Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

“L’Humanité”, s’agit-il bien du même journal ?

Voilà ce que Marianne a reçu de nos amis du KPRF… Au fur et à mesure que nous lisions l’article, la stupéfaction nous saisissait. Certes Vadim Kamenka s’est parfois distingué de la ligne du journal en osant quelques reportages sur ce qui se passait à Odessa et dans le Donbass, mais la manière dont il présente la ligne éditoriale du journal aux camarades de Rostov-sur-le-Don est pour le moins… disons optimiste… que faut-il en déduire? Que l’humanité a entendu notre plainte ici même (1), on peut toujours rêver… l’avenir le dira, en attendant incontestablement il aura été “brillant” dans sa manière de présenter le journal, quant à la “sincérité”, il est bien pauvre celui qui ne peut pas promettre. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

(1) Et si de temps en temps le PCF donnait la parole aux communistes de Russie et d’Ukraine, au lieu des disciples de Bandera et des marchands d’armes ? | Histoire et société (histoireetsociete.com)

https://gazeta-pravda.ru/issue/22-31371-1013-marta-2023-goda/nasledniki-parizhskoy-kommuny/?sphrase_id=136539

Les héritiers de la Commune de Paris, par Natalia Krioukova

N° 22 (31371) 10-13 mars 2023
2 page
Auteur : Natalya KRYUKOVA, la Pravda, Rostov-sur-le-Don.

Le Comité régional de Rostov du KPRF a accueilli une réunion de membres du Komsomol, de communistes, d’étudiants des universités du Don et de représentants des médias locaux avec Vadim Kamenka, chef du département international du journal l’Humanité. Le journaliste français a analysé l’évolution de la politique et de l’économie mondiales et la manière dont elles affectent sérieusement le développement et les relations entre nos pays. Les citoyens de Rostov-sur-le-Don se sont intéressés à la manière dont les communistes français vivent et luttent pour les droits des travailleurs et dont les syndicats européens défendent leurs intérêts.

L’invité des communistes du Don a communiqué librement avec les participants à la réunion dans leur langue maternelle. Selon Vadim, sa connaissance du russe est une sorte de devoir rendu à la mémoire de ses ancêtres. Après la révolution d’octobre, son arrière-arrière-grand-père s’est installé à Paris, où il a participé au règlement de transactions financières entre la Russie et la France. Son arrière-grand-père a également dirigé le studio de cinéma “Albatros”, qui réunissait sous un même toit des réalisateurs et des acteurs russes et français. Dans les années 1960, il a été le producteur des premiers films franco-soviétiques, Normandie-Niemen, sur l’escadrille héroïque qui a combattu aile contre aile avec les as “rouges” contre les nazis, et La troisième jeunesse, sur le maître de ballet russe, le Français Marius Petipa. Son père est un journaliste international, représentant l’Agence France-Presse, et a travaillé de nombreuses années en URSS. En 2018, c’est Patrick Kamenka qui a protesté au nom du Syndicat national des journalistes français, condamnant la décision des autorités de bloquer les médias russes dans le pays.

Vadim s’est imprégné de l’amour de la Russie, de son histoire et de ses traditions, et a poursuivi la dynastie familiale du journalisme. En tant que correspondant de l’Humanité, il a parcouru la moitié du monde, s’est rendu en Europe de l’Est, mais la couverture de la question russe reste l’objectif principal de son travail d’investigation. Cette fois encore, Kamenka est venu dans notre pays pour voir la vie des gens ordinaires, pour découvrir ce qu’ils vivent et l’air qu’ils respirent. Il s’est déjà rendu à Moscou, à Samara, à Volgograd et maintenant il est venu au pays du Don paisible, où il n’était pas allé depuis de nombreuses années, pour découvrir ce qu’est la vie dans la région frontalière après le début de l’opération militaire spéciale.

Le conflit ukrainien est au cœur de sa plume depuis plus de dix ans. Vadim s’est rendu à de nombreuses reprises dans le Donbass, notamment en 2014, où il a travaillé à Lougansk, Marioupol et Slaviansk, préparant des reportages depuis la ligne de confrontation. Il a envoyé des documents depuis Donetsk, la ville insoumise, en février dernier, lorsque la reconnaissance de l’indépendance des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk a été connue. Il a raconté à ses compatriotes comment, quelques minutes après la déclaration du président russe, les habitants de Donetsk ont commencé à se rassembler devant le monument de Lénine, sur la place centrale de la ville, pour saluer ensemble cet événement historique, dans l’espoir qu’il soit le signe avant-coureur de la paix sur leur terre qui souffre depuis longtemps.

Vadim a déclaré à l’assemblée que les citoyens des pays européens, en particulier de la France, se trouvaient dans un vide informationnel qui les privait de la possibilité de connaître la vérité sur les événements qui se déroulaient en Ukraine. Ils sont sous le feu constant de la propagande, des informations intimidantes sur la “menace russe”. Mais c’est l’Humanité, bien avant le début de la SVO, qui a expliqué à ses lecteurs l’essence de la politique agressive de l’Occident, qui attise le feu de la guerre en Europe de l’Est, étend l’avancée de l’OTAN vers les frontières de la Russie, accélère la course aux armements et détruit les acquis sociaux obtenus par les militants du mouvement ouvrier. Le journal de gauche proche du parti communiste français a, au fil des ans, écrit sur le soutien de l’Amérique aux régimes d’extrême droite dans les pays de l’ancien Pacte de Varsovie. Cette politique a conduit les descendants d’Hitler à ressusciter le fascisme dans les pays baltes et en Ukraine, les Banderistes à réécrire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et à piétiner la victoire remportée par l’Union soviétique.

À la question du correspondant de la Pravda de savoir si la gauche française ne voit pas de contradiction dans le fait qu’en soutenant les actions de la partie russe en Ukraine, elle se range du même coup du côté d’un gouvernement parvenu à la tête de l’État sur une vague antisoviétique et anticommuniste, Vadim a répondu avec assurance : “Non”. Il est convaincu que les forces progressistes en France comprennent que les clans oligarchiques qui ont de l’influence dans la Russie post-soviétique profitent des horreurs et des difficultés de la guerre. Comme toujours, les guerres profitent aux capitalistes qui en tirent profit, mais ce n’est pas vers eux que se tourne la sympathie du public progressiste français.

La gauche et les citoyens français soutiennent les combattants russes engagés dans l’opération militaire spéciale de défense des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, de dénazification et de démilitarisation de l’Ukraine, en lutte contre la horde fasciste. Tous ceux qui luttent contre les autorités nazies qui, pendant des années, ont exterminé la population russophone, persécuté les opposants à l’idéologie nazie, massacré les personnes âgées et les enfants et bombardé la population civile avec des armes lourdes. Ils les soutiennent comme ils avaient soutenu la Russie soviétique et l’Armée rouge dans la lutte contre l’hitlérisme. Les Français sont convaincus d’une victoire rapide sur les partisans d’Hitler dans cette lutte sacrée et pensent que la racaille bandériste ne reviendra plus jamais sur notre planète.

Vadim Kamenka est convaincu que ce sont les représentants du camp socialiste, les communistes, qui sont toujours honnêtes quant à l’identité du véritable responsable des affrontements militaires, de la pauvreté, de tous les troubles et de la souffrance dans le monde. Quels que soient les vêtements attrayants que portent les libéraux et les droitiers, quelles que soient les belles promesses qu’ils font à leurs électeurs, Vadim est certain que l’essentiel pour eux restera toujours le veau d’or, leur profit personnel, pour lequel ils sont prêts à toutes les bassesses et à tous les crimes contre leur peuple. Seuls les gens de gauche, lorsqu’ils arrivent au pouvoir, s’occupent des gens, mettent en œuvre des politiques sociales équitables, construisent des jardins d’enfants et des écoles, créent des emplois et adoptent des lois qui facilitent la vie des travailleurs, et non des riches qui gagnent leur vie en vendant des armes et des ressources naturelles. C’était le cas en URSS, en France, à Cuba, au Venezuela, en Bolivie, au Nicaragua, a déclaré le journaliste de l’Humanité.

Les jeunes du Komsomol ont demandé à l’invité comment les partis de gauche et les syndicats parvenaient à organiser des protestations de masse, à amener les Français à des rassemblements et des manifestations contre la violation de leurs droits et l’augmentation de l’âge de la retraite.

Selon Vadim Kamenka, la situation socio-économique de la France est aujourd’hui difficile. L’inflation est élevée, les prix des matières premières et des carburants montent en flèche, il y a du chômage et la population s’appauvrit. La propagande de Macron impute tous ces malheurs à la pandémie passée ou à la Russie qui se bat en Ukraine. Mais les propagandistes de gauche, y compris ceux de l’Humanité, ne se lassent pas de désigner les véritables responsables de l’aggravation de la crise. Il s’agit du gouvernement bourgeois, qui s’est déconnecté des besoins de la population, des compagnies pétrolières privées qui reportent le poids de leurs dépenses sur les citoyens ordinaires, et des sanctions anti-russes qui ont été adoptées. Cette prise de conscience, Kamenka en est convaincu, incite les Français à sortir manifester pour demander au gouvernement de relâcher la pression sur la Russie, de prendre enfin de vraies mesures contre l’inflation, de geler les prix de l’essence et des produits de première nécessité.

Les tentatives de modification du système des retraites, introduit après la Seconde Guerre mondiale, d’ailleurs par le ministre communiste Ambroise Croise, se succèdent depuis plusieurs années et provoquent à chaque fois une vague de colère populaire.

La culture séculaire de la protestation civile qui existe depuis la prise de la Bastille fait descendre dans la rue des millions de Français qui ne vont pas tolérer servilement les mesures antidémocratiques et antisociales du gouvernement. Les syndicalistes peuvent entrer dans les entreprises et les établissements d’enseignement, et les citoyens ordinaires ne craignent pas de perdre leur emploi ou leur place à l’université en participant à des actions antigouvernementales, en élevant la voix contre la réaction et l’arbitraire. Les comités syndicaux français sont une véritable force contre l’arbitraire, souligne l’auteur de l’Humanité.

Il évoque les liens étroits entre les syndicats et le PCF, l’assistance mutuelle qu’ils s’apportent. Toutes les forces vives du pays, a souligné Vadim Kamenka, sont convaincues que sans un virage à gauche, le pays ne pourra pas sortir du trou socio-économique dans lequel il a été poussé par les politiciens libéraux pro-américains.

– L’Humanité est devenue une plate-forme où toutes les forces progressistes de l’opposition se sont rassemblées. Notre journal écrit la vérité, car il ne dépend pas financièrement de groupes oligarchiques comme les médias bourgeois, mais uniquement de l’argent de ses lecteurs. Il reste fidèle aux convictions de son premier dirigeant, Jean Jaurès, qui a voulu garantir l’unité socialiste dans le cadre du journal. Notre fête, qui se tient régulièrement à La Courneuve, en banlieue parisienne, attire des centaines de milliers de visiteurs de tous âges et de tous horizons. Les rencontres et les débats organisés par le comité de rédaction réunissent des représentants des partis communistes du monde entier : Algérie, Tunisie, Mali, Chili, Vietnam, Portugal, Turquie, Chine et, bien sûr, Russie. Ce n’est qu’en s’unissant sous le drapeau rouge, au son de la Marseillaise, que l’on peut s’opposer à la propagande bourgeoise et au grand capital”, a déclaré le correspondant de l’Humanité.

Selon lui, c’est la décision de présenter un front uni lors des dernières élections législatives qui a placé les forces de gauche en deuxième position dans la course électorale et privé la coalition présidentielle de Macron d’une majorité absolue. Et le Parti communiste français, dirigé par Fabien Roussel, a considérablement renforcé sa position, augmentant régulièrement le nombre de ses élus dans les conseils municipaux et les conseils d’agglomération.

Les points de vue des communistes et des membres du Komsomol du Don et du journaliste progressiste français se sont avérés similaires sur de nombreuses questions fondamentales. Et c’est compréhensible : les héritiers de la Commune de Paris et de la Grande Révolution socialiste d’octobre professent les mêmes idéaux. Les citoyens de Rostov ont offert à Vadim Kamenka des livres et des souvenirs portant les symboles du KPRF, lui ont souhaité bonne chance dans son travail, des rencontres intéressantes en Russie et de nouveaux articles brillants et sincères.

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3 Commentaires

  • Alain Girard
    Alain Girard

    Effectivement, comme un problème…
    https://www.pressegauche.org/Tatyana-journaliste-russe-Alors-que-je-n-ai-que-22-ans-je-me-sens-coupable-de

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  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    En effet: très surprenant!!!
    Cela me donne l’occasion de dire que j’ai travaillé pour “L’Humanité” pendant 5 ans (1962/1967). Le Parti m’avait demandé à l’époque, alors que j’étais jeune adhérent, de quitter mon entreprise pour devenir livreur de “L’Huma” quotidienne à Brest. J’avais environ 250 lecteurs à fournir tous les jours. Je faisais 90 km par jour en vélomoteur (pas de permis, pas de voiture), sous tous les temps. J’ai assuré du mieux que j’ai pu. C’était très dur.(mauvais temps, encaissements, les comptes-chéques étaient très peu connus à l’époque)
    J’ai dans ma bibliothèque un petit bijou de bouquin, édité en 2015: 30 ans d’Humanité écrit par José FORT.
    Je ne résiste pas au plaisir, Danielle, à écrire la première page, signée Louis ARAGON parue dans Les Lettres Françaises no 771 (30 avril au 6 mai 1959).Le titre de l’article s’intitule: Je n’ai pas toujours été l’homme que je suis:

    Je n’ai pas toujours été l’homme que je suis. J’ai toute ma vie appris pour devenir l’homme que je suis, mais je n’ai pourtant pas oublié l’homme que j’ai été, ou à plus exactement parler les hommes que j’ai été. Et si entre ces hommes-là et moi il y a contradiction, si je crois avoir appris, progressé, changeant, ces hommes-là quand, me retournant, je les regarde, je n’ai point honte d’eux, ils sont les étapes de ce que je suis, ils menaient à moi, je ne peux pas dire moi sans eux.
    Je connais des gens qui sont nés avec la vérité dans leur berceau, qui ne se sont jamais trompés, qui n’ont pas eu à avancer d’un pas de toute leur vie, puisqu’ils étaient arrivés quand ils avaient encore la morve au nez. Ils savent ce qui est bien, ils l’ont toujours su. Ils ont pour les autres la sévérité et le mépris que leur confère l’assurance triomphale d’avoir raison. Je ne leur ressemble pas (…) Je n’ai pas une seule certitude qui ne me soit venue autrement que par le doute, l’angoisse, la sueur, la douleur de l’expérience. Aussi ai-je le respect de ceux qui ne savent pas, de ceux qui cherchent, de ceux qui tâtonnent, qui se heurtent. Ceux à qui la vérité est facile, spontanée, bien entendu j’ai pour eux une certaine admiration mais, je l’avoue, peu d’intérêt. Quand ils mourront, qu’on écrive donc sur leur tombe: il a toujours eu raison…, C’est ce qu’il mérite et rien de plus. Il faut appeler les choses par leur nom.

    La préface du livre est signée Roland LEROY. Je n’en dis pas plus.

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  • rhodine
    rhodine

    Non mais ces gens s’imaginent que leurs mensonges ne sortiront jamais au grand jour ?

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