Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les manifestants et la police s’affrontent alors que les manifestations contre les accidents de train en Grèce reprennent

L’erreur est humaine, mais elle a révélé jusqu’où va le délabrement de la Grèce, avec la capitulation complète des gouvernements devant la corruption née de la complicité des oligarques avec l’étranger. Les Grecs sont devant les résultats des programmes de « sauvetage », imposés par la Troïka (UE, BCE, FMI) en 2010 et toujours en place, qui étaient selon les Grecs qui manifestent en réalité des programmes de destruction et de pillage de la Grèce, ayant également contribué à la montée d’une « nouvelle » droite, représentant les pires traditions du pays. Rien de semblable n’est apparu en Grèce depuis l’effondrement de la dictature militaire, en 1974. La Grèce qui s’est récemment opposée aux livraisons d’armes a à l’occasion de ce terrible accident de train vu se rassembler la jeunesse, les ouvriers des transports ferroviaires en particulier. C’est une des manifestations qui secoue l’Europe et qui exprime le désaveu des gouvernants. Comme en France avec le mouvement des retraites, il y a une profonde crise qui dit à quel point le jeu institutionnel est bloqué, les politiques désavouées et une perspective politique a du mal à naitre dans les dégâts laissés par l’eurocommunisme, le sectarisme, le refus de la prise en compte du basculement géopolitique alors que la combativité est là. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

06/03/2023

Des manifestants ont affronté la police devant le parlement grec à Athènes dans le cadre de manifestations continues contre le gouvernement.

5 mars 2023

Des affrontements ont éclaté entre la police et un groupe de manifestants devant le parlement grec à Athènes en marge d’une manifestation de milliers d’étudiants et de cheminots contre l’accident de train le plus meurtrier de mémoire d’homme en Grèce.

Un petit groupe de manifestants a lancé des bombes à essence sur la police et incendié des poubelles dimanche.

La police a répondu en tirant des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes, dégageant la place Syntagma des manifestants en quelques minutes. Les manifestants se sont ensuite dispersés dans les rues voisines.

La police a déclaré que 12 000 personnes s’étaient rassemblées près de la grande esplanade devant le parlement pour demander des comptes pour la collision frontale de mardi près de la ville centrale de Larissa qui a suscité une indignation généralisée.

Au moins 57 personnes ont été tuées et des dizaines ont été blessées lorsqu’un train de voyageurs avec plus de 350 personnes à bord est entré en collision avec un train de marchandises sur la même voie dans le centre de la Grèce.

Après les manifestations des trois derniers jours à travers le pays, quelque 10 000 étudiants, cheminots et groupes affiliés à des partis de gauche se sont rassemblés sur la place Syntagma d’Athènes pour exprimer leur sympathie pour les vies perdues et exiger de meilleures normes de sécurité sur le réseau ferroviaire.

« Ce crime ne sera pas oublié », ont crié les manifestants en lâchant des ballons noirs dans le ciel. Sur une pancarte, on pouvait lire : « Leurs politiques coûtent des vies humaines. »

Le train, qui voyageait d’Athènes à la ville septentrionale de Thessalonique, était rempli d’étudiants universitaires revenant après un long week-end de vacances. La catastrophe a déclenché une vague de colère, ainsi qu’une forte attention portée aux normes de sécurité.

Les cheminots, qui ont également perdu des collègues dans l’accident, ont organisé des débrayages tournants depuis mercredi pour dénoncer la réduction des coûts et le sous-investissement dans l’infrastructure ferroviaire, héritage de la crise de la dette débilitante de la Grèce de 2010 à 2018.

Le PM promet la justice

Le gouvernement du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a blâmé l’erreur humaine pour l’accident. Cependant, Mitsotakis a déclaré dimanche que l’erreur humaine ne devrait pas détourner l’attention des responsabilités d’un réseau ferroviaire qui souffre depuis longtemps.

« En tant que Premier ministre, je dois des excuses à tout le monde, mais surtout aux proches des victimes », a-t-il écrit sur Facebook. « La justice enquêtera très rapidement sur la tragédie et déterminera les responsabilités. »

Un chef de gare de la ville voisine de Larissa, qui était en service au moment de l’accident, a été inculpé cette semaine d’avoir mis des vies en danger et d’avoir perturbé les transports publics.

Le chef de gare, qui ne peut être nommé en vertu de la loi grecque, a comparu devant un magistrat dimanche après que son avocat a demandé un délai supplémentaire samedi pour répondre aux accusations à la suite de nouvelles informations concernant l’affaire. Ces procédures étaient en cours.

Les syndicats des cheminots affirment que les systèmes de sécurité sur l’ensemble du réseau ferroviaire sont déficients depuis des années, car un système de surveillance et de signalisation à distance n’a pas été livré à temps. Ils ont demandé au gouvernement de fournir un calendrier pour la mise en œuvre des protocoles de sécurité.

Mitsotakis a déclaré dimanche que s’il y avait eu un système à distance en place sur tout le réseau ferroviaire, « il aurait été, en pratique, impossible que l’accident se produise ».

La Grèce annoncera bientôt des mesures, a-t-il déclaré, ajoutant qu’Athènes solliciterait l’expertise de la Commission européenne et d’autres pays pour améliorer la sécurité ferroviaire.

Le pape François a déclaré dimanche que ses pensées étaient avec les victimes de l’accident. « Je prie pour les morts, je suis proche des blessés et de leurs proches, et que Notre-Dame les réconforte », a-t-il déclaré dans son discours hebdomadaire à la foule sur la place Saint-Pierre, à Rome.

Les services de train et de métro ont été paralysés par la grève.

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2 Commentaires

  • Chabian
    Chabian
    • Accident de train en Grèce :
    • C’était à peu près la seule ligne de train en Grèce. Les deux trains étaient sur la même voie plusieurs kilomètres avant la collision.
    • La circulation des trains est privatisée et rapporte. Mais l’infrastructure repose sur l’impôt. (Idem pour l’aéroport).
    • Le salaire grec n’a pas rattrapé encore le « SMIC » de 2008, alors que le coût de la vie a augmenté de 16 %.
    • La dette grecque n’a pas diminué depuis 2008, malgré les politiques d’austérité drastique. C’et un échec manifeste pour les promesses de l’Union Européenne
    • Avec les politiques européennes, la natalité a beaucoup baissé. Les jeunes s’expatrient après leurs études. Il y avait de nombreux étudiants dans le train qui a fait 57 morts et de très nombreux blessés..
    • Le chef de gare était trop jeune et trop incompétent pour le poste, mais était pistonné par une députée…
    • Une commission parlementaire doit enquêter sur l’accident. Pour la présider, on avait désigné celui qui a a dirigé jadis le rail, puis qui fût à la tête de l’autorité de privatisation de tout le patrimoine d’État, sous pression européenne. Il a dû démissionner.
    • Tous les partis ont été au pouvoir depuis 20 ans. La situation grecque est explosive, un mois avant les élections (qui vont sans doute être reportées)…

    (D’après un article/interview sur RFI.fr)

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  • Xuan

    Sans atténuer l’incurie et l’oppression de la bourgeoisie grecque, un mot sur les rapports de domination au sein de l’Europe. Ils ne sont pas étrangers à ce qu’on voit en Grèce.

    Lors de la crise de l’Euro en 2011, le développement inégal des pays européens avait fait apparaître les faiblesses de certains. On imagine qu’alors une instance représentative de l’Union Européenne, des représentants élus allaient rencontrer leurs dirigeants pour établir un plan de redressement…mais non.

    Merkel et Sarkozy rencontrent Berlusconi le 22 octobre 2011.
    Le 30 octobre la BNP et Soc Gén retirent 60 % de leurs 393 milliards en Italie.
    Le 13 novembre Berlusconi démissionne.

    En Grèce, malgré le troisième plan d’austérité du 14 janvier 2010, puis un quatrième plan de 28,4 milliards d’euros en juin ou grâce à lui, nos deux acolytes représentants de l’UE rencontrent Papandreou à Cannes le 2 novembre.
    Le lendemain il annule son projet de référendum sur une sortie de la Grèce de l’UE.
    Il démissionne le 9 novembre, et c’est un sixième plan de 350 millions le 13 février.

    Le 27 juin 2015, et nous en sommes au huitième plan d’austérité, l’Eurogroupe exclut la Grèce de ses débats. Le lendemain le parlement grec approuve le référendum de Tsipras, puis la Grèce ne paie pas le FMI.
    La sortie de la Grèce de l’Union Européenne est en vue. Il serait temps de se débarrasser du canard boiteux, et c’est ce que souhaitent Merkel et Sarkozy, mais ce n’est plus lui qui est au pouvoir, c’est Hollande.

    Or le 4 juillet 2015 dans Le Monde, Jacques Delors appelle à « poursuivre l’Odyssée avec Athènes »
    « Chaussons les bonnes lunettes » écrit-il, il ne faut pas «imputer l’essentiel des problèmes d’Athènes à des causes extérieures ». Il demande au gouvernement grec « de bien considérer que la légitimité démocratique dont il est porteur ne saurait par nature s’imposer à celles qu’incarnent pareillement ses homologues européens ».
    En clair la démocratie européenne passe avant celle de la Grèce et c’est aux grecs de régler la facture.
     
    Puis il veut placer « l’évolution de la Grèce dans une perspective géopolitique, comme un problème européen, et qui le demeurera. Ce n’est pas seulement avec des microscopes du Fonds monétaire international (FMI) qu’il faut regarder la Grèce, mais avec des jumelles onusiennes, c’est-à-dire comme un Etat appartenant à des Balkans dont l’instabilité n’a guère besoin d’être encouragée, en ces temps de guerre en Ukraine et en Syrie et de défi terroriste – sans oublier la crise migratoire ».
    Le lendemain 61,3 % des grecs refusent un nouveau plan d’austérité.
     
    Delors a écrit ici «lunettes onusienne ». Or l’ONU avait accepté d’instaurer une zone d’exclusion aérienne sur la Libye, aux termes de laquelle et sous la direction de l’OTAN les avions Mirage 2000-5 français de l’EC (escadron de chasse) 1/2 Cigognes stationnés à Solenzara ont été transférés sur la base avancée de l’Otan en Crète (Grèce), dans le cadre de l’opération Harmattan.
    Car dès 1953 les USA peuvent utiliser en Grèce des bases navales et aériennes, et employer ” telles routes, voies ferrées et régions, ainsi qu’a construire, aménager et utiliser telles installations qui pourraient être nécessaires à la mise en application des plans approuvés par l’O.T.A.N. “
    Aucun dirigeant européen n’avait besoin d’explication de texte. Il était clair qu’il fallait préserver l’unité de l’OTAN, forcer la Grèce à rester en Europe et cela quel qu’en soit le prix pour les grecs : pas la peine d’étriper la Yougoslavie pour voir partir la Grèce on ne sait où.

    Le 7 juillet BHL dégomme le référendum : « ce n’est pas la démocratie qui a gagné en Grèce » dit-il. Le 9 Sarkozy retourne sa veste et approuve le maintien de la Grèce dans l’OTAN, pardon, dans l’Europe. On devine ici quel rôle a joué le gentil et souriant Hollande pour que Merkel s’aligne elle aussi.
    Au lendemain du référendum Varoufakis démissionne, et Siryza capitule le 10 juillet.
    Le 17 juillet Bruxelles débloque 7 milliards.

    Ainsi la domination financière et industrielle de deux pays en Europe et leurs calculs impérialistes sont-ils eux aussi à l’origine des drames actuels du peuple grec.

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