Une mise au point qui a le mérite de la clarté et de la concision et qui explique pourquoi ce qui aurait dû être traité par négociation diplomatique débouche aujourd’hui sur un conflit sanglant dont “le petit homme” fait les frais et d’autres en profitent, face à ce qui se découvre de plus en plus clairement comme une manœuvre belliciste de l’OTAN, il aurait fallu une instance internationale de négociation, que peut-on attendre de l’ONU, du conseil de sécurité et de nous-mêmes les occidentaux, nous dont les représentants unanimes à l’Assemblée nationale votent la guerre? : une lettre publiée dans l’IRISH TIMES d’avant-hier, de l’ambassadeur russe à Dublin qui nous a été transmise traduite par Catherine Winch, notre correspondante à Londres dit l’absence actuelle de lieu permettant une telle négociation (note de Danielle Bleitrach, traduction de Catherine Winch).
Monsieur, – Votre éditorial “L’Irlande devrait prendre l’initiative en matière de veto à l’ONU” (8 décembre) reflète une perception erronée courante dans les cercles politiques et les médias irlandais au sujet des Nations Unies.
La pièce maîtresse du système de l’ONU – son Conseil de sécurité – est un mécanisme unique de recherche de consensus, conçu pour n’aboutir qu’à des décisions pleinement consensuelles, de dénominateur commun, sur des questions cruciales de paix et de sécurité internationales.
L’utilisation du droit de veto par les cinq membres permanents est un élément indispensable de ce mécanisme, qui garantit la mise en place d’un système d’équilibre des pouvoirs.
Tout au long de l’histoire de l’ONU, il a été utilisé par tous ses membres. En novembre 2022, la Russie/URSS avait utilisé son droit de veto 124 fois, les États-Unis 82 fois, le Royaume-Uni 29 fois, la Chine 18 fois et la France 16 fois.
Le conflit en Ukraine est un exemple de sujet extrêmement difficile et clivant, qui aurait dû être traité – du moins selon notre préférence – par des moyens politiques et diplomatiques. Ça, c’est en théorie. En pratique, il est clair qu’il n’y a pas d’accord entre les membres du Conseil de sécurité sur la genèse de ce conflit, ses instigateurs et les solutions possibles. La Russie est fermement convaincue que les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont non seulement provoqué l’escalade en Ukraine, mais ont délibérément poussé la situation jusqu’à la confrontation militaire. Si quelqu’un a besoin d’une preuve, il y a les déclarations explicites d’Angela Merkel, ancienne chancelière allemande, qui a indiqué ce que nous soupçonnions depuis le début – que l’ensemble du processus de règlement politique en Ukraine par le biais des accords de Minsk était considéré par l’Allemagne, la France et, sans aucun doute, les États-Unis, comme un véritable leurre, destiné à gagner du temps pour préparer le régime de Kiev à la solution militaire de la situation dans le Donbass. Cette situation, couplée aux objectifs déclarés de l’OTAN d’utiliser l’Ukraine comme un avant-poste militaire anti-russe, a créé une menace inacceptable pour la sécurité nationale de la Russie. En décembre 2021, la délégation russe a proposé aux États-Unis et à l’OTAN des projets d’accords sur les garanties de sécurité pour la Russie, l’Ukraine et l’Europe, pour ensuite les voir rejetés par l’Occident. Cela a été fait en sachant parfaitement que, en l’absence de règlement politique dans l’est de l’Ukraine et de la perspective de voir les forces de l’Otan stationnées à la frontière occidentale de la Russie, la seule alternative serait – aussi dure et indésirable soit-elle – notre opération militaire.
Il est tout à fait clair que la Russie ne permettrait pas que le Conseil de sécurité des Nations unies soit utilisé pour promouvoir un discours occidental faux et hypocrite.
YURIY FILATOV,
Ambassadeur,
Ambassade de la Fédération de Russie
Fédération de Russie en Irlande,
Dublin 14.
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