Ce texte pourrait être dédié à ceux qui s’interrogent sur l’accord entre le KPRF et le gouvernement, il devrait les aider à mieux percevoir comment le premier parti d’opposition en Russie, les communistes, est à la fois pleinement impliqué dans la guerre patriotique contre les “gloutons” de l’impérialisme US et comment il dénonce ses propres gloutons occupés non à sauver la patrie mais à voler la population. Et voici une description de la manière dont certains continuent à accumuler, on s’y croirait. Le seul à qui le KPRF et principalement Ziouganov, attribue une position “gaullienne”, à la fois l’homme des monopoles et patriote, mais qui n’est jamais cité ici c’est Poutine. Le KPRF exerce une pression constante sur tout ce qui ne va pas dans le peuple comme dans l’armée et il exige que cela soit sanctionné et transformé en montrant que l’oligarchie est une “cinquième colonne”, j’ajouterais volontiers partout et toujours y compris en France où nous avons les mêmes. Nous ne sommes donc de la part des communistes russes ni dans l’union sacrée, ni dans la lutte contre ses propres généraux parce que (l’analyse est très proche de celle de la Chine) l’agresseur systématique, le danger existentiel pour la Russie, comme pour le reste du monde, c’est l’impérialisme américain. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
https://kprf.ru/party-live/opinion/217297.html
Nous sommes convaincus que ce n’est un secret pour aucun de nos lecteurs : notre pays se trouve aujourd’hui dans une situation extrêmement dangereuse. A cet égard, le leader du KPRF, Guennadi Ziouganov, a lancé à plusieurs reprises des appels à l’unité et à la mobilisation de la société au nom de la sauvegarde de la Patrie. Mais ces appels ont-ils été entendus par les autorités ?
Article de la Pravda, par Mikhail KOSTRIKOV
13 mars 2023
L’Occident ne cache pas qu’il mène essentiellement une guerre pour résoudre définitivement la question russe et, plus largement, toute la question des Slaves de l’Est. Les impérialistes ont besoin de nos ressources, mais les Russes, les Biélorusses ou les Ukrainiens eux-mêmes ils n’en ont pas besoin. Leur sort et celui des autres peuples de l’ex-URSS ne préoccupe pas plus le capital transnational que le sort des Chinois pendant les guerres de l’opium ou des Indiens pendant la répression du soulèvement des Sipaïs dans le passé.
Et que fait la classe dirigeante russe en réponse aux appels à la mobilisation et à l’unité ? Elle est occupée à faire ce qu’elle aime : voler la population. Ce qui suit pourrait être énoncé en deux phrases exactement : “Les Russes sont endettés jusqu’au cou” et “La fortune des milliardaires russes s’est accrue”.
Soyons plus précis. Le bureau de crédit Scoring Bureau a publié les résultats de son enquête 2022. Il s’avère que parmi les Russes qui ont contracté des prêts, la part de ceux qui ont quatre obligations ou plus envers les banques a augmenté. Au milieu de l’année dernière, 5,2 millions de personnes avaient contracté plus de trois prêts. À la fin de l’année, leur nombre avait augmenté : sur le nombre total de débiteurs, la part de ceux qui ont quatre prêts actifs ou plus est passée de 11,6 % à 13,8 %. Le nombre moyen de prêts par emprunteur dans son ensemble a également augmenté : de 1,9 à 2,05.
Afin d’adoucir le tableau, un certain nombre d’experts engagés trouvent des explications commodes à ce qui se passe. Tout d’abord, ils tentent de souligner qu’il s’agit d’un signe d’amélioration des connaissances financières de la population, qui a commencé à utiliser l’argent emprunté de manière plus active. C’est l’excuse des naïfs et des ignorants en matière d’économie politique. Sous le capitalisme, le crédit n’est rien d’autre qu’un moyen d’exploitation, de faire du profit.
Lorsqu’une personne a un tas de crédits, cela indique qu’elle n’a pas les moyens de subvenir à ses besoins et qu’elle est en esclavage. Et elle y replonge, selon le principe “emprunter pour rembourser”, parce qu’elle ne peut plus rembourser elle-même. C’est un cercle vicieux, dont seuls quelques-uns parviennent à sortir. C’est ainsi que fonctionne le capitalisme.
En résumé, l’augmentation de la charge du crédit pour les citoyens moyens n’est pas la preuve d’une “culture financière accrue”, mais d’un appauvrissement. Et un employé endetté est une aubaine pour un employeur. Il est pris au piège et on peut faire pratiquement n’importe quoi avec lui, en ignorant le droit du travail, car lui-même ne démissionnerait pas et n’oserait même pas évoquer ses droits de peur d’être licencié.
Quelle est la toile de fond de tout cela ? Bloomberg a mis à jour son classement des milliardaires en dollars du monde. Il y a 22 représentants de la Fédération de Russie. Rien qu’au cours des deux premiers mois de cette année, leur fortune cumulée a augmenté de 10,4 milliards de dollars.
L’année dernière, les médias ont répété à l’envi à quel point l’oligarchie russe avait souffert du déclenchement de l’opération SVO en Ukraine. Certains ont vu leurs villas saisies, certains ont vu leurs comptes bloqués, certains ont vu leurs enfants exclus d’une université étrangère, certains ont vu confisqué leur yacht de la taille d’un croiseur (soit dit en passant, la marine russe n’a pas reçu un seul nouveau navire de surface de la classe des croiseurs au cours de ce siècle). Mais, comme on peut le voir, tout n’est pas si noir en fin de compte : les capitauxs se développent à nouveau. Mais quoi qu’on en pense, nous voyons un lien direct et inextricable entre ce fait et l’augmentation des dettes des Russes ordinaires.
Dans ce contexte, le gouvernement russe envisage sérieusement d’augmenter la charge fiscale, non pas sur l’oligarchie, mais sur l’ensemble de la population. En d’autres termes, personne n’arrêtera l’avidité de l’oligarchie. Ils vont combler le déficit budgétaire aux dépens des citoyens russes qui sont déjà surendettés. Ceux-là mêmes qui collectent aujourd’hui de l’argent par SMS non seulement pour le traitement d’enfants gravement malades, mais aussi pour des prothèses destinées aux militaires blessés dans le cadre de l’opération SVO.
Voilà pour ce qu’il en est de l'”unité”.
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