Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La France va-t-elle pouvoir maintenir sa position en Afrique ?

La réponse de l’article est “Non” et il y en a de plus cruels sur ce que représente la France et son président et pas seulement en Afrique (l’article sur l’Asie centrale et l’Afghanistan que nous publions aujourd’hui n’est pas un cas isolé, tout le monde se moque de notre paltoquet national). Pendant longtemps l’URSS puis la Russie a eu une sorte de vénération pour la France, mais là aussi la manière hypocrite, le double jeu, pour se révéler le vassal des Etats-Unis, et ce que Macron est prêt à subir d’humiliation de l’Amérique tranche sur l’arrogance et la rancune qu’il déploie au nom de la France contre la Russie, la Chine, alors que notre pays mis à mal par leurs politiques n’est plus en état d’assurer sa présence néo-coloniale, que les peuples supportent de plus en plus mal. Pouvons-nous réellement être étonnés quand en France même nous savons ce qu’un tel individu et son groupe de courtisans financé par les trusts de l’armement, ceux du BTP, peuvent accomplir en matière de négation des droits et des conquis du peuple français? Pourquoi voulez-vous qu’il se conduise mieux à l’étranger? (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Chronique : PolitiqueRégion: Afrique

Le français en Afrique

Du 1er au 5 mars, le président français Macron s’est rendu dans un certain nombre de pays africains, en laissant aux observateurs un goût amer dans la bouche. Conçu en grande pompe comme une présentation du cours ostensiblement nouveau de Paris visant à une « coopération égale » avec le continent africain, on ne s’en souviendra que pour les scandales, les prises de bec publiques avec les présidents africains et les railleries de leur part qui reflétaient le désavantage évident des relations bilatérales.

Dans l’ensemble, la visite n’a pas renforcé la crédibilité de Paris ni ses liens avec l’Afrique. Suite aux pertes importantes que la France a subies en Afrique ces dernières années, le Palais de l’Élysée devrait se concentrer sur la préservation des diamants africains qui restent dans sa couronne plutôt que de prétendre étendre son influence. Et il n’en a plus beaucoup. Après la défection du Mali et du Burkina Faso, le Maroc passe progressivement mais sûrement du camp français au camp américain, réduisant encore le champ de manœuvre pour Paris, qui doit regarder autour de lui et réfléchir à la manière de sauver ce qu’il reste. Qu’a-t-il dans sa tirelire ?

Le « coffre » le plus riche dans lequel les Français gardent les richesses pillées aux Africains est… le Trésor français lui-même. Le système de collecte d’argent à travers l’organisation sous-régionale de coopération économique de l’Afrique de l’Ouest, la CEDEAO (la quasi-totalité de ses 15 membres sont d’anciennes colonies françaises) est bien amarré et il permet que près de la moitié de leur potentiel économique soit mis au service de l’économie française.

La CEDEAO elle-même a été fondée en 1975 sur la base du Traité de Lagos et comprenait initialement 16 pays, mais plus tard, le seul pays arabe, la Mauritanie, s’en est retiré, restant simple membre associé. Lorsque l’organisation a été fondée, les objectifs les plus nobles ont été déclarés – l’intégration économique de la région, son autosuffisance avec la transition ultérieure vers une fédération, une citoyenneté unique et une monnaie unique. Mais il se trouve que l’élément le plus avancé de l’intégration a été la création de sa propre monnaie unique – le franc CFA ouest-africain, qui combine les monnaies des huit pays de cette association, membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, formée en 1994 (un certain nombre d’autres pays utilisent également cette monnaie). Et « tout à fait par hasard » cette monnaie est rattachée à l’euro, et 50% des réserves de change de ces pays sont stockées à la Banque centrale française, ce qui prive complètement ces pays d’indépendance économique. En outre, les tentatives de certains de ces pays de transférer leurs réserves d’or vers d’autres juridictions se sont avérées infructueuses à plusieurs reprises, ce qui provoque naturellement le mécontentement des pays membres.

Paris est désormais contraint de répondre à cette situation et il a proposé en 2020 un projet de loi à cet effet à l’Assemblée nationale française, selon lequel le franc CFA devrait être remplacé par l’ « eco » déjà sans être lié au dépôt obligatoire en France. Le projet a été approuvé et ratifié. Cependant, il s’est avéré que la pandémie l’a enterré pendant longtemps. En juin 2021, la CEDEAO l’a réexaminé et un sommet des pays membres a convenu d’un pacte de « convergence monétaire » de cinq ans, ainsi que d’une feuille de route pour lancer une nouvelle unité monétaire, désormais régionale, d’ici 2027.

Plus récemment, le 24 janvier 2023, le président de la Guinée-Bissau, qui est en juin 2022 l’actuel président de la CEDEAO, s’est engagé à relancer le projet, tout en renforçant le commerce intérieur entre les pays de la CEDEAO, qui représente actuellement moins de 10% du commerce total. Dans quelle mesure cela peut fonctionner et comment, on ne sait pas encore. Beaucoup soupçonnent que Paris va se débrouiller pour que la réforme du franc CFA soit cosmétique et ne change pas l’essence des relations économiques entre les pays membres de l’association et la France, qui utilise activement la monnaie ouest-africaine dans l’intérêt des sociétés françaises et multinationales basées sur son territoire, qui tiennent les marchés de ces États sous leur contrôle et les pompent pour le profit, y compris les ressources naturelles. Le « cheval de Troie » de Paris dans la CEDEAO, c’est la Côte d’Ivoire et le régime fantoche mis en place par Paris, qui porte les intérêts français dans l’organisation sous le couvert d’intérêts africains.

Que Paris puisse ou non réussir un autre tour avec la « réforme » de la monnaie n’est pas encore sûr. Encore une fois, à l’instigation de Paris, l’adhésion des pays membres de la CEDEAO où il y a eu des coups d’État récents, tels que la Guinée, le Mali et le Burkina Faso, est suspendue, et des réformes importantes qui affectent leurs intérêts nationaux fondamentaux peuvent être menées par des organisations régionales sans leur participation et en tenant compte de leur position par les alliés ou, plutôt, satellites de la France, comme la Côte d’Ivoire. On a du mal à croire que l’Elysée ne profitera pas de ces opportunités.

Les deux autres pays où Paris tentera par tous les moyens de maintenir son influence sont le Tchad et le Niger, où se concentrent les réserves stratégiques d’uranium, d’or et d’autres minéraux. En outre, le Tchad occupe une position stratégique importante, bordant la Libye au nord et le Soudan à l’est, ce qui en fait une zone de transit importante impliquée à la fois dans le trafic d’armes et de migrants. Le Tchad a lui aussi un leadership discutable en termes de démocratie occidentale – le fils du président Idriss Déby, tué il y a deux ans, Mahamat Déby, qui dirige le Conseil militaire de transition. Mais Paris, si sensible à la question au Mali et au Burkina Faso, y prête peu d’attention dans cette affaire, car c’est « notre fils de pute ».

Plus important encore pour Paris est le Niger, où les réserves d’uranium, essentielles pour l’industrie nucléaire française, sont activement exploitées. Paris y est couvert par Washington, qui dispose d’une chaîne de bases militaires, d’aérodromes et de centres de reconnaissance avec des drones. Bien sûr, Paris se battra jusqu’au bout pour cette région stratégique de l’Afrique, ce qui, cependant, ne garantit pas le succès.

En fait, Paris n’a plus qu’une seule direction à prendre en Afrique : perdre encore plus de poids et d’influence. Il y a de plus en plus de raisons à cela. La France s’intéresse de moins en moins aux États africains. Ses capacités militaires diminuent, l’efficacité de sa participation à la résolution des problèmes de sécurité du continent est extrêmement faible, ce qui conduit de plus en plus d’États à refuser son aide. Le modèle socio-politique français perd également de son attrait dans le contexte des problèmes économiques croissants du pays, et avec eux les protestations contre la ligne politique et économique interne de Macron nommé par Rothschild. Ils doivent subir des conférences arrogantes constantes sur la nécessité de se conformer aux normes démocratiques sur fond de suppression des droits des citoyens et de la nature de plus en plus policière de l’État français, frappent les yeux des Africains, ainsi que la propagande croissante des valeurs LGBT comme unique norme démocratique. Dans cette optique, le stockage des réserves ouest-africaines dans la trésorerie parisienne apparaît de plus en plus anachronique.

En Afrique, ils ne peuvent manquer de voir la perte quasi totale de souveraineté de Paris dans les affaires européennes, où il a démontré sa servilité absolue et sa dépendance vis-à-vis de Washington, notamment en ce qui concerne le conflit en Ukraine. Dans ce contexte, les tentatives de Paris de régler la situation par des slogans forts sur le « changement de cap », la repentance tardive pour les péchés de l’époque du colonialisme, ainsi que blâmer le PMC Wagner pour ses problèmes semblent plutôt pathétiques. Le jour n’est pas loin où la France, comme d’autres colonialistes, sera expulsée du continent comme incapable de faire face aux défis de la nouvelle ère. À leur place viendront d’autres forces qui préconisent une véritable coopération égale et sa nature mutuellement bénéfique fondée sur les principes d’un monde multipolaire, ainsi que sur des normes du droit international interprétées sans ambiguïté.

Pogos Anastasov, expert politique et orientaliste, en exclusivité pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».Tags: AfriqueEmanuel MacronRessources énergétiquesFrance, Géopolitique

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3 Commentaires

  • Xuan

    Le 18 février et selon maliweb, au Niger : 14 Centrales syndicales exigent le départ des troupes étrangères

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    • etoilerouge
      etoilerouge

      Certes mais ces soi disant centrales syndicales st financées par les usa. Pour l’instant il s’agit du remplacement du piteux colonialisme à la française par l’impérialisme usa . Blanc bonnet bonnet blanc

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      • admin5319
        admin5319

        alain au lieu de dire n’importe quoi sur l’Afrique, pourquoi toi qui a des compétences sur le sujet tu n’iterviens pas sur les banques…

        Répondre

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