Voici le premier effet des mesures de rétorsion contre la Russie, l’UE ne bénéficiera plus du gaz russe et l’Allemagne en fera les frais. Un bras de fer est engagé auquel Poutine s’est préparé parce qu’il est convaincu que de toute façon les USA veulent la guerre et qu’il vaut mieux intervenir avant que l’OTAN soit installée à sa frontière et que se perpétue l’entraînement des troupes fascistes à sa porte. Il est clair qu’il peut bénéficier d’une solidarité des pays producteurs de gaz comme l’Iran et le Venezuela qui eux-mêmes subissent un blocus de la part des USA. Encore une dimension de la faiblesse réelle de l’occident que nos médias et politiciens refusent de prendre en compte tant ils se sont convaincus de la légitimité de leur pillage, c’est que l’immense majorité de la planète non seulement n’a plus rien à gagner à les supporter mais au contraire y voit l’occasion d’une libération. Ce refus des pays producteurs de gaz est une mauvaise nouvelle non seulement pour l’UE mais pour les Etats-Unis eux-mêmes qui vont être obligés de fournir de l’énergie à moindre coût sans être pour autant compétitifs. Ce qui va jouer un rôle sur l’inflation et sur la compétitivité de l’industrie européenne. La France peut voir des effets atténués grâce à son industrie nucléaire mais ils existeront néanmoins. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Alors que la Russie a quasiment franchi le Rubicon en ordonnant à ses troupes d’entrer dans les territoires séparatistes de l’Est de l’Ukraine, les pays exportateurs de gaz qui tenaient leur forum à Doha, le FPEG (*), ont globalement confirmé qu’ils ne pourraient pas aider l’Europe en remplaçant immédiatement les quantités qui viendraient à manquer car ils doivent d’abord honorer leurs clients de long terme.
Le ministre qatari de l’Énergie, Saad bin Sherida al-Kaabi, avait déjà prévenu l’Union européenne le 1er février dernier, expliquant que son pays le Qatar, malgré ses formidables réserves, du fait d’un appareil productif saturé, ne pourrait pas sauver l’Europe à lui tout seul si le conflit entre la Russie et l’Ukraine s’envenimait. Et de fait, il s’est envenimé.
Ce mardi 22 février, alors que la Russie a quasiment passé le Rubicon en ordonnant à ses troupes d’entrer dans les territoires séparatistes de l’Est de l’Ukraine, les pays exportateurs de gaz qui tenaient leur forum à Doha, le FPEG (*), ont confirmé qu’ils ne pourraient pas aider rapidement l’Europe en gaz au cas où elle se trouverait en rupture d’approvisionnement très prochainement.
Cela, à cause de leurs capacités limitées. L’absence de visibilité sur les prix, qu’ils déplorent au passage, n’arrange rien, car elle joue aussi sur l’offre – la décision de mise en roue de nouvelles capacités nécessitant une certaine stabilité de la demande à moyen-long terme.
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De fait, la Russie, en conflit avec les pays occidentaux sur, entre autres, le refus catégorique d’une présence de l’OTAN en Ukraine, fait planer une menace sur les approvisionnements en énergie, principalement le gaz, menace qui contribue faire s’envoler les prix du secteur.
Mais l’Union européenne pourrait également décider de boycotter le gaz russe, ce qui est peut-être préfiguré dans la première sanction forte décidée aujourd’hui par Olaf Schols: la suspension du gazoduc Nord Stream 2, qui est achevé mais qui était jusqu’ici en attente de validation.
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Au demeurant, si un embargo européen sur le gaz russe faisait véritablement partie des prochaines sanctions fortes dont l’UE menace la Russie en cas d’invasion de l’Ukraine, elle aurait des répercussions considérables pour l’Europe elle-même, et notamment de l’Allemagne, tant sa population que ses entreprises dont plusieurs géants de l’énergie mondiaux.
Sans mentionner l’Ukraine, la Russie dit assumer tous les contrats
C’est dans ce contexte que se sont réunis à Doha les pays membres du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG*), une sorte d’OPEP du gaz, qui, avec sept autres pays associés, représente quelque 70% des réserves prouvées de gaz et 51% des exportations mondiales de gaz naturel liquéfié.
Le ministre de l’Energie russe Nikolaï Choulguinov a assuré que “les compagnies russes (étaient) totalement engagées dans les contrats existants”. Il n’a fait aucun commentaire sur la situation de son pays dont les relations avec les pays occidentaux traversent la pire crise depuis la fin de la Guerre froide en raison de la situation autour de l’Ukraine.
M. Choulguinov s’exprimait quelques heures avant les déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky exigeant l’arrêt “immédiat” du gazoduc russo-allemand Nord Stream 2 après la décision de Moscou de reconnaître les “républiques” séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine.
Le Qatar aidera l’Europe, certes, mais privilégiera ses clients de “long terme”
“Nous apprécions les efforts de tous les membres (du FPEG) qui ont travaillé dur pour assurer un approvisionnement crédible et fiable en gaz naturel au marché mondial et pour préserver la stabilité de ces marchés”, a pour sa part déclaré l’émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani devant les participants.
Le ministre qatari de l’Énergie Saad Cherida al-Kaabi, qui était là lui aussi, a rappelé que le Qatar, un des principaux pays exportateurs de gaz, avait assuré l’Europe de son “aide” en cas de difficultés d’approvisionnement, prévenant à nouveau comme au début du mois, qu’elle serait toutefois limitée aux volumes disponibles, les producteurs étant liés à “des contrats de long terme”.
“Les volumes qu’on peut rediriger (vers d’autres clients) représentent environ 10% à 15%”, selon lui. Or “la Russie représente 30 à 40% des approvisionnements de l’Europe” et “remplacer rapidement ce type de volumes est quasiment impossible”, a-t-il poursuivi.
L’envolée des prix du gaz est d’abord liée à un désinvestissement ancien
Pour lui, l’envolée des prix du gaz a commencé bien avant la crise. “Tout ce qui se passe aujourd’hui sur les prix est fondamentalement lié au manque d’investissements” et combler ce retard “va prendre du temps”, a-t-il estimé.
“Prédire ce que les prix seront (demain, NDLR), s’ils vont monter ou baisser, ça c’est entre les mains de Dieu”, a-t-il répondu aux journalistes.
La crise du gaz, une opportunité pour l’Iran? À suivre…
Le président iranien Ebrahim Raïssi, arrivé lundi pour une rencontre bilatérale avec le dirigeant émirati, a de son côté insisté sur les “importantes capacités de production et d’exportation de gaz” de son pays.
“En dépit des sanctions cruelles et illégales des États-Unis, l’Iran a été en mesure de pouvoir compter sur ses experts”, a-t-il ajouté.
Des négociations ont repris en novembre à Vienne sur le dossier du nucléaire iranien et visent à sauver l’accord de 2015 qui avait permis la levée de sanctions économiques internationales contre l’Iran en échange de strictes limites à son programme nucléaire censées l’empêcher de se doter de la bombe atomique.
Les Etats-Unis ont quitté l’accord en 2018 sous la présidence de Donald Trump, qui le jugeait insuffisant, et ont rétabli leurs sanctions, qui ciblent entre autres le secteur de l’énergie. En riposte, Téhéran s’est largement affranchi des restrictions à ses activités nucléaires.
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NOTE
(*) Selon le FPEG, ses 11 membres –Qatar, Russie, Iran, Algérie, Bolivie, Égypte, Guinée équatoriale, Libye, Nigeria, Trinité-et-Tobago et Venezuela– et sept pays associés représentent 70% des réserves prouvées de gaz et 51% des exportations mondiales de gaz naturel liquéfié. La Russie, l’Iran et le Qatar sont des membres clés du FPEG. Les Etats-Unis et l’Australie, deux autres grands exportateurs, ne font pas partie du Forum.
(avec AFP)
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