TRIBUNE
Après l’intervention de Macron sur la présidence française dans l’UE, il faut bien mesurer comment la réalité du capital qui transforme les êtres humains en marchandise a besoin de l’utopie qui les transformer en “idées” (1), et cette Adresse au peuple russe en est l’illustration, une sorte de papier cadeau enveloppant l’invasion de l’OTAN. Ces trois politiciens, un journaliste du Figaro, un Polonais social démocrate et un Lituanien, ont tout misé sur l’intensité pour eux de la victoire sur l’Union soviétique, trente ans après ils publient ce petit chef d’œuvre de mépris des masses, d’une vision élitiste de la politique et surtout d’un rêve qui est exactement a contrario de la réalité. Malheureusement l’Europe, comme la fin de l’URSS, n’est rien d’autre qu’une chimère qui se heurte à la réalité du capitalisme tragédie permanente et criminelle, qui ne cesse malgré ses fantasmes petits bourgeois de creuser des gouffres et d’amasser des armées. Cette utopie a un coût et ces braves gens n’en mesurent même pas les cadavres, les trainées de sang qu’elle laisse et le drame vers lequel elle nous invite à avancer, l’hostilité des masses qu’ils méprisent, le coût réel ne serait-ce que dans la méditerranée cimetière et les flux migratoires qui se pressent au Bbelarus y compris depuis une Ukraine dont la population se raréfie et où défilent les nazis dont les histrions oligarques au pouvoir ne voient d’issue que dans l’apocalypse d’un conflit… Ils invitent les classes moyennes russes à adhérer à la fin de toute souveraineté nationale, à accepter l’envahisseur au nom de cette utopie qui n’est rien d’autre que leur propre vassalité à l’Empire US alors même que les peuples soviétiques après ceux du tiers monde ont fait l’expérience de ce qu’ils pouvaient attendre des rêves de ce type… Le rêve de la revanche allemande nazie sur les vainqueurs soviétiques au son de la 9e de Beethoven et malheureusement ces gens-là sont aussi le choix politicien offert aux Français dans une présidentielle désespérante de stupidité à force de nous vendre leurs rêves pour la seule réalité possible, celle où la gauche social démocrate, les verts, la droite, l’extrême-droite tous ceux qui ne cherchent qu’à perpétuer le capitalisme, courent derrière les ruées vers l’est, le pillage des slaves et de l’Asie, le troisième Reich tel qu’en lui-même. Imaginer qu’un programme social en France puisse exister dans un tel contexte et ne pas voir la guerre qui menace condamne la gauche à l’irréalité et les peuples à l’abstention face à union de la gauche qui sous l’égide de la social démocratie et des verts poursuivrait les mêmes folies contre les peuples et la classe ouvrière, les couches populaires… (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)
Pour les trente ans de la fin de l’URSS, Bernard Guetta, Wlodzimierz Cimoszewicz et Andrius Kubilius s’adressent aux Russes dans une lettre. Un message d’amitié, dans un contexte de tensions géopolitiques à la frontière ukrainienne et avec le Bélarus.
par Bernard Guetta, Wlodzimierz Cimoszewicz et Andrius Kubiliuspublié le 8 décembre 2021 à 8h00
A l’occasion du trentième anniversaire de la fin de l’Union soviétique, les eurodéputés Bernard Guetta, du groupe Renew Europe, ancien journaliste, Wlodzimierz Cimoszewicz, (du groupe S&D-social démocrate), ancien Premier ministre polonais (1996-1997) et Andrius Kubilius (du groupe PPE-conservateur), ancien Premier ministre lituanien (1999-2000 et 2008-2012) publient une lettre ouverte au peuple russe. Ce message d’amitié, dans un contexte géopolitique tendu, entre les frictions à la frontière ukrainienne et celles à la frontière avec le Bélarus, est publié simultanément dans plusieurs quotidiens européens, dont la Repubblica, Gazeta, Delfi, Nerikes Allehanda et sur le site de la radio indépendante russe Echo Moskvi.
Chers voisins européens, chers citoyens de la Fédération de Russie, chers amis,
Rêvons, oui rêvons ensemble.
Trente ans après l’éclatement de l’Union soviétique, trente-deux ans après les révolutions d’Europe centrale, à l’heure aussi où vos libertés ne cessent hélas plus de régresser, rêvons du jour où votre Fédération et notre Union trouveront les voies d’une entente et d’une coopération si nécessaires à l’Europe et au monde.
Rêvons du jour où il n’y aura plus de place entre nous pour la défiance et la peur, où plus aucun mur ne pourra venir remplacer celui de la guerre froide, où plus aucun des pays sortis de l’orbite soviétique n’aura à craindre une nostalgie impériale de la Russie, où plus aucun Russe ne pourra croire que la force d’attraction de l’Union européenne menacerait votre pays en rapprochant l’Alliance atlantique de vos frontières.
Rêvons du jour où la fin de l’affrontement Est-Ouest ne sera plus vue par quiconque comme une victoire ou une défaite mais comme la possibilité de temps nouveaux, le début d’une nouvelle ère de démocratie et de prospérité continentales, aussi prometteuse pour nous tous que celle qu’avaient constituée, pour nous, les premiers pas de l’Union.
Rêvons du jour où nous pourrons additionner nos richesses intellectuelles, naturelles et scientifiques pour affirmer l’Europe, sa culture et sa civilisation, contribuer au développement et à la démocratie de tout notre continent et, par là même, des autres rives de la Méditerranée afin de constituer un jour cet ensemble, Europe, Afrique et Proche-Orient, que Rome avait esquissé et dont aucune vicissitude de l’Histoire n’avait jamais effacé l’ébauche.
Oui rêvons du moment où les ponts enjamberont les murs oubliés, rêvons-en car il n’y a rien là d’impossible.
De Saint-Pétersbourg à Lisbonne, de Paris et Moscou à Vilnius, Berlin ou Varsovie, nos classes moyennes et nos jeunesses partagent les mêmes modes de vie, les mêmes goûts et la même soif de liberté. Toutes générations et tous milieux confondus, ce n’est pas vers l’Asie que se tournent vos regards mais vers cette partie de notre continent commun que l’Union a tant enrichi en l’unissant.
Européens, nous le sommes tous car, pour le meilleur ou pour le pire, de la conversion de Vladimir à l’invention des camps et de la terreur de masse si scrupuleusement documentés par Mémorial, de l’abomination que fut le pacte Molotov-Ribbentrop au premier coup d’arrêt donné au nazisme par l’héroïque bataille de Stalingrad, la Russie a toujours compté parmi les plus décisives des puissances européennes.
Européens, nous le sommes de Brest à Vladivostok car Tolstoï et Dostoïevski, Tchekhov ou Boulgakov appartiennent à notre patrimoine commun, à ce panthéon de la littérature mondiale où ils trônent parmi Shakespeare, Hugo, Dante, Kafka ou Cervantès.
Européens, nous le sommes tous car vous et nous puisons notre culture commune dans la philosophie grecque, le droit romain, l’Ancien et le Nouveau Testament, les Lumières et la démocratie d’Athènes et de Rome réinventée par les révolutions britannique et française.
Européenne, votre Histoire l’est totalement puisque les plus éclairés de vos tsars s’étaient tournés vers la France, l’Allemagne et l’Italie lorsqu’ils avaient voulu ouvrir la Russie au monde, que 1905, février 2017, le grand réveil que fut la perestroïka puisaient dans les idéaux de 1789 et de 1848 et que votre Empire s’est défait au même siècle, le XXe, que les empires ottoman, autrichien, français, britannique, néerlandais et portugais.
Comme toutes les autres anciennes puissances impériales, vous vous êtes alors divisés entre ceux qui applaudissaient l’indépendance recouvrée par tant de peuples et ceux qui voyaient là un recul historique dont ils souffraient trop pour l’admettre.
Cette déchirure aussi nous fut commune. Chez vous comme chez nous, elle a pesé sur nos échiquiers et nos vies politiques. Elle continue chez vous de le faire car, en Russie, ce bouleversement n’a que trente ans, mais vous êtes toujours moins nombreux et si rares au-dessous de quarante ans à penser que l’Ukraine ou la Géorgie seraient à reconquérir.
Vous en venez à voir, comme nous, qu’à tenter de priver les autres de liberté, on finit par s’en priver soi-même et qu’une communauté de cultures, un héritage commun et la pérennité d’échanges économiques fondés sur des complémentarités historiques et non plus contraintes sont infiniment préférables à l’injustice et la fragilité des empires.
L’Inde et la Grande-Bretagne ne sont plus en conflit, pas plus que l’Autriche et la Hongrie. La France ne l’est pas plus avec le Maghreb ou l’Indochine et la Turquie était mieux inspirée par l’ambition d’un Commonwealth industriel que par ses incursions militaires dans des eaux et sur des côtes qu’elle ne parviendra plus à dominer.
L’état de nos relations présentes nous attriste, bien sûr. Entre nous les tensions sont nombreuses et profondes mais un jour proche, très bientôt, vos nouvelles générations trouveront la voie de l’harmonie avec vos anciennes possessions devenues indépendantes. Ce jour-là viendra, nous en sommes certains, et c’est avec vous, avec cette nouvelle Russie sûre d’elle-même et démocratique – sereine et libre car en paix avec ses plus proches voisins – que nous bâtirons un continent d’échanges, de libertés et de stabilité.
Nous vous le disons car l’on sent la liberté frémir dans vos cœurs, car vous reprendrez votre marche interrompue vers la démocratie, car ce jour-là verra naître une nouvelle Europe, libre, forte et exemplaire, une Europe que nous serons fiers de laisser à nos enfants car elle est notre aspiration commune et notre commun destin auquel, ensemble, nous donnerons corps pour notre bien à tous.
C’est ce message d’amitié, de certitude et d’ambition commune que nous vous adressons aujourd’hui avec l’espoir qu’il contribue à notre nécessaire rapprochement et le précipite.
Vive l’Europe ! Vive la paix ! Vive la liberté !
Wlodzimierz Cimoszewicz, Bernard Guetta, Andrius Kubilius
(1) on aura reconnu la préface de Marx dans sa critique des illusions de Proudhon et dans laquelle il note que le capital transforme les hommes en chapeaux (Ricardo) et en idées (Hegel), l’un ne va pas sans l’autre…
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comaguer
Si les références à la phrase de De Gaulle sur l’Europe de l’atlantique à l’Oural sont nombreuses a-t-il où et quand ?(ou qui d’autre ?) parlé de l’Europe de Brest à Vladivostock ce qui n’est pas pareil : doubler le nombre de fuseaux horaires couverts par la Russie n’est pas rien .
Daniel Arias
Une Europe libre forte et exemplaire ! avec des murs d’aciers et de barbelés pour les migrants, des douaniers qui tirent sur des naufragés en Espagne, une Europe qui détient des prisonniers politiques, des journalistes torturés, une Europe qui vend avions et bombes à des pays qui ont déjà fait plus de 400 000 morts au Yémen.
Une Europe libre et forte qui accepte les défilés des nazis et leur offre son soutien politique.
Oui cette Europe veut la même liberté dont parlait le IIIe Reich.
Une Europe où des dirigeants politiques soutiennent ouvertement et impunément des organisations terroristes comme Al-Nosra, ou encore les nazis d’Ukraine présentés comme des héros dans la chaîne publique Franco-Allemande, celle de la collaboration.
Une Europe qui diabolise les vrais libérateurs et héros de l’Europe, les communistes qui ont mené la guerre de 1936 à 1945 et encore au delà en Asie lors de l’agression de la Corée par les financiers d’Hitler.
Une Europe qui partage les valeurs d’un Empire plusieurs fois criminel de guerre, qui a osé brûler deux villes au Japon, sans état d’âme, femmes, enfants, vieillards.
Femmes, enfants, vieillards comme il y en a tant dans les cimetières des villages qui ont croisé les divisions Allemandes aidées de leurs chiens locaux ; des croix d’innocents âgés parfois de 80 ans, voilà leurs héros.
Une Europe qui exploite ses “frères” libérés de l’Est, qui détruit les système de soins, de retraite et tout service public non nécessaire à l’enrichissement d’une toujours plus petite minorité.
Combien d’ex travailleurs socialistes morts dans les champs d’Espagne, dans les chantiers, sur les routes, détruits dans les abattoirs ?
Une Europe qui flatte les idéaux fascistes des puissants et les inculque aux imbéciles de la couche moyenne, qui finira bientôt dans les camps de travail ou qu’on laissera mourir faute de soins. La décroissances des inutiles et des incapables, pour la jouissance sans limite des dominants où la cocaïne arrive dans des fêtes organisées dans les bâtiments même de l’État.
De temps en en temps de petits dealer finiront dans une prison surpeuplée, la tête dans les toilettes, à sa sortie il sera éventuellement embauché comme chien du Capital.
Il faut bien faire peur aux petits vieux électeurs et vendre de la merde à la jeunesse.
Cette Europe a assassiné des petits vieux par milliers dans les mouroirs au début de la pandémie, dans la même indifférence que celle qui frappe la monté de la guerre à l’Est.
Une guerre dont ils rêvent la victoire avant l’étape suivante, la destruction de la Chine dont la technologie de défense accuse encore du retard, il ne restera ensuite plus qu’a entre-tuer parmi les restants.
La dernière tentative d’unification de l’Europe a donné, entre de trop nombreux autres, l’exécution barbare de Zoïa Kosmodemianskaïa Зо́я Анато́льевна Космодемья́нская.
Jeune résistante assassinée à l’âge de 18 ans pour avoir défendu sa Patrie, laissée pendue plusieurs semaines, par une unité tout à fait conventionnelle de la Wermacht la 197e d’infanterie.
Pas des SS mais l’armée régulière allemande “normale”. Staline aurait donné l’ordre de ne pas faire de prisonniers parmi les soldats et les officiers de l’unité 197.
Renaud Bernard
L’unification de l’Europe est une grande idée, un projet encore inabouti, après plusieurs tentatives. La dernière en date – laissons tomber les ronds de jambe et bisbilles du camp capitaliste – a été le fait des communistes, qui avaient édifié un ensemble cohérent et solide, le COMECON, sous l’égide de l’Union Soviétique.
Un surcroît de malheur, ou de scélératesse de la part des Occidentaux, voulut que cette tentative ne pût aboutir au seul but toujours salutaire, l’unification de l’Europe en un ensemble d’Etats socialistes. Et un surcroît d’injustice, après les cruautés de la seconde guerre mondiale imputables aux Allemands, voulut que cet échec se cristallisât autour de la question allemande, génératrice à elle seule de graves déséquilibres au sein de l’Europe communiste.
Était-ce prémédité de loin ? Probablement, sans égard pour le bien-être des peuples. Un plan stratégique et machiavélique, qui incluait l’existence de deux Etats allemands alors qu’il n’y a qu’une seule nation allemande, quels qu’aient pu être ses torts. Vous les rappelez d’ailleurs avec raison. En tout cas ce plan réussit et oblige aujourd’hui les vrais démocrates de l’Europe, les communistes, à se battre sans base arrière à part la lointaine Chine. Leur apportera-t-elle un appui à l’échelle mondiale, comme autrefois l’URSS à l’échelle européenne ? Qui nous dit que cette fameuse mondialisation, dont on nous rebat les oreilles à la gloire du libéralisme, ne sera pas une mondialisation socialiste sous l’égide de la Chine ?
marsal
Pardon, mais le COMECON ne visait pas à unir l’Europe. La Mongolie, Cuba et le Vietnam en furent membre, plusieurs mays d’Afrique en furent membre observateurs. Comme d’habitude, les Bernard Guetta et autres font de la surenchère pour masquer leur inanité et le lyrisme vient au secours de l’absence de pensée. L’Europe de Brest à Vladivostok : comme l’Europe actuelle ne fait plus réver personne, on essaye de faire fantasmer sur autre chose. Et Guetta occulte ce qui existe déjà mais ne lui convient pas :
Fondamentalement, l’Europe n’a toujours été qu’une zone de conflit et elle est même grandement à l’origine des deux guerres mondiales, du colonialisme et cela devrait l’inciter à davantage d’humilité. Construire l’Europe est en général un voeu pieux, bien commode pour servir à d’autres desseins. C’est à mon avis un leurre et ce vers quoi nous devrions tendre nos efforts, c’est la consolidation de l’ONU, d’un état de droit mondial, limitant les dépenses militaires et interdisant certains armements : l’interdiction des armes nucléaires fait déjà l’objet d’un travail approfondi mais difficile, l’interdiction des porte-avions, des missiles intercontinentaux et des sous-marins, armes typiquement offensives et menaçantes serait tout à fait légitime et pertinente, tout comme l’interdiction des blocus économiques et la limitation des bases militaires entretenues dans des territoires étrangers.