Histoire et société

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Cuba : pourquoi n’y a-t-il pas de mouvement anti-vaccin ?

Si l’on observe bien les raisons des mouvements anti-vaccin en Europe et aux Etats-Unis on s’aperçoit que le crétinisme des gens apeurés n’est pas sans logique, c’est ce que montre cet article et qui comme le PCF privilégie l’éducation contre la répression. Tout à fait d’accord mais que faire quand une partie de ceux qui devraient aider à l’éducation ont choisi comme MELENCHON, JADOT, TAUBIRA et bien d’autres d’entretenir les fantasmes pour s’assurer une clientèle sans parler de leurs aspects réellement réactionnaires ? Dans l’intérêt de qui et pourquoi ? Le seul qui a un langage simple et clair c’est Roussel comme hier chez Bourdin, il a dit que l’essentiel c’était de vacciner tous les Français mais aussi tous les peuples qui n’y ont pas accès par suite des profits de big pharma. Il a dénoncé la politique de l’UE et on voit bien avec ce que dit cet auteur belge, que nous sommes tous logés à la même enseigne. Pour appuyer ce qu’il dit, comment se fait-il qu’en GUADELOUPE qui a la même population que Cuba, il y ait cette crise anti-vaccin, alors qu’elle n’existe pas à Cuba et est-ce bien le rôle d’un MELENCHON, d’une TAUBIRA d’entretenir les peurs par pur électoralisme? Comme en EUROPE Jadot soutient cette politique en faveur des trusts pharmaceutiques? (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

By Resumen Latinoamericano sur 3 janvier, 2022

Par : Marc Vandepitte, Toon Danhieux. Résumé latino-américain, 3 janvier 2022.

De plus en plus, de larges secteurs de la population européenne expriment ouvertement leur méfiance à l’égard des politiques de lutte contre la COVID-19. La réaction de la politique traditionnelle est celle de la panique et se caractérise par le paternalisme et la répression: obligation générale de vacciner et restriction de la liberté de mouvement. Ce n’est pas ainsi que l’on peut obtenir du soutien dans la population. Cela nécessitera, au minimum, d’écouter les craintes et les préoccupations des personnes non vaccinées. Mais il y a aussi d’autres éléments en jeu. La comparaison avec Cuba est intéressante.

Méfiance à l’égard du gouvernement

De nombreuses personnes non vaccinées doutent à juste titre de la compétence et/ou de la bonne foi des gouvernements qui veulent maintenant vacciner le plus tôt possible. Ce n’est pas si incompréhensible.

Les pays européens improvisent depuis mars 2020. Il n’y a pas d’uniformité ou de logique dans les politiques pour attaquer la pandémie de COVID-19. Avec des taux de contagion similaires, les mesures diffèrent considérablement d’un pays à l’autre.

En Belgique, où je vis, comme dans d’autres pays d’Europe, l’improvisation était incompréhensible. Le gouvernement belge a attendu la mi-mars avant d’agir. C’était un mois et demi trop tard. S’ils avaient pris des mesures plus tôt, le taux de propagation aurait été beaucoup plus faible et des milliers de décès liés à la COVID-19 auraient été évités. Et ils ne semblent pas apprendre de leurs erreurs. La réponse à chaque nouvelle vague de COVID-19 arrive trop tard.

Bien que les experts l’aient mis en garde depuis des années, le gouvernement belge n’était pas préparé à une pandémie. Au début, il a dit que les masques étaient inutiles, car (pourtant) ils n’étaient pas disponibles en raison d’une mauvaise gestion. Puis, tout à coup, ils sont devenus obligatoires.

En septembre 2021, les mesures ont été assouplies en Belgique avec des chiffres moins bons, tandis qu’aux Pays-Bas, elles ont été renforcées avec de meilleurs chiffres. Comment expliquer cela? En Belgique, sept ministres de la Santé doivent se mettre d’accord pour mettre en œuvre une nouvelle politique. Dans le même temps, les gouverneurs et les maires introduisent des règles plus strictes ou plus permissives et les présidents de parti peaufinent leur image au détriment de la santé publique.

Lorsque cette méfiance atteint les rues et les réseaux sociaux, l’extrême droite n’a qu’à mettre la balle en jeu. Ils attirent à leurs côtés ceux qui sont légitimement malheureux simplement en faisant preuve d’empathie avec leur méfiance à l’égard du gouvernement. L’objectif, bien sûr, n’est pas d’exiger plus de démocratie pour les sans-voix. L’histoire nous enseigne pourquoi le but de l’extrême droite est d’accélérer la formation d’un régime autoritaire qui laisse complètement de côté ces gens et pousse à l’extrême l’exploitation de tout et de tout le monde par le 1%.

Les mesures anti-COVID-19 dans de nombreux pays européens étaient et sont toujours un énorme gâchis. Mais, en réalité, la méfiance est beaucoup plus profonde. Lors de la précédente grande crise, la crise bancaire de 2008, ce sont aussi les citoyens qui en ont payé le prix. Les banques qui avaient spéculé sur notre argent s’en sont sorties et ont été sauvées. Et les gens ordinaires paient la facture. Il est évident qu’il y a de la méfiance à l’égard de la capacité du gouvernement à gérer une crise.

Et à Cuba ?

Déjà en janvier 2020, près de deux mois avant que les politiciens européens n’agissent, le gouvernement cubain a lancé un plan national de lutte contre le coronavirus. Des campagnes d’information massives ont été lancées dans les quartiers populaires et à la télévision. Ni des gouvernements contradictoires ni sept ministres de la Santé qui ont dû se mettre d’accord ou discuter du port du masque obligatoire.

Le gouvernement a agi de manière décisive et a fait tout son possible pour étouffer le virus dans l’œuf. Pas de promesses faciles disant que nous allions retrouver le « règne de la liberté » grâce aux vaccins, rien à lâcher les rênes trop rapidement, pour des raisons électorales ou par manque de courage politique, mais des mesures fermes. Quelques exemples. Le tourisme, principale source de revenus mais aussi de contagion, s’est immédiatement arrêté. Les enfants à partir de six ans sont tenus de porter un masque. Quand il est devenu clair que les écoles étaient aussi d’importantes sources de contagion, ils sont passés à l’enseignement à domicile, avec un très bon soutien de la télévision scolaire, entre autres choses.

« En informant correctement la population sur les risques pour la santé, les Cubains comprennent l’importance de rester chez eux. Ils savent comment se transmet la maladie et ils assument la responsabilité de leur propre santé et de celle de leurs proches et voisins », explique Aissa Naranjo, médecin à La Havane.

Les soins de santé à Cuba se concentrent principalement sur la prévention et sont très décentralisés. Chaque quartier a sa propre polyclinique et il existe un lien de confiance fort entre la population locale et les agents de santé. Depuis mars 2020, près de 30 000 « traceurs de contacts » ont fait du porte-à-porte, dans les coins les plus reculés de l’île, pour vérifier si l’un de ses membres était infecté. Les étudiants ont été mobilisés pour aider à ce suivi. En Belgique, la détection a été effectuée par des personnes anonymes dans des centres d’appels, ce qui n’inspire pas vraiment confiance.

Pendant ce temps, tout était axé sur le développement de vaccins contre le coronavirus. En mars 2021, trois vaccins étaient déjà en phase de test. Cuba dispose actuellement de cinq vaccins, dont un pour les enfants dès l’âge de deux ans.

Les différences dans les politiques COVID-19 entre Cuba et la Belgique sont également reflétées dans les chiffres. À Cuba, il y a eu 146 décès dus à la COVID-19 à la fin de 2020. En Belgique, avec le même nombre d’habitants, le chiffre était de près de 20.000. C’était avant la variante Delta. Cuba n’est pas arrivé à l’heure. Les vaccins eux-mêmes n’ont été terminés que trois mois après que la variante Delta ait commencé à proliférer. La vaccination rapide en Belgique, à partir de fin 2020, a permis de réduire considérablement le nombre de décès causés par la variante Delta, au moins dans les phases initiales.

À Cuba, la variante Delta est arrivée trop tôt ; il n’y avait pas de vaccins à ce moment-là. Le pic d’infection s’est produit au mois de juillet. Cela a causé de nombreux décès et ébranlé le système de santé. Cette situation sanitaire précaire s’est ajoutée aux graves problèmes économiques découlant du blocus économique des États-Unis, de la perte de tourisme et de l’augmentation du prix des denrées alimentaires. En conséquence, il y avait beaucoup de mécontentement parmi la population. Par le biais des réseaux sociaux, les États-Unis ont tenté d’attiser ce mécontentement et de le canaliser en manifestations. La tentative a fini par échouer.

Une fois que la campagne de vaccination a commencé à Cuba, les résultats ont été spectaculaires. Le 20 septembre, au début de la campagne, il y avait encore plus de 40 000 nouvelles infections et 69 décès par jour. Aujourd’hui, il y a 120 nouvelles infections et un décès par jour. À Cuba, les enfants à partir de deux ans sont également vaccinés. Au 2 décembre, 90% des Cubains avaient reçu leur première dose. C’est le deuxième pourcentage le plus élevé au monde, après les Émirats arabes unis, et le plus élevé d’Amérique latine. En Belgique, nous sommes à 75%.

2. Méfiance à l’égard des grandes sociétés pharmaceutiques

De nombreuses personnes non vaccinées en Europe trouvent suspect que le gouvernement fournisse des vaccins gratuitement. Vous devez payer de plus en plus pour d’autres médicaments. Les soins de santé coûtent plus cher aux patients chaque année et maintenant, soudainement, nous devons tous « vacciner » gratuitement. N’y a-t-il rien derrière? Êtes-vous un théoricien du complot si vous posez cette question?

Les gens savent que Big Pharma ne regarde que les profits et ne prend pas toujours la sécurité des gens au sérieux. Entre 1940 et 1980, des millions de femmes enceintes ont pris du DES (diéthylstilbestrol) contre les fausses couches et dans les années 60, on leur a prescrit Softenon contre les vertiges de grossesse. Ces décisions ont produit des milliers de bébés déformés. Aux États-Unis, Purdue Pharma, propriété de la riche famille Sackler, vendait jusqu’à récemment le puissant analgésique OxyContin, sachant pertinemment qu’il crée une forte dépendance.

Purdue est responsable de la mort de milliers d’Américains et de la dépendance de millions de personnes. Le fentanyl, inventé par Paul Janssen du géant pharmaceutique belge du même nom (qui fait maintenant partie de Johnson & Johnson), est également un analgésique très addictif qui pouvait être acheté librement aux États-Unis et qui a été fortement promu. Johnson & Johnson a été reconnu coupable de sa responsabilité dans cette affaire.

Les gens savent aussi que les sociétés pharmaceutiques facturent des prix trop élevés pour leurs vaccins contre la COVID-19 et qu’elles sont fortement subventionnées par le gouvernement, mais elles sont autorisées à conserver des milliards d’avantages. Lorsque ces mêmes entreprises disent ensuite qu’une autre injection de rappel est nécessaire, cela éveille naturellement les soupçons, même si le besoin est scientifiquement correct.

Et à Cuba ?

Il n’y a pas d’industrie pharmaceutique privée à Cuba. Tous les vaccins contre la COVID-19 sont fabriqués par des laboratoires biomédicaux appartenant au gouvernement. 80% des vaccins utilisés dans les programmes de vaccination du pays sont fabriqués localement. Ici, vous ne trouverez pas de prix scandaleux ou d’avantages usuraires.

Dès l’enfance la population est vaccinée contre un certain nombre de maladies, tout comme ici en Europe. C’est l’un des principaux facteurs de l’augmentation très rapide de l’espérance de vie à Cuba au cours des dernières décennies. À Cuba, l’espérance de vie est plus élevée qu’aux États-Unis et la mortalité infantile est plus faible. Ces derniers mois, il a été démontré que les vaccins sont également très efficaces. C’est pourquoi il n’est pas surprenant qu’un Cubain fasse non seulement confiance à ses sociétés pharmaceutiques nationales, mais se sente fier d’elles.

Méfiance à l’égard de la science

La vraie science et la pseudoscience sont souvent utilisées pour faire de la publicité pour toutes sortes de choses ici en Europe: compléments alimentaires, couches parfaites, produits de croissance des cheveux, mobiles supersoniques … En conséquence, la science a perdu une grande partie de son statut pour beaucoup de gens. Les enquêtes fréquentes et les fraudes à grande échelle (pensez au dieselgate) rendent les gens encore plus méfiants.

En outre, de nombreuses personnes quittent l’enseignement secondaire ou supérieur sans pouvoir comprendre les statistiques ou leur représentation dans les articles. « Il y a autant de personnes vaccinées que de personnes non vaccinées à l’hôpital, n’est-ce pas ? » Tout cela explique pourquoi de grands groupes de personnes sont attirés par les théories obscures ou, du moins, veulent les prendre au sérieux parce qu’ils pensent qu’«ils » essaient de nous faire croire quelque chose. Qu’« ils » veulent nous forcer à nous conformer à un certain nombre de choses : passeport COVID, vaccins, etc. « Ils » est donc un amalgame de politiciens, d’experts et de médias.

Et à Cuba ?

À Cuba, les gens ne sont confrontés à la publicité professionnelle que très sporadiquement. La science atteint les gens grâce à une éducation de haute qualité et à des médias non commerciaux. Même avant la première infection, il a été expliqué à tous les Cubains à la télévision ce qu’est la COVID-19, comment la pandémie s’est développée dans le monde, ce qui peut être fait à ce sujet et, par conséquent, quelles mesures allaient être prises.

La population cubaine sait que ses scientifiques travaillent pour le bien commun de leur pays. La population observe cela presque chaque année, par exemple, dans les évacuations préventives des villes qui sont sur les routes des ouragans, attirées par les meilleurs météorologues du monde. Il a vu comment le VIH a été rapidement contenu avec un engagement fort en faveur de la prévention, comment la dengue et le Zika (1) sont traités scientifiquement, efficacement et de manière transparente, ce qui a entraîné un nombre minimal de victimes.

4. Méfiance à l’égard de la solidarité

Une gestion efficace de la pandémie suppose la solidarité. La majorité de la population, qui a personnellement peu à craindre de la maladie, doit être solidaire des minorités de personnes (très) âgées et physiquement faibles. La vaccination est importante pour un homme ou une femme normal, et aussi pour les enfants, afin de réduire la circulation du virus dans la communauté dès que possible en faveur des plus faibles. La plupart des gens – y compris en Europe – considèrent que c’est une raison suffisante pour participer. Cela s’applique également au respect des mesures de sécurité.

C’est vraiment incroyable qu’il n’y ait pas plus de gens en Europe qui disent : « Je suis en bonne santé et assez fort, je n’ai pas besoin d’un vaccin, les autres doivent faire ce qu’ils veulent. » Toute la culture commerciale et néolibérale rappelle ici aux gens au quotidien leur devoir de se développer, de se rendre de mieux en mieux dans la vie, de comprendre, d’être plus riche. L’idéal est l’autonomie absolue, de ne pas dépendre des autres, encore moins de « l’État », car sinon vous êtes un profiteur. Les syndicats sont alors les protecteurs de ces « profiteurs ». Nous devons dégraisser l’État, réduire les soins sociaux et sanitaires. Ce n’est pas exactement une culture qui favorise la solidarité.

Et à Cuba ?

Les Cubains ne sont pas en situation de concurrence ou de « sauve qui peut ». La population cubaine sait par expérience que ce n’est qu’ensemble qu’elle pourra faire face aux grands défis du pays. Surmonter les problèmes ensemble, c’est ce à quoi ils sont habitués, malheureusement aujourd’hui plus que jamais. Aider les voisins, nettoyer le quartier ensemble, tenir des réunions et prendre des décisions ensemble sur le lieu de travail, etc., est leur mode de vie.

La solidarité fait partie de leur ADN. Pendant des décennies, ils ont envoyé des médecins, des infirmières et des enseignants dans le reste du monde. Un petit pays de onze millions d’habitants, avec dix fois moins de ressources que la Belgique, a envoyé des médecins pour lutter contre le COVID jusqu’en Italie.

Cette attitude et ce mode de vie sont la quatrième raison pour laquelle il y a peu ou pas d’anti-vaxxers à Cuba.

(Tiré de Rebellion)

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