Reportage.
Pour ceux qui ont vécu l’assaut contre KHADAFI et son assassinat, et tant d’autres invasions couvertes par une propagande comparable à celle que nous subissons sur l’Ukraine, ceux-là savent la haine déchaînée contre le despotes, les courageux résistants de BENGHAZI. En fait il s’agissait d’Al Qaida, un scénario qui s’est répété en Irak, en Syrie où il a été bloqué par la Russie. A chaque fois dénoncer l’opération c’est quasiment apparaître comme un fasciste, mais si les Français n’apprennent rien, les autres peuples, ceux d’AFRIQUE en particulier qui ont payé et payent dans leur chair les crimes néo-coloniaux n’oublient pas. Par parenthèse, déjà le secteur international du PCF et l’Humanité proposaient d’envoyer des fusils aux révoltés de BENGHAZI. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Ville symbole de la révolte contre Muammar Kadhafi, Benghazi a sombré dans la ruine, la violence et la drogue. Elle ploie également sous le pouvoir du maréchal Haftar. “The Economist” revient dans cette ville martyre, qui porte à elle seule toute la tragédie libyenne.The EconomistTraduit de l’anglais
Les lanternes dorées à la feuille d’or sur les balustrades autour du tombeau sont inspirées de celles qui ornent le palais de Buckingham. Les murs crénelés resplendissent du plus beau marbre d’Italie. À l’intérieur brille un magnifique chandelier venu d’Égypte. Vingt ans après avoir été laissé à l’abandon dans le désert par un Muammar Kadhafi jaloux, le tombeau d’Omar Al-Mokhtar, intellectuel libyen anticolonialiste et héros de guerre [il est connu pour avoir organisé la résistance armée à la colonisation italienne de la Libye, au début du XXᵉ siècle] a été restauré avec faste.
Il suffit toutefois de regarder par ses fenêtres pour n’apercevoir tout autour que des ruines. Celles de Benghazi, deuxième ville de Libye. L’ancienne cité italienne, [l’Italie a envahi la ville en 1911 et l’a annexée à la Libye italienne] avec ses cafés, son cinéma Art déco et son palais royal, n’est plus qu’une ville fantôme. Le tribunal où les Libyens se sont soulevés contre Kadhafi, en 2011 [les premières manifestations pacifiques opposées au régime de Muammar Kadhafi ont éclaté le 15 février 2011 à Benghazi], ressemble à une décharge.
Ravagée par les combats
“Patrie perdue”, peut-on lire sur les vestiges d’une colonne de la vieille banque de Rome. Les services municipaux se sont effondrés. Les poubelles s’entassent dans les rues. Les ordures coulent jusqu’à la mer. Les écoles ont récemment dû être fermées pour cause d’inondations. Et les profiteurs de guerre et autres contrebandiers se sont installés.
Comme d’autres belles cités du Moyen-Orient – Alep, Mossoul, Rakka –, Benghazi a été ravagée pour être arrachée aux islamistes. Pendant trois ans, Khalifa Haftar, ancien général reconverti en seigneur de la guerre à la tête de l’armée dite nationale libyenne (ANL), a bombardé la ville, capitale de l’ancienne Cyrénaïque, depuis la terre, la mer et les airs, jusqu’à sa chute, fin 2017. L’Égypte, la France, la Russie et les Émirats arabes unis l’ont tous aidé avant de partir en laissant la ville sous sa responsabilité.
Les Nations unies n’ont proposé aucun programme de reconstruction pour Benghazi. Le 21 mars, le gouvernement italien a organisé une rencontre architecturale, en bonne partie suivie en vidéoconférence, pour appeler à la rénovation de la ville. Mais à Tripoli, dans la capitale de l’Ouest, les décideurs libyens sont plus préoccupés par les revenus pétroliers et la désignation du Premier ministre [le pays connaît un imbroglio institutionnel : en février, Fathi Bachagha, influent ex-ministre de l’Intérieur, a été élu par le Parlement établi à Tobrouk, dans l’est de la Libye, pour remplacer Abdel Hamid Dbeibah à la tête du gouvernement intérimaire, mais ce dernier refuse de céder le pouvoir]. “Il n’y a pas vraiment de volonté de reconstruire la ville”, se lamente Atif Al-Hasiya, ingénieur à Benghazi.
Le général Haftar se présente pourtant comme son protecteur. “D’une main, nous construisons, de l’autre, nous combattons les terroristes”, affirme un prospectus emporté par le vent. Les habitants, eux, ne parlent que de la terreur que font régner les hommes du général et disent qu’il dilapide l’argent dans des expéditions militaires et pour payer ses 127 000 combattants.
En 2018, un rapport des Nations unies révélait qu’une unité dirigée par l’un de ses fils avait pillé la banque centrale de la ville, dérobant 300 millions de dollars en monnaie nationale et devises étrangères. “Ses fils sont pires que ceux de Kadhafi”, soupire un homme d’affaires de Benghazi en exil.
Une narco-cité
Dans la ville, les journalistes sont surveillés et muselés. Ceux qui critiquent le général prennent le risque de disparaître. En 2020, le Wall Street Journal a révélé qu’il cachait une montagne d’or, provenant du Venezuela. Depuis qu’il a rouvert le port de Benghazi, en 2018, celui-ci est devenu une réserve de captagon, une amphétamine fabriquée en Syrie.
“Les drogues sont la première activité économique de Benghazi”, résume un chercheur local. Les dealeurs blanchissent leur argent sale en ouvrant des boutiques de vêtements et des restaurants haut de gamme sur Venice Street. Les joailliers qui fournissent les gangsters voient leurs affaires prospérer.
Les habitants de Benghazi avaient espéré qu’Abdel Hamid Dbeibah, Premier ministre assiégé à Tripoli, lancerait le chantier de reconstruction de leur ville. En mai [2021], il a dévoilé un programme de reconstruction incluant Benghazi. Les optimistes l’ont comparé à Rafic Hariri, l’homme d’affaires libanais qui a utilisé ses propres entreprises pour reconstruire Beyrouth après la guerre civile (avant d’être assassiné).
Certains projets inachevés, comme le stade olympique, dont Dbeibah était chargé sous la présidence de Kadhafi, pourraient être terminés. Les hommes du général Haftar ont toutefois empêché Dbeibah de se rendre dans leur fief, et l’argent n’est jamais arrivé. Des élections parlementaires prévues pour décembre avaient laissé espérer une issue, mais elles ont été reportées. Pendant ce temps, Benghazi tombe en ruine.
The Economist (Londres)
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