C’est peu dire que le mouvement en faveur de la paix n’est pas encore à la hauteur de la situation, y compris la fascisation de l’Europe, mais il faut aussi mesurer la prise de conscience qui est en train de naître dans le sillage des luttes sociales, parmi ces prises de conscience il y a un courant religieux et humaniste que nous vous présentons ici et que les Italiens communistes et progressistes connaissent bien. Il nous semble que dans l’état de morcellement et de division, d’individualisme impuissant dans lequel nous maintient la propagande du capitalisme belliciste, nous nous devons de faire connaitre ce qui monte partout. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)
Le missionnaire pacifiste sera présent à la manifestation du 5 novembre, “pression populaire indispensable”.
Le père Alex Zanotelli, missionnaire pacifiste, sera présent à la manifestation nationale pour la paix – à laquelle plus de six cents associations se sont inscrites – convoquée le 5 novembre à Rome pour demander la paix en Ukraine, et invite les religieux et religieuses à faire de même. “Une manifestation populaire sans drapeaux de partis est fondamentale, sur la place uniquement avec les drapeaux de la paix. Les religieux et les religieuses doivent également descendre dans la rue”, déclare dans une interview à ADNkronos le missionnaire pacifiste, qui a travaillé en coulisses pour proposer une manifestation qui rassemblerait les différentes âmes de la société sans aucune instrumentalisation. Le missionnaire se joindra à l’association “Jeûner pour la justice en solidarité avec les migrants”, qui organise depuis des années des sit-in et des jeûnes pour protester contre les politiques racistes.
J’ai été très critique, dit Zanotelli, à l’égard de toutes ces manifestations avec de grands drapeaux, en particulier des partis. C’est absurde : la politique doit prendre les décisions au Parlement. Au contraire, il est fondamental que nous soyons tous ensemble sur la place comme un grand mouvement populaire pour dire non à l’absurdité de la situation dans laquelle nous nous sommes mis. Nous sommes au bord de l’abîme, nous risquons un hiver nucléaire, la survie de l’humanité. Nous avons besoin d’une manifestation vraiment populaire sans drapeaux, seulement des drapeaux de paix”.
Le père Zanotelli exprime également son désarroi face à la “lenteur” des mouvements pacifistes face à l’escalade de la guerre : “Je me demande pourquoi cette lenteur, j’ai été blessé par tout cela parce que – je ne fais que citer ce que c’était contre la guerre en Irak – nous étions un million de personnes à Rome en 2003 pour contester cette guerre, à tel point que le New York Times a dit qu’une puissance mondiale était descendue sur les places. Il est crucial que les gens s’expriment, y compris l’Église. Avec un pape si clair qu’il a dit qu’aujourd’hui, avec les armes nucléaires, la guerre a reçu un tel pouvoir qu’on ne peut plus parler de guerre juste. Au contraire, c’est comme si tout le monde s’était endormi”.
Le père Zanotelli, véritable homme de paix, trouve toutefois contradictoire d’invoquer la paix et de continuer à envoyer des armes : “C’est l’un des nœuds centraux car continuer à envoyer des armes signifie continuer à jeter de l’huile sur le feu, cela ne fait aucun doute. L’effort de tous devrait consister à réunir tout le monde autour d’une table, et par tout le monde, j’entends non seulement Poutine et Zelensky, mais aussi Biden et l’OTAN, car ils sont tous concernés. Il ne faut pas se faire d’illusions”. D’où son appel urgent à une “mobilisation populaire, non seulement en Italie mais aussi en Europe, car nous allons payer pour cela”. Je ne comprends pas la politique européenne qui ne comprend pas que nous allons payer pour cela d’une manière incroyable. Les gens devraient se réveiller, nous avons besoin d’une énorme pression populaire”.
Le missionnaire combonien s’adresse également aux hommes et aux femmes de l’Eglise. Eux aussi, dit-il, doivent descendre dans la rue pour la paix. Hier, les Frères d’Assise ont fait savoir qu’ils soutenaient la manifestation du 5 novembre mais qu’ils ne s’y rendraient pas car cela ne relève pas de leur “rôle”. “Les religieux et les religieuses, dit le père Zanotelli, doivent être les premiers à descendre dans la rue, à participer. Le fait est que la sensibilité du pape François n’est pas encore passée dans les communautés chrétiennes. Le pape a été d’une telle clarté dans son appel à Poutine et à Zelensky lors de l’Angélus il y a quelques semaines ; il a également été concret en ajoutant que les droits de la minorité russophone devaient être sauvegardés dans les négociations de paix. Les frontières n’auront pas besoin d’être armées. Parfois, je suis en colère contre les communautés chrétiennes parce que, plus qu’un pape, nous avons un prophète qui marche avec l’Évangile dans sa main et pourtant cela ne passe pas dans les communautés”.
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