Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Al Jazzera : Josep Borrel, le jardinier raciste de l’Europe

Voici une traduction d’un article d’Al Jazzera. En général plutôt aligné sur le narratif atlantiste, ce journal publie néanmoins de temps à autre des ‘perles’ comme celle-ci. Ce discours de Borrell, prononcé quelques jours après sa harangue aux ‘ambassadeurs’ de l’Europe à Prague dont le blog s’est fait l’écho avant-hier, s’est attiré les foudres d’un certain nombre de titres mainstream qui ont dénoncé le racisme du propos. Les EAU ont même convoqué l’envoyé de l’Europe pour s’expliquer sur ces propos. L’ineffable Ursula battue sur son propre terrain…. Même si cet article arrive un peu tard, il reste malheureusement trop d’actualité pour montrer l’ânerie (sans sous entendus) de l’équipe au pouvoir à Bruxelles…. (note et traduction de Jean Luc Picker pour histoireetsociete)
loin du paradis, film

Dans un contexte où l’on découvre la profondeur du racisme sur lequel reste fondée le pseudo universel révolutionnaire au travers de pratiques historiques qui le nient dans son essence “démocratiques”, nos contradictions aliénantes en Europe et y compris au parlement français, il serait temps de voir l’entrave mise au développement du monde et à l’émancipation humaine qui dans sa stupidité peut conduire à l’anéantissement. L’impérialisme empreint l’exploitation de classe d’un racisme “racisme” larvé y compris tout le narratif déployé y compris aujourd’hui contre les Russes racialisés à leur tour comme les Chinoispour justifier la guerre. Alors que la racialisation prétend être un esprit de supériorité sur les “primitifs” qu’ils soient indiens ou africains, dans le même temps russes et chinois sont caricaturés à la fois comme des inférieurs et des menaces s’ils prétendent à une égalité quelconque dans des négociations diplomatiques, refus de considérer les raisons de l’adversaire transfigué en figure du mal. Comment peut-on en arriver à une situation qu’éclaire le récent vote contre le blocus de Cuba ? La quasi totalité de la planète dénonçant l’illégalité, la criminalité du maitre occidental et celui-ci imposant son joug sans la moindre raison, sans le moindre droit juridique, simplement en entretenant un rapport des forces immondes basé sur une conception de l’inhumanité tout aussi immonde. Hier nous avons vu sur arte un film ” loin du paradis”, il décrit ce “jardin” de Borell et quel massacre il entretient aux Etats-Unis mêmes. Aujourd’hui et demain, nous proposons d’explorer ces aspects internationaux actuels de l’ordre international impérialiste auquel s’opposent de plus en plus le reste du monde (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

En décrivant l’Europe comme un jardin et le monde autour d’elle comme une jungle envahissante, le chef de la diplomatie Européenne met l’histoire à l’envers.

Publié le 17 octobre 2022 par Marwan Bishara, analyste politique en chef, dans Al Jazeera

https://www.aljazeera.com/opinions/2022/10/17/josep-borrell-eu-racist-gardener

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, lors d’un sommet informel de l’Union Européenne à Prague, le 7 octobre 2022 (photo par Joe Klamar/AFP)

Lors de l’inauguration de la nouvelle Académie Diplomatique Européenne à Bruges, en Belgique, le 13 octobre, le plus haut responsable de la diplomatie européenne, Josep Borrell a prononcé un discours qui m’a rempli d’étonnement et fait frémir d’indignation lorsqu’il en est arrivé à comparer l’Europe à un jardin et le monde à une jungle – une jungle bestiale et effrayante.

Superficiel et rempli de longueurs, de clichés et de contradictions, le discours était mal structuré et encore plus mal délivré. Au rayon des mauvais discours, sa diatribe ne mériterait pas de longs commentaires si ce n’était qu’elle révèle un manque de tact pas diplomatique pour un sou et un racisme à peine voilé.

Cette fois, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la sécurité a vraiment touché le fond. Alors qu’on croyait que la politique européenne ne pouvait pas devenir plus minable encore, Borrell nous a fait part de sa ‘vérité’. Avec sa suffisance paternaliste caractéristique, il a instillé dans les esprits des futurs diplomates de l’Europe un mélange empoisonné de vanité, de prétention et de suprémacisme.

Commençons par le début. Affichant un sexisme sans complexe, il a entamé son discours en complimentant « Frederica » – sa prédécesseure et maintenant directrice de l’académie, Federica Mogherini – qui parait toujours si jeune. La galanterie du taureau catalan. Sans sous-entendu, bien sûr ! Chacun sait que les catalans préfèrent les ânes aux taureaux…  

Puis, dans une envolée trumpienne, le diplomate a mesuré de haut le monde comme le chiffon rouge qu’il fallait affronter avec détermination, demandant aux jeunes âmes de l’assistance de se garder des dangers qui menacent l’Europe de tous côtés. « L’Europe est un jardin » mais « l’essentiel du reste du monde est une jungle, une jungle qui menace d’envahir le jardin ». Et le petit jardin, les a-t-il instruits, ne peut pas se défendre en érigeant des murs. Pourquoi ? « Parce que la jungle grandit sans cesse et aucun mur ne sera assez haut pour protéger le jardin ».

La solution ? On y arrive : « les jardiniers doivent sortir dans la jungle. Les Européens doivent s’impliquer davantage avec le reste du monde. Sinon, le reste du monde nous envahira, d’une façon ou d’une autre ».

Je pourrais continuer, encore et encore, à citer les développements de cette métaphore infantilisante et absolument atterrante, mais je crois que vous avez compris l’idée générale : notre Europe, prospère et magnifique, est une exception dans ce monde corrompu et dangereux et ne survivra pas longtemps si les « jardiniers » ne se risquent pas à sortir dans la jungle pour aider à civiliser le monde.

Tout ce charlatanisme à propos des jardiniers m’a fait irrésistiblement penser au Constant Gardener de John Le Carré, un livre puis un film tiré d’une histoire vraie racontant les essais cliniques d’un nouveau médicament par une entreprise pharmaceutique sur des populations pauvres d’Afrique, laissant un sillage de morts et d’estropiés. Dans la vraie vie, ‘l’implication’ de l’Europe avec l’Afrique et le monde ne s’est pas limitée à ces tests de nouveaux médicaments mais s’est étendue à une pléthore de pillages, passant du colonialisme, de l’esclavage et du génocide aux guerres de l’ombre et à la mise en coupe réglée de ses ressources naturelles.

Mais la mémoire européenne est courte et sélective -même lorsqu’il s’agit de sa propre histoire. Si l’Europe est un jardin, c’est un jardin qui prospère sur le fumier du cimetière qu’a été notre continent. Que Borrell n’oublie pas les siècles de guerres religieuses, nationalistes et impérialistes, ni les deux guerres mondiales, ni les innombrables guerres civiles ! Et comme moyen mnémotechnique, je suggère au diplomate catalan la guerre civile espagnole et les 36 années de dictature qui l’ont suivie.

Il ne s’agit pas de nier les réussites. Depuis la seconde guerre mondiale, l’Europe a assuré un espace d’unité, de sécurité et de prospérité, mais cela n’a été acquis qu’après avoir défait le racisme et le fascisme. Aujourd’hui, la résurgence des courants néofascistes et de l’extrême-droite, y compris ses succès électoraux, appelle à la prudence, pas à l’outrecuidance. Il est vrai que les accents racistes de Borrell – un soi-disant socialiste – nous poussent à douter qu’il y ait une grande différence à ce que l’Europe soit dirigée par la droite ou la gauche. Bonnet blanc. Blanc bonnet.

Dans le même discours, Borrell cherche à tromper son monde. Sans pudeur, il affirme que, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Europe s’est renforcée et est devenue plus indépendante des Etats-Unis. Qui le croira ? L’Europe, plus faible, plus froide, plus vulnérable est plus que jamais à la botte de Washington. Pourtant, le grand diplomate continue dans son délire alors que la guerre s’installe. Insensible aux arguments du président de la Russie Vladimir Poutine, qui nous avertit du danger d’extension de la guerre et déclare être ouvert aux négociations, il choisit d’évacuer toute solution diplomatique. A la place, sans réfléchir à ce que cela signifie pour la survie de l’Europe,  il menace d’ « annihiler » l’armée russe si Moscou en venait à utiliser une arme nucléaire en Ukraine. Cette escalade irresponsable est tout autant incongrue dans la bouche du chef de la diplomatie que sa diatribe raciste, et pas seulement quand il s’adresse à ceux qui veulent faire carrière dans cette profession.

Pour conclure ce discours inspiré et motivant avec une consigne finale, Borrell a enjoint à ses futurs émissaires de se montrer de bons jardiniers, pas seulement du jardin européen, mais de la « jungle », et leur a souhaité de joyeux safaris diplomatiques.

Trève de plaisanteries. Le discours raciste de Borrell est d’un danger extrême dans la situation actuelle. Il doit être condamné au sein de l’Europe en premier lieu. L’Europe mérite de meilleurs représentants. Et le monde mérite mieux de l’Europe.

On récolte ce que l’on sème.

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1 Commentaire

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Josep Borrell ingénieur aéronautique aura comme beaucoup d’amis des USA poursuivi ses études à l’université de Stanford, c’est un lieu de passage des serviteurs de l’empire.

    Ce courageux “socialiste” rejoint le PSOE quand franco meurt en 1975. avant cela il poursuivait sans faire de vagues une formation d’ingénieur, lui garantissant une très bonne place sous le franquisme.

    S’il a condamné officiellement le coup d’État franquiste en 2006 il n’en partage pas moins l’idéologie et se garde bien de dénoncer la monarchie qui est n’oublions pas le produit de Franco ; Borrell a fait une brillante carrière politique dans le PSOE et au gouvernement espagnol, y compris dans la période ou le GAL se livrait à des exécutions clandestines dans la lutte contre l’ETA.

    La transition dite démocratique qui emprisonne des chanteurs et tire sur les réfugiés venant de la jungle ne semble être tout à fait bénéfique à ce personnage.

    Né dans la province de Lerida (LLeda en catalan) il pourrait y côtoyer tous les étés les migrants dormant à même le sol attendant qu’un agriculteur les embauche pour les cueillettes. Ce sont ces migrants clandestins ou travailleurs détachés qui enrichissent cette province, LLeda plus de 130 000 habitants tire toute sa richesse de l’agriculture. LLeda est aussi le lieu où est toujorus emprisonné Pablo Hasel sous un gouvernement de la même gauche que Borrell.

    C’est toujours cette fausse gauche qui envoie les peuples à l’abattoir, Biden fait parti de cette catégorie, notre PS ne voyait pas de problèmes dans la guerre provoquée en Syrie, nous ne l’entendons toujours pas sur les soutiens actuels à des dirigeants africains douteux en Guinée Bissau ou au Tchad.

    Cette même gauche qui appuis la libéralisation de l’économie, l’interdiction des État à battre monnaie, à planifier l’économie, à lutter contre les opportunistes et les spéculateurs bien au contraire les règles du marché de l’énergie sont construites pour favoriser une véritable mafia.

    C’est la même gauche qui a soutenu la colonisation avec des discours de civilisateurs pour éduquer ces bons sauvages. Colonisateurs élevés au Banania et dans les encyclopédies franquistes où plus subtilement que les nazis un chapitre sur les races montrait qu’il y avait des différences entre les races et que les espagnols faisaient parti de la race supérieure.

    Dans le cadre de la montée des extrêmes droite en Europe ce discours ne tombe pas n’importe quand, mais à l’heure de la crise énergétique et la jungle à défricher est pleine de ressources.

    Une chose reste vraie nous ne pouvons rester isolés en Europe pour des raisons matérielles, technologiques et géologiques évidentes.

    Ne nous faisons pas d’illusions nous ne sommes pas de taille a lutter contre la Russie et la Chine. Mais par contre l’Afrique reste une cible y compris pour la France qui tente encore de sauver la CDAO et s’appuie sur certaines satrapies restantes.

    Tout dépendra comment nous sortirons de notre jardin envahis par les mauvaises herbes fascisantes, soit avec les armes des capitalistes soit avec les livres des socialistes.

    La puissance ne se compte pas en Dollars ou Euros, mais en barils de pétroles, en ressources naturelles, en usine et en nombre d’ouvriers et paysans actifs et là nous sommes très loin des géants agricole au Brésil, énergétiques en Russie, industriel en Chine, Indiens dans l’informatique et pharmacie talonnés par d’autres pays très peuplés dont la jeunesse est aujourd’hui en cours de formation dans les universités.

    Le PCF conserve encore des réflexes otaniens en y voyant la manipulation avérée des Russes sans y voir les profondes transformations des équilibres et la domination économique réelle des BRICS bien plus puissants que les USA et UE réunis.

    Le PCF devrait pourtant savoir que l’URSS a formé de nombreux militaires, médecins et ingénieurs sans contre partie, ces cadres sont encore en vie et voient bien dans quelles alliances l’Afrique peut vivre des jours heureux et s’émanciper des deux plus grands colonialistes que sont les USA et la France.

    L’Afrique se libère et a de puissants alliés ; elle n’a pas besoin des jardiniers des parcelles voisines, surtout pas ceux venant du nord.

    https://www.pcf.fr/nouvelle_crise_au_burkina_faso_et_attaques_contre_les_representations_fran_aises_comment_en_est_on_arrive_la

    RussAfrique vues par des Africains (souvenir de la coopération des soviétiques et des cubains):

    https://youtu.be/Eq9nO2sovoY

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