Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’Inde achète, raffine et revend le pétrole russe en Europe, l’UE dans l’embarras

Il y a eu quelques grands moments au G7 qui avaient invité quelques amis, l’inévitable Zelensky bien sûr, mais aussi l’Inde … Les dirigeants des pays du Quad, une alliance informelle entre l’Australie, l’Inde, le Japon et les Etats-Unis, ont critiqué la Chine, sans toutefois la nommer, lors du sommet du G7 samedi à Hiroshima (Japon). Le président américain Joe Biden et les trois autres dirigeants du Quad n’ont pas mentionné explicitement la Chine, mais le géant asiatique était clairement la cible d’un communiqué appelant à “la paix et la stabilité dans l’aire maritime indo-pacifique”. Il faut voir ci-dessous les trafics indiens et quand on sait que les nouveaux dirigeants australiens tentent de se rabibocher avec la Chine on mesure toute la finesse de ce refus de “nommer”. Et si l’on considère que la stratégie officielle de notre Macron, en dehors de jouer les taxis de Zelensky, est de “convaincre l’Inde et le Brésil” … L’enjeu à Hiroshima, où ils n’ont rien vu de la sorte de convaincre certains « grands » du Sud global de prendre leurs distances avec la brutalité russe et l’ambiguïté chinoise. L’Inde de Narendra Modi et le Brésil de Lula ne sont pas sur cette ligne, malgré le discours qu’est venu leur servir sur place le président ukrainien, à la demande d’Emmanuel Macron, qui d’ailleurs ne s’arrête pas là puisqu’il a mis en place une médiation des chefs d’Etat africains… Comment ne pas laisser le sud à la puissance montante qu’est la Chine socialiste, ni à la Russie toujours suspecte de “soviétisme”, comment juguler le mécontentement des peuples ?

la France tente le grand écart, pourquoi être le taxi de Zelensky ?

La présence de Volodymyr Zelensky au sommet du G7 « peut changer la donne » pour l’Ukraine, a lancé, Emmanuel Macron, à son homologue ukrainien, en introduction d’une réunion bilatérale entre les deux chefs d’État à Hiroshima. « C’est une occasion unique » pour lui de discuter avec ses alliés du G7, mais aussi de plaider la cause de l’Ukraine contre l’invasion russe auprès des dirigeants des pays du Sud invités au sommet, a expliqué le président français.

L’Inde fera « tout son possible » pour régler ce conflit. Le premier ministre indien, Narendra Modi, a déclaré ce samedi sur Twitter s’être entretenu avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, arrivé peu auparavant à Hiroshima, au Japon. « Je comprends parfaitement votre souffrance et la souffrance du peuple ukrainien. Je peux vous assurer que, pour régler [ce conflit], l’Inde et moi, personnellement, ferons tout notre possible », a-t-il assuré. 

Il faut dans un tel contexte apprécier le discours de ce député Renaissance, en peser chaque mot : “C’est une fierté” pour la France d’être “à l’origine” de la présence de Volodymyr Zelensky au G7, affirme le député Renaissance Sylvain Maillard, samedi 20 mai sur franceinfo. Le président ukrainien est arrivé dans la matinée à Hiroshima, au Japon, à bord d’un avion officiel français. “La France est au côté de Volodymyr Zelensky, est au côté de l’Ukraine, et favorise donc l’ensemble des actions diplomatiques qui permettent d’aider les Ukrainiens“, ajoute l’élu parisien après le détour du côté de la ligue arabe qui vient d’intégrer Bachaar el Assad, ambiance… Mais voyons la suite : .”Nous aussi nous allons former des pilotes ukrainiens aux avions français“, à savoir “le Mirage et le Rafale“, rappelle Sylvain Maillard. Une formation qui “dure un an et demi, deux ans” selon ce membre de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée. On mesure l’intérêt pour l’offensive de Printemps qui est exigée du malheureux Zelensky. Quant à d’éventuelles livraisons de Mirage ou de Rafale, “il n’y a pas eu de décision prise pour l’instant“, souligne-t-il. Quoiqu’il arrive, il n’y a pas d’urgence : “Ça ne sert à rien de livrer des avions s’ils [les pilotes ukrainiens] ne savent pas s’en servir.” CQFD.

Mais il y a la suite qui vaut son pesant de cacahuètes en ce qui concerne l’Inde mais aussi le Brésil qui a fermement refusé toute livraison de munition. Pendant que les pilotes sont formés, “il faut trouver les avions“, poursuit-il. Des Mirage et des Rafale, “il y en a évidemment en France“. Si des avions de chasse français sont effectivement livrés à l’Ukraine, il s’agira plutôt de Mirage, moins récents, laisse-t-il entendre. “Ces avions sont par exemple disponibles en Inde et au Brésil”, précise-t-il.

Si vous avez suivi avec un minimum d’attention l’opération intervenant après le passage dans la ligue arabe où les résultats sont tout aussi évidents (sic) la conquête du “sud” s’accompagne d’une opération africaine… la délégation des chefs d’Etat africains commencera par une visite préparatoire à partir de ce dimanche. À la manœuvre, Jean-Yves Ollivier, homme d’affaires français et à la tête de la Fondation Brazzaville, l’organisme qui a monté cette mission africaine. Il sera accompagné de deux émissaires, sénégalais et sud-africain, pour « éclaircir les positions » et surtout parler de logistique, lors d’un voyage qui les mènera entre la Russie et l’Ukraine. Car faire se déplacer six chefs d’État, entre les deux capitales, n’est pas une mince affaire, d’autant que la visite devrait durer au moins quatre jours, selon la Fondation. 

La date de cette mission africaine pour la paix reste d’ailleurs encore à établir. Si le ministère des Affaires étrangères sud-africain parle désormais de « la première semaine de juin », à Moscou, Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, évoque lui plutôt la « mi/fin juin ou début juillet ». Quoi qu’il en soit, elle devrait avoir lieue avant le sommet Russie-Afrique prévu à Saint-Pétersbourg fin juillet. 

Quant aux chances de succès, que certains estiment faibles alors que les tentatives de médiation se multiplient, Jean-Yves Ollivier estime qu’« il ne peut rien en sortir de mal » et qu’« en tous les cas, on aura tenté. »

par rapport à l’Offensive ukrainienne et aux armements exigés pour enfin avoir quelques raisons pour les Etats-Unis de porter à bout de bras l’Ukraine et dans le même temps ouvrir un nouveau front à Taiwan c’est pas très convaincant…

En fait, comme nous le voyons par ailleurs, la seule certitude c’est que la France s’offre 130 blindés pour remplacer ceux livrés à l’Ukraine. Avec la bagatelle d’un budget militaire de 413 milliards sur lequel personne ne demande le moindre compte alors que la France est à feu et à sang pour les 13 milliards de la retraite…

En fait, une sorte de course de vitesse est engagée entre capitalistes pour continuer à accumuler jusque dans les revers de leur propre camp en invitant les dirigeants du sud à les rejoindre dans le partage des dépouilles de l’empire… Comme se préparent ou tentent de se préparer des alternatives non socialistes à la chute de l’empire étasunien…

Il serait peut-être temps que les Français s’interrogent sur les intérêts réels que leur passion pour Zelensky et leur vote unanime de la résolution 390, sans parler de la condamnation de Wagner recouvre exactement? Ne pas mourir totalement idiot face aux intérêts capitalistes déchaînés…

Un nouveau monde est en train de naître : alors que l’hégémonie des États-Unis a longtemps reposé sur l’adhésion de leurs partenaires à l’agenda stratégique global américain à travers la construction d’alliances pérennes, l’ordre mondial est, aujourd’hui, de plus en plus caractérisé par la fluidification des rapports internationaux, l’affirmation d’intérêts nationaux et régionaux qui ne s’alignent plus sur les intérêts américains, et l’essor de « connivences fluctuantes ». La Chine favorise ce nouvel ordre international et partout elle crée les conditions de ces partenariats fluides. Le paradoxe est qu’elle le fait également avec des partenaires privilégiés qui sont la garantie du basculement dans les rapports sud-sud avec une nouvelle vision planificatrice.

Beaucoup de pays du sud, que l’on dit émergents sont entrés dans cette fluidité. Macron faute de pouvoir prendre leleadership de l”Europe et étant la proie de la vindicte des Etats-Unis tente de s’inscrire dans ces connivences fluctuantes : est-il pour les Etats-Unis ou contre ? Il tente de défendre comme Zelensky sa propre survie dans une stratégie qui permettrait de sauver sa peau face à la guerre par procuration exigée de l’empire. Il le fait en continuant à porter les intérêts des marchés financiers et des marchands d’armes, en rupture avec son propre peuple.

QUE L’EUROPE SOIT COHÉRENTE AVEC ELLE-MÊME

Aussi étonnant que cela puisse paraître, tout va bien pour le pétrole russe. L’Agence internationale de l’énergie comptabilise dans son rapport pour le mois d’avril 8,3 millions de barils de pétrole par jour exportés par les Russes, 600 000 de plus que la moyenne de l’an dernier. Les rédacteurs du document manient l’euphémisme: “La Russie semble avoir peu de difficultés à trouver des acheteurs”

En la matière, il n’y a aucune trace de la distinction que le bloc occidental opère entre son concurrent systémique chinois et son partenaire stratégique indien. Pour ce qui concerne le brut, pratiquement 40% de ces ventes russes record sont destinées à l’Inde et à la différence avec ce qui est acheminé vers la Chine ne s’élève plus qu’à 100.000 barils par jour.

Et même si cela s’est réalisé d’abord à coup de rabais massifs, ils ne seraient plus aussi importants qu’auparavant. Alexander Potavin, analyste financier chez FG Finam à Moscou, insiste sur la hausse des prix de vente et considère aussi que les compagnies pétrolières de son pays “se sont adaptées” aux sanctions occidentales, en établissant des “canaux” efficaces auprès des Asiatiques.

Les Indiens qui, avant la guerre en Ukraine, n’importaient pratiquement pas de pétrole russe, en raffinent à présent toujours davantage, avec des reventes, en tant que produit fini fabriqué en Inde, vers l’Europe, mais également les États-Unis.

Mardi, Indian Oil Corporation (IOC), qui détient 40% des capacités nationales de raffinage, a publié un bénéfice trimestriel net en hausse de plus de moitié, avec une marge opérationnelle qui continue de progresser. Trois semaines après l’invasion de l’Ukraine, IOC avait conclu un premier contrat avec une compagnie russe. Bien d’autres ont suivi depuis.

L’Union européenne s’agace

Jusqu’ici, l’Union européenne veillait à ne pas trop s’appesantir sur le sujet. Mais mardi, dans un entretien au quotidien britannique Financial Times, le chef de la diplomatie de l’exécutif européen, Josep Borrell, s’est livré à une rare critique explicite. Il a exhorté les États membres de l’Union européenne à “agir” face à cette revente indienne de pétrole russe en tant que carburant raffiné, aux deux tiers du diesel, le reste étant du kérosène.

Tout en jugeant compréhensible que l’Inde veuille profiter d’un brut moins cher, son propos en fait “un centre” de réexportation de “sous-produits” d’origine russe. En conséquence, l’Europe est censée aller vers des restrictions.

Le ministre indien des Affaires étrangères, invité mardi à Bruxelles, pour une réunion inédite sur les échanges commerciaux et technologiques avec l’UE n’a pas vraiment apprécié la forme de l’accueil. Subrahmanyam Jaishankar a déclaré “ne pas voir de fondement” à de telles allégations. Si le brut de Russie est “transformé substantiellement”, pour lui, il n’y a plus lieu ensuite de le considérer comme russe.

Déjà en début d’année, interrogé par la chaîne autrichienne ORF, il avait suggéré que si l’Europe voulait en faire une affaire de “principe”, qu’elle “coupe” donc tout lien énergétique avec la Russie, y compris indirect.

L’inflation au défi de la géopolitique

Chacun peut en déduire que New Delhi met maintenant au défi Bruxelles de poser le dossier devant les gouvernements des 27, sachant que plusieurs d’entre eux, confrontés au risque inflationniste, expriment de sérieuses réserves à l’idée de se passer de ces produits indiens, quand bien même issus de la matière première russe.

La commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, l’a tout à fait saisi. Prenant ses distances avec le ton de son collègue chargé de la politique extérieure, elle s’est exprimée aux côtés du chef de la diplomatie indienne, en assurant que s’il existe des “inquiétudes à soulever, ce sera avec une main tendue et non un doigt pointé”. Dans ces conditions, il ne fait pas grand doute que le diesel indo-russe restera toujours disponible à la pompe.

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