Si comme j’ai tenté de le faire dans ma précédente intervention nous devons réfléchir à l’évolution de “la démocratie” occidentale en particulier à partir des années soixante et dix et de l’expérience chilienne, en considérant non seulement les Etats-Unis mais une absence de dénazification de l’UE et de l’Allemagne, ce que l’on considère comme la phase néo-libérale, celle ou en s’appuyant sur le dollar s’amplifie la dictature des marchés financiers, nous devons remettre en question la solution des “Fronts populaires” ou bloc des gauche contre bloc de droite. Je vous renvoie là dessus aux quelques idées exprimées dans mon précédent articles à partir de quelques expériences dont celle de Syriza et même celle du Portugal.
illustration : les camarades grecs de Sparte m’envoient cette photo de leur intervention hier au tribunal de Sparte contre l’expulsion d’une famille qui ne peut plus payer son loyer. Cette action a été impulsée par les femmes communistes et le mouvement des retraités. Vassili que vous commencez à connaitre répondait aux journalistes.
Quand dans ce blog, nous dénonçons l'”ukrainisation” de l’UE, voire sa “nazification”, nous ne nous contentons pas de nous référer au régiment Azov et à leurs blondes épouses intervenant en toute impunité sur LCI, parce que Bouyghes le patron de la chaîne ambitionne le marché de la reconstruction de l’Ukraine. Cet aspect caricatural qui a tendance à être accepté sans état d’âme par les vertueux de “gauche” qui se sont lancé dans un soutien à peine déguisé aux bonnes oeuvres de l’OTAN, y compris dans le secteur international du PCF et toute la gauche type mairie de Paris, devrait nous alerter. Le fait que cela passe comme une lettre à la poste et qu’une forte majorité du Congrès du PCF soit capable de voter un amendement sur le “génocide Oiughour” qui est un fake new de l’extrême-droite US, dit simplement la nature du consensus français. Il n’y a aucune force de gauche parlementaire apte à contredire cette ukrainisation, qui est beaucoup plus profonde que ses manifestations folkloriques. C’est tout le système “démocratique” occidental celui qui manifeste désormais en Europe et aux Etats-Unis sa capacité autodestructrice qui s’est exercé depuis pas mal de temps dans les pays du sud et qui nous revient comme un boomerang en terme de répression, surexploitation de la nature et du travail, comme de guerre.
La proposition d’un Front populaire, bloc de gauche contre bloc de droite, les coalitions de sommet à partir des expériences européennes prouvent à quel point l’eurocommunisme a été une impasse et combien la résistance au marchés financiers, au bellicisme mérite des approfondissement dans lesquels il faudra ré-articuler compréhension des évolutions géopolitiques avec intervention sur les situations d’urgence et le parti en capacité de mener cette double perspective en vue de la transformation socialiste, la seule perspective de rupture.
Hier, j’ai reçu de mes amis Grecs de Laconie, Vassili en tête des photos de leur intervention au tribunal de Sparte en faveur d’une famille chassée de la maison dont ils ne peuvent plus payer le loyer tant l’inflation rend leurs salaires dérisoires. Le droit des travailleurs n’existe pratiquement plus en Grèce par suite de la soumission alternée de la droite et de Syriza aux diktats des marchés financiers et de l’UE. Il n’y a plus de justice dans ce pays non seulement les tribunaux de droit commun sont au main des notables locaux mais alors que le parti néo nazi Aube doré a fini par être interdit, ce sont des juges de la cour suprême grecque qui sont en train de le recréer. Le rôle du parti c’est de se porter partout où il faut peser sur la décision par la mobilisation populaire. C’est ce qu’ils ont fait durant la seconde guerre mondiale par rapport à la famine mais ils ont bénéficié aussi des rassemblements spontanés de citoyens pour leur survie. Face à la campagne électorale des législatives en Grèce, la montée de l’abstention, les illusions sur la capacité à avoir une coalition moins pire que celle d’aujourd’hui, le fatalisme nous sommes loin de cette auto-organisation des masses, sur laquelle l’intervention des communistes peut impulser une perspective politique. Pourtant disent les camarades grecs tout autre choix est illusoire et ils mettent en avant le caractère massif de la résistance française. Ils la soutiennent y voyant l’amorce de cette volonté des masses sans laquelle le parti communiste reste impuissant. Ce point de vue mérite au moins réflexion surtout qu’il est partagé par un courant de la CGT qui lors du dernier congrès de la CGT a pesé sur le renouveau et représente 30 % des mandants, celui d’Olivier Mateu qui prendra la parole devant le syndicat grec le premier mai.
Il ne s’agit pas pour nous de distribuer des approbations mais de montrer à quel point une réflexion collective est nécessaire et combien le dernier congrès du PCF ferme les portes avec son primat d’un choix à la Syriza, une vague affirmation à l’autonomie du parti qui se limite à une candidature à la présidentielle mais ne se donne aucun moyen organisationnel, ni de formation théorique et politique des militants va a contrario de cette réflexion nécessaire. Quelle que soit la sympathie éprouvée pour les camarades grecs et la manière dont ils mènent leur combat y compris dans la ville réactionnaire de Sparte, je n’adhère pas nécessairement à toutes leurs analyses, mais l’échange est possible dans le respect mutuel des combats. Il est indispensable. C’est l’esprit de ce blog et de tous ceux qui interviennent ici.
Si les communistes ne sont pas capables d’échanger au plan international leur réflexions et leurs expériences, il n’y aura pour leurs pays comme pour leurs militants qu’échec et marginalisation. J’ai dit à quel point le Congrès de Marseille du PCF me paraissait avoir choisi la pire des voies sans que pour autant surgisse une voie alternative qui pourrait lui être préférée. Ce qui s’est constitué en France autour du PCF et de la satellisation de groupuscules ne se définissant que par opposition au PCF dont ils empruntent néanmoins toutes les errances (voire le rôle joué par les pro et anti-Mélenchon, ce qui demeure de fait la fascination pour une solution à la Syriza ou à son équivalent Varoufakis) ne mène nulle part.
Il faut également mesurer à quel point les limites du “parlementarisme” ou de “la démocratie” occidentale jouent un rôle dans la naissance de la violence anarchiste extra-parlementaire. Cette vidéo a le mérite d’analyser ce que j’ai tenté de défendre dans mon analyse précédente, à savoir que le nazisme n’avait jamais été éradiqué et avait joué et continue à jouer un rôle déterminant dans la répression du travail par les marchés financiers. Le choix de ces groupes reste celui d’une petite bourgeoisie blanche qui exerce son action dans le “sociétal”. C’est soit ce mouvement, celui qui confond résistance des masses avec “spontanéisme”, soit le rôle du parti par rapport à l’Etat avec le but du socialisme, ce que jadis Marx a défini comme la nécessaire dictature du prolétariat, face à la dictature de la bourgeoisie.
Face à un tel mouvement dont il faut comprendre l’origine et les développements, le parti communiste doit en dénoncer le caractère provocateur et le rôle négatif qu’il joue en matière de mobilisation populaire. C’est ce que font les syndicats, en particulier la CGT et la direction actuelle du PCF. Mais ils ne peuvent pas le faire au nom du respect des institutions républicaines, l’essentiel dans ce domaine est de montrer combien on doit en changer et leur nature réelle et de proposer d’autres choix. Le PCF est a mi-chemin de cet effort mais le Congrès de Marseille, le primat de la logique des coalitions nous interdit d’avancer dans cette analyse nécessaire, il joue sur les émotions qui relèvent des camps partisans.
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