Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La nouvelle Assemblée nationale confirme le basculement à droite voire à l’extrême droite…

Le RN triomphe, la Nupes s’indigne, la majorité s’en sort bien… La deuxième journée de la nouvelle Assemblée confirme si besoin était que la stratégie gouvernementale est d’assurer au RN un niveau de respectabilité qui, associée à la politique gouvernementale, devrait aboutir à l’essor de l’extrême droite. Jamais la démonstration de la collusion n’a été plus flagrante alors qu’il s’agit encore et toujours de réduire l’expression des exigences populaires dans un ghetto de pseudo radicalité et de vaines agitations. Pour la première fois, le RN aura des vices présidences à l’assemblée nationale et cela n’a pu se réaliser qu’avec l’accord actif des macronistes. Il ne suffit pas de le dénoncer à hauts cris, il faut comprendre comment on a pu en arriver là.

Ce qui s’est passé mardi à l’Assemblée nationale a été proclamé comme la promotion des femmes par la Macronie: une première ministre, une porte parole et pour la première fois une femme Yael Braun Pivet à la tête de l’institution. Comme je ne me fais guère d’illusion sur ce que la droite accorde aux femmes en matière de hochets, je n’ai pu m’empêcher de penser à ce que signifiait cette “féminisation”. Elle signifiait simplement que l’on gérerait les affaires courantes en tablant sur le caractère ingérable et en jetant entre gens sérieux les bases d’une dissolution et d’un nouveau rapport de forces face à un peuple de plus en plus dégouté. Une bonne partie du capital étant de plus en plus convaincu par les capacités de l’extrême-droite à faire le job que le centre-droit et la droite ont du mal à assumer. Une féminisation triplement gadget parce que chargée de gérer l’ingouvernable et de se déconsidérer pour laisser la place en temps utile à un gouvernement à poigne. Une féminisation qui accordera quelques miettes aux mœurs mais qui rendra la condition réelle de la grande majorité des femmes invivable.

Ce même mardi, l’heure était également à l’élection du bureau de l’Assemblée (vice-présidences et secrétariat) et de la questure (qui gère l’intendance de la chambre basse). Après une journée de rumeurs, les résultats ont finalement mis moins de temps que prévu à tomber, offrant une victoire historique et pas que symbolique au RN.

Les vainqueurs du scrutin législatif confirmés

En remportant deux postes de vice-présidents, le parti d’extrême-droite est le grand vainqueur de la journée. et cela ne fait que confirmer pour qui et pour quoi on assiste à ce changement historique alors que le Président de la République a été élu comme rempart face à l’extrême-droite selon la tactique inaugurée par Mitterrand et qui a été soigneusement entretenue tout au long du quinquennat, dès les législatives, elle a abouti à sa logique: faire barrage aux communistes, à l’initiative populaire en faveur de la paix, de la sécurité, de la dignité et des revendications. Cela était contenu dans “le vote utile” et dans l’incroyable et stupide proposition de Mélenchon premier ministre. C’était contenu dans les postes accordés par la NUPES aux communistes par rapport aux autres partis de gauche, les candidatures de diversion y compris face à Fabien Roussel. Tout était centré sur la vision mégalomaniaque du chef alors que le rapport des forces était déjà là et a été amplifié par les règlements de compte.

La catastrophe a été un peu atténuée par l’esprit de responsabilité de certains citoyens, le parti communiste n’a pas démérité même si nous avons souligné certaines errances qui ont pu jouer un rôle secondaire par rapport au “vote utile” mais qui risquent de prendre de plus en plus d’importance, comme l’ignorance totale du contexte international qui ne cesse et ne cessera de peser. La situation actuelle de partis ayant leur groupe mais une cohésion de gauche est la seule réponse mais elle demeure fragile face à l’incapacité à accepter une discipline faite de coordination et de respect mutuel, une culture doit apparaitre mais certains y sont mal préparés.

Donc tout nous menait à une victoire historique du Rassemblement National : en 1986 le FN n’y avait pas eu droit. En salle des Quatre Colonnes, devant les journalistes, Sébastien Chenu, l’un des nouveaux vice-présidents, l’a joué modeste, mais le symbole est là : « Désormais le bureau reflète ce qu’est l’Assemblée nationale. Nous avons mis fin aux caricatures, nous ne sommes pas là pour déconstruire, nous sommes là pour travailler. Nous présiderons avec impartialité. » Hélène Laporte, l’autre lauréate d’extrême droite, parle même de « grand moment pour la démocratie ». Si Marine Le Pen cherchait de la respectabilité, elle en a trouvé un sacré point d’appui à l’Assemblée Nationale et il faudrait pouvoir s’en souvenir quand le président Macron fera sa campagne pour nous sauver “des extrêmes” après la dissolution, il faudra également suivre ce qui est voté avec l’accord et qui s’inscrit en faux de la part du RN avec son populisme, son accession à la notabilité s’accompagnant d’un “réalisme” toujours préjudiciable aux intérêts populaires.

Que s’est-il passé ?

La Nupes – et surtout la France insoumise – a découvert le marché de dupes et a poussé de grands cris contre les macronistes, LR et le RN de s’être entendus pour : conserver une questure (qui gère l’intendance de l’Assemblée nationale) à LR, donner deux vice-présidences au RN. Et c’est bien ce qui s’est passé puisqu’en obtenant 290 et 284 voix, les deux candidats du RN ont dont obtenu près de 200 voix qui ne viennent pas de l’extrême droite. Il y a donc là-dedans des voix macronistes.

Mais il est un peu tard pour constater ce à quoi mène le petit jeu des chaises musicales entamé depuis longtemps y compris durant les législatives : des députés macronistes ont officiellement incité l’électeur à voter pour Marine le Pen plutôt qu’un insoumis, mais certains insoumis en ont fait autant y compris parfois face à des candidats communistes pas assez “soumis”, les haines primaires, le désir de s’imposer a remplacé l’analyse politique de classe. L’exemple venant de haut.

Pour remonter la pente, il faudrait repenser la politique et arrêter la pétaudière, les jeux de couloir. Est-ce possible ? Certainement pas sans l’existence d’un parti communiste apte à redonner force et unité au monde du travail aux couches populaires et qui ne se limiterait pas à commenter les jeux de l’Assemblée Nationale. De ce point de vue la situation du PCF pour être la moins pire n’en est pas moins catastrophique.

Le Rassemblement National se nourrit de ce rapport des forces et ce qui se passe à l’Assemblée Nationale en est simplement l’iceberg.

La majorité a-t-elle fait voter RN ? Les macronistes eux mêmes disent tout et son contraire, les uns jurent que la consigne a été donnée de ne voter que pour les candidats de la majorité, d’autres que « c’est plus compliqué ». Macron et les siens semblent avoir adopté le slogan mitterrandien qui nous a mené là où nous en sommes: “on ne sort de l’ambiguité qu’à ses dépends” et cela ne va pas s’arrêter là.

Le lendemain l’assaut s’est poursuivi et pas dans la plus grande clarté : les députés votaient mercredi 29 juin pour élire le bureau de l’Assemblée nationale, l’accord trouvé dans la matinée entre les groupes politiques ayant volé en éclats et des candidats surprises à gauche se présentant.

Six vice-présidents ont été élus au bout de deux heures de séance : Valérie Rabault (Parti socialiste), Caroline Fiat (la France insoumise), Élodie Jacquier-Laforge (MoDem), Naïma Moutchou (Horizons), Sébastien Chenu (Rassemblement national, RN) et Hélène Laporte (RN). Se trouvait confirmé donc le triomphe du RN et sa participation pleine et entière à l’institution.

Trois postes de questeurs et douze de secrétaires doivent encore être attribués, à la proportion du poids des groupes dans l’hémicycle.Juste avant la séance, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), l’alliance de gauche, a brisé un projet d’accord qui prévoyait notamment deux vice-présidences au RN et un poste de questeur à Éric Ciotti (Les Républicains, LR). À ces difficultés entre majorité et oppositions s’ajoutent des embrouillaminis au sein de la Nupes : “Les Verts ont annoncé deux candidats sans prévenir les autres dans la Nupes. On ne comprend pas trop”, confesse un socialiste. Les candidatures des écologistes Sandrine Rousseau et Benjamin Lucas à la vice-présidence de l’Assemblée se sont ajoutées in extremis, “pour faire barrage à l’extrême droite”, ont-ils justifié. Il y avait ainsi un accord sur les vice-présidences “jusqu’à 14 h 29 et 30-40 secondes”, a pointé Aurore Bergé, cheffe de file des députés Renaissance (ex-La République en marche). Les deux candidats écologistes n’ont finalement récolté qu’une trentaine de suffrages.

On notera que les communistes demeurent les grands absents et que toute stratégie de ce parti qui accorderait un poids exclusif à ces jeux de sommet, à ces tripatouillages serait suicidaire. Malheureusement on ne voit rien se dessiner qui ait conscience de la situation réelle, une des questions concerne Fabien Roussel et le futur conseil national qui sortira du congrès. Fabien Roussel sera-t-il en priorité un excellent député de l’Union de la gauche ou un secrétaire national préoccupé de reconstruire le PCF ? Ce parti quel but stratégique se donne-t-il ? Le socialisme ou l’union de la gauche ? Sera-t-il comme le parti l’est depuis plus de trente ans un simple appendice de ses élus? Paradoxalement un bon fonctionnement de la gauche à l’assemblée nationale repose sur l’existence de partis autonomes et capables de développer leur propre lignes, des militants formés et responsables, ce qui est vrai pour tous les partis l’est plus encore pour le PCF puisqu’un des enjeux essentiels est de reconstituer la relation entre la politique et ceux qui n’en attendent plus rien.

Danielle Bleitrach

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7 Commentaires

  • Girard
    Girard

    Le marigot et une belle leçon de cynisme réaliste des macronistes et de leurs alliés, d’extrême droite et sans doute pas que…
    Le RN gagne en respectabilité, le Zemmour a joué son rôle notamment dans l’opération, cependant l’histoire rappelle que le premier maçon du FN fut Mitterrand, quel était la position d’un JLM à l’époque, très difficile de retrouver les traces de ce que furent les premières années JLM hormis des photos, comme si la gomme….

    Enfin le Rn est-il d’extrême droite, fasciste, fascisant, car c’est toujours la même ritournelle, la Nupes s’enflamme omettant d’analyser le pourquoi de 13% des électeurs inscrits seulement, esquivant sur une recomposition à gauche, de type social démocrate est sans doute le meilleur moyen de perdre.
    La défaite de la Nupes, car cela en est une, s’amplifie à l’Assemblée, la bourgeoisie, l’actionnaire n’ont pas besoin du front réformiste dans l’immédiat, c’est en réserve, au cas où les luttes populaires…
    Car ne nous leurrons pas, la Nupes, c’est Mitterrand II, la politique de rigueur II, Jospin II dans ce que l’on sait et connaît des modes de fonctionnement de ce qu’il est sans doute utile de rappeler, l’essentiel des cadres de la FI sont issus du PS, ils alimentaient les différents courants, trotskystes ou non, mais fidèles de l’anticommunisme comme ciment de leur existence.

    L’anticommunisme pave la voie au fascisme disions nous à une époque et si cela s’avérait si fondé aujourd’hui…

    Les embrouilles de l’Assemblée n’apportent rien à la gauche, par contre le vote abstentionniste sortira renforcé à n’en pas douter.
    Ces batailles de sièges, totalement coupées des préoccupations majeures de la population ne font qu’ajouter au” tous pourris” et la Nupes dans ses composantes essentielles est devant le mur des ambitions internes, déjà 2027 dans les tuyaux, incroyable Ruffin…

    Ce dernier se dit prêt à un gouvernement de cohabitation, entendez ministre, en voilà un projet de rupture avec la politique de Macron, avec les méthodes d’une république à bout de souffle.
    Cohabiter et Ruffin n’est pas un isolé comme cela est avancé par ailleurs, il est à l’avant-garde de l’arrière garde, réformiste, nombriliste, insoumis de pacotille…

    Roussel se démarque de la Nupes, il trahit, si déclarer ne pas entrer dans ces jeux malsains c’est trahir la gauche, il faut suivre, si se ranger aux côtés de la souffrance actuelle de notre peuple et vouloir , tout de suite et maintenant, des votes à l’Assemblée pour baisser les taxes sur les carburants même si la question de fond est de reprendre la main en nationalisant, cela oui mériterait d’être porté par toute la gauche et dans la rue, sur les plages, dans les boîtes.

    Cependant les composantes de la Nupes, avec des textes différents en référence, c’est la garantie d’un désastre, les attitudes d’une Rousseau sont clairement les signes de divagations et errances lourdes de conséquences.
    La FI mêne une bataille de sièges, le peuple ne sait plus ou donner du chéquier, de la carte bleue, ça flambe et la hautte politique l’emporte, comme si de présider tel ou tel machin remplissait le caddie.

    Les attaques contre Roussel pleuvent, certes on ne peut pas dire que tout soit compréhensible dans sa démarche, ce qui l’est par contre c’est que les attaques soudent autour de secrétaire national, l forteresse assiégée ne doit cependant pas redonner corps à l’étouffoir, au contraire, en période aussi grave, les bouches doivent s’ouvrir et les mannequins partir.
    Il est notable que Roussel est la huitième personne préférée des français, c’est également un risque majeur pour JLM et consorts, l’un envisage encore 2027, les autres aussi mais sans lui et voilà qu’un communiste devient populaire.

    Certes cela ne fait pas la victoire mais l’indépendance du PCF, son rôle dans les luttes populaires, sa capacité militante peuvent aujourd’hui constituer les bases de la résistance populaire, au delà des urnes, là où est la vie.

    Les luttes salariales abondent, les convergences sur cette bataille sont réelles cependant cela bute sur “si on y va tous ensemble”, en face ils ne céderont pas, oui obtenir une augmentation de salaire au niveau de la boîte mais sans convergences fortes, le conquis sera vite repris, la nécessité de construire un mouvement populaire sur des bases claires, rassembleuses et porteuse avec un parti communiste qui éclaire sur les moyens, les possibilités, qui porte le fer à l’Assemblée mais avant tout au siège du Medef.
    Oui l’ennemi de classe est puissant mais sa société est en crise structurelle, tout peut s’écrouler, tout dépend de quel côté et sur qui tombera le mur alors…

    Converger exige de dégager l’horizon, aujourd’hui extrême droite et droite vont cohabiter, le vieux mécanisme joue, pas d’illusion, d’abord le Rn est à sa place, il est de droite, l’oublie t’ on mais cela ne signifie en rien que son électeur populaire se retrouve à gauche, la gauche pour les plus anciens il a donné.

    Par expérience, pendant les années d’entreprises, les luttes ont toutes les couleurs du monde, mes grèves parlaient toutes les langues et avaient un point de construction, de force, identifier le coupable, le faire cracher, ce coupable était identifié, ciblé, le taulier, le conseil d’administration et le gouvernement qui portait les revendications du patronat.

    En bref, la lutte de classes est le moteur de tout progrès social, redonner du sens au parti communiste c’est marcher sur ces traces du combat ouvrier d’émancipation, de socialisme.

    Roussel a des manques, parfois pire, il joint sa voix à la pensée dominante, celle du capital et par là, amplifie le doute au sein de nombre de militants.
    Cela n’est pas que le poids des mutants, c’est aussi l’absence de réflexion marxiste, d’éducation marxiste, défendre les intérêts de classe c’est avant tout non seulement l’écouter mais l’entendre, c’est lui restituer son rôle historique notamment au sein de son parti communiste.

    Je doute beaucoup de la capacité du PCF de sortir du chemin de la mutation, raison de plus pour ne pas se rendre.

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    • admin5319
      admin5319

      BONJUR à vous tous et merci pour ce débat qui tranche avec tout ce que l’on peut lire dans les réseaux sociaux, merci y compris de nos “nuances”. Un mot à propos de Fabien Roussel, nous avons hérité pour le meilleur et aussi pour le pire d’un parti thorézien avec un rôle écrasant du secrétaire… Et voici ce que le dit Fabien Roussel a dit aujourd’hui et qui me va: « La lutte des places qui se mène à l’Assemblée nationale, comme on dit chez moi, ça m’horripile les tripes. Je ne supporte pas ça. Et donc, je laisse chacun à ses petites affaires. C’est très, très loin de mes préoccupations. Chacun veut avoir sur sa carte de visite […] secrétaire, vice-président et tralali et tralala », reproche sur Sud Radio le n°1 du PCF Fabien Roussel. « Franchement, les Français attendent de nous que dès juillet, il y ait du sonnant et du trébuchant qui rentre dans leur porte-monnaie, qui remplisse le frigo, qui permette de payer le litre d’essence pour partir en vacances », a fait valoir le député du Nord.

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      • Girard
        Girard

        Tout à fait mais Roussel devrait, pourrait relever que le risque majeur demeure un conflit qui peut prendre une dimension… définitive.
        Ensuite le parti doit être à l’initiative sur les terrains et la seule chose que je reçoive dans l’immédiat c’est le bulletin d’inscription pour l’université d’été, c’est léger en vue de la situation…

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  • Jean-Claude Delaunay
    Jean-Claude Delaunay

    Bonjour Danielle, bonjour mes camarades.

    Je salue l’optimisme indéfectible et nécessaire de Danielle. Nous devons nous requinquer de temps en temps. A mon avis, cependant, mais mon avis est sans importance, rien ne sortira de ce qui reste de la flamme communiste si la masse des militants communistes ne prend pas le pouvoir pour l’entretenir et la rénover. Se poser la question de savoir si Roussel fera ceci ou cela me paraît dépourvu d’intérêt, car je sais, l’ayant vu à l’oeuvre, qu’il ne fera pas ceci mais qu’il fera cela et qu’il ne s’inclinera devant l’obligation de faire ceci qu’à la condition que la masse active des militants ne le lui suggère avec fermeté. La bataille actuelle est celle du Congrès. Au delà de ce propos, peut-être aussi lointain de la réalité française que peu réconfortant, je voudrais faire deux remarques.

    La première est qu’on ne peut aujourd’hui, et cela depuis le début du 20ème siècle, mais il y a eu des étapes et des évolutions, séparer ce qui se passe à l’intérieur des pays capitalistes développés et ce qui se passe à l’extérieur de ces pays. Pourquoi? Parce ce que le capitalisme a engendré en son sein, depuis la fin du 19e siècle, un fractionnement significatif entre le Grand Capital (le capital monopoliste, la grande bourgeoisie) et le reste du Capital. Le Grand Capital aujourd’hui est à la fois dedans et dehors. Il n’y a pas l’impérialisme, qui serait l’extérieur, et le capitalisme, qui serait l’intérieur. Il y a le Capital monopoliste dans chaque pays développé et à la direction des affaires. Il s’en suit, dans ces pays, des rapports sociaux internes et externes cohérents et imbriqués, propres à chaque pays impérialiste et la constitution évolutive du système de ces rapports sociaux, que l’on nomme l’impérialisme, que l’on peut avoir tendance à n’identifier aujourd’hui qu’à la puissance américaine. Roussel n’a manifestement pas compris ça, pas plus vraisemblablement, que ses conseillers. C’est dommage car c’est le b-a-ba du marxisme-léninisme, l’arme théorique puissante dont devrait se doter le prolétatriat organisé.

    La deuxième remarque est liée à la précédente. Roussel est pour le socialisme. Oui mais dit-il, “le socialisme à la française”. Or dans l’esprit des réformistes qui ont investi le PCF, et donc dans celui de Roussel qui n’a pas la capacité de surmonter ce handicap, terrible et mortel pour un révolutionnaire, qu’est le réformisme, cela signifie un socialisme électoral, un socialisme reposant uniquement sur des élections. Or, et j’en viens au point précédent, c’est un socialisme électoral dont on fait l’hypothèse qu’il prendra forme, tout en laissant à la grande bourgeoisie, au Capital monopoliste (aujourd’hui avec toutes ses interpénétrations mondiales et notamment no, rd-américaines), tous les pouvoirs dont elle, il, disposent. Bien sûr, lorsque les élections seront terminées, vous allez voir ce que vous allez voir, la grande bourgeoisie va en prendre plein la gueule, fouchtra. Mais rien ne sera mené contre elle avant les élections. C’est le vote qui va décider. Il faut être réglo et surtout ne pas être stalinien.

    Donc voilà l’armature théorique duale du réformisme contemporain :
    1) il ne faut pas confondre le capitalisme et l’impérialisme. Le capitalisme, c’est l’intérieur et il faut rompre avec la capitalisme. Mais l’impérialisme c’est l’extérieur et ce sont surtout les américains,
    2) Cette rupture doit être et ne peut être qu’électorale. Ce qui, par parenthèse, est cohérent avec le fait que le PCF soit devenu un parti d’élus, et principalement d’élus municipaux. A ce réformisme contemporain basique, on peut associer diverses variantes, celle par exemple selon laquelle il existe “des capitalistes intelligents”. Le socialisme électoral est supposé, dans ce cas, pouvoir prendre appui sur l’élan transformateur que les “capitalistes intelligents”, modernistes en quelque sorte, pourraient apporter à l’aspiration révolutionnaire.

    J’ai essayé, dans le chapitre 7 du bouquin que j’ai écrit sur le socialimse et que Aymeric Monville a publié, de rassembler quelques réflexions sur ce thème de la démocratie. Je me permets d’y renvoyer. Ce n’est pas simple et je suis certainement loin d’avoir tout dit sur ce sujet. Cela, il faut quand même se convaincre que d’une part la grande bourgeoisie de ce pays sait manoeuvrer. Restant au pouvoir, elle n’attend pas que des élections la renverse. Elle agit, elle divise, elle enfume, et que d’autre part, les spadassins mondiaux de l’impérialisme ne se contentent d’observer le cours des choses en buvant des alcools rafraîchissants et en écoutant de la musique classique. Eux aussi ils agissent.

    Le réformisme contemporain s’alimente à une double source, celle de l’ignorance et celle de la peur de la révolution.

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    • C. L.
      C. L.

      Votre réflexion sur le socialisme aborde la question des élections, c’est-à-dire du suffrage universel. C’est une vraie question, que l’on soit favorable à la voie française vers le socialisme ou non. Elle est liée à une autre question importante, celle de la pluralité des partis, tous ayant le même statut.

      On connaît les réponses de la démocratie bourgeoise à ces questions. Il semblerait que celles du PCF s’en rapprochent. Est-ce au risque d’un éloignement des ponts fondamentaux du marxisme-léninisme ? Aborder ces questions contribue à la lutte contre l’ignorance et contre la peur de la révolution. Tout révolutionnaire communiste doit les poser, leur apporter une réponse claire et non les éluder indéfiniment.   

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    • Girard
      Girard

      “A mon avis, cependant, mais mon avis est sans importance”, l’avis de tout communiste compte et doit compter sinon à quoi bon et surtout pour aller vers quoi… Le problème majeur à mon sens tient à ce que nombre de communistes échangent sur les “réseaux sociaux” parce que l’organisation communiste n’existe plus bien souvent dans leur proximité. Alors une riposte vraie à Macron, au Médef c’est autre chose que de se fritter avec les FI et autres défroqués du PS voire du Npa.
      Reconstruire le parti c’est reconstruire ses organisations, pour les rendre utiles aux travailleurs, aux pans entiers de la population qui subissent l’idéologie dominante et n’ont d’autres débouchés que la haine de l’autre ou rester chez soi.

      Combien de communistes sont à même de rédiger un rapport, un tract, même un slogan de banderole ? Nombre sont à poil, ils ne savent plus ou pas, leur intelligence, leur savoir-faire ont été laminés par la mutation d’un parti qui statutairement rejetait le rôle dirigeant de la classe ouvrière, celle-ci perdant alors son outil de luttes et de vie.

      Les persévérances pour un outil révolutionnaire font que le PCF est toujours là, mal en point pas pas soluble, il faut en mesurer la portée, dans le même temps le pitoyable spectacle de la Nupes condamnant l’alliance RN, Macron pour aboutir à une alliance Nupes, Macron au nom d’un prétendu front républicain qui a tout d’un front de copains, de coquins dans le cadre de répartition des enveloppes, terme qui me semble le plus adapté aux responsabilités “gagnées” par la FI à l’Assemblée.

      Ruffin déclare que les projets de lois portés par la gauche ne servent à rien, tiens donc, c’est le début officiel de la cohabitation, amender et enrichir les projets de lois du pouvoir, ça c’est possible n’est ce pas…
      C’est au nom du moindre mal que nous allons assister à la déliquescence de la Nupes, le PS étant doublé pour l’instant sur sa droite par la FI mais cela devrait s’égaliser dans le temps.

      Avec un peu de coups de gueules nous devrions donc voir un front englobant toutes les composantes hormis le PCF pour amender, pour, in fine, voter pour ou s’abstenir mais attention abstention de gauche hein…

      Un chèque de 100 euros pour du carburant dont les trois quarts reviendront en taxe, c’est fort quand même, au fait et la TVA, cet impôt inique que la gauche entendait supprimer, puis baisser puis, allez savoir…

      Le salariat est privé de parole, les programmes sont oeuvres de spécialistes, de mathématiciens, à coups de courbes, de schémas, de powerpoint, ceux qui parlent de la classe ouvrière et n’en savent quais rien, rien de ce qu’est une lettre de licenciement, l’absence de vacances, l’absence de perspectives.

      Les Jours heureux pâtissent, non pas dans le contenu essentiellement, mais dans l’absence de débat dans la construction de ce dernier, ce n’est pas l’oeuvre du parti à travers ses réunions, ses débats, le secteur éco, ben voilé, la messe est dite.

      Donc se réapproprier le parti passe par se reprendre en mains, idéologiquement en irriguant la réflexion et la construction du projet via luttes sociales, avec des communistes investis dans la vie syndicale, associative qui sont contraints par la force des choses de trouver des pistes, des clés quand tombe la fermeture de la Poste, de la Classe, de la maternité car derrière ces batailles la question est, qui doit payer, comment , par quelles mesures.

      Chaque lutte est une lutte économique, la Nupes a brillé d’ailleurs par de gros silences sur la question du financement de mesures sociales justes, d’ailleurs cela amène l’électeur à la méfiance quant à la crédibilité de cette gauche qui veut donner sans prendre, là où il le faut.

      Le travail politique d’explication, de vulgarisation de l’analyse communiste passe par un travail considérable devant une telle lessive des contenus alors tous les avis, tous les apports ont leur importance, camarade Jean-Claude que j’avais accueilli chez moi à l’Hay les Roses
      en son temps, pour mon enrichissement.

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    • Xuan

      Permet-moi cher camarade de faire un pléonasme volontaire sur le second paragraphe, qui mériterait davantage d’attention.

       

      Déjà la course aux profits maximums – non la concurrence des pays pauvres – a déchiré le tissu industriel par sa délocalisation. C’est d’ailleurs une forme de la sous traitance qui s’est généralisée, et qui sépare les emplois productifs créateurs de plus value et ceux de la gestion.

      Et le rejet de l’impérialisme français en Afrique ne manquera pas de se répercuter financièrement sur les profits des monopoles de notre pays. D’ailleurs des questions se posent sur les « trente glorieuses » et cette ère de prospérité dont quelques miettes partagées, qui a mystérieusement pris fin avec la première guerre du pétrole.

      Oui, l’impérialisme ce sont surtout les américains, mais la lâcheté de l’impérialisme français c’est-à-dire du grand capital, a pour conséquences l’économie de guerre, la vie chère et la crise. La guerre économique et financière des pays impérialistes aboutit à cracher contre le vent.

      Il est essentiel de s’opposer à la fois à l’OTAN, à la guerre et à la vie chère, et de les relier ensemble.

       

      J’ajouterai que l’accélération de la mondialisation depuis quelques décennies a établi d’innombrables connexions entre l’intérieur et l’extérieur.

      C’est dire à quel point le lien entre l’intérieur et l’extérieur est permanent.

      Et sous cet angle la tentation du protectionnisme n’est certainement pas une solution. On a vu à quel point la guerre des taxes de Trump a aggravé les contradictions économiques et sociales aux USA.

      Au contraire, une France socialiste devrait s’orienter sans hésiter vers le multilatéralisme, s’opposer fermement à l’hégémonisme et liquider les résidus de l’impérialisme français, y compris en Europe.

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