Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les questions se multiplient sur le massacre de Boutcha

Ce journaliste américain, ancien correspondant à l’ONU pour le Wall Street Journal, s’indigne à propos du jugement rapide sur les responsabilités lors du massacre de Boutcha, où la question de la culpabilité est loin d’être tranchée. Dans cette affaire, les occidentaux Macron en tête, ont violé leurs propres principes démocratiques sur les sanctions avant la preuve et le tout pour nous entrainer dans la guerre. Personnellement j’en tire mes conclusions, on ne peut pas voter pour des gens aussi irresponsables qui non contents de nous imposer des politiques sociales de régression participent d’une telle opération belliciste toujours sur ordre des USA. Ce qui implique une abstention au moins au second tour (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

ILLUSTRATION. Comme les autres photos de “cadavres” celle-ci pose problème : presque tous les morts ont leur capuche rabattue sur la tête, ou sont face contre terre. S’ils avaient été abattus d’une balle dans la tête il devrait y avoir du sang et des trous sur ces capuches. Or là, rien. Dans l’ensemble les vêtements des victimes sont en bon état, ce qui pose là aussi question.

06/04/2022

L’Occident a porté un jugement rapide sur qui est responsable du massacre de la ville ukrainienne de Boutcha avec des appels à des sanctions plus strictes contre la Russie, mais la question de la culpabilité est loin d’être tranchée, écrit Joe Lauria. Avant même que l’enquête soit ouverte non seulement la sentence était prononcée par MACRON au nom de l’Europe et celle-ci avait la guerre pour seul but.

By Joe Lauria*
4 avril 2022

Après des heures d’information dimanche sur l’existence d’un massacre à Bucha, une ville située à 63 km au nord de la capitale ukrainienne, le verdict était tombé : les troupes russes avaient massacré de manière insensée des centaines de civils innocents alors qu’ils se retiraient de la ville, laissant leurs corps joncher les rues.

Contrairement à leurs systèmes judiciaires, lorsqu’il s’agit de guerre, les pays occidentaux renoncent à la nécessité d’enquêtes et de preuves et prononcent leur culpabilité sur la base de motifs politiques : la Russie est coupable. Affaire classée.

Alors que l’affaire n’a même pas encore été ouverte et que la sentence est déjà avancée. Le président français Emmanuel Macron, par exemple, a appelé à l’interdiction du charbon et du pétrole russes en Europe. « Il y a des indications très claires de crimes de guerre », a-t-il déclaré lundi sur la radio France Inter. « Ce qui s’est passé à Boutcha exige une nouvelle série de sanctions et des mesures très claires, nous allons donc nous coordonner avec nos partenaires européens, en particulier avec l’Allemagne. »

D’autres voix appellent maintenant dangereusement les États-Unis à entrer en guerre avec la Russie à propos de l’incident.

« C’est un génocide », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Face the Nation sur CBS. « Les mères de Russes devraient voir cela. Voyez quels bâtards vous avez élevés. Meurtriers, pillards, bouchers », a-t-il ajouté sur Telegram.

La Russie a catégoriquement nié avoir quoi que ce soit à voir avec le massacre.

Par où commencer

S’il devait y avoir une enquête sérieuse, l’un des premiers endroits par lequel un enquêteur commencerait serait de tracer une chronologie des événements.

Mercredi dernier, toutes les forces russes ont quitté Boutcha, selon le ministère russe de la Défense.

Cela a été confirmé jeudi par Anatoli Fedoruk, le maire de Boutcha tout soutire, dans une vidéo sur la page Facebook officielle du conseil municipal de Boutcha. Le message traduit accompagnant la vidéo dit:

« 31 mars – le jour de la libération de Boutcha. C’est ce qu’a annoncé le maire de Bucha, Anatoli Fedoruk. Cette journée restera dans l’histoire glorieuse de Boutcha et de toute la communauté de la ville comme un jour de libération par les forces armées ukrainiennes des occupants russes”.

Toutes les troupes russes sont parties et pourtant il n’y a aucune mention d’un massacre. Le rayonnant Fedoruk dit que c’est un « jour glorieux » dans l’histoire de Boutcha, ce qui ne serait guère le cas si des centaines de civils morts jonchaient les rues autour de Fedoruk.

Le ministère russe de la Défense a nié les accusations du régime de Kiev selon lesquelles des civils auraient été tués à Boutcha, dans la région de Kiev. Les preuves de crimes à Boutcha ne sont apparues que le quatrième jour après l’arrivée dans la ville du Service de sécurité ukrainien et des représentants des médias ukrainiens. Toutes les unités russes se sont complètement retirées de Boutcha le 30 mars, et « pas un seul résident local n’a été blessé » à l’époque où Boutcha était sous le contrôle des troupes russes », a déclaré le ministère russe de la Défense dans un message sur Telegram.

Que s’est-il passé ensuite?

Que s’est-il passé alors vendredi et samedi ? Comme l’a souligné un article de Jason Michael McCann sur Standpoint Zerole New York Times était à Boutcha samedi et n’a pas rapporté de massacre. Au lieu de cela, le Times a déclaré que le retrait avait été achevé samedi, deux jours après que le maire a déclaré que c’était le cas, et que les Russes avaient laissé « derrière eux des soldats morts et des véhicules incendiés, selon des témoins, des responsables ukrainiens, des images satellites et des analystes militaires ».

Le Times a déclaré que les journalistes avaient trouvé les corps de six civils. « On ne savait pas dans quelles circonstances ils étaient morts, mais l’emballage jeté d’une ration militaire russe gisait à côté d’un homme qui avait reçu une balle dans la tête », a déclaré le journal. Il a ensuite cité un conseiller de Zelensky, qui a déclaré:

« Les corps de personnes les mains liées, qui ont été abattues par des soldats, gisent dans les rues », a déclaré le conseiller, Mykhailo Podolyak, sur Twitter. Ces gens n’étaient pas dans l’armée. Ils n’avaient pas d’armes. Ils ne représentaient aucune menace. » Il a inclus une image d’une scène, photographiée par l’Agence France-Presse, montrant trois corps sur le bord d’une route, l’un avec les mains apparemment attachées derrière le dos. Le New York Times n’a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante l’affirmation de M. Podolyak selon laquelle les gens avaient été exécutés.

Il est possible que samedi, toute l’étendue de l’horreur n’ait pas encore émergé, et que même le maire n’en était pas conscient deux jours auparavant, bien que des photos montrent maintenant de nombreux corps à l’air libre dans les rues de la ville, ce qui serait probablement difficile à ignorer.

À Boutcha, le Times était proche du bataillon néo-nazi Azov, dont les soldats apparaissent sur les photographies du journal. Dans son article, McCann suggère qu’Azov pourrait être responsable des meurtres :

« Quelque chose de très intéressant se passe alors le [samedi] 2 avril, quelques heures avant qu’un massacre ne soit porté à l’attention des médias nationaux et internationaux. Le site en ligne Left Bank de l’Institut Gorshenin, financé par les États-Unis et l’UE, a annoncé que :

« Les forces spéciales ont commencé une opération de nettoyage dans la ville de Bucha, dans la région de Kiev, qui a été libérée par les forces armées ukrainiennes. La ville est en train d’être débarrassée des saboteurs et des complices des forces russes. »

L’armée russe a maintenant complètement quitté la ville, donc cela ressemble pour le monde entier à des représailles. Les autorités de l’État traverseraient la ville à la recherche de « saboteurs » et de « complices des forces russes ». Seulement la veille [vendredi], Ekaterina Ukraintsiva, représentant l’autorité du conseil municipal, est apparue sur une vidéo d’information sur la page Bucha Live Telegram portant un treillis militaire et assise devant un drapeau ukrainien pour annoncer « le nettoyage de la ville ». Elle a informé les habitants que l’arrivée du bataillon Azov ne signifiait pas que la libération était complète (mais c’était le cas, les Russes s’étaient complètement retirés) et qu’un « balayage complet » devait être effectué.

Ukraintsiva s’exprimait un jour après que le maire eut déclaré que la ville avait été libérée.

Dimanche matin, le monde a appris le massacre de centaines de personnes. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré : « Nous condamnons fermement les atrocités apparemment commises par les forces du Kremlin à Boutcha et dans toute l’Ukraine. Nous recherchons la responsabilisation en utilisant tous les outils disponibles, en documentant et en partageant l’information pour incriminer les responsables. Le président Joe Biden a appelé lundi à un procès pour « crimes de guerre ». « Ce type est brutal, et ce qui se passe à Bucha est scandaleux, et tout le monde l’a vu. Je pense que c’est un crime de guerre. »

L’incident de Boutcha est un moment critique de la guerre. Une enquête impartiale est justifiée, que seule l’ONU pourrait probablement mener. Le bataillon Azov a peut-être perpétré des meurtres de vengeance contre des collaborateurs russes, ou les Russes ont perpétré ce massacre. (Une fois de plus, le Pentagone atténue l’hystérie de guerre, disant qu’il ne peut pas confirmer ou infirmer que la Russie était responsable.)

Une précipitation vers le jugement est dangereuse, avec des discours irresponsables sur les États-Unis combattant directement la Russie. Alors que nous devrions exiger d’accélérer une enquête impartiale avant que les preuves aient été trafiquées en profitant de l’émotion.

[Mise à jour: Les images satellites, publiées après la publication de cet article par le New York Times, montrant prétendument des corps éparpillés dans une rue à la mi-mars, devraient être examinées par une enquête impartiale. Il ne peut pas être considéré à ce stade comme une preuve concluante.]

* Joe Lauria est rédacteur en chef de Consortium News et ancien correspondant à l’ONU pour le Wall Street Journal, le Boston Globe et de nombreux autres journaux, dont The Montreal Gazette et The Star of Johannesburg. Il a été journaliste d’investigation pour le Sunday Times de Londres, journaliste financier pour Bloomberg News et a commencé son travail professionnel en tant que pigiste de 19 ans pour le New York Times. Il peut être contacté à joelauria@consortiumnews.com et suivi sur Twitter @unjoe

Publié sur consortiumnews.com

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2 Commentaires

  • YannickH
    YannickH

    A chaque conflit médiatisé je me remémore les premiers reportages télévisés de 1994 lors de l’arrivée des militaires français au Rwanda qui nous présentaient la joie des survivants désormais sauvés alors qu’il s’agissait en réalité des génocidaires ayant participé aux massacres quelques jours plus tôt.
    A cet instant ma vision du monde venait de changer pour toujours.

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Un peu de physique
    tir sur gel “balistique”
    5.56 5.45mm
    https://youtu.be/lyQEvDCRxtw?t=140
    7.39mm
    https://youtu.be/AQdNcxpd53o
    Tir sur un casque russe en titane:
    https://youtu.be/nyKnKbhAyu0?t=187

    Les photos des corps me laissent très dubitatif sur des morts par balles, j’ai du mal a imaginer que la capuche soit restée sur la tête et qu’aucun trou ne soit visible ni sur la face ou sur le corps.
    L’homme sur vélo semble avoir le torse intact, le pantalon est intact, sa position sur le vélo est étrange.
    Le vélo lui même est intact pas un seul éclat dessus (c’est aussi difficile à cibler).

    Désolé pour les détails qui suivent pas très agréables.

    En général comment apprends on à un soldat à neutraliser un fantassin ? Avec une arme automatique on vise le bas du torse à gauche, l’effet de recul va faire remonter le torse de tireur et les balles suivantes suivront une ligne du coin bas gauche vers le coin haut droit, le but est d’en mettre le plus possible dans le torse. Avec le vieux MAT49 on nous recommandait même de commencer au niveau du genou sur notre gauche (38 balles en moins de 5 secondes ça va très vite). Les fusils modernes font du coup par coups, 3 par 3 ou en rafales.

    L’énergie cinétique est la demie masse multipliée par le carré de la vitesse.
    Les gels cinétiques sont utilisés pour analyser la trajectoire d’un projectile dans des corps mous tels que nos organes.

    Sur la vidéo on voit bien la trajectoire à l’intérieur de la gélatine qui en freinant la balle génère un phénomène de cavitation qui provoque de grave blessures internes. ça reflète assez fidèlement ce qui peut se passer avec un tir à l’abdomen.

    Aujourd’hui les diamètres de balles les plus courants sont du 5.55 dans l’OTAN et 5.45×39 chez les Russes contre du 7.39 auparavant, ce dernier calibre continue à être utilisé dans certains équipements.

    Les petits diamètres ont une vélocité plus grande une énergie cinétique plus grande et donc provoquent des blessures plus graves. Une balle de FAMAS en 5.55 est plus dévastatrice qu’une balle de MAT49 en 9mm.
    Le choc fait que l’énergie cinétique de la balle est transmise à l’obstacle.

    Le test dans la vidéo a des limites la longueur du gel est plus longue qu’une tête ou un corps et n’est pas contrainte par un squelette. Sur un vrai corps sans gilet pare balle les balles seraient probablement toutes sorties à courte distance et les os seraient parfois brisés.

    Dans un crâne l’énergie doit s’échapper mais elle est contenue, l’onde de choc va se propager dans le crâne et faire céder les points faibles comme les tempes et surtout la sortie de la balle où le trou peut être bien plus grand que le point d’entrée, la taille de la balle plus l’onde de choc concentrée autour d’elle . Avec une arme de guerre c’est assez horrible. Les tirs à la tête sont le plus souvent la spécialité des snipers ou de certaines troupes très entraînées.
    Les effets de l’onde de choc et très bien visible sur les vidéo de tir sur gel, imaginez dans une boîte rigide.

    Le tir sur un casque en titane russe montre bien la déformation due au choc.
    Le titane est un des meilleurs blindages il est utilisé pour la cellule vie des hélicoptères de combats russes ainsi que sur l’avion d’attaque au sol SU25.

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