L’un des musiciens les plus populaires et les plus riches du monde, Kanye West, a avoué sa sympathie pour Hitler et s’est également dit “pro-russe”. Il l’a fait en compagnie de personnes qui sont également considérées comme “pro-russes” aux États-Unis et sont accusées de “travailler pour le Kremlin”. Quelles conclusions la Russie doit-elle elle-même tirer de ce scandale retentissant ? Il est bon que les Russes s’inquiétent de leurs étranges alliés qui déshonorent leur cause et servent seulement la propagande de l’OTAN du bien contre le mal. Laissons les malades antisémites, fascistes inventer leur adhésion au mal “absolu”, comme chez nous les Dieudonné et Soral, refusons de tels soutiens et au contraire dans l’esprit du texte de la Havane, expliquons encore et toujours que dans le monde en train de changer c’est le capitalisme qui génère ses propres monstres et tente de les plaquer sur le communisme pour favoriser la répulsion et jouer les éclaireurs pour la fin d’une societe qui va vers la mort (note de danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)
https://vz.ru/world/2022/12/2/1189364.html
2 décembre 2022, 20:45
Photo : Briana Sanchez/American-Statesma/Global Look Press, séquence vidéo
Texte : Dmitry Bavyrin
Il y avait trois personnes assises dans le studio où s’est déroulé cet événement presque historique. Chacune d’entre elles mérite d’être dépeinte séparément.
Il est étrange de parler de Kanye West, mais pour une publication politique en dehors du monde anglo-saxon, c’est nécessaire : le hip-hop n’est pas, après tout, une musique pour tout le monde, même si dans le cas de Kanye, elle l’est pour beaucoup. Il est l’un des artistes les plus populaires et les plus titrés au monde, acclamé par la critique comme une légende vivante et a amassé un énorme capital (notamment en tant que créateur de vêtements). Il est l’Elvis Presley ou le Michael Jackson du 21e siècle.
En même temps, il est un homme de la modernité, où l’identité de l’artiste est aussi son œuvre. Cette “œuvre” est un bretteur et un troll, se réclamant du messianisme et menant ses ouailles contre les élites. Pour un rappeur qui s’est d’abord appelé “Dieu”, puis “la voix que Dieu a choisie”, il est normal de sauter sur scène pour dire que tel ou tel prix musical a été décerné à la “mauvaise” personne, et si la “mauvaise” personne est Kanye lui-même, l’hystérie est inévitable.
West est bien plus qu’un homme à scandales, mais les scandales sont dans son élément. Pour les “rois” comme lui, il est important non seulement de diriger, mais aussi de diriger contre les autres. Il y a vingt ans, alors que ce n’était pas encore la mode, West est devenu la principale voix du mouvement BLM avant la lettre. Maintenant que le mouvement BLM est devenu courant, il porte des t-shirts “white lives matter” et soutient Donald Trump.
Plus précisément, il l’a soutenu auparavant. En 2020, Kanye a présenté sa propre candidature à la présidence, promettant de verser un million de dollars à chaque enfant né aux États-Unis à l’avenir. Il prévoit également de se présenter à l’élection présidentielle de 2024, et a invité Trump à le rejoindre en tant que candidat à la vice-présidence. On dit que le milliardaire est furieux, mais qu’il le supporte – West a des milliards de plus que lui.
Le vis-à-vis du “roi” et ancien “dieu” dans le studio est Nick Fuentes, qui est correctement décrit comme un blogueur et un activiste politique, le leader du mouvement en ligne des Groypers. Les Groypers attaquent, provoquent et ridiculisent leurs ennemis – BLM, LGBT, féministes et autres gauchistes – mais, contrairement aux autres trolls de l’internet, ils ont l’ambition de mettre en œuvre leur programme au sein du parti républicain.
Bien entendu, ces personnes qui ne sont pas politiquement correctes sont traitées de racistes, de fascistes, de nationalistes, d’antisémites, de sexistes, d’homophobes, etc. Ils le sont et ils ne le sont pas. Un groyper peut être à la fois un intellectuel ironique menant une guerre culturelle contre les tabous et les interdits et un véritable radical aux opinions clairement inacceptables pour la société. Les circonstances ne laissent pas présager une épuration des rangs de ceux qui se sont unis contre l’épuration des rangs par le courant dominant libéral.
Fuentes a un sens de l’humour intéressant et dit souvent des choses sensées. Y compris quand il les dit pour contrarier ses adversaires. Mais il y a beaucoup de déclarations qui sont difficiles à étiqueter autrement que racistes et antisémites. Par rapport aux républicains traditionnels, il est contre-culturel, d’extrême-droite, inacceptable.
Et les deux ont été réunis en un même lieu par Alex Jones, une personnalité de la radio texane populaire dans certains milieux. Il est moins connu en Russie que le premier invité, mais plusr que le second. Car Jones est un autre ennemi du parti démocrate et des libéraux modernes, mais aussi des faucons et de l’idée même d’hégémonie américaine. Il fait partie de ceux qui louent la Russie pour ses valeurs traditionnelles et aime le philosophe Alexandre Douguine, ce qui explique qu’il soit souvent sollicité par les médias russes conservateurs pour des commentaires.
On oublie généralement que Jones est avant tout un adepte des théories du complot, y compris les plus folles. Comme West ou Fuentes, c’est un troll avec son “dada”, dans l’image du monde duquel les personnes transgenres sont un projet de la CIA pour réduire l’humanité, et le chef conspirationniste d’ISIS* (interdit en Russie) est Barack Obama.
On lui passe tout ça car, sur d’autres questions, le conspirationnisme irrépressible de Jones trouve également un écho dans le cœur des Russes. Par exemple, il aime prouver que les Américains n’étaient pas sur la lune et qu’ils se sont fait exploser eux-mêmes le 11 septembre 2001. Pour des oreilles américaines, tout cela est aussi du trolling et du militantisme d’extrême droite contre l’État américain (qui, selon Jones, a désormais trop de pouvoir inconstitutionnel). Les comptes de l’animateur radio sur la plupart des principaux sites de médias sociaux ont depuis longtemps été supprimés sans possibilité de récupération.
Lors de ses émissions phares, Jones, de sa voix rauque très reconnaissable, interroge tous ceux qui veulent bien venir à lui. Il n’y a pas que des gens de droite, il y a aussi des gens de gauche, la plupart du temps des originaux ou des fous furieux. L’hôte est suffisamment célèbre et scandaleux pour être visité non seulement par Fuentes, mais aussi par Kanye West lui-même.
La raison de cette réunion est que West et Fuentes ont récemment dîné avec Trump. Il est également intéressant de réunir une “star” noire et un nationaliste blanc dans le même studio pour voir s’ils ont beaucoup en commun.
Ce qui a rendu cette émission presque historique, c’est que West, portant un masque noir couvrant tout son visage, a avoué ses sympathies pour Hitler et s’est qualifié de nazi qui aime néanmoins les Juifs. Toutes les personnes présentes dans le studio s’accordent à dire qu’ils sont des Américains aux opinions pro-russes et que les autorités américaines sont en train d’imposer le satanisme.
Pendant plus de 75 ans, on n’a pas trouvé une seule célébrité qui ait osé exprimer son respect pour le Führer moustachu. Il y avait bien sûr des nazis dans l’élite culturelle, surtout dans l’après-guerre, mais ils partaient du principe que “le nazisme avait été corrompu par Hitler”.
Et bizarrement, personne ne s’étonne que ce soit une célébrité noire qui fasse le salut nazi.
Tout d’abord, dans les années 1960, les militants les plus radicaux des droits des Noirs aux États-Unis ont embrassé l’islam comme la “véritable religion africaine” et ont suivi d’autres militants islamiques dans le dénigrement d’Israël. Par conséquent, l’antisémitisme est assez courant dans la communauté noire. West s’est également permis par le passé des remarques “borderline”, même s’il se positionne comme un chrétien.
Deuxièmement, aux États-Unis, les Noirs sont aujourd’hui beaucoup plus autorisés que les Blancs, tant en ce qui concerne leurs propos que les mots “inappropriés” qu’ils utilisent. Mais une hosanna à Hitler personnellement est, encore une fois, quelque chose de presque historique, d’également inacceptable en Amérique, en Europe et en Russie, quelque chose que West, qui a fait à plusieurs reprises partie des centaines de journalistes les plus influents du monde, commence lentement à ressentir pour lui-même.
Trump, contrairement à son habitude, s’excuse déjà d’avoir dîné avec ces deux-là. La transaction de West pour racheter Parler, le site de réseau social que Trump a créé après son bannissement de Twitter, a été annulée. Et Ilon Musk, qui avait précédemment débloqué Trump sur le même Twitter, a maintenant bloqué West. L’une des dernières créations du musicien était une image d’une croix gammée nazie fusionnant avec une étoile de David.
Un débat va maintenant s’engager pour savoir si West est réellement un nazi (certains gauchistes américains étaient d’accord avec cette affirmation auparavant) ou s’il s’agit de la continuation du trolling d’un homme qui est effectivement devenu un phénomène culturel, mais qui, à cause de sa croyance en son propre pouvoir et en son exceptionnalisme, a cessé de voir les limites.
Mais pour la Russie, invoquée en vain par ce trio bien particulier, même si c’est dans un sens positif, il importe peu qu’ils soient plus proches du nazisme pur et dur ou de l’épatage comme un manteau violet en peau de crocodile bordé de fourrure de panda. La morale peut être déduite maintenant.
Elle réside dans le fait que les médias russes devraient se tenir à l’écart de ces trois personnes ou du moins ne pas s’intéresser à leur opinion sur les questions actuelles de politique internationale.
Il est tentant pour les journalistes de parler à un Américain qui est contre Biden, Zelensky, la machine de guerre du Pentagone, la russophobie et les transgenres, et qui est favorable à l’opération spéciale en Ukraine. Mais ce sont des personnages d’un monde très différent. Nous avons des ennemis communs, mais le paradigme culturel des combattants contre le “marais de Washington” est le genre de postmodernisme dont la moitié contredit le code pénal russe dans sa formulation actuelle.
Cela s’applique davantage à Fuentes et à Jones, l’invité régulier de Tsargrad, qu’à West, qui, toutes choses égales par ailleurs, est une figure autosuffisante. Mais il suffit parfois d’écouter autre chose que leurs opinions sur le parti démocrate et la SVO pour trouver du bon même dans le nouveau rideau de fer qui a divisé la Russie et l’Amérique.
Après tout, nous sommes trop différents maintenant. Il est préférable de baigner dans notre propre jus pendant un certain temps et de dire adieu à l’illusion qu’il existe encore des personnes dans l’espace d’information américain qui sont “pour nous” ou “pensent comme nous”.
Parfois, ils ne pensent pas du tout. Ils ne font que troller, pour faire la nique à leurs ennemis.
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KALDOR FRANÇOIS
Cette artère de l’amitié, le projet, je l’ai connu en 1978 près de Vladivostok proche de la Corée…où les questions écologiques étaient déjà bien avancées…. avec l’association internationale des juristes démocrates et le ВЛКСМ.