Zakharova : la décision de Berlin soulève la question de l’éradication du nazisme en Allemagne même.

En 1962, le Democratic German Report, un journal de langue anglaise basé en RDA, a publié une carte répertoriant les pays dans lesquels d’anciens membres du parti nazi travaillaient comme ambassadeurs de la République fédérale d’Allemagne. Malgré la fin du règne de terreur du Troisième Reich, les « vieilles élites » réapparurent rapidement dans la jeune République fédérale. Des fonctionnaires du régime hitlérien ont été nommés à des postes influents dans la magistrature, les universités, l’armée et les entreprises.

Dans les années 70 en visite en RDA, j’ai été frappé par la prégnance du terme “fachismus” (et anti) dans les discussions avec les allemands de l’est, et pas uniquement avec les responsables. Il était très clair que la dénazification avait alors une réelle signification, les allemands de l’est était particulièrement “pointilleux” sur cette question.

Sur la carte de 1962 jointe, il est frappant de voir l’arc de croix gammées (ambassadeurs de la RFA identifiés nazis) allant du nord de l’Europe à l’Asie du sud-est encerclant l’URSS et qui correspond aujourd’hui, peu ou prou, aux implantations des bases militaires américaines ou otanesques.

Je renvoie à un article de Victor Lavrov du 28 juin 2021 paru dans le journal Global Affairs intitulé ; « Sur la loi, les droits et les règles » qui selon Lavrov peut se résumer ainsi ; « Le «charme» des «règles» occidentales réside précisément dans leur absence de précision : dès lors que quelqu’un va l’encontre la volonté de l’Occident, ce dernier déclare instantanément et sans fondement que «les règles ont été enfreintes» et proclame son «droit de “punir” le contrevenant»
 
Cette lecture démontre que les USA et leurs féaux, suivant ainsi les idéologues nazis, se sont affranchis du droit international édicté par l’ONU depuis l’effacement de l’URSS qui faisait alors contrepoids.
 
Sans qu’il soit ici nécessaire de rappeler les innombrables violations du droit international par les US et féaux, on peut tout de même rappeler que seul le conseil de sécurité des Nations Unies dispose du droit de prendre, contre les États et ses représentants, des sanctions.
Il n’empêche que depuis 1991, les USA et féaux s’en affranchissent allègrement.

NB ; La loi Russe concernant les dirigeants, les députés et sénateurs, les hauts fonctionnaires leur interdit de disposer de comptes ou d’avoir à l’étranger et l’on comprend que les sanction contre Poutine ou Lavrov sont de l’enfumage grossier.
 
Je note avec une certaine amertume, et c’est un euphémisme, que le PCF a récemment suggéré la réquisition des (ou de la) maison de villégiature de la fille de Poutine dans le sud-ouest de la France (les Landes) afin d’y accueillir des réfugiés ukrainiens.
 
Ainsi, le PCF, outre de ne pas mettre clairement en perspective les événements ukrainiens dans ses déclarations, ces dernières vont au contraire dans le sens de la petite musique otanesque, se permet dans une démagogie électorale manifeste, de suggérer des “sanctions”, non pas contre Poutine lui-même, mais contre sa fille. 

Il est donc particulièrement incongru d’en appeler par ailleurs sous des formes grandiloquentes à des conférences de paix internationales pour “préserver la paix” au nom du « droit international », c’est à dire aux règlements onusiens, et s’en affranchir ostensiblement en appelant des sanctions parfaitement illégales contre, en l’espèce, la fille de Poutine, en réquisitionnant sa maison pour y loger des “réfugiés” ukrainiens, possiblement « ukronazis ».
On imagine déjà la terreur qu’inspire aux russes l’appel du PCF à la fermeté vis -à -vis de Poutine.
 
Mais qu’attend-t-on pour interdire aux enfants des oligarques russes l’accès aux pistes bleues de la station de Courchevel ? ça aurait de la gueule au vingt heure !
 
Où l’on voit que le bourrage de crâne des médias de grands chemins fait son œuvre, au point même que le PCF en arrive à de telles coquecigrues !
 
Une telle ânerie vient-elle de Roussel lui-même ?, en espérant que non, ou plutôt de son (mauvais) entourage, et particulièrement de son directeur de campagne, dont on se souvient des résultats électoraux lors des dernières européennes.
 
Il n’en reste pas moins que les précédents dérapages de Roussel tendent ainsi à se confirmer.
 
Rappelant Carl Von Clausewitz : “La guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique par d’autre moyens” cela semble avoir échappé à certains et qu’au regard de la situation, il n’est pas illégitime de penser que la Russie ainsi mise devant le fait accompli se trouve en quelque sorte en état de légitime défense. En effet, il semble que pour le « secteur international », la guerre ne commence que quand les moteurs des chars d’assaut se mettent en branle.
 
En outre, il n’est sans doute pas inutile de rappeler les termes de Baruch de Spinoza ; “La paix n’est pas seulement l’absence de guerre, c’est une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de confiance et de justice.” Phrase qui renvoie à la déclaration de F. Roussel dans un interview ; “La Russie n’est pas notre amie politique“. Pour un prétendant à la fonction suprême, cela pourrait bien constituer une grave faute politique. Comment peut-on envisager une grande conférence pour la paix en commençant par définir ses amis et ses ennemis.

Et en outre, quel est ce “Notre” ? la France du capital, la France populaire, le parti ?, tout cela est bien flou… Et la Russie c’est quoi ? Poutine, les oligarques, le peuple russe, les 27 millions de morts sacrifiés pour notre liberté ? En termes de bienveillance, de confiance et de justice évoqués par Spinoza, il semble que le PCF a fait un curieux choix (Mais en est-ce bien un après tout ?). 
 
Alors certes, Poutine n’est pas exempt de travers et critiquables à bien des égards, mais mettre un signe d’égalité entre l’impérialisme US et Russe est une ineptie idéologique, et les idéologues sont toujours prévisibles. (La carte de 1962 montre clairement où sont les nazis)
Après la déliquescence des années « d’El Borracho » Eltsine, Poutine a épargné à son pays le sac des capitalistes étrangers sur ses ressources, il suffit de regarder la carte du projet américain, découpant la Russie en pléthore de pseudo-républiques, comme autant de latifundia au service des trusts yankees et internationaux.
 
Il a également renforcé son armée, initialement mal en point, face aux menaces constantes et multiples des bellicistes du couchant, réindustrialisé le pays et reconstruit une agriculture non seulement autosuffisante mais devenue exportatrice (Sous Eltsine la Russie importait du blé, elle en exporte aujourd’hui, l’industrie représente 38 % de son PIB alors qu’il n’est plus que de 17 % en France…), c’est bien pour ces raisons que l’occident à la dent dure contre la Russie et qu’elle fomente la haine et la guerre au plus près de ses frontière en bafouant tous ses engagements, c’est cette guerre décrite par Clausewitz qu’elle subit depuis trente ans, et dorénavant dans la chair des russophones ukrainiens depuis 2014, les 14 000 du Donbass et les 48 d’Odessa sont une réalité de sang, pas une comptine pour le manège enchanté de Macron et son guignole Le Drian dont la diplomatie se résume à Un, Deux, Trois Soleil avec Blinken. 
 
Il faut enfin souligner le caractère déterminant du rôle joué par le KPRF, notamment dans l’adoption de la décision de reconnaissance des Républiques du Donbass sur la proposition de Guennadi Ziouganov à la Douma. Manifestement les communistes russes ont marqué des points, il n’est pour s’en convaincre que d’écouter le discours de Poutine du 21 février 2022 savonnant la planche des communistes par ses aspects anti-léninistes : « …les principes léninistes de construction de l’État n’étaient pas seulement une erreur, c’était, comme on dit, bien pire qu’une erreur… », cela ressemble à s’y méprendre à l’hommage du vice à la vertu.
Le PCF est sur ce point particulièrement taisant, en cela il imite la grande majorité qui par médiocrité ne voit que le méchant Poutine quand il s’agit de la Russie et surtout de l’Ukraine, Vladimirovitch étant devenu le doigt que les idiots regardent quand le sage désigne les nazis.
 
 
La fin de l’URSS n’a pas éteint le sacrifice de la grande guerre patriotique, c’est un patrimoine sacré des Russes et le capital, trop occupé à se remplir les poches, ne le mesure toujours pas, au surplus, les ombres de la « gauche » les suivent en caquetant.
 
Nous sommes d’ores et déjà entrés dans une nouvelle ère, que cela vous plaise ou non !