Thierry Breton, pour ceux qui ne se souviendraient pas de cet ancien ministre a toujours été l’homme des monopoles financiarisés. En 2001, Thierry Breton est élu par La Tribune « Stratège de l’année » pour sa gestion de Thomson. En septembre 2002, il est nommé président d’honneur de la société à la suite de son départ pour France Télécom. En 2003, l’État français vend ses dernières participations dans Thomson et l’accumulation des difficultés et de fortes pertes mène le groupe dans le gouffre. Ce qui caractérise le parcours de Thierry Breton, considéré par les milieux financiers comme un “sauveur” d’entreprises en difficulté et un patron “performant”, c’est que son passage aboutit par restructuration, privatisation, ouverture aux capitaux étasuniens en particulier à une côte favorable pour les actionnaires. Sa carrière politique il la mènera selon la même logique et il la poursuit on le voit dans l’armement et en soutien de l’Ukraine. Tout cela se passe sans que les citoyens des pays concernés soient le moins du monde informés alors que ce sont eux qui financent. Il faut comparer les sommes en jeu, celle des armes, de l’argent dévolu à la guerre et celle pour laquelle on prétend voler deux ans de leur vie à des travailleurs français. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetscoeite)
illustration, photo de Marcel De Baer (1922-2014) un expert médico-légal qui a pris plus de 10.000 clichés de ses interventions sur les lieux du sinistre… A sa mort on a découvert qu’il était aussi un artiste mais By Accident…
Un plan à deux milliards d’euros a été adopté pour muscler la production européenne de munitions de 155mm. Objectif : livrer les munitions au plus vite à l’Ukraine, et reconstituer les stocks des Etats-membres. Reportage aux usines Nexter et MBDA de Bourges, que visitait hier Thierry Breton.
Un bras robotisé retire délicatement une ébauche métallique du centre d’usinage. La forme oblongue ne laisse aucun doute : c’est bien un obus de 155mm, le calibre demandé sur tous les tons par les forces ukrainiennes, qui est en train de prendre forme dans l’usine Nexter de la Chapelle Saint-Ursin (Cher). Derrière la grille de protection, le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton ne rate pas une miette du spectacle. Depuis une semaine, il fait le tour de la quinzaine de fabricants européens de munitions, dont Nexter et MBDA à Bourges le 20 mars, pour faire un état des lieux des capacités de production du secteur. “L’objectif est de voir comment aider les industriels à augmenter leurs cadences, et d’identifier les goulots d’étranglement”, explique l’ancien patron d’Atos, en charge des sujets de défense au sein de la Commission, aux côtés du DGA Emmanuel Chiva et du PDG de Nexter Nicolas Chamussy.
Deux ans après avoir piloté la montée en puissance des usines de production de vaccins anti-Covid, c’est désormais le secteur des munitions que le commissaire veut faire décoller. Objectif : livrer un million d’obus à l’Ukraine le plus rapidement possible. Un premier train de mesures doit être adopté lors du Conseil européen du jeudi 23 mars. Il prévoit un premier volet d’1 milliard d’euros, qui permettra de compenser les transferts vers l’Ukraine de munitions prélevées sur les stocks existants au sein des Etats membres. Ceux-ci seront remboursés à hauteur de 1.000 à 1.300 euros par obus de 155mm, soit un tiers du prix de marché actuel (4.000 euros).
15 industriels dans 11 pays
Un deuxième volet du plan consiste en un achat groupé de munitions destinées à équiper l’armée ukrainienne, là aussi pour 1 milliard d’euros. “L’acquisition sera effectuée par l’Agence européenne de défense (AED), ou par un Etat membre au nom des autres”, précise Thierry Breton. Ces deux milliards seront prélevés au sein de la Facilité européenne pour la paix, un fonds de l’UE abondé par les Etats membres depuis 2021, la France apportant 18%.Des ébauches d’obus de 155mm, à l’usine Nexter de la Chapelle Saint-Ursin (Cher). Crédit : Vincent Lamigeon, Challenges© Fournis par Challenges
La troisième phase du plan, qui devrait être validée plus tard et qui justifie le tour d’Europe de Thierry Breton (République Tchèque et Slovaquie cette semaine, puis Pologne, Italie, Grèce, Suède, Allemagne…), consiste à aider les industriels (une quinzaine dans 11 pays de l’UE) à augmenter leur production. Jusqu’à financer une partie de leurs investissements ? “On est prêts à regarder le sujet, c’est quelque chose que je vais pousser”, assure Thierry Breton. Qui n’exclut pas quelques ajustements réglementaires si nécessaire, comme sur la réglementation Reach sur les substances chimiques, qui renchérit les coûts des industriels européens. “Peut-on envisager des réglementations spécifiques pour la défense ? La réponse est oui”, a martelé le commissaire européen.
Les industriels ont déjà commencé à se mettre en ordre de marche. Le groupe français prévoit d’augmenter sa production d’obus de 155mm de 50% d’ici à 2024, puis de la doubler de 2024 à 2025. Si le groupe français ne donne pas les chiffres bruts, l’usine Nexter Arrowtech de la Chapelle Saint-Ursin assemblait en moyenne 40.000 obus de 155mm par an. Elle devrait donc passer à 60.000 l’année prochaine, puis à 120.000 en 2025, soit un triplement en trois ans. Une montée en cadence qui cadre avec celle annoncée par son fournisseur de corps de bombes, les Forges de Tarbes.
De deux à huit canons Caesar par mois
Le groupe a déjà investi 120 millions d’euros depuis l’été pour accroître sa production. Une deuxième machine dédiée à l’usinage des obus de 155mm a notamment été commandée. Même effort sur la production de canons Caesar, assemblés également à Bourges. “Nous sommes passés de deux Caesar par mois avant la guerre en Ukraine, à six aujourd’hui, et huit en 2024”, souligne Nicolas Chamussy, PDG de Nexter. Les délais de production sont passés de 28-30 mois à 17 mois, le ministre des armées Sébastien Lecornu ayant fixé un objectif de 12 mois.
MBDA monte également en puissance sur la production de missiles. Le groupe européen ne donne pas de chiffres, mais souligne qu’il va recruter plus de 2.000 personnes en 2023 (soit 15% de ses effectifs actuels), après les 1.570 embauches de 2022. Les sites de Bourges (Subdray et Bourges Aéroport) ont recruté à eux seuls 850 salariés depuis 2015, et prévoient encore 300 embauches cette année. “Notre filiale Matra Electronique va également ouvrir une nouvelle usine dans l’Oise, qui permettra d’augmenter sa production”, indique Eric Béranger, PDG de MBDA, qui a annoncé début mars des prises de commandes record (9 milliards d’euros).Un missile Exocet, sur le site MBDA de Bourges Aéroport (Crédit : Vincent Lamigeon, Challenges)© Fournis par Challenges
Pour accompagner ce passage à l’”économie de guerre” prêchée par Emmanuel Macron, la DGA travaille sur un projet de “réserve industrielle”. “Cette réserve, sous statut militaire, permettra notamment de mobiliser des jeunes retraités de l’industrie de défense, pour former les jeunes salariés de la filière et aider à augmenter la production en cas de besoin”, explique le DGA Emmanuel Chiva. Objectif affiché : 2.000 réservistes.
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