs culturels. Quelle est la place de l’ouvrier dans le cinéma hollywoodien ? Dans les films de Disney ? Quelle est la place du collectif, du travail, de la production ? Quelle est la place du prolétaire dans la télévision moderne à part celle du “neu-neu de la téléréalité” à qui on peut faire faire nimporte quoi pour un peu d’argent et de visibilité ? Quelle est la place des théories et des concepts marxistes dans l’enseignement secondaire, à l’université, dans la formation des chercheurs en sciences sociales ?

    Ce que dit ici Susan Weiman montre bien que malgré toute sa clairvoyance, sa culture et son intelligence (car le reste de son interview est très intéressant et pertinent à bien des égards), elle n’a pas eu accès à un enseignement correct de la pensée de Marx, mais simplement à une présentation schématique et grossièrement biaisée.

    Contrairement à ce qui est dit, le marxisme, le matérialisme dialectique et le matérialisme historique sont le point de départ scientifique des sciences humaines. Il fonde scientifiquement toutes ses disciplines y compris l’histoire, la politique et même le droit et réinsère la pensée elle-même, la philosophie, dans le champ scientifique, comme un produit de l’activité sociale, alors qu’elle s’était constituée de manière autonome jusqu’à parvenir à la naissance de la pensée scientifique.

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  • thierry bruno
    thierry bruno

    Je suis très surpris de voir le nombre de commentaires sur cet article alors qu’il n’y en a pratiquement aucun sur les articles traitant de la guerre en Ukraine.
    L’article est intéressant et les commentaires nettement plus. Je voudrais faire une remarque : Mme Neiman ne veut pas apparaître dans des publications de droite. Certes, peut-être parle-t-elle de la presse américaine mais il y a là malgré tout un sectarisme qui ne favorise pas le débat d’idées et qui est proche du mode de fonctionnement “woke”. Elle se déclare de plus gauchiste et socialiste mais elle a été dans l’équipe de campagne d’Obama (si sa page wikipedia est juste) : comme socialiste et homme de gauche, il me semble qu’il y a mieux – peut-être pas aux Etats-Unis mais alors on s’abstient.
    Enfin, à propos de dialectique, je conseille vivement aux admirateurs des philosophes des Lumières de lire Joseph de Maistre. Il est justement très éclairant.

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    • Xuan

      Peut-être que les articles concernant l’Ukraine confirment des points de vue communs. Ce sont ceux qui dénoncent des positions atlantistes dans notre pays qui font l’objet de commentaires et de projets d’action (je crois qu’une proposition de pétition à l’Humanité a été reprise dans la Drôme).

      Sur la critique de la philosophie des Lumières, et pour en juger d’un point de vue matérialiste et dialectique, et non réactionnaire comme Joseph de Maîstre, George Politzer nous rappelle[1] que les philosophes des Lumières ont placé le féodalisme et les croyances religieuses devant le « Tribunal de la raison ». Il cite Engels qui en disait «Le matérialisme philosophique français du XVIIIe siècle fut la croyance de la Révolution française».[2] 

      Mais il relève aussi sa nature de classe :

      “Engels a pu dire que le règne de la Raison dont ont parlé les philosophes du XVIIIe siècle était, comme devait le montrer l’histoire, «le règne idéalisé de la bourgeoisie». Cela montre que «les grands penseurs du XVIIIe siècle, pas plus que leurs devanciers, ne pouvaient franchir les limites imposées par leur époque».”[3]

      Un point de vue dialectique sur les philosophes des Lumières nous dit que le marxisme les a dépassés, et qu’il faut se placer du point de vue d’une nouvelle classe révolutionnaire, le prolétariat. Et ici considérer les multiples oppressions liées au capitalisme du point de vue de la libération collective du peuple et de toutes ses composantes.

      [1] Georges Politzer – ‘Principes fondamentaux de philosophie’ – Qu’est-ce que la philosophie ?

      [2] Georges Politzer « La philosophie des Lumières et la pensée moderne » – juillet 1939 pour le 150e anniversaire de la Révolution Française

      [3] id.

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  • alfreda
    alfreda

    Quand nous aurons tous compris, passé l’emballement voulu par des forces extérieures à nous, que le “wokisme” c’est un peu comme le “complotisme” et en fait comme beaucoup d’expressions avec un “isme” au bout (arrière, les déchaînés du marteau et de la faucille, ce n’est pas une critique vers vous), et que, par conséquent, c’est un “mot d’ordre” ou “mot magique”, en bref une imprécation pour faire parler et détourner l’attention de tous.tes … on aura fait un grand pas dans la compréhension en général ! Des bises

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  • alfreda
    alfreda

    https://www.kairospresse.be/serie-chroniques-du-totalitarisme-preserver-linnocence-de-lenfant/

    ici, un pédopsychiatre explique pourquoi il est nécessaire de préserver les enfants des projections (pensées diverses dont le dénominateur commun consiste à croire que l’on est dans la tête de l’autre et que l’on sait ce qu’il pense… un biais si vous voulez) que les adultes opèrent sur eux.. un simple rappel. Il me semble que le seul débat en question dans le fond soit celui là: on nous vend une opposition binaire entre des modes d’éducation. L’un contraignant et ne prenant pas en compte la vulnérabilité des enfants. L’autre, protecteur et aimant. Dans tous les cas, c’est une comédie pour faire parler. Ceux/celles qui continuent à penser qu’il faut punir les enfants, parce qu’ils sont méchants, pervers et manipulateurs, je le dis sans rire, sont probablement super à l’aise avec l’idée qu’on colle des transsexuels dans les écoles pour leur expliquer la sexualité. (au moins ils n’auront pas à le faire!) Pourquoi? parce que ce sont des adultes qui ne prennent pas en compte la vulnérabilité de leurs enfants, ipso facto la leur propre aussi et avant tout! Ce sont des adultes un peu perdus et qui se croient illimités, car ils n’ont pas appris à accueillir leurs propres limites.. (c’est à dire reconnaitre leurs propres émotions sous lesquels s’expriment leurs aspirations/besoins profonds) alors comment voulez vous qu’ils accueillent la vulnérabilité et donc les limites de leurs propres enfants? Je vous conseille de consulter par ailleurs, sur ces questions, cette excellente chaine: papa positive, qui vous apprendra beaucoup, et dans un langage simple, des clefs pour une éducation saine et sereine qui implique de prendre en compte les limites et la vulnérabilité des enfants, autant que celle de leurs parents! (puisqu’ils sont les seuls à pouvoir “montrer l’exemple”…) inspirez vous en les amis 🙂 https://www.youtube.com/@papapositivefr. https://papapositive.fr/. L’autonomie (autrement dit la liberté) et la compassion, ça s’apprend… Je vous souhaite d’être bienveillant.es envers vous même et vos enfants.. il n’y a pas de meilleure remède à la violence qui s’observe dans le monde que d’offrir à nos enfants la possibilité de choisir de façon autonome, reliés à leurs émotions.. et non de façon automatique, au gré de la peur que peuvent provoquer les evènements extérieurs à nous et sur lesquels nous n’avons que très peu de prise. (là où nous vivons de l’impuissance) la puissance, c’est de comprendre, d’accueillir, et prendre soin / protéger… des bises 🙂

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    • Bernardo
      Bernardo

      J’aime beaucoup cette page que je découvre grâce à vous, merci!

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