EXPOSITION ET RÉTROSPECTIVE ROMY SCHNEIDER
SAMEDI 23 JUILLET 2022, 14H30
SALLE HENRI LANGLOIS
14h30 18h30 (238 min)
Le sommet de l’art de Visconti m’est toujours apparu “Senso” et ses ultimes oeuvres comme les damnés ou Ludwig ont toujours souffert pour moi d’une sorte d’épuisement dans la représentation de l’histoire et de ce que fut le nazisme. Dans mes jeunes années, je sentais de la complaisance dans ce spectacle de la décomposition, comme dans “mort à Venise”. Mais comme il m’est donné, à mon corps défendant, au moment du bilan, d’assister aux terribles soubresauts de la civilisation capitaliste, je me demande ce que j’en penserai aujourd’hui, ne serait-ce qu’après avoir vu ce qu’Ozon fait de Fassbinder.. Mais il y a plus, Elon Munsk c’est héliogabale ou l’anarchiste courronné en plus décoratif avec la nécessité d’être soi-même une marchandise décorative. Alors cet esthète et prince rouge intransigeant que fut Visconti a-t-il senti venir le temps de la décadence, comme dans le Guépard ? l’art de la décadence qui s’enfonce dans la barbarie et reproduit ses transgressions sur un mode boulevardier, je revois Ludwig, mais aussi Dirk bogarde dans Venise en proie au choléra maquillant leur déchéance. Je me dis que le retour vers le nazisme, les fastes bourgeois ultimes avaient été assez bien vus, il s’agissait de mesurer à quel point l’époque qui advient exhale tous les maniérismes, les médiocrités, l’art et la manière de croupir dans un vieillesse fardée et corrompue pour tenter de justifier les privilèges d’une classe qui s’autoproclame maîtresse du monde dans la pire des sénilités, je voudrais revoir ces films prémonitoires du grand Luchino Visconti. Il m’arrive de regretter de ne pas être parisienne, mais c’est uniquement pour le cinéma et les expositions, pour le reste, il n’y a pas grand chose à regretter. (danielle Bleitrach)
Ludwig ou Le Crépuscule des dieuxLudwigLuchino ViscontiItalie-France-RFA / 1972 / 238 min / DCP / VOSTF
Avec Helmut Berger, Romy Schneider, Trevor Howard, Silvana Mangano.
Roi de Bavière à 19 ans, Louis II, aborde son règne avec enthousiasme. Mais ses proches le déçoivent, il se sent trahi par Richard Wagner, subit échecs politiques et militaires, et sombre peu à peu dans la folie.
Après Les Damnés et Mort à Venise, le troisième volet de la trilogie allemande, Ludwig, est longtemps resté un film mutilé. Amputé d’une heure par les distributeurs, remonté avec une structure en flashback, c’est un échec commercial cinglant à sa sortie en 1973 et il faut attendre 1983, après la mort de Visconti, pour contempler toute la magnificence de la version intégrale voulue par le cinéaste. Derrière les fastes de la cour de Bavière, Ludwig brosse le portrait d’un homme d’exception, hypersensible et passionné. Un roi dont l’idéal n’est pas politique mais esthétique. Bâtisseur de châteaux extravagants, ébloui par l’art de Wagner, autant que par la beauté de sa cousine, l’impératrice d’Autriche (interprétée par Romy Schneider vingt ans après Sissi), ce monarque de la nuit noie bientôt ses déceptions dans la solitude et les orgies tristes jusqu’à l’avilissement. Devant la caméra de Visconti, le beau visage d’Helmut Berger se décompose au fur et à mesure des désillusions, évoquant, avec maestria, la décadence d’un siècle, la fin des dieux et des princes, la mort du héros romantique.
Restauration en 2022 par StudioCanal et la Cinémathèque française. Travaux de restauration image et son réalisés en 4K au laboratoire L’Image retrouvée (Paris/Bologne) à partir du négatif original 35 mm. Projets supervisés par l’équipe de StudioCanal, Sophie Boyer et Jean-Pierre Boiget. Restauration grâce au mécénat de CHANEL.
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SMILEY
Vu sur Netflix (si,si) le Visconti le plus connu, ’Le Guépard’, dans son intégralité pour la première fois et le film retrouve là tout son équilibre, son arrière-plan historique et son propos politique. Parfois cela vaut la peine de payer son abonnement au câble.
Lampedusa en créant son personnage littéraire, le Prince de Salina, l’a comparé à un léopard (il gattopardo en italien ) qui est l autre nom de la panthère. Visconti a naturellement repris le nom pour son film. La panthère c’est Burt Lancaster .
La France par goût du marketing (ça sonne mieux) ou par ignorance crasse de l italien a rebaptisé tant le livre que le film : Le Guépard (Il ghepardo) un félin deux fois plus léger que notre panthère, qui court vite et se dompte facilement ( essayez avec une panthère et vous verrez).
Bref Salina/Lancaster tout en musculature retenue et favoris hérissés est plus proche de la panthère noire que de cet animal gracile et haut sur patte.
Dans le film le goût de Visconti pour les beaux hommes (et les femmes laides point qu il partage avec Macron) nous permet d’admirer outre Delon, Giulano Gemma ( l’ homme qui a défloré Angélique), Terence Hill sans Bud Spencer, le trio formant un groupe éphémère de chemises rouges prêtes à changer de casaque pour que rien ne change. En prime au détour d’un salon on aperçoit Pierre Clémenti qui fut Marcel Rayman dans le film de Cassenti (l’ Affiche ici était rouge, pas les chemises, enfin si, rouges de sang)
Lancaster dans ce Guépard mal nommé crée un type d’homme fort qui s’affaiblit. Il reprendra le rôle dans Violence et Passion film sous estimé du même Visconti où il laisse trainer son regard sur Helmut Berger nu qui n’a pas un beau visage mais peut-être d’autres attraits. On retrouvera notre Lancaster de plus en plus fatigué se faisant masturber en vain par une fille de ferme dans 1900 film de Bertolucci dont plus personne ne parle et c’est bien dommage.
Le cinéma de Visconti est comme la cuisine italienne, coloré, roboratifs, un peu travesti. On n’y mégote pas sur les ingrédients. Nous sommes loin du cinéma sushi ( wong kar wai) ou tapas ( Almodovar) qui sont plus digestes. Ludwig au passage est une belle choucroute.
Et il faut être marseillaise pour prétendre qu’à part le cinéma et les expos il n y a rien à retenir de Paris. Et le tombeau de Napoléon alorsse ?