Charles Wyplosz économiste au Graduate Institute de Genève dans le quotidien de référence suisse Le Temps s’est lancé dans une explication “basique” de ce qu’est une banque. .. Pour lui la débâcle de Crédit Suisse illustre l’importance de la confiance des clients, elle rappelle aussi la vulnérabilité inhérente aux banques de dépôts, enfin pour les malheureux déposants pour les gros actionnaires c’est autre chose et c’est là qu’intervient le fait d’avoir un pouvoir d’initiés qui tient les institutions comme les Banques centrales. Ce qui fait que les Chinois jouent à ce niveau-là, celui de la régulation. A méditer.
Autre méditation : La débâcle de Credit Suisse illustre l’importance de la confiance des clients, elle rappelle aussi la vulnérabilité inhérente aux banques de dépôts, dit Charles Wyplosz, et c’est là que nous sommes sans doute dans une crise plus grave que celle de 2008 ou effectivement la confiance des clients avait chuté face au système bancaire et à des prêts hasardeux. Là ce qui crée le problème de confiance touche la relation avec l’ultime garantie celle des jeux des banques centrales et les “politiques” dites anti-inflationnistes qui sont destinées à toujours faire plus pression sur les salaires, sur les pays en développement, pour une poignée d’hyper-riches, un creusement des inégalités et la pression sur les productions “réelles”.
Donc Charles Wyplosz vous explique que tout n’est pas de la faute des méchants capitalistes mais (je traduis) de “l’appareil d’Etat” ou “supra-étatique ” qui les sert et est bizarrement conçu pour que vous soyez plumé en tant que dépositaire comme en tant que contribuable vu que vous êtes obligés de déposer votre salaire en banque et que vous payez pour ça. Le cas est particulièrement savoureux quand il s’agit de la Suisse. C’est pourquoi on peut considérer que la “dictature du prolétariat” à la mode chinoise face à la dictature de la bourgeoisie” à la mode USA et UE finit par avantager tout le monde y compris les capitalistes eux-mêmes tant l’impérialisme et le règne des monopoles financiarisés finit par être autodestructeur. Puisque même les Suisses (et les Saoudiens qui ont refusé de renflouer la banque) s’en rendent compte. C’est un peu sommaire mais ça à le mérite d’être clair, une illustration exemplaire de notre propos d’aujourd’hui sur la fin d’un mode de production… (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsocieté)
Bien sûr, la Silicon Valley Bank a fait de grosses bêtises. Bien sûr, après une succession sans fin d’erreurs et de scandales, dans un secteur d’activité hautement compétitif, Crédit Suisse était condamné à plus ou moins long terme. Bien sûr, la supervision bancaire a été un peu relâchée. Bien sûr, la régulation bancaire n’est pas aussi stricte que ce que l’on a raconté. Mais il faut être clair : une banque de dépôts est fondamentalement fragile et il est impossible d’éliminer complètement tout risque d’effondrement.
Par définition, génétiquement, une banque de dépôts récupère et collecte les dépôts des uns pour faire des crédits aux autres. Voilà le métier, particulièrement passionnant au demeurant, du banquier et à titre personnel j’ai pris beaucoup de plaisir comme banquier à financer des entreprises, de l’activité, des investissements et de l’activité profitable au plus grand nombre.
Par définition, la banque n’a jamais, jamais tout l’argent correspondant aux dépôts de ses clients. Elle utilise presque tout… moins les 10 à 12 % de réserves !
Par définition si tous les clients veulent récupérer leur argent en même temps, aucune banque, aucune n’a les moyens de répondre à ce besoin de liquidités immédiat. AUCUNE.
Par définition, quelle que soit la régulation mise en place aucune banque ne peut rembourser la totalité des dépôts en quelques jours et JAMAIS une banque ne sera en mesure de le faire.
Alors quand on vous dit que les banques sont solides, on raconte n’importe quoi, parce que la vérité, la réalité, le modèle économique lui-même des banques signifie qu’elles sont génétiquement fragiles.
Ce n’est ni bien, ni mal.
C’est ainsi et les banques ne sont pas tout à fait des entreprises comme les autres et leur fonctionnement n’est pas aussi simple que celui des autres entreprises.
Les banques sont fragiles et elles sont confiance-dépendantes !
Que vous ayez 10 % de fonds propres dans vos caisses, ou 15 % c’est-à-dire la capacité théorique à rembourser 10 ou 15 % des dépôts de vos clients ne change strictement rien à l’affaire. Vous pouvez même monter les fonds propres à 20 %. En cas de perte de confiance, il en manquera toujours 80 % ! Et encore faudrait-il pour cela que les fonds propres des banques ne soient pas placés dans des obligations d’États pouvant perdre de la valeur lorsque les taux remontent !
Vous l’avez donc compris.
Une banque est forcément fragile et dire l’inverse est aussi stupide que de dire que le feu ne brûlerait pas.
La force d’une banque ne vient que de la confiance qu’elle inspire et du sérieux de sa gestion.
Quand cela n’est plus suffisant, c’est l’État et les banques centrales qui viennent pallier éventuellement à la perte de confiance et qui vient boucler les fins de mois difficiles.
C’est alors le sauvetage !
Pour autant, ne soyons pas naïfs.
Sauver les banques de la faillite ne veut pas dire sauver votre épargne de la faillite de la banque !
Je vais vous expliquer pourquoi on peut résumer ainsi la situation actuelle et que c’est dans cette idée que réside le risque majeur pour votre épargne dans les prochains mois.
Comme vous le savez, la législation européenne sur le sauvetage des banques est très claire.
Mais avant reprenons la différence entre le « bail-in » et le « bail-out ».
C’est là que vous allez vous souvenir de vos cours d’anglais sur les prépositions avec nostalgie !
Tout sert à point à qui sait attendre !
Vous savez les « in » et les « out » qui vous rendaient malades… enfin, moi ça me rendait fou et je n’y comprenais rien. Aujourd’hui je comprends très bien.
Faisons donc un peu d’anglais de comptoir.
« In » = « dedans », alors que « out » = « dehors.
Le bail-in c’est un renflouement de l’intérieur, tandis que le bail-out est un renflouement… mais de l’extérieur.
Le bail-in (sauvetage interne) conduit une banque à faire participer les créanciers (actionnaires, clients, etc.) à son sauvetage en cas de difficulté financière.
Le bail-out lui (sauvetage extérieur) désigne les cas où les sauveteurs viennent de l’extérieur comme quand par exemple l’Etat ou la banque centrale vient renflouer. C’est évidemment ce qui vient de se passer par exemple avec le Crédit Suisse où l’argent vient de la Banque Centrale suisse la BNS.
Il y a donc plusieurs manières ou façons de sauver une banque et en fonction de ce qui est choisi, on peut sauver une banque mais pas ses clients, pas ses actionnaires. Faites vos jeux !
Et en Europe nous aimons les « bail-in », les renflouements de l’intérieur où l’on fait payer les déposants au-delà de 100 000 euros.
Chypre et le naufrage de la Cyprus bank en a été un exemple resté même dans notre vocabulaire puisque cela a donné le mot « chyprer », pour se faire « chyprer son épargne » par exemple. Mais le bail-in a aussi été utilisé en Italie en 2015 pour sauver la Banca Romagna Cooperativa.
Et ce seuil des 100 000 euros c’est justement la garantie des dépôts européenne déclinée dans chaque pays membre.
Vous l’avez compris, Sauver les banques de la faillite ne veut pas dire sauver votre épargne de la faillite de la banque !
En France cette « déclinaison » est assurée par le Fonds de garantie des dépôts et de résolution, le FGDR. Le « R » de FGDR signifie résolution.
C’est un beau mot le terme de résolution.
Le problème c’est que pour « résoudre » la faillite d’une banque en Europe, le droit européen va vous garantir non pas 250 000 $ comme aux Etats-Unis, mais seulement 100 000 euros. Tout ce qui dépassera ce montant sera emporté par la faillite.
Voilà une belle résolution bien définitive de votre épargne.
La législation européenne n’a pas été conçue n’importe comment.
L’idée de base du législateur européen était d’empêcher les États de faire faillite en raison de la faillite d’une banque et que la BCE la banque centrale européenne ne soit pas obligée de créer de la monnaie et donc de l’inflation ce qui rend malade nos amis Allemands. Cerise sur le gâteau, il faut éviter la faillite définitive de la banque.
Pour réussir ce triple objectif, il n’y a pas le choix.
Il faut limiter les sommes garanties. Limiter les sommes garanties c’est en réalité répartir les pertes !
D’où cette limite de 100 000 euros.
Il faut donc comprendre que le système a été conçu en Europe pour sauver les banques et éviter le risque d’effondrement systémique. Le système n’a pas été conçu pour sauver tous vos dépôts.
Sauver les banques de la faillite ne veut pas dire sauver votre épargne de la faillite de la banque.
Mais ce n’est pas tout.
Nous avons appris également que les banques centrales s’étaient lancées dans une action coordonnée comme nous l’apprend cet article du Figaro (source ici pour ceux qui veulent vérifier).
Ce que l’on vous explique dans cet article c’est que la FED va fournir autant de dollars aux autres banques centrales que nécessaire.
Cela avait été le cas lors de la faillite de la Lehman Brothers et les gens l’ont oublié mais la FED avait donné littéralement des milliers de milliards de dollars au monde entier pour sauver le système financier planétaire, en gros 20 000 milliards. Oui, vous avez bien lu. Les banques françaises avaient perçu des centaines de milliards de dollars de liquidités pour y faire face.
Cela permet à la BCE de faire face à la situation sans avoir à demander à l’ensemble des pays à commencer par l’Allemagne qui ne veut jamais rien entendre, de créer plus d’argent ! Ce sont les Américains et la FED qui s’en chargent à notre place, alors évidemment celui qui s’avise de parler d’indépendance européenne fera doucement rire tous ceux qui comprennent un tout petit peu ce qu’il se passe dans le monde.
La BCE ne fait rien, enfin pas grand-chose, elle donne des euros, mais l’essentiel des banques veulent des dollars …
C’est la FED qui sauve les meubles pour le moment.
Si la BCE ne fait rien c’est pour deux raisons. la première c’est que c’est toujours plus difficile de faire en se mettant d’accord dans l’urgence.
La seconde c’est que vraisemblablement elle ne voudra pas faire comme la FED et « payer » forcément tous les dépôts.
Encore une fois, sauver les banques de la faillite ne veut pas dire sauver votre épargne de la faillite de la banque.
Ce n’est pas parce que la FED vient de sauver tous les dépôts de la SVB que la BCE en Europe fera la même chose.
Ce n’est pas certain, mais il existe une probabilité non négligeable pour qu’en cas de très grandes difficultés bancaires, la BCE ne sauve pas tous nos dépôts ni toute notre épargne et s’en remette aux règles de la protection des dépôts et des « bail-out européens » afin de maintenir les grands équilibres économiques, monétaires et politiques en Europe et au sein de la zone euro.
C’est pour cette raison que je viens de vous rédiger un flash Stratégies pour vous expliquer les mesures d’urgence à prendre pour protéger vos actifs financiers.
Je vous y détaille notamment le fonctionnement précis du FGDR et je vous explique comment vous organiser pour protéger bien plus que les 100 000 euros légalement prévus. Vous pouvez faire mieux. Beaucoup mieux. Pour cela il faut comprendre parfaitement les règles d’indemnisation.
C’est ce que j’ai fait dans ce document accessible et disponible dans vos espaces lecteurs ici.
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Le pire n’est jamais sûr, encore moins souhaitable, mais ne soyons pas naïfs.
Protégeons au maximum nos sous !
N’oubliez pas.
Sauver les banques de la faillite ne veut pas dire sauver votre épargne de la faillite de la banque.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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Daniel Arias
Jamais deux sans trois !
Voici le tour de la plus grande banque allemande la Deutsche Bank prend l’eau et éclabousse l’UE.
https://youtu.be/QH0hfkOmucw