La Chine examine avec ironie la manière dont les Etats-Unis tentent de séduire les différents continents pour contrecarrer l’influence de la Chine, le dernier en date des “sommets”, celui qui prétendait à la fois exclure “les dictatures” Cuba, le Nicaragua et le Venezuela et proposer un plan de développement voit son éclat assombri par le refus de certains pays comme le Mexique d’envoyer le président pour protester contre l’exclusion: “Plus de 25 gouvernements du continent ont ouvertement exprimé leur opposition, réclamant l’invitation à tous les gouvernements et pays du continent. 25, sur 33 pays, soit près de 90% des gouvernements du continent, ont eu le courage d’exprimer leur mécontentement de différentes manières”, a déclaré le président vénézuélien. La grande majorité, même parmi les plus inféodés ne voient là que propositions creuses. Une répétition de ce qui vient de se passer en Asie où là encore les Etats-Unis n’ont décidemment plus les moyens de leur politique dictatoriale, ce qui par parenthèse est très inquiétant parce que cela risque comme cela a pris le chemin en Europe désormais de se traduire par le choix de la guerre, le seul dans lequel les Etats-Unis espèrent encore conserver une hégémonie. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et societe)
LE SOMMET DU MECONTEMENT DES AMERIQUES
Alors que le Sommet des Amériques est assombri par le fait que certains grands pays de la région snobent le rassemblement qui a été divisé par les valeurs et l’idéologie, le président américain Joe Biden devrait accueillir le sommet mercredi et vanter un nouveau paquet économique « ambitieux » qui ressemble à son Cadre économique indo-pacifique (IPEF) pour contrer l’influence de la Chine.
De l’initiative Croissance dans les Amériques lancée en 2019 au plan Reconstruire un monde meilleur de Biden, ces plans économiques initiés par les États-Unis sont largement considérés comme des promesses creuses qui ne répondent qu’aux intérêts de Washington et on peut soupçonner que le nouveau paquet à venir ne serait in fine qu’un outil politique de plus pour que les États-Unis maintiennent leur hégémonie dans la région.
Illustration du Sommet des Amériques : Chen Xia/GT
Biden doit arriver à Los Angeles mercredi pour accueillir une réunion au sommet de trois jours, selon les médias américains, au cours de laquelle le dirigeant américain devrait annoncer un nouveau cadre économique pour l’Amérique latine, un cadre axé sur les chaînes d’approvisionnement, le changement climatique, l’emploi et le commerce. Le cadre, connu sous le nom de Partenariat des Amériques pour la prospérité économique, vise apparemment à contrer l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » (BRI), ont déclaré certains médias.
L’administration américaine annoncera un financement de 300 millions de dollars pour résoudre le problème alimentaire dans la région et proposera des réformes à la Banque interaméricaine de développement afin d’encourager davantage d’investissements privés dans la région. Mardi également, la vice-présidente américaine Kamala Harris a annoncé des promesses d’investissements de 1,9 milliard de dollars par des entreprises privées en Amérique centrale.
Quelques heures avant l’arrivée de Biden, son administration a annoncé la création d’un nouveau Corps de santé des Amériques qui vise à améliorer les compétences de 500 000 agents de santé dans la région, en s’appuyant sur les leçons de la COVID-19, qui a frappé particulièrement durement l’hémisphère occidental, a rapporté l’AFP.
La formation coûtera 100 millions de dollars, mais les États-Unis ne contribueront pas à la totalité et chercheront à collecter des fonds, y compris par l’intermédiaire de l’Organisation panaméricaine de la santé, selon les médias.
Alors que la BRI gagne de plus en plus de soutien en Amérique latine, certains observateurs chinois doutent de l’efficacité du paquet économique de Biden pour l’Amérique latine, motivé par des visées politiques américaines pour contrer la Chine et sans tenir pleinement compte des besoins réels des pays d’Amérique latine. Alors que les États-Unis sont confrontés à une influence déclinante avec leur économie aux prises avec une inflation galopante et un faible investissement, montent les voix qui veulent rejeter l’hégémonie américaine sur le continent latino-américain.
« Cette semaine, tout le continent exprimera son rejet de l’hégémonie américaine », a déclaré Jorge Arreaza, ancien ministre des Affaires étrangères du Venezuela, cité dans les médias récemment. Des propos de détermination équivalents se sont fait entendre et insistent sur le fait que les États-Unis peuvent plus longtemps prendre le continent comme leur propre arrière-cour. les pays de la région cherchent à se débarrasser de l’influence américaine et à prendre des décisions plus indépendantes basées sur leurs propres intérêts.
Des migrants d’Amérique latine dans une caravane vers la frontière avec les États-Unis arrivent à Huixtla, au Mexique, le 7 juin 2022. La vice-présidente américaine Kamala Harris a annoncé un financement supplémentaire de 1,9 milliard de dollars du secteur privé pour stimuler l’emploi dans l’espoir de réduire la migration en provenance d’Amérique centrale, lors d’un sommet à Los Angeles snobé par les dirigeants du Mexique et d’autres pays touchés. Photo : VCG
Le nouveau paquet économique vise à mobiliser de nouveaux investissements dans la région, à renforcer les chaînes d’approvisionnement, à promouvoir la décarbonisation et la biodiversité, à faciliter le commerce inclusif et à mettre à jour le « contrat social » entre les gouvernements et leurs populations, a rapporté mardi Politico, notant que ces propositions sont peu susceptibles de satisfaire le désir des pays d’Amérique latine d’un plus grand accès au commerce aux États-Unis.
Axios a également noté que le partenariat américain n’est pas un accord commercial traditionnel, où les pays abaissent les droits de douane pour accéder au marché, et plusieurs pays comme l’Équateur et l’Uruguay ont exprimé leur frustration de ce que Biden n’ait pas été disposé à négocier de tels accords.
Les États-Unis visent à diriger un accord de commerce et d’investissement qui exclut la Chine en Amérique latine, reflétant leur inquiétude face à la présence de la Chine dans la région qui est efficace et pleine de vitalité, dépassant progressivement les positions des États-Unis. mais le problème est de savoir si une telle initiative de commerce et d’investissement dirigée par les États-Unis pourrait répondre aux besoins des pays d’Amérique latine, a déclaré Zhou Zhiwei, expert en études latino-américaines à l’Académie chinoise des sciences sociales, au Global Times.
« Compte tenu du protectionnisme sévère et d’une forte dépendance à l’égard des marchés extérieurs, le continent n’a pas formé une chaîne d’approvisionnement complète dans un marché commun. Il y a en fait écart énorme entre le marché latino-américain et la conception de la politique américaine, sans parler du fait que pour certains pays d’Amérique latine, leur plus grand partenaire commercial est la Chine », a déclaré M. Zhou.
Le commerce total entre la Chine et l’Amérique latine a atteint 451,59 milliards de yuans (67,5 milliards de dollars) en 2021, soit une augmentation de 41% par rapport à l’année précédente, selon les données du ministère chinois du Commerce. La Chine est restée le deuxième partenaire commercial de l’Amérique latine et une série de projets de la BRI ont donné des résultats positifs.
Ce n’est pas la première fois que les États-Unis vantent certaines incitations économiques dans la région. D’après ses expériences passées, les experts chinois estiment que ces paquets économiques n’offrent que des paroles en l’air plutôt qu’une coopération concrète.
« L’administration Trump a proposé l’initiative Croissance dans les Amériques en 2019, puis Biden a vanté son B3W et maintenant c’est ce nouveau paquet économique. Mais si les républicains prennent le pouvoir à l’avenir, ces politiques resteront-elles efficaces ? Nous ne le savons pas », a déclaré Jiang Shixue, directeur du Centre d’études latino-américaines de l’Université de Shanghai, au Global Times.
Rejeter l’hégémonie américaine
Après que le président mexicain Andrés Manuel López Obrado ait confirmé un boycott du sommet puisque la Maison Blanche refusait d’inviter des dirigeants de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela, des pays clés d’Amérique centrale suivent son exemple en n’envoyant que des délégués de niveau inférieur au lieu de leurs dirigeants au sommet, a déclaré CNN, notant que cette manifestation soulignait la lutte pour exercer une influence américaine dans la région.
Les dirigeants latino-américains ont une attitude complexe à l’égard des propositions de Biden. D’une part, les pays d’Amérique latine ne veulent pas perdre leur autonomie et sont insatisfaits de l’hégémonie américaine, mais d’autre part, ils continuent d’être sous l’influence économique et géopolitique des États-Unis dont ils pourraient tirer certains avantages, Xu Shicheng, chercheur en études latino-américaines à l’Académie chinoise des sciences sociales, au Global Times.
Heinz Dieterich, chercheur mexicain et directeur du Center for Transition Sciences and World Advanced Research Project, a déclaré que les États-Unis sont l’ombre de la puissance impériale qu’ils étaient autrefois, avec des élites dirigeantes incompétentes et aucune idée stratégique de ce que leur rôle dans le futur monde multipolaire est et peut être.
« Quelle projection de pouvoir, de leadership et de développement économique un tel pays peut-il exercer dans son propre arrière-cour, l’hémisphère occidental, où, bien sûr, l’initiative « la Ceinture et la Route » dirigée par la Chine avec des participations commerciales, d’investissement et financières de plus en plus importantes produit une voie de développement toujours meilleure que l’impérialisme néolibéral occidental ? » Demanda Dieterich.
Ce qui se passe à Los Angeles n’a d’importance stratégique mondiale pour personne. Il s’agit d’un spectacle secondaire dans une zone géopolitique secondaire, dont les résultats ne sont importants que pour les élections de mi-mandat de novembre et l’avenir de Biden et des démocrates, a déclaré le chercheur mexicain, notant qu’il s’agit essentiellement d’un spectacle à usage électorale interne dans la rivalité d’intérêt entre les Parti républicain et démocrate. .
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