Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dmitry Novikov : “Les travailleurs de toute la planète ont un ennemi commun – le capitalisme”.

Devant l’aggravation des relations internationales due à la crise du capitalisme, les communistes sont confrontés à des tâches d’importance historique mondiale. Le parti communiste de la Fédération de Russie fait partie intégrante du mouvement général des forces progressistes pour la paix et le socialisme. C’est ce qu’a déclaré le vice-président du Comité central du KPRF, Dmitry Novikov, dans une interview accordée au journal communiste allemand Junge Welt. Andrei a transmis aux lecteurs de ce blog ce texte essentiel. Pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, nous avons choisi durant cette période de Noël de vous présenter quelques approches originales et fondamentales, marxistes, de l’évolution planétaire, des textes qu’il faut certainement mettre de côté pour une lecture attentive et qui relèveraient d’un Institut de recherche marxiste s’il existait encore et des écoles du parti. Les discussions qu’ils provoquent sont également très riches et ce blog est devenu un lieu d’échange et de rencontre grâce à des apports comme celui-ci. L’angle choisi pour aborder l’impérialisme par rapport à Jean-Claude Delaunay est la guerre et la nécessité de la prévenir. Loin de faire de l’URSS une simple étape sur le socialisme, il insiste sur l’actualité de cette expérience, en particulier le rôle joué par la planification. Pour mettre en perspective historique les deux, demain nous vous présenterons Cuba et le marxisme et après-demain un texte de Staline sur l’économie socialiste. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)

– Dans quelle mesure considérez-vous comme dangereuse la menace d’une agression militaire impérialiste contre la Fédération de Russie et la République populaire de Chine aujourd’hui ?

– Pour répondre à votre question, je voudrais rappeler Lénine, qui soulignait que “les guerres sont inévitables tant que la société est divisée en classes et tant qu’existe l’exploitation de l’homme par l’homme “. Le fondateur du bolchevisme a également souligné que “la guerre est un produit inévitable du capitalisme”.

En effet, au cœur du système bourgeois se trouve la recherche du profit à tout prix. Dans la structure des valeurs clés des grands capitalistes, la haute moralité et l’humanisme sont loin d’occuper la place d’honneur. Ils ne reculent pas devant la tromperie ou la violence pour atteindre leurs objectifs. Cela est particulièrement caractéristique de l’étape de l’impérialisme, lorsque, pour citer à nouveau Lénine, le cours relativement calme et lisse de l’histoire du monde a été remplacé par un cours “beaucoup plus impétueux, nerveux, catastrophique et conflictuel”.

Les appétits des capitalistes ne se limitent plus à un pays ou même à un continent,ils veulent le monde entier. Cela provoque inévitablement des affrontements, y compris militaires. Qui est responsable, sinon le désir de profit des entreprises, des événements de ces dernières années au Moyen-Orient ? Au service du capital, les gouvernements impérialistes ont envahi l’Irak. La Libye a été détruite. Une tentative a été faite pour renverser le gouvernement en Syrie. Les attaques contre l’Iran n’en finissent pas. Tous ces faits sont motivés par le désir de faire main basse sur les riches ressources d’une grande région. 

Et que dire du coup d’État de 2019 en Bolivie ? Le milliardaire Ilon Musk, favori du public libéral, a ouvertement reconnu son implication dans ces événements. « Nous ferons des coups d’État où nous voudrons! » – s’est-il vanté. Mais ce coup d’État a coûté la vie à des dizaines de personnes ! Le motif de Musk, cependant, était la découverte d’un gisement de lithium en Bolivie, indispensable pour produire des voitures électriques. Heureusement, les travailleurs boliviens ont su répondre comme il se doit à la réaction et restaurer l’influence de la gauche.

Bien sûr, les échecs n’arrêtent pas l’impérialisme. Il vise une hégémonie mondiale inconditionnelle et détruira toutes les barrières qui s’y opposent. Et aujourd’hui, ces barrières sont principalement la Chine et la Russie.

La Chine est devenue une superpuissance économique en construisant le socialisme et est devenue un nouveau pôle de développement mondial. De plus le système de relations internationales proposé par la Chine devient attrayant pour les peuples du monde. Cela se reflète dans le concept d’une communauté d’un seul destin pour l’humanité.

Il semblerait qu’après 1991, la Russie soit revenue sur la voie du capitalisme. Cependant, les impérialistes continuent de l’attaquer. Ils sont mécontents que Moscou exige la reconnaissance de ses droits souverains et de sa sphère d’influence habituelle. Ils veulent une Russie entièrement contrôlée et, de préférence, démembrée. Une telle évolution permettrait au capital mondial d’accéder aux richesses naturelles de notre pays, de se développer sur de nouveaux marchés et de démanteler le bouclier antimissile nucléaire que la Russie a hérité de l’Union soviétique.

Jusqu’à présent, l’impérialisme préfère utiliser des leviers relativement “pacifiques” pour atteindre ses objectifs – pressions diplomatiques, sanctions économiques, attaques informatiques. Mais des préparatifs inquiétants sont en place. Des forces militaires sont mobilisées aux frontières chinoises et russes. Des exercices provocateurs sont menés près des frontières de la Chine et de la Russie, et les pays voisins sont attirés dans des blocs militaires et incités à passer de leur côté.

Oui, aujourd’hui, le capital mondial n’ose pas s’engager ouvertement dans une action militaire. Mais cela ne signifie pas qu’il exclue cette possibilité en principe. Je répète que l’expansion et l’agression sont la nature du grand capital, la condition de sa survie. C’est pourquoi les peuples de la planète doivent être préparés aux provocations les plus dangereuses.

Pour l’impérialisme, la guerre est le moyen de résoudre ses contradictions inhérentes. Le désir d’affaiblir ou de détruire leurs concurrents par une guerre ou un coup d’État est une caractéristique inhérente à la politique étrangère des États-Unis depuis la fin du XIXe siècle. L’expérience historique en témoigne de manière éloquente. Permettez-moi de rappeler certains faits.

En 1894-1895, les États-Unis sont impliqués dans la guerre entre le Japon et la Chine. Le résultat est l’affaiblissement de la dynastie Qing.

En 1898, retentit l’explosion du cuirassé Maine dans le port de La Havane. L’incident est utilisé par Washington pour déclencher la guerre hispano-américaine, qui aboutit à la prise de Cuba, de Porto Rico, de Guam et des Philippines.

En 1898 et 1901, l’armée américaine s’est rendue célèbre pour ses atrocités lors de la répression du soulèvement des Boxers. L’une des conséquences de l’intervention militaire des huit puissances a été l’incorporation forcée de la Chine dans le système mondial du capitalisme en tant que semi-colonie.

Au début du vingtième siècle, l’impérialisme américain contrôlait déjà l’Amérique latine et avait pris pied dans les régions stratégiquement importantes de l’Asie du Sud-Est – jusqu’à Taïwan. L’issue de la Première Guerre mondiale a renforcé les États-Unis, affaibli la Grande-Bretagne et humilié l’Allemagne. Le traité de Versailles a stimulé la croissance du sentiment nationaliste dans la société allemande. Mais tout le monde ne sait pas que les processus de réaction extrême se sont développés avec le soutien actif du grand capital américain,qui porte une immense part de responsabilité dans l’accession au pouvoir d’Hitler.

Dans les années 30, les monopoles américains ont encouragé le réarmement du Troisième Reich, espérant l’utiliser pour détruire l’Union soviétique. Les communistes allemands ont été les combattants les plus acharnés contre la dictature fasciste. Ils ont également été les premières victimes du régime sanglant.

 La Russie est sortie de la guerre impérialiste en 1917 grâce au décret de Lénine sur la paix. Le premier acte législatif du pouvoir soviétique appelait tous les pays en guerre à une paix sans annexions ni contributions, et à la construction de relations interétatiques fondamentalement nouvelles.

La grande révolution socialiste d’octobre a fait grincer des dents les impérialistes. Les États-Unis ont participé à l’intervention militaire étrangère sur le territoire de la jeune Russie soviétique. Ils ont essayé de détruire le premier État socialiste, ont ouvert la voie au démembrement territorial de notre pays. Les politiciens de Washington ont sur la conscience des milliers de vies détruites d’ouvriers et de paysans russes, le pillage des ressources naturelles de la Russie, la destruction de ses entreprises et de ses infrastructures.

La crise de 1929-1933 a intensifié la lutte pour la redistribution du monde. Une alliance entre l’Allemagne, l’Italie et le Japon a entrepris d’assujettir la planète entière. La Seconde Guerre mondiale a commencé par l’agression japonaise contre la Chine. Au stade initial, les impérialistes américains avaient abondamment fourni au Japon des matières premières, des machines, des équipements et, jusqu’au 5 juillet 1941, du pétrole. Ils ont fait des affaires sanglantes sur ordre des militaires. Dans le même temps, ils cherchaient à circonscrire les forces du Japon sur le front chinois afin que son expansion ne se développe pas dans les régions du Pacifique et de l’océan Indien. Le peuple chinois a payé cette politique par la vie de millions de ses fils et filles.

L’Union soviétique a porté le poids de la Seconde Guerre mondiale. C’est sur le front germano-soviétique – lors des batailles de Moscou, de Stalingrad et du saillant d’Orel-Koursk – que s’est jouée la défaite du fascisme. La participation des États-Unis à la coalition anti-hitlérienne ne signifie pas que leurs cercles dirigeants renoncent à leur politique antisoviétique. Pour Washington, la guerre avec l’Allemagne et le Japon a été déclenchée par les exigences du moment à un stade de forte aggravation des contradictions inter-impérialistes.

La défaite du fascisme allemand et du militarisme japonais a conduit à la domination complète des États-Unis dans le monde capitaliste. Le symbole tragique de cette hégémonie a été le bombardement atomique barbare d’Hiroshima et de Nagasaki en août 1945. Ayant brièvement acquis une supériorité militaire sur l’URSS, les politiciens et les stratèges de Washington élaborent des plans pour lancer des frappes atomiques sur le territoire de leur récent allié. Ces plans ont été pris de court par le succès de Moscou, qui a réussi à renforcer ses défenses et à accroître sa puissance économique. Se relevant des ruines, l’Union soviétique est devenue un pôle alternatif de l’ordre mondial, un bastion des forces de la liberté et du progrès.

Pendant la guerre froide, l’humanité a frôlé à plusieurs reprises le conflit armé à grande échelle. En proclamant que l’URSS était un “empire du mal”, l’Occident a justifié l’utilisation de “l’arme nucléaire” contre elle. Washington a confié à l’Allemagne de l’Ouest le rôle d’avant-poste de l’OTAN. Le peuple allemand, qui avait souffert de la dictature fasciste, devait être envoyé une nouvelle fois à l’assaut d’un “espace vital” à l’est. Sur la base de la percée du développement scientifique, technique et industriel, l’URSS et ses alliés ont atteint la parité militaire avec le bloc impérialiste. Les pays du Pacte de Varsovie ont ainsi garanti de manière fiable leur souveraineté et contribué à préserver la planète d’une nouvelle guerre majeure.

La destruction de l’URSS a été une catastrophe à l’échelle mondiale. Elle a marqué un recul historique. La cause du socialisme était en péril. Les États-Unis ont acquis le statut d’hégémon mondial. Contrairement à ce que prétendent les idéologues libéraux, la formation de la Pax Americana n’a pas mis fin aux guerres et aux conflits internes. Au contraire, elle a élargi leur géographie et augmenté leur intensité. Les opérations militaires en Irak, en Yougoslavie, en Somalie, en Libye, en Haïti, au Pakistan, au Liberia, en Afghanistan, en Syrie, au Yémen et dans d’autres pays ont constitué de nouveaux déplacements sur le “grand échiquier”. Les faucons américains les ont manigancés dans une soif irrépressible d’hégémonie absolue.

Ainsi, le passage du monde capitaliste au stade de la mondialisation n’a fait qu’intensifier la menace d’une guerre à grande échelle au XXIe siècle. Il existe plusieurs obstacles majeurs à la mise en œuvre de plans agressifs. Parmi celles-ci, citons les actions de la Russie visant à renforcer ses capacités de défense et la formation d’un nouveau centre de pouvoir dans le monde sous la forme de la République populaire de Chine.

Un conflit armé impliquant les pays de l’OTAN, la Chine et la Russie se transformerait inévitablement en une guerre à l’échelle mondiale. Telles sont les capacités militaires cumulées des participants potentiels. La puissance militaire totale de toutes les parties à ce conflit hypothétique dépasse 80 % du total mondial. Si nous estimons les forces nucléaires stratégiques, le potentiel est de 100%. Un tel affrontement militaire condamne l’humanité à la destruction.

Hélas, les idées de guerre préventive gagnent en popularité dans les cercles réactionnaires de l’Occident. Apparemment, ces gens ont complètement oublié les leçons de l’histoire et sont persuadés qu’ils peuvent minimiser les risques. À mon avis, il s’agit d’une illusion dangereuse et aventureuse. Prévenir la menace d’une nouvelle guerre mondiale est l’une des tâches les plus importantes de tous les partisans du socialisme, y compris de notre parti, le KPRF.

– Depuis 2016, vous êtes le premier vice-président de la commission des affaires internationales de la Douma d’État. Comment le KPRF envisage-t-il sa réponse à l’expansion militaire et politique des États-Unis et de leurs alliés de l’OTAN ?

– Le parti communiste de la Fédération de Russie est le parti des travailleurs. La mission du KPRF est de ramener la Russie sur la voie du socialisme, de rétablir l’Union des peuples frères et de rendre au peuple les droits qu’il a perdus pendant la restauration du capitalisme. L’une des conditions pour atteindre ces objectifs est d’assurer la sécurité de notre pays contre les menaces militaires des États-Unis et de l’OTAN.

« Toute révolution ne vaut que si elle sait se défendre… », disait Lénine en octobre 1918. À ce moment-là, une guerre civile faisait déjà rage dans les vastes étendues de la Russie, dirigée de main de maître depuis Washington et plusieurs capitales européennes. La création de l’Armée rouge des ouvriers et des paysans a été l’une des étapes les plus importantes du pouvoir soviétique. La nouvelle armée s’est levée en premier pour défendre le socialisme dans la lutte contre les interventionnistes et leurs complices de la Garde blanche.

L’attaque de l’Allemagne fasciste contre l’URSS était un acte d’agression perfide. Le régime criminel d’Hitler visait à la destruction de l’Union soviétique, à l’extermination massive de sa population et à l’asservissement des survivants. Aux côtés de la Wehrmacht, des contingents militaires d’Italie, de Finlande, de Hongrie, de Slovaquie, de Roumanie, de Bulgarie, ainsi que les légions nationales des troupes SS de plusieurs pays européens ont envahi notre pays. L’héroïque Armée rouge a vaincu les forces armées de l’Europe unie et a offert au monde la Grande Victoire. Environ 27 millions de citoyens soviétiques, dont des femmes, des personnes âgées et des enfants, ont été victimes de l’agression fasciste.

Ces leçons de l’histoire nous amènent à tirer des conclusions. Le KPRF accorde une grande attention à la politique étrangère. Nous suivons avec anxiété les événements dans le monde et en Russie. Guidés par les idées du marxisme-léninisme et conservant en mémoire la description de l’impérialisme par Lénine, nous sommes bien conscients du danger qui pèse sur notre pays. Le capital mondial a pris sa décision de principe. Il a rendu son verdict sur la Russie, et sa décision ne dépend plus de la politique spécifique menée par le Kremlin.

Dans ces circonstances, le KPRF considère qu’il est extrêmement important de renforcer la sécurité nationale et la position de la Russie sur la scène mondiale. Ces dernières années, notre parti a réussi à insister pour opérer un virage vers une nouvelle politique étrangère. Mais certaines questions essentielles pour la sécurité de la Russie ne sont toujours pas résolues. Pendant ce temps, les bases militaires de l’OTAN se multiplient. Les sanctions antirusses se durcissent,la pression militaro-politique augmente,la guerre de l’information s’intensifie. Les stratèges de l’OTAN discutent de plans pour des “frappes de désarmement” contre la Russie.

L’Alliance de l’Atlantique Nord a récemment organisé un exercice dans la mer Noire. Son activité militaire ici est plus importante que jamais. Pendant les manœuvres, l’USS Mount Whitney, le navire amiral de la 6e flotte, et l’USS Porter, un destroyer, recueillaient des renseignements. Entourés de navires roumains, turcs et ukrainiens, les Américains se sont trouvés à proximité dangereuse des eaux territoriales russes pendant près d’une semaine. Pendant ce temps, des avions de reconnaissance Poseidon tournaient dans le ciel. Nous considérons ces exercices comme une provocation visant à exacerber la situation.

Malheureusement, de nombreux représentants de l’élite dirigeante en Russie se font encore des illusions. Ils pensent qu’il suffit de faire des concessions à l’Occident, et que le pays sera accepté dans la “communauté civilisée” et leur parlera d’égal à égal. C’est une profonde illusion. Dans les années 1990, elle a failli conduire notre pays à la ruine et a entraîné une perte totale de souveraineté. L’impérialisme attend seulement que la Russie relâche ses défenses pour la mettre à genoux et en faire son appendice colonial impuissant.

Le KPRF a une position fondamentalement différente. La première condition de la capacité de défense est de renforcer l’économie. Se concentrer sur le secteur des matières premières ne peut apporter que des gains à court terme. À long terme, cette ligne est perdante. Pour être forts et autosuffisants, nous devons nous concentrer sur la microélectronique, les machines-outils, la robotique, la biotechnologie et d’autres industries de pointe. Comme cela ne peut être réalisé sur les rails du marché libéral, le KPRF préconise la nationalisation des secteurs clés de l’économie et une transition vers la planification du développement économique de la Russie.

Deuxièmement, la cohésion et la solidarité sont importantes face aux menaces extérieures majeures qui pèsent sur tout pays. Cependant, alors qu’un petit groupe d’oligarques s’enrichit de façon vertigineuse, la majorité de la population russe s’appauvrit. Dans de telles conditions, il est vain d’espérer une quelconque cohésion nationale. L’inégalité divise la société en termes de classe. En cas d’agression militaire extérieure, les travailleurs ne trouveront pas de raisons de sacrifier leur vie pour les super-yachts d’Abramovitch, les palais de Deripaska et les profits d’autres oligarques. Le KPRF préconise une révision drastique de toutes les politiques socio-économiques.

Troisièmement, la Russie doit définir clairement son cercle d’amis et d’adversaires. Il semblerait qu’après 2014, Moscou ait proclamé un “pivot vers l’Est”. Mais ces déclarations ne sont pas devenues une doctrine claire de politique étrangère. La partie libérale de l’élite politique considère toujours l’Occident comme un “allié naturel”. Ils considèrent la détérioration actuelle des relations avec les États-Unis et leurs alliés comme un phénomène temporaire qu’il faut simplement supporter. Pour certains oligarques, le rapprochement avec l’Occident peut rapporter des dividendes, mais pas pour le peuple.

La Russie ne peut préserver son indépendance et devenir plus forte qu’en restaurant les liens traditionnels, mais affaiblis après 1991, avec l’Asie, l’Amérique latine, l’Afrique et, bien sûr, l’espace post-soviétique. Le KPRF défend également des relations stratégiques fortes avec la Chine. Nos nations ont des intérêts communs à long terme, directement liés à l’élimination de l’hégémonie impérialiste américaine et du monde unipolaire avec son expansion effrontée.

Bien sûr, le renforcement de la souveraineté de la Russie ne signifie pas une rupture totale avec les pays occidentaux. Mais les relations avec eux doivent être subordonnées aux véritables intérêts nationaux, et ce sont les intérêts de la majorité du peuple – les intérêts des travailleurs.

Quatrièmement, il est important de prévenir les tentatives des forces réactionnaires de saper le rôle de l’ONU en tant que principal centre d’harmonisation des intérêts interétatiques. Les États-Unis intensifieront ces actions, que le républicain Trump ou le démocrate Biden soit président. En lançant un “sommet des démocraties”, Washington tente de diminuer l’importance de l’ONU, laissant entrevoir la possibilité de créer des alliances alternatives pour la contourner.

Les États épris de paix doivent coordonner leurs efforts pour établir des relations harmonieuses entre les pays et les peuples. Certaines mesures importantes en faveur d’un monde multipolaire ont déjà été prises. Des associations d’intégration telles que les BRICS, l’Organisation de coopération de Shanghai et l’Union économique eurasienne sont en place. Le monde ne pourra qu’en bénéficier si ces entités interétatiques accroissent leur influence.

Cinquièmement, il est temps de se rappeler et d’utiliser l’expérience des mouvements anti-guerre et antifascistes. Au vingtième siècle, ces mouvements de masse étaient très forts. Aujourd’hui, ces luttes ne sont pas moins importantes. La réhabilitation du nazisme en Ukraine, dans les États baltes et dans d’autres pays nécessite la mobilisation des travailleurs et leur réponse ferme aux forces de la réaction.

La base du mouvement anti-guerre, antifasciste et anti-impérialiste doit être le renforcement des liens entre les partis et organisations communistes, ouvriers et autres partis progressistes. Il serait correct de soulever les demandes de mettre fin à l’occupation américaine de l’Europe et de dissoudre l’OTAN en tant qu’alliance impérialiste agressive.

Le président du Comité central du KPRF Guennadi Ziouganov et nos autres camarades ont parlé de tout cela à plusieurs reprises depuis la tribune de la Douma d’État et dans diverses rencontres internationales. En poursuivant cette ligne, les communistes russes s’appuient sur les conclusions des congrès de notre Parti et des plénums de son Comité central.

– Comment voyez-vous les tâches du mouvement communiste et ouvrier mondial et du mouvement pour la paix dans la situation actuelle ?

– La lutte pour la paix a toujours été à l’ordre du jour de la gauche. Au début du siècle dernier, lorsque les nuages de la Première Guerre mondiale ont commencé à s’amonceler sur l’Europe, les partis prolétariens ont parlé à plusieurs reprises de l’inadmissibilité de la guerre comme moyen de résoudre les conflits interétatiques. En août 1907, le VIIe Congrès de la IIe Internationale à Stuttgart a adopté une résolution sur la nécessité pour le prolétariat de refuser de soutenir les gouvernements dans une guerre majeure.

En novembre 1912, face aux risques de voir une série de guerres dans les Balkans se transformer en un conflit paneuropéen, les délégués du IXe Congrès de la IIe Internationale à Bâle ont adopté un manifeste sur la solidarité dans la lutte contre les menaces à la paix. Le prolétariat a alors réussi à déjouer les plans des bellicistes. Ce fait historique est peu connu aujourd’hui. Seuls les historiens, qui étudient les problèmes du mouvement ouvrier international, en parlent.

Malheureusement, en août 1914, seuls les bolcheviks russes et les “socialistes proches” bulgares ont pris une position ferme contre le déclenchement de la guerre. La trahison des dirigeants de la social-démocratie a marqué le début de la fin de la Deuxième Internationale. Le résultat fut la formation du Comintern, qui joua un rôle extrêmement important dans la diffusion des idées du socialisme.

Depuis l’époque de Marx et Engels, les communistes ont lutté pour les intérêts du peuple travailleur et pour l’abolition de l’exploitation et de l’inégalité sociale. Considérant le caractère global de l’expansionnisme capitaliste, le travail des communistes relie la lutte contre la domination du capital à l’intérieur des pays avec la résistance à l’expansionnisme des puissances impérialistes. Ce n’est qu’en liant étroitement ces luttes que nous assurerons le succès du mouvement communiste et ouvrier.

Le capitalisme est une toile dense qui a englouti le monde moderne. Ses fils sont fermement entrelacés, et ce ne sont pas seulement les fils individuels – “nationaux” – de cette toile collante qui doivent être coupés. Tout doit être fait pour briser cette toile vicieuse dans son ensemble.

L’internationalisme et la solidarité internationale entre les travailleurs sont essentiels. Oui, le capitalisme s’étouffe dans ses propres contradictions. Il freine le développement économique et entraîne un déclin culturel. Il s’enfonce chaque jour dans une crise de plus en plus grave. Mais le système ne s’effondrera pas de lui-même. Pour prolonger son existence, il dresse les peuples et les religions les uns contre les autres, intensifie son exploitation et parasite les ressources de la planète. Les politiciens bourgeois sont de plus en plus disposés à spéculer sur les idées nationalistes et religieuses. En conséquence, les groupes pro-fascistes et autres groupes réactionnaires relèvent la tête. Le capital veut ainsi détourner l’attention de ses propres échecs, que la pandémie de coronavirus a mis particulièrement en évidence.

Les communistes ne peuvent se contenter d’adopter une position d’observateurs. Notre tâche est de ne pas permettre au brouillard idéologique de détourner les travailleurs des véritables causes – de classe – de l’aggravation de la crise. Les communistes sont appelés à être au milieu du peuple, à inculquer dans l’esprit des travailleurs la conscience socialiste, à amener les masses à lutter pour leurs véritables intérêts.

Il existe de plus en plus d’exemples réussis de cette lutte. En Inde, après une année de manifestations de masse, le gouvernement a abrogé les réformes néolibérales qui avaient mis l’agriculture dans les griffes des hommes d’affaires capitalistes. La voix des travailleurs du Brésil, de la Corée du Sud, de l’Afrique du Sud, de la Colombie, des États-Unis et du Kazakhstan se fait de plus en plus entendre dans leurs pays.

La défense des droits des citoyens est intimement liée à la lutte anti-impérialiste. Les communistes de Grèce, de Turquie, d’Espagne, du Japon sont à la tête de la résistance à la présence militaire étrangère, exigeant le retrait de leurs pays des blocs militaires agressifs. On ne peut que saluer l’initiative des partis communistes et ouvriers de s’opposer aux bio-laboratoires militaires américains, dont le réseau s’étend sur la moitié du monde.

Dans les circonstances actuelles, alors que les plans de la réaction menacent la paix mondiale, il est important que les partis communistes et les associations sociales progressistes réalisent l’unité d’action. Nous devons multiplier la solidarité des travailleurs et renforcer leur avant-garde sous la forme de partis luttant pour le socialisme. Nous avons un seul ennemi, le capital, et nous ne pouvons briser ses chaînes qu’ensemble.

Le danger qui émane des rangs des mondialistes nécessite une réponse claire et coordonnée. Une telle réponse doit prendre forme dans toutes les plateformes de dialogue existantes. Il est important que depuis 1998, les Rencontres internationales des partis communistes et ouvriers se tiennent régulièrement. Ils perpétuent les traditions qui se sont formées dans le cadre du Comintern et lors de l’organisation des Rencontres internationales des partis communistes et ouvriers à Moscou en 1957, 1960 et 1969.

Les contacts bilatéraux entre partis peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre la menace de guerre. De cette manière, le KPRF renforce activement ses liens avec les partis communistes d’Europe et d’Asie, d’Afrique et d’Amérique.

Le succès de la lutte contre les forces de la réaction dépend directement du soutien de nos politiques par les travailleurs. Au XXIe siècle, le monde a été le théâtre de diverses manifestations civiles. Il s’agit notamment de l’organisation de forums sociaux altermondialistes, du mouvement Occupy Wall Street, des “gilets jaunes” français et de BLM aux États-Unis. Hélas, ils sont typiquement petits-bourgeois et n’ont pas pu devenir de véritables porte-parole des intérêts des travailleurs.

La tâche de développer la conscience de classe du prolétariat est urgente. Seul le parti communiste est capable d’apporter une véritable conscience socialiste dans les luttes des travailleurs. Et cette tâche ne peut être résolue dans la précipitation. Un travail à long terme, continu et systématique est ici nécessaire. C’est grâce à ce travail que les travailleurs réaliseront leur rôle historique, détruiront les complots de la réaction et sauveront le monde d’une grande guerre.

– Pourquoi l’occident a-t-il réussi à faire vaciller l’Ukraine et n’a pas réussi à reproduire un coup d’État similaire en Biélorussie ?

– Après l’effondrement de l’Union soviétique, l’Ukraine et le Belarus ont évolué selon deux vecteurs différents. Dès le milieu des années 1990, le peuple biélorusse s’est débarrassé de son illusion libérale et a rejeté les pillards et les démolisseurs qui agissaient sous le masque de la “réforme”. Grâce à l’arrivée au pouvoir d’Alexandre Loukachenko, la République a repris le chemin de la construction.

De toutes les anciennes républiques soviétiques, seul le Belarus a réussi à préserver et à accroître le potentiel industriel créé pendant la période soviétique. Les produits portant le label “Made in Belarus” ont gagné des marchés dans des dizaines de pays. Il s’agit notamment d’équipements ménagers et agricoles, de produits électroniques et de produits de l’industrie chimique. L’agriculture du pays permet non seulement de nourrir sa population avec des produits de qualité, mais aussi de les exporter. Le Belarus maintient une qualité de vie élevée et de bonnes garanties sociales. Elle possède l’un des indicateurs d’inégalité les plus faibles.

L’Ukraine a été beaucoup moins chanceuse. Il faut dire qu’elle était la plus développée de toutes les républiques soviétiques. Mais elle a souffert d’une désindustrialisation et d’une dépopulation dramatiques, après qu’elle ait jeté aux orties son riche héritage. Ses dirigeants ont soit regardé vers l’Occident, soit manœuvré entre les deux, comme le président Viktor Yanukovych. De nombreux politiciens ont flirté avec le mouvement nationaliste, qui avait des racines beaucoup plus profondes en Ukraine qu’au Belarus. Cela a eu des conséquences tragiques avec une classe ouvrière réduite et désorganisée et la lumpenisation d’une grande partie de la population.

Il ne faut pas oublier que les services secrets américains et d’autres centres d’influence occidentaux étaient actifs en Ukraine bien avant le coup d’État de Kiev. Leur objectif était d’empoisonner la population ouvrière par le nationalisme et de propulser au pouvoir ceux qui voulaient couper les liens avec la Russie. La réhabilitation des collaborateurs nazis et la prédication d’une russophobie virulente et d’un anticommunisme primaire ont été constamment renforcés. Les projets “humanitaires” occidentaux ont été abondamment financés et n’ont rencontré aucune opposition. Les structures étatiques ont réagi de manière neutre, voire favorable, à l’influence croissante des puissances d’outre-mer.

Ayant préparé la situation, les gouvernements occidentaux ont amené des forces hautement réactionnaires au pouvoir en Ukraine. Le facteur le plus important du succès de la révolution de couleur ici a été l’intervention démonstrative des pays occidentaux. Au tournant de 2013-2014, la secrétaire d’État adjointe américaine Nuland s’est rendue en Ukraine tous les mois et a coordonné l’organisation de troubles de masse.

Les forces pro-fascistes ont pris le pouvoir à Kiev. Ce ne sont pas seulement des nationalistes. Ils sont les héritiers idéologiques directs des complices d’Hitler. Ces personnes font directement l’éloge de Bandera et d’autres criminels fascistes et appellent ouvertement au nettoyage ethnique.

La tragédie d’Odessa le 2 mai 2014 et la guerre dans le Donbass ont montré la brutalité des nouvelles autorités ukrainiennes. Mais même ces terribles événements n’ont pas privé les nationalistes ukrainiens du soutien de l’Occident. Le fait est qu’ils expriment les intérêts de la grande bourgeoisie, qui s’est constituée en appendice de l’oligarchie financière mondiale. Et ces forces tentent de faire de l’Ukraine une “anti-Russie”, un tremplin pour une attaque contre notre pays. Pour les mondialistes, cela fait partie d’un plan plus vaste visant à reformater l’ensemble de l’espace post-soviétique pour répondre aux besoins des forces impérialistes.

Les impérialistes n’avaient pas tort dans leurs calculs cyniques. Les Banderistes ont fait du pays un protectorat des États-Unis. Le peuple ukrainien a été privé des vestiges des acquis sociaux de l’ère soviétique. La nature du régime de Kiev a prédéterminé la persécution des partisans du renforcement des liens avec la Russie. Un climat de peur et d’animosité nationale a prévalu dans la société. Le jour de l’anniversaire de Bandera, des processions aux flambeaux ont lieu dans les rues des villes. Leurs participants portent des portraits des dirigeants de l’OUN et de l’UPA et des punisseurs de la division SS “Galicia”. De jeunes militants font le salut nazi.

Le parti communiste ukrainien a été persécuté, puis totalement interdit. Toute trace de l’héritage soviétique a été éradiquée. Une campagne débridée visant à démolir des monuments et à renommer des villes et des rues a balayé le pays. L’utilisation des symboles soviétiques est interdite. Les autorités empêchent la tenue d’événements visant à commémorer le jour de la Victoire sur le fascisme.

Une guerre fratricide a été lancée dans le Donbass. Des milliers de civils en ont été victimes. Le gouvernement ukrainien s’obstine de plus en plus à saper les accords de Minsk. On constate une présence croissante d’unités militaires à la frontière avec les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Des zones civiles sont bombardées par des roquettes et des tirs d’artillerie.

Le coup d’État de février 2014 a été une énorme tragédie pour le peuple ukrainien. En Biélorussie, en revanche, où le potentiel industriel et une importante classe ouvrière ont été préservés, la tentative de coup d’État s’est soldée par un échec. Il s’est avéré qu’ici, l’Occident pouvait compter sur une très petite strate de forces libérales de droite.

La plupart des Biélorusses sont conscients des dangers d’un renversement de leur pays. Avec le triste exemple de l’Ukraine devant eux, ils s’accordent à dire que l’ingérence étrangère est inacceptable, et ils sont favorables à une alliance plus forte avec la Russie. C’est pourquoi, entre août 2020 et mars 2021, toutes les provocations – de la pression informative aux tentatives de sabotage d’usines – ont échoué au Belarus. Le pays a résisté à l’ingérence étrangère.

Il est également important que le gouvernement de Loukachenko ne se soit pas coupé de la réalité en se retranchant derrière un mur impénétrable. Le fait que les organisateurs des émeutes aient réussi à faire d’une partie de la population – même minime – l’instrument de leur aventure a fait l’objet d’un examen attentif à Minsk. En réponse, les autorités entreprennent toute une série de mesures, dont une réforme constitutionnelle.

– Qu’est-ce qui, à votre avis, rend les relations entre le Bélarus et la Russie uniques ? Comment et sur quels principes doit être construit l’État de l’union de la Russie et du Bélarus ?

– En fait, les Russes et les Biélorusses sont deux branches d’une même nation. Nous sommes unis par une histoire commune de plusieurs milliers d’années et par des liens économiques, culturels et de parenté étroits. Ensemble, nous avons été aux origines de l’URSS et avons suivi la voie de la construction du socialisme, surprenant le monde par les réalisations des plans quinquennaux de Staline et une expérimentation sociale d’avant-garde. Ensemble, nous avons développé la science et la culture, l’éducation et la santé.

Notre fraternité séculaire a été cimentée par la Grande Guerre Patriotique. C’est le peuple biélorusse qui a le plus souffert de cette guerre. En 1941, la république était habitée par 9 millions de personnes et en 1945, il n’en restait plus que 6 millions. Il n’y a pas une seule famille qui n’ait été touchée par ce grand malheur.

Je crois que ce passé héroïque a considérablement renforcé l'”immunité” historique du peuple biélorusse face à tout mensonge. Lors du référendum du 17 mars 1991, l’écrasante majorité des habitants de la république a soutenu le maintien de l’Union des républiques socialistes soviétiques. En RSFSR, le soutien était de 71 %, en Ukraine – 70 %. Au Belarus, près de 83 % des citoyens ont voté pour. Ces mêmes sentiments ont conduit à l’élection d’Alexandre Loukachenko à la présidence en 1994. Il s’oppose ouvertement au pacte de Belovej et soutient une intégration complète avec la Russie.

En 1997 a été signé le traité de l’Union du Belarus et de la Russie. Notre désintégration était suspendue. Ensuite, les autorités ont signé le traité sur la création de l’État de l’Union, ont commencé à former ses organes.

Malheureusement, notre rapprochement a été ralenti. Le KPRF a toujours parlé ouvertement de ces raisons. Depuis de nombreuses années, les oligarques russes lorgnent sur les entités économiques biélorusses. Leur emboîtant le pas, certains politiciens moscovites mettaient en avant des projets franchement provocateurs et irréalisables pour le Belarus d’intégrer certaines de ses provinces à la Russie. S’en sont suivies les guerres du lait et les attaques d’information contre l’administration biélorusse.

Néanmoins, le processus de rapprochement entre les deux pays s’intensifie sous nos yeux. Tant la volonté de nos peuples que les réalités de la politique mondiale poussent Minsk et Moscou l’une vers l’autre. Des mesures sont prises pour renforcer la structure de l’Union. Un document « Sur les lignes directrices pour la mise en œuvre des dispositions du traité sur la création de l’État de l’Union pour 2021-2023 » a été signé. Vingt-huit programmes de l’Union ont été approuvés. Parmi eux, on peut citer les programmes d’intégration des systèmes monétaires et la création d’un espace de paiement commun, la mise à jour de la doctrine militaire, le concept de politique migratoire, etc. Toutes ces décisions sont attendues depuis longtemps.

Le militantisme des puissances impérialistes s’accroît. Leurs nouveaux armements sont déployés dans les pays baltes, en Ukraine et dans la mer Noire. Dans ces circonstances, la Russie a un besoin vital d’une force amie sur ses frontières occidentales. De son côté, Minsk comprend qu’il lui sera presque impossible de faire face seule à la pression extérieure. L’écrasante majorité des citoyens de Russie et du Belarus sont favorables au renforcement de nos liens et à une intégration solide. Nos peuples ne se considèrent pas comme opposés l’un à l’autre. Nous voyons les événements du monde d’un point de vue commun et sommes prêts à renforcer notre unité.

Le KPRF a toujours prôné le rapprochement de nos peuples. Selon nous, le rapprochement du Belarus et de la Russie doit se faire sur une base d’égalité. Aucune inégalité, aucune discrimination n’est acceptable dans ce processus. J’espère que, cette fois, les intérêts oligarchiques ne pourront pas “se mettre en travers” des intérêts du pays.

– Est-il vrai que l’Occident a “balkanisé” l’URSS et s’est activement mis au service des groupes nationalistes radicaux et du séparatisme économique et religieux afin d’empêcher la renaissance de l’État unioniste ?

– La tactique “diviser pour régner” avait été utilisée par l’Occident bien avant la destruction de l’Union soviétique et les événements dans les Balkans. L’URSS était considérée comme un adversaire menaçant l’existence même du capitalisme. Le désir de la détruire a obligé les puissances impérialistes à y consacrer d’énormes ressources.

De même, la destruction de la Yougoslavie a été le résultat d’une politique délibérée de l’Occident collectif. La fomentation de sentiments nationalistes a servi de base au déclenchement du mécanisme des conflits armés. La promotion de l’intolérance religieuse – entre catholiques et chrétiens orthodoxes, entre chrétiens orthodoxes et musulmans – a également joué un rôle. Le désir des régions de la RSFY de s’isoler économiquement de leurs voisins a été alimenté. En conséquence, l’Occident a réussi à diviser le peuple yougoslave selon des lignes ethniques – en Serbes, Croates, Slovènes, Bosniaques, Monténégrins, Macédoniens… Même une nouvelle nation – les Kosovars – a été créée pour consolider les résultats de cette politique destructrice.

La responsabilité de l’effusion de sang dans les Balkans incombe aux pays de l’OTAN dirigés par les États-Unis. Les bombardements de l’OTAN sur la Yougoslavie et la création de groupes armés illégaux, qui ont terrorisé la population civile, ont violé de manière flagrante la lettre et l’esprit des accords d’Helsinki de 1975. Permettez-moi de rappeler que ces accords consacraient le principe de l’inviolabilité des frontières dans l’Europe de l’après-guerre et interdisaient le recours à la force et l’ingérence dans les affaires intérieures.

Le sort de la Yougoslavie est un triste exemple de la façon dont un État prospère peut être détruit en attisant les conflits ethniques et religieux. Sa destruction a transformé les Balkans une fois de plus en un nœud de contradictions aiguës. Elle a fait de l’Europe du Sud-Est une zone d’instabilité politique et sociale.

L’Occident a mené une politique similaire contre l’Union soviétique. Provoquer la haine ethnique était l’un des principaux outils de destruction de l’URSS. Certes, les ennemis de notre mère patrie soviétique ont réussi à accomplir beaucoup de choses. Les conflits sanglants au Karabakh, en Abkhazie, en Transnistrie et en Asie centrale ont porté un coup sérieux au système soviétique et accéléré la destruction de l’État unifié.

Il y a exactement 30 ans, notre pays a été démembré. L’effondrement de l’URSS s’est accompagné de conflits aigus sur des bases ethniques et religieuses. L’Occident a ressuscité des contradictions éteintes depuis longtemps et en a fomenté de nouvelles. Conflits entre Géorgiens et Abkhazes, Ossètes et Géorgiens, Ouzbeks et Tadjiks, Arméniens et Azerbaïdjanais… Les Russes ont été universellement déclarés “colonisateurs”, qui auraient opprimé les “peuples indigènes”.

Les Gardes blancs, les légionnaires SS, les Banderistes et les “frères de la forêt” sont déclarés les nouveaux héros. Les vétérans de la Grande Guerre Patriotique qui avaient sauvé le monde du fascisme sont ouvertement raillés. Même les idées de socialisme, d’internationalisme prolétarien et d’amitié entre les peuples ont été déclarées méthodes d'”expansion coloniale russe”.

Trente ans plus tard, nous récoltons toujours les fruits de ces événements. Le Caucase est toujours malmené. Le conflit entre la Moldavie et la Transnistrie n’a pas été résolu. Il y a encore des lignes de faille en Asie centrale, et elles sont activement exploités par des forces extérieures. Ils utilisent non seulement l’ancien “terrain”, mais sèment également les graines de nouveaux conflits. Les événements en Ukraine en sont un exemple frappant.

Pendant de nombreuses années, l’Occident et ses marionnettes à Kiev ont nourri les forces nationalistes agressives et leur ont ouvert la voie du pouvoir. Ils bénéficient désormais d’une assistance complète – diplomatique, financière et militaire. Cela a provoqué l’indignation justifiée d’une grande partie de la population, notamment de la population russophone. Mais la réaction étrangère, oubliant la démocratie et les droits de l’homme, ignore les demandes légitimes de millions de personnes et soutient les actions des punisseurs au Donbass. Le sang y coule depuis sept ans. Les peuples ukrainien et russe, peuples frères, sont poussés cyniquement l’un contre l’autre pour en faire des ennemis jurés.

Hélas, l’Ukraine n’est pas le seul pays à se transformer en un foyer de haine. Presque toutes les républiques post-soviétiques possèdent des organisations occidentales à but non lucratif et des médias qui stimulent la démagogie du “renouveau national”. Dans la pratique, cela se traduit par l’antisoviétisme, l’anticommunisme et la russophobie. En conséquence, des phénomènes ignobles tels que la création de “patrouilles linguistiques” au Kazakhstan apparaissent.

Les stratèges du “nouvel ordre mondial” mettent activement en œuvre les scénarios élaborés dans l’intérêt de l’élite mondialiste. Ils les utilisent contre la Russie, la Chine et tous les États qui résistent aux impérialistes. Par ailleurs, les tentatives de déstabilisation de la situation au Belarus étaient également fondées sur les groupes nationalistes, sur les mythes maléfiques selon lesquels les peuples russe et bélarussien sont hostiles l’un à l’autre.

En Russie, il y a également eu des tentatives persistantes de provoquer le séparatisme. Des faits alarmants apparaissent de temps à autre dans le Caucase du Nord, ainsi que dans la région de la Volga et dans d’autres parties du pays. Et partout, il existe un lien clair entre les mouvements nationalistes et les organisations libérales pro-occidentales.

– Que pensez-vous du succès électoral du Parti communiste de la Fédération de Russie aux élections de septembre à la Douma d’État ?

– Le KPRF a en effet de quoi être fier. Dans la période du 17 au 19 septembre, des élections à différents niveaux ont eu lieu en Russie. Malgré la domination informationnelle du parti Russie Unie, et en dépit des obstacles et des technologies électorales perverses employées, le KPRF a considérablement augmenté son soutien au sein de la population. Cela est clairement visible dans les résultats du vote.

Par rapport à 2016, nous avons obtenu près de 4 millions de voix supplémentaires lors des élections à la Douma d’État. En Iakoutie, dans le territoire de Khabarovsk, dans la République de Mari El, dans le district autonome de Nenets et dans des dizaines de villes du pays, notre parti est arrivé en tête. La faction du KPRF au parlement russe a été renforcée avec 15 nouveaux mandats.

Nous avons pu faire connaître notre programme « Dix étapes vers le pouvoir du peuple » aux grandes masses de la population. Les gens ont entendu nos propositions – de la nationalisation de secteurs clés de l’économie à l’élargissement des garanties dans l’éducation. Nous avons gagné un grand nombre de nouveaux sympathisants qui ont cru aux communistes et les ont soutenus. Notre tâche consiste maintenant à justifier cette confiance.

Le résultat électoral du KPRF est directement lié aux espoirs de nos compatriotes. Le renforcement de la position des communistes russes reflète un glissement général vers la gauche dans la mentalité des citoyens. Les élections ont montré qu’un tournant en faveur des valeurs de justice sociale est en train de se produire dans notre pays.

Nous considérons notre succès en termes de poursuite de la lutte politique. Les votes et les mandats que nous avons gagnés nous permettront de travailler plus efficacement pour les intérêts des travailleurs. Le Parti continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir pour conduire notre pays sur la voie de la démocratie véritable et de la justice sociale et pour empêcher toute ingérence étrangère dans ses affaires intérieures.

S’appuyant sur le soutien massif des citoyens, le KPRF entend réaliser un changement radical du modèle socio-économique de développement de la Russie. Nous recherchons la transition de notre pays vers la voie de la création et du développement, de la démocratie et du socialisme.

– Comment se déroule la formation au sein du KPRF? Quels sont les principes de la construction d’un parti qui, selon vous, sont les plus importants aujourd’hui ?

– Le KPRF considère le système d’éducation et de formation du Parti comme l’un des domaines les plus importants de son travail. Elle est fondée sur l’expérience de nos prédécesseurs. Même dans la période prérévolutionnaire, les bolcheviks attachaient une grande importance à la formation théorique de leurs camarades.

En mai 1911, une école du Parti est créée à Longjumeau, en banlieue parisienne, sous la direction de Lénine. Il a lui-même donné des cours sur l’économie politique, la question agraire, la théorie et la pratique du socialisme en Russie, et d’autres sujets. Des cours sur la législation ouvrière, le mouvement socialiste et syndical, l’histoire de la littérature et de l’art, et la question nationale ont été donnés par N.A. Semachko, D.B. Riazanov, I.F. Armand, A.V. Lounatcharski et d’autres. L’école de Longjumeau est le précurseur des futures écoles bolcheviques et universités communistes.

Actuellement, le KPRF poursuit la tradition de l’enseignement du Parti. La tâche qui nous attend est d’éduquer un large éventail de combattants idéologiques. Ils doivent transmettre avec compétence, clarté et conviction la position politique du Parti aux masses, et indiquer les moyens de ramener la Russie sur la voie du socialisme. Ces tâches ne peuvent être accomplies sans des militants du parti profondément éduqués et idéologiquement inébranlables.

Les branches du KPRF qui organisent la formation politique combinent les conférences et les séminaires avec le travail des plateformes de discussion et des ciné-clubs, ainsi que des conférences scientifiques et pratiques. Avec leur aide, les communistes étudient et diffusent les idées du marxisme-léninisme.

Il y a environ dix ans, nous avons formulé un problème. Les anciennes générations de membres du Parti, qui avaient fréquenté les écoles supérieures du Parti et reçu une très bonne éducation soviétique, commencent à disparaître. Nos jeunes camarades n’ont pas toujours une connaissance suffisante de la théorie et de l’histoire. Le congrès du parti a donc décidé de développer l’éducation politique des communistes.

En 2013a été créé le Centre d’éducation politique du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie. Les jeunes communistes des sections régionales du parti sont inscrits dans ce centre de formation. Il peut s’agir de propagandistes ou de journalistes, de juristes ou de spécialistes des réseaux sociaux et d’autres domaines de l’activité politique du parti. Mais tous les stagiaires améliorent leur connaissance de la théorie du marxisme-léninisme, de l’histoire du mouvement communiste, des tendances sociales actuelles et des technologies de lutte politique.

Quarante flux d’auditeurs de toutes les régions de Russie ont déjà obtenu leur diplôme, soit 1389 communistes. La plupart d’entre eux se sont vus confier des postes à responsabilité dans les comités du KPRF à différents niveaux. Nombre d’entre eux sont devenus chefs de leurs branches régionales et locales, et membres du comité central du parti. En outre, nous avons contribué à la formation des militants des partis communistes d’Abkhazie, d’Arménie, d’Azerbaïdjan, de Biélorussie, de Géorgie, de la DNR, du Kazakhstan, du Kirghizstan, de Transnistrie, d’Ouzbékistan, d’Ukraine et d’Ossétie du Sud.

L’expérience du Centre d’études politiques est en train d’être adoptée par les comités régionaux, municipaux et de district du KPRF. Le Présidium du Comité central propose chaque année un ensemble de matériels méthodologiques pour aider les organisateurs de la formation du parti et de l’éducation politique. Les films documentaires réalisés par notre chaîne de télévision Krasnaya Liniya [Ligne rouge] sont venus s’y ajouter ces dernières années. Le magazine Éducation politique du Comité central du KPRF est d’une grande aide pour les organisateurs de l’éducation des partis. Les matériaux analytiques des journaux Pravda et Sovetskaya Rossiya sont activement utilisés.

La formation du parti, comme toutes les activités du KPRF, est subordonnée à la lutte pour le pouvoir des travailleurs, pour le socialisme. De tous les partis existant en Russie, seul le nôtre a une structure ramifiée et comprend des milliers de branches primaires. Cela permet au KPRF de faire partie du peuple, d’être profondément conscient de ses besoins et de ses aspirations. Maintenir et renforcer cette structure est la tâche la plus importante. C’est la base de toutes nos activités, y compris les campagnes électorales, l’expansion des activités de protestation et le travail avec les alliés et les partisans.

Ainsi, le KPRF est construit sur les principes idéologiques, politiques et organisationnels développés par Lénine. Nos activités sont fondées sur les principes du volontariat, de l’égalité des droits et de l’autonomie. La charte du parti stipule qu’il fonctionne sur la base du centralisme démocratique, de la communauté idéologique et de la camaraderie au sein du parti. La direction collective, l’unité de la ligne politique et organisationnelle, et le contact constant entre le Comité central et les militants de base sont les principes les plus importants du KPRF.

– Le 30 décembre 2022, l’Union des républiques socialistes soviétiques, le premier État des travailleurs et des paysans, fêtera son 100e anniversaire. Comment la société russe et les communistes russes envisagent-ils de célébrer cette fête ? Quelle est l’expérience unique de l’URSS et l’exploit du peuple soviétique ?

– Je commencerai ma réponse par votre dernière question. La création et le développement de l’Union soviétique ont véritablement constitué une percée vers l’avenir. Elle a marqué le passage de l’humanité à une nouvelle étape du développement historique. Cela ne concerne pas seulement les personnes qui vivaient dans l’ancien empire russe. Cela s’applique à toute l’humanité. En 1922, pour la première fois est apparu un État sur la carte de la terre, fondé sur la solidarité entre les travailleurs, l’amitié entre les peuples et l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Le KPRF est toujours parti du fait que la création de l’URSS était un événement d’importance et d’ampleur historique mondiale. À la place de l’ancien Empire russe, parti en fumée dans le creuset de la guerre impérialiste mondiale, est apparu un nouveau type d’État. Cet Etat condamne résolument la haine interethnique, l’inégalité, le colonialisme et le chauvinisme, toutes les formes d’oppression nationale, l’impérialisme et les guerres qu’il engendre.

L’Union des républiques socialistes soviétiques a été créée sous la forme d’une association volontaire. Elle était ouverte à toutes les républiques socialistes qui pourraient émerger à l’avenir. La construction de l’Union a permis l’entrée de nouveaux pays et peuples dans l’Union à une date ultérieure. Ce n’était pas un accident. Les bolcheviks se sont toujours souvenus comment, après la victoire de la Grande Révolution d’Octobre, des tentatives avaient été faites pour créer des républiques soviétiques en Autriche-Hongrie et en Allemagne.

Les résultats du projet soviétique ont été vraiment colossaux. Dès ses deux premières décennies, l’URSS a surmonté des siècles d’arriération et s’est imposée comme un leader du développement industriel mondial. Le pays a fait des progrès étonnants en matière de science, de culture et d’éducation. Enfin, le peuple soviétique a résisté au plus grand défi et a vaincu la “peste brune” du fascisme.

La puissance et la politique pacifique de l’Union soviétique en ont fait un facteur de stabilité mondiale. Elle a freiné l’expansion du capital mondial et donné de l’espoir aux travailleurs de toute la planète. Les empires coloniaux se sont effondrés avec la participation active de l’URSS et les peuples de dizaines de pays ont gagné leur liberté.

Nous nous préparons déjà à cette date historique. Le dernier Plénum du Comité central du KPRF a adopté une résolution « Sur le 100e anniversaire de l’Union des républiques socialistes soviétiques ». Il donne instruction aux organes du parti de célébrer dignement et largement cet anniversaire important, avec la plus large couverture possible. Il est prévu d’y organiser des conférences scientifiques, des expositions, des réunions cérémonielles et des soirées. Le thème sera activement couvert par les médias du parti. Nous espérons que, tout comme lors du 100e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’octobre, du monde entier viendront nous rendre visite des amis et des personnes partageant les mêmes idées, pour les célébrations de la fin de l’année 2022. L’essentiel est que l’humanité vienne à bout de la pandémie de coronavirus le plus rapidement possible.

Dans le cadre de la préparation du centenaire de l’URSS, nous entendons élever le niveau de formation idéologique et théorique de nos camarades et renforcer l’efficacité de notre propagande et de notre contre-propagande. Nous ne pouvons passer sous silence les tentatives persistantes d’introduire divers mythes antisoviétiques dans la conscience publique. Par conséquent, notre objectif n’est pas seulement de commémorer cet événement capital, mais aussi de dénoncer l’anticommunisme, de dire la vérité sur le socialisme et le pouvoir soviétique, et de préparer ainsi de nouvelles victoires pour les travailleurs.

Trente ans après l’effondrement de l’URSS, il est clair que c’est l’Union soviétique qui a été le projet d’intégration le plus efficace de l’histoire mondiale. En célébrant son 100e anniversaire, le KPRF entend faire de cet anniversaire un instrument de lutte idéologique pour la démocratie et le socialisme, pour le statut élevé de l’homme du travail, pour l’affirmation des valeurs de justice sociale, d’internationalisme prolétarien et d’amitié entre les peuples.

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2 Commentaires

  • Renaud Bernard
    Renaud Bernard

    Intelligemment Dimitri Novikov a compris que toute reconstruction de l’URSS est impossible. Il devait le faire au nom du réalisme. Tout le monde doit le comprendre, même les Américains comme le souligne Dimitri Peskov dans un article publié le même jour sur ce blog. Bien sûr qu’ils le font : c’est leur intérêt. Leur but stratégique durant la Guerre froide était de détruire la patrie de travailleurs car ils avaient compris qu’elle était le plus grand rempart contre l’impérialisme.

    Tant que l’URSS était présente sur la scène mondiale, avec les moyens économiques et militaires de s’opposer à toute tentative de déstabilisation du camp socialiste, les communistes, les progressistes du monde entier gardaient avec raison l’espoir que le basculement irréversible du rapport de forces mondial en faveur du socialisme serait atteint de leur vivant. Il fallut tempérer cette ambition. Pour autant elle n’est pas anéantie, et c’est surtout cela que les Etats-Unis doivent comprendre.

    La donne diplomatique a changé. Pour l’instant. Si la reconstruction de l’URSS est impossible – à eux seuls les Baltes s’y opposeraient farouchement – en revanche il est très possible que le PCFR prenne le pouvoir en Russie, et que les autres partis communistes dans l’ancien bloc de l’Est y parviennent aussi, ainsi que dans les pays d’Amérique latine, où, grâce à des résultats électoraux encourageants, une configuration révolutionnaire est devenue plausible, à l’exemple de Cuba.

    C’est une banalité, mais on peut la redire ici, dans un contexte où le socialisme européen semble guetté par la nostalgie : le marxisme ne fonde pas sa réflexion sur des analyses à court terme. Il laisse cela aux keynésiens et autres libéraux, aux démocrates bourgeois adeptes du parlementarisme et qui ne savent raisonner que d’une élection à l’autre. Le marxisme est construit sur une vision à long terme, où les plus visionnaires de ses disciples comprennent que les générations futures verront le triomphe de leurs idéaux.

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  • Xuan

    Comme un clin d’œil à Jean Claude en effet.
    Puisque la « recherche du profit à tout prix » n’est pas fondée sur la « logique » du profit, la « logique » du capital, la « logique » néo libérale, etc. mais sur la société divisée en classes et l’exploitation de l’homme par l’homme.

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