Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Qu’est-ce que la plateforme Myrotvorets, présentée comme la «liste des personnes à abattre» des autorités ukrainiennes ?

Cet article du journal Libération ne révèle que la pointe de l’iceberg: Myrotvorets est un site qui a été lancé fin 2014 par des « activistes » ukrainiens, avec le soutien du gouvernement ukrainien mais surtout la CIA, et il est chargé d’enregistrer les « ennemis de l’Ukraine ». La plate-forme Myrotvorets est devenue largement connue pour la publication d’informations privées, qui concernaient des personnes considérées comme des « ennemis de l’Ukraine ». Il s’agit principalement d’adresses résidentielles et de numéros de téléphone privés et qui dès qu’un individu est mort le note comme un trophée “liquidé”. Pendant des années il a sévi comme auxiliaire des nazis d’Azov dans le Donbass, avec l’assassinat de communistes en particulier, mais depuis il s’est étendu dans le monde et il est désormais en France en liaison directe avec l’ambassade, les “réfugiés” ukrainiens et les bureaux de recrutement de la légion étrangère pour l’Ukraine. Nous sommes nombreux à être recensés en France et cela se traduit déjà par des menaces de mort comme l’a révélé Régis de Castelnau en ce qui le concerne. Tous ceux qui osent présenter une autre information que celle de Zelensky la marionnette des Etats-Unis sont dans le viseur et de récentes révélations ont montré que son siège est directement celui de la CIA. Même avec une presse aussi alignée que la française, de l’Humanité au Figaro avec toute la télévision, il ne manque pas une cocarde, pas un bouton de guêtre à ces gens-là et pourtant ils ne s’en contentent pas. Accueillir sur notre sol et réserver des avantages spécifiques à de tels “terroristes” mérite au moins que l’on s’interroge, mais qui le fera dans l’état de servilité de nos politiciens ? (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Vincent Coquaz – Hier à 20:23Réagir8 commentaires|9

Question posée par Guillaume le 11 octobre 2022 à l’homme politique et activiste ukrainien George Tuka, promoteur du site Myrotvorets, en 2014.© Reai

Vous nous interrogez sur le site ukrainien Myrotvorets, terme que l’on pourrait traduire par «pacificateur». Cette plateforme revendique comme objectif de lister les ennemis de la nation ukrainienne. Le site propose ainsi en libre accès des fiches sur des dizaines de milliers de personnalités ukrainiennes mais aussi et surtout étrangères. On retrouve des notices plus ou moins complètes rangées dans différentes catégories dont «traître à la mère patrie», «mercenaires russes», «criminels de guerre russes» ou «complices» de ces derniers.

La plupart des informations contenues dans ces fiches (nom, âge, profession) sont des compilations de données disponibles en sources ouvertes, ou de renseignements donnés à Myrotvorets via un formulaire disponible sur le site. Dans certains cas, elles sont aussi le fruit de piratages. Car, derrière Myrotvorets, on trouve entre autres des hackers. Parmi leurs faits d’armes, ils avaient par exemple réussi en 2016 à récupérer la base de données du ministère de l’Intérieur de la «République populaire de Donetsk».

Dans la foulée, le site avait publié les informations personnelles de milliers de journalistes qui s’y trouvaient. Dont l’adresse personnelle ou le numéro de passeport dans certains cas. L’accusation était ici beaucoup plus vague et, surtout, n’avait rien à voir avec de quelconques crimes de guerre. Le seul tort de ces journalistes, selon Myrotvorets ? S’être rendus dans le Donbass occupé pour couvrir les conflits qui s’y déroulent depuis 2014. Une publication qui avait conduit plusieurs ONG à condamner fermement le site, estimant qu’il mettait en danger la vie de plusieurs d’entre eux. Plusieurs journalistes concernés ont d’ailleurs fait état de menaces de mort.

Mention «liquidé» en rouge sur le site

Le contenu du site, et sa tonalité, conduit certains à le qualifier carrément de «kill list», voire de «liste officielle gouvernementale du SBU [services secrets de l’Etat ukrainien, ndlr] des personnes à abattre», comme Adrien Bocquet, ce Français qui a multiplié contradictions et mensonges sur les plateaux télévisés à propos de l’Ukraine, comme le révélait CheckNews en mai dernier.

L’appellation peut sembler abusive, puisque le site n’appelle pas au meurtre des personnes fichées. Mais il ne condamne pas pour autant les attaques mortelles qui les visent. Ainsi, le site barre les photos d’une large mention rouge indiquant «liquidé», pour toutes les personnes de la liste qui ont été tuées, semblant ainsi s’en féliciter. C’est le cas par exemple du journaliste italien Andrea Rocchelli, tué par des tirs de l’armée ukrainienne alors qu’il couvrait la guerre dans le Donbass en 2014, et ajouté de façon posthume sur Myrotvorets.

Quant à savoir si le site est lié directement ou indirectement aux autorités ukrainiennes, la question n’est pas simple. Derrière le site, on retrouve l’activiste politique George Tuka, qui avait annoncé le lancement du moteur de recherche fin 2014 sur Facebook, avec les volontaires de son association Narodnyi Tyl, qui a pour but de venir en aide aux troupes ukrainiennes. Cet homme politique a notamment participé activement à la révolution pro-européenne de Maidan en 2014. Il a depuis été nommé par les autorités ukrainiennes gouverneur de l’oblast de Louhansk, le plus à l’est du pays, en 2015, puis ministre adjoint aux Territoires occupés, au niveau national, l’année suivante.

Le site serait né de sa rencontre avec un ancien membre du SBU, connu sous le pseudo de Roman Zaitsev, selon le journal britannique The Times, qui a échangé avec Tuka. Ce dernier réfute pour autant l’idée que le site serait une émanation du SBU, ou que l’Etat ukrainien le financerait. Selon lui, il s’agit d’une initiative portée par des bénévoles.

«Gangs russo-terroristes»

Ce qui est certain, en revanche, c’est que le site dispose de soutiens à un niveau élevé dans l’appareil d’Etat ukrainien. Anton Herashchenko, conseiller du ministre l’Intérieur ukrainien et ancien ministre adjoint, a ainsi publiquement félicité le site pour son travail en mai 2016. Dès 2014, alors qu’il était député, il exhortait ses abonnés sur Facebook à faire connaître le site et à y participer, notant avoir lui même récolté de nombreux signalements de «terroristes et de séparatistes». Dans des publications en 2015 et 2016, l’homme politique explique même que le site est progressivement devenu «un véritable outil pour tous les services de renseignement et de police en Ukraine». Selon Tuka, le but du site en 2014 était de «nettoyer» l’Ukraine de toute activité prorusse. Mais sa mission a progressivement évolué : désormais, il revendique de lister les personnes «pour des raisons politiques» et donc tous «ceux qui protègent le narratif russe».

Résultat : Myrotvorets ajoute régulièrement sur le site toutes les personnalités internationales qui prendraient des positions jugées trop proches de la ligne du Kremlin. C’est le cas par exemple de l’ancien leader de Pink Floyd, Roger Waters, qui s’oppose depuis le début de la guerre aux livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine (et qui a depuis qualifié les accusations de crimes de guerre russes en Ukraine de «mensonges», malgré les preuves qui s’accumulent). Côté français, on retrouve des personnalités politiques dont le discours est jugé lui aussi trop prorusse, comme Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon ou Ségolène Royal.

Figurent également sur la plateforme plusieurs journalistes français, à qui il est reproché d’avoir «délibérément violé la frontière de l’Ukraine dans le but de pénétrer le territoire ukrainien occupé par les gangs russo-terroristes dans le Donbass». C’est le cas par exemple de deux grands reporters de TF1. Ou d’un journaliste de France Télévisions présenté comme coupable de «propagande pour le fascisme russe», et pour lequel figure un numéro de passeport.

Assassinats à Kyiv

Un sujet sensible pour les médias français. Côté TF1, on préfère «ne pas faire de commentaires». De son côté, le groupe de télévision publique annonce à CheckNews que France Télévisions va officiellement «s’en plaindre auprès de l’ambassade d’Ukraine à Paris, et faire un signalement auprès du Quai d’Orsay». Et se réserve «le droit d’engager des poursuites» pour protéger ses équipes. La plupart des rédactions interrogées ne dérogent d’ailleurs pas à un principe simple : «Les journalistes qui se rendent dans les territoires occupés par les Russes ne vont pas en Ukraine, et inversement», explique un rédacteur en chef d’un autre grand média.

Tous prennent en tout cas le sujet au sérieux. Il faut dire que, dans certains cas, des personnalités ukrainiennes ont été assassinées peu de temps après la publication d’informations personnelles sur Myrotvorets. Ainsi, le journaliste prorusse Oles Bouzina ou l’homme politique Oleg Kalashnikov ont été tués à Kyiv en avril 2015, juste après que le site a publié leur adresse personnelle. Interrogé par le Times sur une possible responsabilité, voire une complicité de Myrotvorets dans ces assassinats, Tuka assure qu’ils n’ont «aucun lien» avec son site. Et l’activiste d’ajouter : «Mais ils étaient tous les deux des ennemis de l’Ukraine. Aucun des deux ne va me manquer.»

En 2016, plusieurs organisations internationales ont dénoncé la menace pour la sécurité des journalistes que représentait Myrotvorets, dont l’ONG Reporters sans frontières ou la représentante pour la liberté des médias auprès de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Idem pour les ambassadeurs du G7, qui, dans une déclaration commune du 2 juin 2016, se sont dits «profondément inquiets» des pratiques du site, et ont appelé les autorités ukrainiennes à «faire en sorte de garantir la liberté de la presse».

Contacté par CheckNews, le Quai d’Orsay a indiqué ne «pas avoir de commentaire à apporter sur ce sujet». Idem pour l’ambassade d’Ukraine à Paris «car Myrotvorets n’a rien à voir avec les autorités ukrainiennes, et encore moins avec l’ambassade». Elle précise simplement qu’il y a «des procédures judiciaires en cours en Ukraine, notamment du fait de la présence de fiches qui concernent des mineurs» et qu’en «aucun cas les autorités ukrainiennes ne s’appuient sur ce site pour quoi que ce soit».

Mise à jour 20h20 : Ajout de la réponse de l’ambassade

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8 Commentaires

  • Marc
    Marc

    Comment s’étonner ?

    Constitution ukrainienne :

    https://www.upr.fr/actualite/du-jamais-vu-depuis-lallemagne-nazie/

    ..

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    • Daniel Arias
      Daniel Arias

      Article 10 garantissant le Russe et les langues nationales des minorités.

      Article 10. The state language of Ukraine shall be the Ukrainian language.

      {For official interpretation of part 1, Article 10, see Constitutional Court Judgment No. 10-rp/99 of 14 December 1999}

      The State shall ensure the comprehensive development and functioning of the Ukrainian language in all spheres of social life throughout the entire territory of Ukraine.

      Free development, use, and protection of Russian and other languages of national minorities of Ukraine shall be guaranteed in Ukraine.

      The State shall promote the learning of languages of international communication.

      The use of languages in Ukraine shall be guaranteed by the Constitution of Ukraine and determined by law.

      Art 17 défense:

      Toute formation ou opération militaire doit être autorisée par la lois.
      Les bases militaires étrangères sont interdites.

      ….

      The establishment and operation of any armed formations not envisaged by law shall be prohibited in the territory of Ukraine.

      The location of foreign military bases shall not be permitted on the territory of Ukraine.

      ….

      Constitution ukrainienne en anglais:

      https://zakon.rada.gov.ua/laws/show/en/254%D0%BA/96-%D0%B2%D1%80/sp:max50:nav7:font2#Text

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    • Alain Girard
      Alain Girard

      https://mjp.univ-perp.fr/constit/ua1996.htm#1
      Une constitution bafouée en permanence dans nombre d’aspects par ses auteurs, on se croirait chez nous.

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    • Bosteph
      Bosteph

      Merci Marc . Un forumer de Réseau International l’ a signalé aussi.

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  • Bosteph
    Bosteph

    A propos d’ Alain BOCQUET : c’ est quoi ces histoires de “mensonges et contradictions” dont vous l’ affublez ? Le fait qu’ il dise ce qu’ il a vu vous ennuie ? Pas possible sur ce site !

    Pour Roger WATERS, il a notamment dit qu’ il fallait arrêter les livraisons d’ armes (n’ êtes vous pas d’ accord ? ) . Pour ce qui est des crimes de guerres Russes, je ne doute point qu’ il y en ai(en)t…………..mais je trouve nos merdias plutôt silencieux, car Boutcha et Yzioum ne sont pas des crimes Russes, mais le premier est clairement uknazis (Michel COLLON l’ a démontré (vidéo censurée “bien étrangement” par youtube)), et le deuxième est une manipulation/profanation uknazis – cf les dates de décès sur les croix.

    Ne faites pas le jeu des ukro-otaniens, SVP !

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    • Marianne
      Marianne

      Il s’agit d’Adrien Bocquet, bien sûr… le passage que vous incriminez appartient à l’article du journal Libération et ce n’est pas nécessairement l’avis du site Histoire et société.

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      • Alain Girard
        Alain Girard

        Remarquez je peux vous raconter des moments quand je militais à la JC et au PCF Nord, pas nécessairement à l’avantage de…

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      • Bosteph
        Bosteph

        Libération, un merdias papier, quoi ! Pas étonnant de leur part, car son témoignage auprès d’ André BERCOFF révélait nombres de choses que nos merdias pro-uknazis cachent depuis tant d’ années . Mais l’ auteur de l’ article aurait pu faire attention à ce qu’ il disait, car en fait il dénigre (involontairement ?) Adrien BOCQUET et Roger WATERS…………..des cibles désignées par ce site criminel ukro-otanien, pour avoir eu le courage de dire “les vérités qui dérangent” ! Et vous, peut-être y faire “un commentaire de modération” sur les commentaires litigieux de l’ auteur, que vous ne sembler pas partager aussi (OUF !).

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