Ziouganov : La reconnaissance des républiques populaires du Donbass est une question de principe pour nous !

Le 22 février, la Douma d’État russe a ratifié les traités d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle avec la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk. La position du parti communiste a été exprimée par son Secrétaire, Guennadi Ziouganov. Un des aspects les plus intolérables de la désinformation en France et en occident est la négation de la grande force d’opposition que constitue le parti communiste russe et son choix patriotique très partagé par le peuple russe. Si le discours de Poutine a eu des aspects très durs en particulier contre Lénine et reste celui d’un conservateur anticommuniste, d’un autre côté l’aspect patriotique l’oblige à choisir entre la défense de son pays et les appétits des oligarques, c’est tout un pan essentiel de la situation que nous restitue cet important discours du président des communistes russes (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

Le 22 février, la Douma d’État russe a ratifié les traités d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle avec la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk. La position du parti communiste a été exprimée par son Secrétaire, Guennadi Ziouganov.

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– Chers collègues, notre parti, notre faction et les forces patriotiques de gauche ont soutenu très activement l’idée de reconnaître les républiques populaires. Il s’agissait de républiques populaires, parce que le peuple s’y est réellement révolté contre le gouvernement nazi-banderiste, qui a occupé l’Ukraine par la force, s’est emparé de Kiev et continue de brimer ses propres citoyens.

Au congrès, aux plénums et aux rencontres avec les citoyens, nous avons poursuivi cette ligne. Et j’ai écouté avec grand intérêt tous les membres du Conseil de sécurité hier. Je remercie le Président de l’avoir fait diffuser par la télévision en direct pour que la position de chacun soit comprise. Et dans leur domaine de responsabilité, tous les membres du Conseil de sécurité sans exception ont soutenu la décision de reconnaître la DNR et la LNR. En outre, le Président, s’exprimant à la toute fin de la réunion, a déclaré que cette question était attendue depuis longtemps. Si nous avions pris cette décision il y a cinq ans, la situation aurait été bien meilleure, tant en termes de sécurité que de soutien à nos compatriotes.

Mais je voudrais énoncer un certain nombre de conclusions principales que la Douma d’État et le Conseil de la Fédération sont obligés de tirer de la situation actuelle.

Premièrement. Nous avons toujours séparé et continuons de séparer l’Ukraine historique du gouvernement nazi-banderiste. Et quand ils parlent sans cesse de l’Ukraine à la télévision, je pense que cette approche est complètement erronée. Parce que c’est le peuple ukrainien lui-même qui souffre le plus de cette occupation. L’Ukraine comptait 51 millions d’habitants. C’était l’un des dix pays les plus développés du monde en termes de potentiel. Elle produisait 50 millions de tonnes de blé, et elle recevait 50 millions de tonnes de pétrole provenant des réserves de l’Union soviétique. Et dans le cadre de la grande Union soviétique, elle a été exceptionnellement efficace.

Quant au régime nazi-banderov, ce sont des enfants trouvés des services secrets américains, formés par des instructeurs de l’OTAN. Et nous devons tout faire pour aider le peuple ukrainien à se défaire de ce joug, qui a complètement paralysé toutes les institutions démocratiques et empêche le développement de la république fraternelle.

Deuxièmement. L’OTAN nous tient à la gorge. Et si nous ne le comprenons pas pleinement, la situation ne fera qu’empirer. Ce que disent leurs dirigeants et leurs mandataires est absolument intolérable. C’est de l’arrogance et de la folie pure pour Stoltenberg de prétendre que si la Russie reconnaît les républiques populaires, l’OTAN se rapprochera encore plus de nos frontières. Mais il n’y a pas plus proche ! Et si l’OTAN déploie ses forces spatiales et de missiles près de Kharkov, les missiles s’envoleront vers les centres de contrôle du Kremlin en quatre à cinq minutes. D’ailleurs, hier, le Président en a parlé pour la première fois de manière très dure et a reconnu qu’une telle situation était absolument inacceptable. C’est pourquoi nous n’accepterons pas un tel point de vue et nous utiliserons toutes les possibilités pour faire en sorte que de telles installations n’apparaissent pas dans les territoires voisins. Nous devons le dire haut et fort.

Ce n’est pas une coïncidence si même le président français Macron a déclaré que l’OTAN avait perdu la tête. Il est dirigé par les mondialistes américains. Et dans ce cas, les Américains ne se soucient pas vraiment de la position de leurs alliés en Europe.

Troisièmement. Les États-Unis vont continuer à nous étrangler. Et nous devrions être bien conscients de l’essence de leur stratégie. Ils sont devenus une grande puissance à la suite de la Première Guerre mondiale. Et pendant la Seconde Guerre mondiale, ils ont “gagné” 200 dollars sur chacun de nos morts, ils ont concentré 50 % des réserves d’or et de devises de la planète et ont dicté leurs conditions à l’ensemble de l’économie mondiale. Ils ne veulent pas perdre cette position et sont donc prêts à tout pour allumer un nouveau foyer de guerre sur notre territoire.

Seuls des scélérats peuvent rassembler 130 000 soldats sur un seul site dans le Donbass, sur une ligne de 50-60 kilomètres, sans couverture aérienne. En d’autres termes, ils ont conduit les soldats ukrainiens au massacre ! Nous devons faire comprendre aux Ukrainiens, à tous nos amis, frères et parents qu’il s’agit d’un crime contre nos peuples, et empêcher qu’un conflit militaire ne se développe.

Quant à la stratégie des Américains en général, ils ont depuis longtemps déclaré la Chine et le parti communiste chinois ennemi numéro un. Mais pour se protéger, ils étrangleront aussi la Russie, par tous les moyens possibles. Parce que nous sommes les seuls à pouvoir leur opposer une contre-attaque avec nos missiles. Ils le comprennent très bien.

Quant à l’Europe, les États-Unis continueront à lui siphonner ses ressources afin d’éliminer un autre concurrent de la scène économique. Et de le faire sans pitié. Regardez ce qu’est devenue y compris la puissante économie allemande. Et si les Américains obligent également l’Allemagne à acheter leur gaz liquéfié coûteux, l’industrie allemande deviendra non compétitive sur le marché mondial.

Quatrièmement. Nous faisions tout pour une résolution pacifique de la situation dans le Donbass. Je remercie nos camarades, en particulier l’équipe de Kachine, qui a envoyé 93 convois humanitaires sur place. Tout d’abord, il s’agit de manuels scolaires, de médicaments, de nourriture. Nous avons déjà envoyé 12 000 tonnes, et nous préparons maintenant un autre convoi.

Je remercie tous ceux qui, avec Kobzon, ont créé le mouvement “Des enfants de Russie aux enfants du Donbass”. Nous avons déjà emmené 10 000 enfants en vacances dans la région de Moscou, et maintenant nous avons 150 enfants en vacances à Sneguiry. Ce sont des enfants merveilleux ! Ils connaissent parfaitement les langues russe et ukrainienne. Ces enfants sont de véritables internationalistes et nous sommes fiers d’eux.

Je remercie Taisaev, qui s’est régulièrement rendu dans le Donbass avec notre équipe. Et il a tout fait pour tendre la main de l’amitié aux citoyens des républiques populaires.

Notre mouvement de femmes, sous la direction d’Ostanina, a envoyé 150 000 cadeaux rien que pour le Nouvel An. Et Kolomeitsev, de la région de Rostov, en a envoyé près de 50 000. Ils ont établi partout des quartiers généraux appropriés et apportent une aide réelle aux réfugiés. C’est une question de principe pour nous et nous l’appliquerons.

Je voudrais m’adresser une fois de plus au Président. Les forces patriotiques de gauche nous ont soutenus en Crimée, à Sébastopol, dans le Donbass, en Ossétie du Sud et en Abkhazie. 132 délégations sont venues célébrer le 100e anniversaire d’Octobre. Ainsi, quand nous prenons la parole, nous devons nous rappeler qu’aujourd’hui, nos principaux alliés dans la lutte contre le nazisme et le fascisme sont, avant tout, les communistes. Dans tous les pays du monde, ils ont été les premiers à se révolter contre la peste brune. Et aujourd’hui, à la veille du 23 février, Journée de l’armée soviétique et du défenseur de la patrie, nous devons nous rappeler que Berlin a été prise d’assaut par les troupes dont les deux tiers des soldats étaient des communistes et des membres du Komsomol. Tous les commandants des fronts étaient des communistes. Il est nécessaire de séparer les traîtres et les girouettes de ceux qui ont toujours servi fidèlement notre grande puissance. Je vous conseille donc de lire l’article du général Sobolev dans le journal Pravda d’aujourd’hui.

Cinquièmement. Nous avons tous le devoir de défendre le monde russe. Sans le monde russe, les républiques nationales ne peuvent exister. Le monde russe est assemblé depuis mille ans. Et il a été assemblée non seulement par des Russes, mais aussi par des Ukrainiens et des Biélorusses. Nous partageons la même foi, les mêmes victoires, la même langue, la même culture. Et lorsqu’on interdit à une personne de parler sa langue maternelle, c’est le pire des crimes ! Ce n’est pas en vain que le Donbass s’est soulevé contre cet arbitraire flagrant.

Lorsque nous sommes venus, avec Kharitonov, combattre l’OTAN à Feodosiya [en Crimée, NdT] en 2008, nous avons rassemblé 10 000 personnes. C’est la première fois que nous avons jeté les gars de l’OTAN dehors en faisant preuve de volonté et de caractère. Pour nous, la reconnaissance et le soutien des républiques populaires sont donc extrêmement importants.

Nous devons tout faire pour arrêter la fascisation du régime ukrainien. Nous avons l’occasion de mobiliser le mouvement antifasciste mondial. Lors de la conférence de Munich sur la sécurité, les représentants européens ont ovationné Zelensky pendant cinq minutes. Pourquoi ? C’est un acteur médiocre, qui doit se tenir derrière le septième rideau et sortir avec une hallebarde dans le troisième acte. Et ils l’accueillent avec des applaudissements après que le régime ukrainien a tué des dizaines de milliers de personnes dans le Donbass. Cela montre une déchéance morale totale et dans laquelle on ne voit aucun droit de l’homme !

Vous et moi avons vécu une expérience incroyable. J’ai parlé à tous les membres du Conseil de sécurité. Dieu merci, ils ont lu mon matériel “Le monde russe sur deux axes”. Mais hier, en parlant à Medvedev, je lui ai rappelé que lorsque les événements ont éclaté en Ossétie du Sud, il y avait 100 conseillers américains sur place. Et l’opération était commandée par trois généraux de l’armée américaine. Les militaires géorgiens ont reçu une boisson, qui fait disparaître la peur et la douleur. L’armée de l’OTAN l’utilise depuis longtemps.

J’ai dit au président à l’époque que nous avions deux heures pour prendre une décision. S’ils font entrer deux chars dans le tunnel de Roki, long de quatre kilomètres, et y mettent le feu maintenant, nous ne pourrons pas aider l’Ossétie du Sud. Et chaque personne dans le Caucase a des parents en Abkhazie et en Ossétie du Sud qui prendront les armes. Et alors toute la région partira en flammes.

Il faut rendre à Medvedev ce qui lui revient : il a pris la décision qui s’imposait. Et c’était tout à fait juste.

Et qu’ont fait les punisseurs géorgiens, dirigés par les Américains ? Ils ont tué tous nos casques bleus et tiré sur 49 des 50 écoles. La même chose se serait produite en Crimée si nous avions hésité ne serait-ce qu’un jour de plus. Lorsque Melnikov et moi avons accueilli Konstantinov, il nous a dit qu’il y aurait un référendum en mai. J’ai alors répondu : en mai, vous serez écrabouillés !

Dans le domaine politico-militaire, vous devez prendre des décisions lorsqu’elles ont le plus d’effet. Et hier, le Président a pris une décision très importante. Mais pour unir la société, il faut se débarrasser de l’antisoviétisme, de l’anticommunisme et de la russophobie. Et surtout, à l’intérieur du boulevard périphérique. J’écoute certaines stations de radio russes – leur contenu est pire que celui de l’OTAN.

Nous devons mettre fin à la persécution de nos camarades, qui se poursuit à Moscou et dans les environs de Moscou, ainsi que dans les entreprises populaires, telles que la Ferme d’État Lénine. Car face à ces défis qui nous sont lancés, le pays a besoin d’unité et de cohésion. Et notre parti, notre équipe fera tout pour les atteindre.