Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Ukraine : qui sont les véritables « Munichois » ? par Caroline Galacteros

Nous formons depuis 2015, via l’OTAN, les forces ukrainiennes pour bouter la Russie hors d’Europe et la couper de l’Allemagne. Depuis le 24 février, nous inondons Kiev d’armements et sommes devenus cobelligérants de fait. Nous sommes déjà en guerre contre la Russie et pour le compte de l’Amérique ; simplement nous ne le disons pas pour ne pas devoir demander leur avis à nos peuples, et nous faisons cette guerre par Ukrainiens interposés et à leurs dépens ultimes, comme semble commencer à le comprendre le président Zelenski qui craint que Washington ne le lâche et implore désormais l’OTAN de risquer rien moins qu’une guerre nucléaire pour sauver sa peau et pas celle de son peuple. Heureusement, J. Stoltenberg n’est pas fou non plus… Personne en Europe ou aux Etats-Unis n’entend mourir pour le Donbass. En revanche, sacrifier les Ukrainiens en les armant sans cesse pour espérer épuiser la Russie et la mettre à terre économiquement et stratégiquement…
  • 7 octobre 2022
  • 244 actions244

244ACTIONS244

« A quelque chose malheur est bon ». Le conflit ukrainien a permis de lâcher les chiens. Depuis huit mois, la meute des néo-conservateurs bellicistes européens qui peuplent médias et think tanks français fond sur tout individu osant appeler à la raison pour stopper l’escalade militaire qui met l’Europe (et non l’Amérique) en danger vital. Le téméraire est immédiatement traité de « munichois », injure suprême, synonyme de pacifisme pleutre. Le Pape François, qui vient d’appeler la Russie mais aussi l’Ukraine à cesser le feu est-il munichois ? La guerre jusqu’au dernier Ukrainien est-elle inévitable pour ne pas perdre son âme ? Le prix en est-il le plongeon de nos peuples et États dans une crise économique, financière et sociale gravissime qui affaiblira la France et l’Europe entière, les plaçant sous la dépendance définitive du maitre américain ? Soyons sérieux !

« Le gouvernement avait le choix entre la guerre et le déshonneur ; il a choisi le déshonneur et il aura la guerre » avait lancé en 1938 Winston Churchill à Neuville Chamberlain de retour de Munich où ce dernier et Daladier avaient abandonné les Sudètes à Hitler, croyant ainsi échapper à la guerre. Il n’y a aucun rapport avec l’Ukraine. Vladimir Poutine n’est pas Hitler. Il n’est pas fou non plus. Il considère juste qu’il a trop longtemps laissé grignoter son glacis sécuritaire et que la présence de l’OTAN à sa frontière est une menace existentielle pour la Russie et son peuple.

Nous formons depuis 2015, via l’OTAN, les forces ukrainiennes pour bouter la Russie hors d’Europe et la couper de l’Allemagne. Depuis le 24 février, nous inondons Kiev d’armements et sommes devenus cobelligérants de fait. Nous sommes déjà en guerre contre la Russie et pour le compte de l’Amérique ; simplement nous ne le disons pas pour ne pas devoir demander leur avis à nos peuples, et nous faisons cette guerre par Ukrainiens interposés et à leurs dépens ultimes, comme semble commencer à le comprendre le président Zelenski qui craint que Washington ne le lâche et implore désormais l’OTAN de risquer rien moins qu’une guerre nucléaire pour sauver sa peau et pas celle de son peuple. Heureusement, J. Stoltenberg n’est pas fou non plus… Personne en Europe ou aux Etats-Unis n’entend mourir pour le Donbass. En revanche, sacrifier les Ukrainiens en les armant sans cesse pour espérer épuiser la Russie et la mettre à terre économiquement et stratégiquement…

Contrairement à ce que dit E. Macron, « le prix de la liberté » – le massacre de l’économie européenne – ne sauvera pas la « démocratie » ukrainienne. Ce sera la guerre directe si rien n’est fait pour casser l’engrenage et restabiliser la sécurité européenne, ce qui est illusoire sans la Russie. Ceux qui poussent à la roue prolongent les souffrances du peuple ukrainien et ne défendent aucunement les « valeurs » européennes. L’Europe a été pensée contre la guerre. Ils la défigurent. Cette rhétorique masque leur allégeance à un hégémonisme occidental discrédité qui croit encore pouvoir se rétablir sur le dos de la Russie. Les vrais Munichois sont ceux qui condamnent aujourd’hui l’Europe au déclassement stratégique, à l’aventurisme militaire et à la soumission, non à la Russie mais aux Etats-Unis. Les stratèges de plateaux, stipendiés ou juste vaniteux, portent une responsabilité lourde en véhiculant d’énormes mensonges sur la réalité des combats, des forces et des pertes. La désinformation fait rage dans chaque camp. La guerre va se poursuivre et l’Ukraine est mal partie. Toute la propagande et les mensonges du monde n’y changeront rien.

Le discours du président russe du 30 septembre a marqué un tournant dont nous n’avons pas à nous réjouir. Il a exprimé son rejet durable de l’Europe et de « l’Occident collectif » pour des raisons sécuritaires et existentielles, mais aussi culturelles et spirituelles. Poussé par la surenchère otanienne qui le met en danger au plan intérieur face à des courants qui n’ont pas gouté sa « retenue » durant les premiers mois du conflit et demandent un engagement de forces décisif, il vient de s’y résoudre, et ce n’est pas une bonne nouvelle. Après une probable pause opérationnelle russe, on peut craindre une phase plus violente avec destruction des infrastructures civiles et bombardements lourds. Mais les Munichois s’en moquent.

Avec le sabotage de North Stream 1 et 2, l’Amérique (qui d’autre ?) vient carrément de couper le gaz à l’Europe et de décider de la marginalisation de l’Allemagne au profit de la Pologne ! C’est un acte de guerre de la part de notre protecteur chéri. Donc, nous faisons mine de l’ignorer, comme la chute de l’euro et la mise en panne imminente de l’industrie allemande qui préfigure notre propre affaissement économique. Le chancelier Scholz n’était pas assez docile, il rechignait à livrer des chars de combat modernes à Kiev ? L’Empire ne tolère aucune indépendance de ses vassaux, même verbale. Les gazoducs sont coupés, le « Baltic pipe » qui relie la Norvège à la Pologne, ennemie héréditaire de l’Allemagne, est entré en service. Varsovie jubile et Berlin va payer par une lourde crise sa faute géostratégique majeure consistant à obéir à Washington en renonçant à l’énergie bon marché russe. Les Etats-Unis eux, voient s’éloigner leur terreur géopolitique cardinale – l’alliance germano-russe- et imposent leur mainmise énergétique durable sur l’Europe. Quand on pense que d’aucuns chantent « la souveraineté européenne » …

Les Munichois sont en fait ceux qui ne disent rien, qui n’ont jamais rien dit d’ailleurs, qui n’osent ni défendre nos intérêts nationaux ni même ceux de l’Europe que l’on vient très brutalement de remettre à leur place. Marginale. Nos « élites » ne pensent plus le réel, encore moins la dimension nationale comme pertinente. Le long processus de dévalorisation et d’affaissement des États, engagé dès les années 90, nous coupe de tout instinct de survie. C’est ça l’esprit de Munich. C’est donc le prix de la guerre que nous commençons déjà à payer. Les Ukrainiens dans le sang, les Européens dans le froid et la décroissance. Pour l’instant. Il devient inadmissible que nos dirigeants, somnambules indifférents, nous entrainent dans un tel marasme sans devoir en rendre compte à leurs mandants. Il est grand temps que les Français soient consultés sur cette guerre qui ne dit pas son nom et met leur survie en jeu.

Cet affrontement est une impasse militaire. Il faut arrêter le massacre et rétablir le dialogue. La sécurité et la prospérité de l’Europe n’en valent-elles pas la peine ? La France peut encore et doit porter une telle initiative. Elle sortirait peut-être ainsi du mépris croissant dans lequel la Russie mais aussi la Chine, comme une partie de l’Afrique et de l’Amérique latine, la tiennent désormais. Échapper au déshonneur et stopper la guerre n’est pas être munichois, c’est juste recouvrer la raison et défendre l’intérêt de notre peuple et de la France.

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 590

Suite de l'article

6 Commentaires

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    ” L’Europe a été pensée contre la guerre. Ils la défigurent. “
    Je ne connais pas Caroline GALACTEROS, je ne puis accepter cette partie du texte. Non, l’Europe n’a pas été pensée contre la guerre. La Yougoslavie en apporte la preuve. Les pères fondateurs comme on les appellent, Monet et Schuman, ont peut-être utilisé l’argument de la Paix pour faire avaler la pilule, mais ce n’était qu’un cache-sexe. Depuis la création de l’UE, ceux qui se sont approprié le pouvoir à la commission européenne s’appuient sur l’OTAN pour faire leurs mauvais coups. Ce qui se passe au niveau européen actuellement, avec l’apport d’armement sophistiqué est l’aboutissement d’une politique délibérée.

    Répondre
    • etoilerouge
      etoilerouge

      Monnet est un agent payé par le gouvernement des usa vs trouvez cela dès la guerre mondiale ds les écrits de de Gaulle. Choisir Monnet c’est faire de la France une colonie américaine. Schumann c’est un français lié aux intérêts du capital allemand d’où son absence totale à la lutte contre occupant nazi. Le bouquin les états unis d’Europe,ns y sommes,est un immense écrasement des civilisations d’Europe et des nations pour un rouleau compresseur d’uniformisations capitalistes.il préfigure l’UE. l’UE a de plus une constitution contestee par le peuple français qui refuse ce royaume anti laïque anti républicain anti français. Il faut un front de libération nationale et républicaine car les traîtres st nombreux

      Répondre
  • Taliondachille
    Taliondachille

    “…Winston Churchill à Neuville Chamberlain de retour de Munich où ce dernier et Daladier avaient abandonné les Sudètes à Hitler, croyant ainsi échapper à la guerre”.
    Cette fable a la vie dure ! Il fallait surtout que l’armée allemande reste intacte pour s’attaquer à l’URSS. L’armée tchécoslovaque était bien équipée, bien entrainée et sur son terrain. Les nazis y auraient laissé des plumes.

    Répondre
    • etoilerouge
      etoilerouge

      D’autant plus que Chamberlain et son équipe st il faut le dire en accord avec les nazis qu’ils approuvent pour leur anticommunisme et leur haine des lumières. Haine des lumières qu’à encore affirmé le nouveau roi d’Angleterre charles3 qui je l’espère finira comme les 2 précédents. L’ampleur du refus de la République par les élites françaises, de la souveraineté du peuple de la langue française de l’institution d’assemblée nationale comme municipale est la preuve de la haine de la France. Le peuple de France doit donc apprendre à haïr ces élites et à leur enlever tt pouvoir s’il veut survivre à l’affrontement qui se présente.

      Répondre
  • Papadopoulos G
    Papadopoulos G

    C Galacteros, prof a l’ecole de guerre, colonel d’etat major est dans ses interventions d’un interet certain dans la mesure ou elle stygmatise l’OTAN pour ce qu’elle est. Je ne partage pas la totalite de ses idees exprimees, mais elle porte de l’eau au moulin par la critique qu’elle porte a cette organisation. Dans cette perspective je veux retenir ce qui peut faire evoluer pour mieux voir ce que doit etre perçu. Et puis elle touche un auditoire qui n’est pas proche d’une plus grande perception en la matiere. Je trouve qu’elle represente un chainon utile entre une forme de lucidite qui lui appartien et qui permet d’aller plus loin pour toucher un plus grand nombre. Si elle est citee ici ce n’est pas un hazard. Mais une utilite.

    Répondre
    • Michel BEYER
      Michel BEYER

      “Si elle est citee ici ce n’est pas un hazard. Mais une utilite.”
      Je suis d’accord. J’avais critiqué sa réflexion sur l’Europe de la Paix. Le contenu de son article dénonce les “véritables munichois”. Connaissant maintenant sa situation professionnelle, il lui faut beaucoup de courage pour nous dire cela. Elle n’a certainement fait que des amis en publiant cet article. Dont-acte

      Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.