Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les objectifs communs cimentent l’amitié, par Andrei Doultsev

Le 14 octobre, une soirée consacrée à la publication en France du journal de Maurice Thorez (1900-1964), qui fut pendant de nombreuses années secrétaire général du Parti communiste français (PCF), s’est tenue à la Maison russe de la science et de la culture à Paris. La soirée était organisée par la Pravda, les éditions Fayard, qui ont publié le journal de Thorez, et la Fondation des initiatives sociales et culturelles. (article paru dans la Pravda et dans la presse internationale, traduit par Marianne Dunlop pour histoire et société)

Maurice Thorez, organisateur actif de la Résistance, grand ami de l’Union soviétique, l’un des dirigeants du Comintern et du mouvement pour la paix, est un symbole des relations franco-soviétiques. Il est aussi l’un des initiateurs des sociétés d’amitié franco-soviétiques, très populaires auprès des Soviétiques et des Français.

Après la cérémonie d’ouverture de l’exposition des cadeaux offerts à Maurice Thorez et conservés dans les archives d’Ivry-sur-Seine (parmi les pièces exposées – une photo des cosmonautes soviétiques avec des dédicaces à Thorez de Youri Gagarine, Valentina Terechkova et Alexeï Leonov) par K. M. Volkov, Directeur de la Maison russe de la science et de la culture à Paris, Dmitri Novikov, vice-président du Comité central du KPRF s’est adressé par vidéoconférence au nom du Comité central du KPRF, de la faction des communistes à la Douma d’État et du dirigeant du parti Guennadi Ziouganov, aux participants de la soirée. Dans son discours, accueilli avec enthousiasme par la salle, Novikov a souligné la pertinence des idées et de l’expérience de Maurice Thorez pour les communistes d’aujourd’hui : « Le grand mérite de Thorez a été de développer la stratégie et la tactique du front anti-impérialiste uni de lutte de toutes les forces démocratiques pour la paix, la démocratie et le progrès social. Il a théorisé le slogan de la création d’un “front populaire” comme une alliance de la classe ouvrière avec la paysannerie ouvrière et les classes moyennes urbaines … Après la défaite du fascisme, le PCF a constamment dénoncé la politique impérialiste contre l’URSS. Il est largement connu pour les paroles de Thorez en réponse au blocus de l’OTAN : “Le peuple de France ne se battra pas, ne se battra jamais contre l’Union soviétique !”. »

Le vice-président du Comité central du KPRF a souligné l’importance de l’héritage de Maurice Thorez dans le contexte d’une réaction impérialiste croissante visant à déstabiliser un certain nombre de pays indésirables pour l’Occident collectif, principalement des pays socialistes : « Les défenseurs des intérêts capitalistes sont bien conscients de la puissance des idées socialistes. Dans le contexte de la crise croissante du capitalisme, l’attrait de ces idées ne cesse de croître. Dans le même temps, l’opposition des forces de droite se renforce. Parmi les mesures qu’ils ont prises figure la résolution du Parlement européen sur le 80e anniversaire du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Ce document tient l’Allemagne nazie et l’Union soviétique pour également responsables du déclenchement de la guerre. Les gouvernements bourgeois occidentaux soutiennent l’hystérie anticommuniste en Ukraine, dans les pays baltes et en Pologne. Ils regardent sans sourciller les marches néo-nazies, la réhabilitation des collaborateurs d’Hitler, la démolition des monuments aux soldats-libérateurs soviétiques, la persécution des partis communistes. »

Dmitri Novikov a souligné l’importance de l’expérience de la lutte antifasciste, anti-impérialiste et anticoloniale de Maurice Thorez et des communistes français. Il a noté : « …le Parti communiste de la Fédération de Russie et le Parti communiste français ont des liens anciens et forts. La lutte pour des objectifs communs renforce notre amitié. Ensemble, nous nous opposons à l’expansion impérialiste du bloc de l’OTAN. Ensemble, nous exigeons un changement radical pour les travailleurs. Ensemble, nous luttons pour un système juste de relations internationales. Ensemble, nous rejetons les tentatives des forces réactionnaires de réécrire l’histoire. »

Au nom de Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français et candidat à l’élection présidentielle de 2022, Guillaume Roubaud-Quashie, son porte-parole et directeur de la Maison-musée Louis Aragon et Elsa Triolet, a salué les invités à cette soirée. Roubaud-Quashie a souligné l’importance de l’héritage de Maurice Thorez pour Fabien Roussel et le Parti communiste français et ses racines ouvrières : Maurice Thorez est né dans la région minière du Pas-de-Calais dans le nord de la France et est resté dévoué à la classe ouvrière jusqu’à la fin de ses jours.

Le président du Parti communiste allemand, Patrick Köbele, venu d’Essen, a également salué l’assistance. Köbele a soutenu la discussion sur les problèmes de falsification de l’histoire et les tentatives de l’impérialisme et de la réaction de réviser les résultats de la Seconde Guerre mondiale. Le leader des communistes allemands a parlé de la pression exercée sur le parti communiste allemand en RFA et sur les organisations antifascistes. M. Köbele a évoqué en détail la tentative d’empêcher le DKP de participer aux élections législatives de cet automne, la tentative de priver l’Association des victimes du régime nazi de son statut non lucratif l’année dernière, et les pressions exercées sur le journal Junge Welt, répertorié dans le rapport annuel du service de contre-espionnage allemand comme une “publication extrémiste” pour “propagande du marxisme”. Il a souligné l’importance de poursuivre les liens historiques entre le PCF et le DKP, le rôle de Maurice Thorez dans la lutte contre le fascisme, la réaction et l’interdiction du parti communiste allemand en 1956 en RFA.

La soirée s’est poursuivie par une discussion entre le géographe Pierre Thorez, fils de Maurice Thorez, le célèbre historien français, Jean-Numa Ducange, professeur à l’université de Rouen, et le correspondant de la Pravda en Europe occidentale, Andreï Doultsev. Les participants à la discussion ont noté la valeur historique exceptionnelle des journaux intimes de Thorez datés de 1952 à 1964,une période historique difficile marquée par le 20e congrès du PCUS et la rupture sino-soviétique. La discussion s’est concentrée sur l’importance de l’analyse de Thorez des conséquences tragiques du 20e congrès du PCUS pour le mouvement communiste mondial – avec le début de la scission soviéto-chinoise qui a entraîné un déséquilibre géopolitique en faveur des États-Unis. Une attention particulière a été accordée à la lutte anticoloniale des communistes français en Indochine et en Algérie, à leur soutien à leurs camarades soviétiques et aux crimes du colonialisme français. Les participants à la discussion ont également noté le rôle de Thorez et du PCF dans la création du Conseil mondial de la paix en 1949, la nécessité d’une lutte communiste pour la paix, contre l’impérialisme et le colonialisme dans la tradition de Lénine, Jean Jaurès et Karl Liebknecht, la nécessité d’un dialogue sur le désarmement et la primauté du droit international. Ils ont condamné la politique expansionniste agressive de l’OTAN.

Une partie distincte de la soirée a été consacrée au récit de Pierre Thorez – membre actif de l’Association d’amitié entre l’URSS et la France – sur l’histoire du travail pratique de l’Association. Thorez a parlé avec passion des rencontres de marins soviétiques avec les habitants du Havre (ville jumelle de Leningrad), des matchs de football, des cours de russe, des échanges de jeunes et des voyages des membres de la Société d’amitié en Union soviétique, de l’importance de cette société en tant qu’outil permettant de surmonter la propagande antisoviétique en faisant connaître aux citoyens français la culture et la vie des peuples soviétiques. L’idée de la nécessité de relancer ces contacts et du rôle prépondérant des communistes dans l’établissement de liens entre les peuples de nos pays a été exprimée.

Parmi les invités de la soirée figuraient des participants et des membres actifs de longue date de la Société d’amitié France-URSS, des membres du Parti communiste français, Pierre Laurent, président du Conseil du Parti communiste français et vice-président du Sénat de la République française, Guillaume Roubaud-Quashie, directeur de la Maison de Louis Aragon et Elsa Triolet, Laurent Brun, secrétaire général de la Fédération des transports de la Confédération générale du travail, des membres du Conseil national du Parti, Sophie Hogg, directrice de la maison d’édition Fayard, Aymeric Monville des éditions Delga, et des représentants du Parti communiste français.

Des remerciements particuliers ont été adressés au personnel de l’Association Livre en Lutte de Vitry-sur-Seine, qui a organisé la vente de livres anciens – les œuvres rassemblées de Maurice Thorez et des éditions de la littérature soviétique – pendant l’événement et a remis à K. M. Volkov, directeur de la Maison russe de la science et de la culture à Paris, un tableau intitulé “Fête de la victoire sur la Place Rouge” réalisée par Pavel Ossovsky, artiste du peuple et lauréat du prix d’État de l’URSS. Ce tableau a été offert par le secrétaire général du Parti communiste soviétique, Mikhail Gorbatchev, à la Société d’amitié France-URSS en 1985. Ainsi, le tableau est retourné dans sa patrie.

La soirée a offert aux participants une occasion unique de discuter de l’expérience de nombreuses années d’amitié au sein de la Société d’amitié France-URSS. Il est maintenant important de donner un nouvel élan à l’interaction avec les associations prônant le renforcement des relations entre nos peuples, de faire des efforts pour les initiatives proposées afin de développer un programme de paix et de lutte contre l’impérialisme de l’OTAN. Dans le cadre de la discussion historique, il devient urgent de discuter des initiatives visant à organiser des événements communs pour célébrer le centenaire de la fondation de l’Union des républiques socialistes soviétiques en décembre 2022.

Andrei Doultsev, correspondant permanent de la Pravda en Europe occidentale

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