Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Comaguer : les salaires chinois ? Si seulement nous les avions…

Voici comme il en a l’habitude un petit bijou de précision et d’information concrète que nous propose COMAGUER sur la Chine et les salaires réels chinois… Comme il me le signale, l’important serait enfin de sortir de la dualité, ballotement, non dialectique dirait MARX à propos de l’incapacité des Français à penser la dynamique des contradictions, entre la Chine est-elle socialiste ou est-elle capitaliste? COMAGUER est incroyablement français, au point parfois de me paraître exotique, ce qui lui donne cette clarté gauloise que le même MARX nous reconnait avec cette capacité à intervenir d’un point de vue de classe sans savoir toujours où ça nous mène… Ce que je veux dire en clair c’est que si quelqu’un d’aussi Français que COMAGUER peut concevoir que la pensée binaire (c’estça ou autre chose mais pas les deux à la fois) peut concevoir que pour la Chine il faut dépasser ce que Marx désignait comme le “ballotement” proudhonien, tous les espoirs sont permis pour le PCF et les groupuscules… Encore que leur adhésion au très proudhonien Mélenchon laisse peu d’espoir d’évolution… Mais après une discussion avec MARIANNE, je pense qu’un texte explicatif sur la relation des peuples et des langues à la dialectique comme à la traduction de la poèsie serait utile… Bref, encore un texte à déguster sans modération (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

Bulletin Comaguer n° 456

29Décembre 2021

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La revue italienne en ligne Contropiano a publié le 26 décembre un article bien documenté de l’économiste italien Pasquale Cicalese sur les salaires chinois qui donne au passage quelques précieuses indications sur la Sécurité Sociale en République Populaire. Pasquale Cicalese a publié récemment un livre : Piano contro  Mercato – ¨Per un salario sociale di classe  (Plan contre Marché – Pour un salaire social de classe) non traduit en français qui pose le débat de fond sur la voie chinoise.

D’autre part un document très complet sur la sécurité sociale chinoise a été établi par un organisme public français, le CLEISS.

Le Cleiss (Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale) est un établissement public national, notamment chargé d’informer sur la protection sociale dans un contexte de mobilité internationale. Il est placé sous la double tutelle du ministère chargé de la sécurité sociale et du ministère chargé du budget.

La sécurité sociale en Chine :

https://www.cleiss.fr/docs/regimes/regime_chine.html

 Ce document mérite d’être connu car on retrouve dans la sécurité sociale chinoise une vision globale de la protection sociale des travailleurs chinois très directement inspirée des principes fondateurs ayant guidé les travaux de l’équipe Croizat et les lois votées en 1947.

La France prenant acte de la mise en place complète du système chinois de Sécurité Sociale a signé en 2016 à Pékin un accord de sécurité sociale entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République populaire de Chine et le 16 septembre 2019 à Paris, l’Arrangement administratif relatif aux modalités d’application de l’Accord de sécurité sociale.

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Les salaires chinois ? Si seulement nous les avions…

par Pasquale Cicalese

(traduction deepl retouchée par Comaguer)

On dit souvent en Italie que lorsqu’un travailleur gagne très peu et est payé une misère, qu’il a un “salaire chinois”.

Mais quels sont les niveaux de salaire en Chine ?

Dans le livre “Plan contre marché“, je vous dis que le gouvernement – à travers le salaire social global de classe – a décidé ces dernières années, à différents moments, d’établir puis d’étendre les déductions pour les frais médicaux, le logement, ainsi que d’autres déductions fiscales. Des recherches récentes montrent que les salaires dans une métropole moyenne sont loin d’être bas par rapport au coût de la vie. En partant évidemment du principe que les salaires en Chine diffèrent considérablement selon les provinces, que les salaires à Pékin et Shanghai sont les plus élevés, et que le coût de la vie – tout aussi différencié – est encore loin de celui de l’Europe, même si la distance diminue.

Vérifions les salaires d’une métropole moyenne de l’est du pays. Un ouvrier gagne 576 euros, un employé 1088 euros, net. Son salaire comporte des déductions : fonds de pension 54 euros, assurance médicale 14 euros, chômage 2 euros, fonds de logement 34 euros. Son salaire brut est de 681, après déduction de ces déductions il est de 576.

De son côté, l’employeur verse au salarié 123 euros pour le fonds de pension, 61 euros pour l’assurance médicale, 5 euros pour le chômage, 7 euros pour la maternité et 34 euros pour le fonds de logement, ainsi que deux euros pour l’assurance accident. Nous avons mentionné que le gouvernement accorde des déductions fiscales pour le logement. En Chine, un travailleur peut utiliser en partie le fonds d’aide au logement – pour lequel lui-même et son employeur cotisent – pour payer son loyer. Dans une ville de taille moyenne, cela se chiffre à 347 euros (si la maison est neuve), 111 euros pour une maison vieille de plusieurs années.

Le Fonds pour le logement peut être utilisé par le travailleur à 100 % pour l’achat d’une maison (coût moyen de 1 800 euros par mètre carré) ou, s’il n’est pas utilisé, il peut être versé à la fin de l’emploi comme indemnité de licenciement. 

En ce qui concerne le coût de la vie, un bon dîner dans un restaurant qui n’est pas de luxe coûte 6,87 euros par personne. Les services ménagers – eau, électricité, gaz – représentent 28 euros, un trajet en métro 0,69 euros.

Ces salaires se réfèrent à cinq jours de travail par semaine et n’incluent pas les heures supplémentaires. La situation est différente à Pékin et à Shanghai, où un ouvrier gagne 873 euros nets et un employé 1296. Dans la métropole moyenne, les salaires peuvent sembler bas, mais ils doivent être comparés au coût de la vie.

La reflation salariale chinoise(1), qui a commencé il y a 20 ans et qui bat toujours son plein, a donc eu un fort effet sur la demande intérieure, qui représente désormais 70 % du PIB, et sur le bien-être des Chinois, qui sont uniques au monde en ce qu’ils ont la perspective, et c’est ce qu’ils pensent, d’améliorer de plus en plus leurs conditions de vie. Comme on peut le voir, dans le paquet de salaire, il y a toutes les institutions du bien-être, seulement partiellement financées par les travailleurs, qui correspondent au faible coût de la vie et aux dépenses des ménages.

Entre le salaire direct et le salaire global de classe, garanti par le gouvernement – pensons aux logements sociaux à prix réduits ou à la prise en charge de l’assurance moyenne par les déductions – les salaires chinois affichent un niveau respectable. C’est nous qui avons des salaires de famine, pas eux. L’ère des salaires ultra-bas en Chine est révolue depuis longtemps.

  • Par reflation il faut entendre la politique nationale des salaires visant à augmenter les salaires plus vite que le PIB global
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4 Commentaires

  • Chabian
    Chabian

    Selon un rapide calcul (sauf erreur), le salaire net est de 75% du brut, les retenues de 15%. Et le surcoût “patronal” est de 35% sur le brut.
    Par comparaison, en Belgique, les cotisations sociales sont de 13,5% et le surcoût patronal de 23%. (Mes infos datent un peu). Mais cela comporte des contributions au congés payés, aux allocations familiales… Le salaire du malade est à charge du patron durant un mois, de la Sécu/ONSS ensuite. Il manque bien sur bien des éléments pour juger, surtout les avantages gratuits ou à prix sociaux (médecine, scolarité secondaire et supérieure, etc.).qui réduisent les dépenses et libèrent le salaire. Enfin, on ne sait rien d’un système fiscal. L’article parle bien de déductions pour frais médicaux ou de logement, ce qui revient à gommer les aléas de la vie et garantir un niveau de vie partagé (“salaire social global de classe”). En Belgique avec les retenues fiscales, mon salaire net (taxable) était amputé de 25 % pour donner le salaire net.

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    • Daniel Arias
      Daniel Arias

      “Le salaire du malade est à charge du patron”: c’est une illusion d’optique.
      Le patron ne paye pas de sa poche, du fruit de son travail personnel, mais de la caisse de l’entreprise dont la totalité du chiffre d’affaire dépend du travail collectif qui contribue à la plus value. C’est le travail salarié et surtout le sur travail qui remplit la caisse du patron, c’est finalement le travailleur qui produit sa protection sociale y compris les dites charges ou plutôt cotisations faussement appelées patronales, en France dite “part employeur”. Bien entendu cette production doit se transformer en marchandise et en plus-value par la vente dont le résultat est inscrit dans les recettes de l’entreprise provoquant cette illusion que l’employeur paie quoique ce soit.

      C’est d’ailleurs sur cette part employeur que l’État agit pour “réduire les charges” donnant l’illusion au salarié que son salaire n’est pas diminué, alors que dans les faits il l’est et conduit au désastre de notre système de soins, de l’assurance chômage et l’assurance vieillesse, sans parler des APL supprimées pour nos enfants.

      Le salaire c’est le net + l’ensemble des cotisations part salarié comme part “employeur”.

      Pour réussir ce braquage en bande organisée de la sécurité sociale il a fallut l’aide de l’État pour la mise sous tutelle d’une institution gérée par les représentants des salariés.

      Une attaque contre la démocratie parmi d’autres comme celle de l’UE ou des communautés de communes.

      https://www.economie.gouv.fr/entreprises/fiche-de-paie

      P.S: Très souvent les employeurs investissent à crédit, payent les fournisseurs à terme, payent les salariés et leurs cotisations sociales en fin de période de travail. Ils payent une fois la vente réalisée et empochent les bénéfices. Mais rien ne sort de leurs poches personnelles, où serait l’intérêt pour un capitaliste d’investir ?

      Il me semble qu’une autre illusion est de se battre pour des hausses de salaire dans un système capitaliste au lieu de baisser les prix dans un système socialiste mais là c’est un autre long débat.

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      • Chabian
        Chabian

        Bien d’accord avec vous. Je devais donc écrire que la rémunération du premier mois passe par la caisse de l’entreprise plutôt que la caisse socialisée de la Sécu (et d’ailleurs la base de la Sécu, ce sont des caisses autonomes des ouvriers organisés du XIXe voulant se libérer des caisses de bienfaisance tenues par les bourgeois ; et où les patrons ont vu progressivement aussi leur intérêt). Dans cette question de langue, c’est finalement la solidarité des travailleurs (au pluriel) limitée à l’entreprise qui paye le mois du malade (avant la solidarité socialisée les mois suivants), mais par cette part de la richesse sociale produite qui est tenue par le patron à son profit. Et j’ai été très surpris d’apprendre que toute entreprise vit “à crédit”. Le fond de roulement des entreprises est effectivement en permanence et toujours totalement emprunté aux fournisseurs (payés à trois mois) et aux travailleurs (payés en fin de mois), le capital de départ servant à financer l’investissement de départ en locaux et machines et s’alimentant progressivement. Le crédit de roulement est comblé par la vente, parfois en moins d’un mois.
        Paul Jorion (qui n’est pas marxiste) dit que les travailleurs devraient être considérés comme des partenaires (et non comme un “coût” salarial à réduire), au même titre que les actionnaires, dit-il. Mais fournisseurs et travailleurs ont un partenariat défini par contrat, tandis que les actionnaires ont une part variable et croissante. et sans travailler ! Et en plus, ils cherchent à réduire en permanence la part de leurs “partenaires”(stakesholders, parties prenantes), mots dont ils se rengorgent aujourd’hui. Sous le socialisme ? Des amis cubains me disaient que c’est sur les entreprises (étatisées) que l’Etat prend ses moyens de fonctionnement (il n’y avait pas encore de fiscalité, apparue sous Raoul Castro pour les “petits indépendants”). A ce moment c’est bien le confort de vie, les “jours heureux” (santé, scolarité, convivialité au travail et dans les loisirs, mais aussi approvisionnement diversifié, protection contre les aléas) qui comptent et pas le niveau de salaire et les “signes extérieurs de richesse” par les objets, le tourisme, etc..

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        • etoilerouge
          etoilerouge

          La sécurité sociale n’existe que et seulement que par la victoire des staliniens en 1945 sur le capitalisme terroriste nazisme fascisme et l’existence du socialisme en URSS. Les révisionnistes commencent par cette volonté d’obscurcir cela. Staline est un symbole de socialisme. Les faits st là, ceux qui ont voulu annuler ces faits n’ont construit aucun socialisme voire détruit ses forces existantes

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