Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Jean-Claude Delaunay : nous devons avoir un franc débat dans le cadre de l’élection présidentielle (II)

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L’ensemble des articles que nous publions aujourd’hui explique pourquoi cette deuxième partie de l’interpellation de Jean-Claude Delaunay à notre candidat Fabien Roussel exprime largement le positionnement de bien des rédacteurs de ce blog. Il s’agit d’un texte sévère mais constructif, vu l’analyse que nous faisons de la crise, du mouvement du monde nous pensons à la fois que cette candidature est la seule à ouvrir un possible nécessaire, et dans le même temps sans mésestimer la longue marche qu’il faut avoir la patience de suivre, il y a des choix et des décisions immédiates qui s’imposent. (note de Danielle Bleitrach)

Nous devons avoir un franc débat dans le cadre de l’élection présidentielle (II)

Je ne suis pas candidat à la Présidence de la République. Je n’en aurais d’ailleurs pas la force physique et le courage mental. Quelle épreuve pour un candidat que d’être complètement dévoué à la cause qu’il défend et, à chaque minute, en butte à des tonnes de critiques, de la part de gens qui, comme moi, ne sont que des observateurs lointains.

Cela dit, mes critiques et mes observations, comme celles qui lui ont été indirectement adressées en commentaire de mon texte précédent, n’ont pas pour but de «descendre» Fabien Roussel. Elles visent au contraire à consolider sa position. Sa personnalité et son intelligence sont une chance que nous devons saisir. Si nous décollions dans cette élection, nous reprendrions confiance en nous-mêmes. Cela dit, à mon avis, et il est vrai à la seule lecture de Ma France Heureuse, Fabien Roussel, à mon avis, n’est pas encore vraiment dans la course. Pour y rentrer, il va lui falloir changer de braquet, et que son équipe ainsi que la majorité des communistes, l’aident dans cette aventure.

Que veut dire «changer de braquet»? Cela veut dire notamment être «marxiste-léniniste». Pour simplifier, je parlerai seulement de marxisme. Fabien Roussel, qui est nordiste, sait que le Nord de la France fut une terre ouvrière, qu’elle l’est encore, et que c’est une terre de luttes. Il sait que le marxisme s’y est implanté grâce à Jules Guesde et au Parti Ouvrier Français. Au delà des «plaisanteries faciles», sur les rencontres dans le bistrot de Thierry Marx (p.17), la seule façon pour Pierre Laurent, je le crains, d’être marxiste, ce serait un devoir pour Fabien Roussel que de redonner aux communistes français, s’ils l’ont perdue, l’envie d’être pleinement communistes en étant pleinement marxistes.

Le marxisme n’est pas un moyen de divination. Ce n’est pas une clé magique qui ouvre toutes les portes. L’efficacité de cette clé dépend de celles et de ceux qui l’utilisent et c’est pourquoi son usage se doit d’être collectif. Cela dit, c’est un moyen puissant de réfléchir le monde et sur le monde, si difficile à comprendre, de se l’approprier pour lutter. C’est une théorie dont le cœur est le travail, les travailleurs, les raisons de leurs combats. Jamais le Parti communiste français, qui est le Parti des travailleurs, n’aurait dû s’en séparer. Elle doit redevenir nôtre. Je souhaite montrer, au moins un peu, dans la présente livraison, l’intérêt et l’importance pour les travailleurs de ce pays d’en retrouver le chemin.

J’en étais resté, dans mon précédent texte, à Lénine et à 1890. Aujourd’hui, je vais d’abord parler de l’impérialisme, de 1890 à aujourd’hui, et de ce que l’on peut en déduire pour la campagne présidentielle. Avant de commencer, je vais faire une remarque de vocabulaire. Le langage marxiste contient deux termes : impérialisme et capitalisme monopoliste d’État (ou financier, etc.). Ces deux termes désignent la même réalité, mais on peut y introduire les nuances suivantes :

L’impérialisme désigne plutôt, à mon avis, l’ensemble du système capitaliste, ou une zone capitaliste particulière, mais sous l’angle politique et militaire. Le concept d’impérialisme appliqué à un pays (ou à l’ensemble des pays capitalistes développés) vise à faire ressortir les effets de domination exercés par ce pays (l’impérialisme français, l’impérialisme américain) ou par cet ensemble de pays.

Le concept de Capitalisme monopoliste désigne plutôt le Grand Capital et son organisation économique et sociale, à un moment donné. Cette organisation peut être le Capitalisme monopoliste, ou le Capitalisme monopoliste d’État, ou le Capitalisme Monopoliste Financier Mondialisé, etc.

En gros, on peut dire que, depuis 1890, l’impérialisme a structuré toute notre histoire, avec quatre phases économiquement différentes du Capital monopoliste.

Les quatre phases

La première phase (1890-1917) fut celle de la mise en place de l’impérialisme, ou encore du Capitalisme monopoliste d’État, dans les pays développés de l’époque. A la fin du 19ème siècle, les capitalistes cherchaient à retrouver la rentabilité qu’ils avaient perdue depuis les années 1870. Ils ne comprenaient pas les causes de leurs difficultés, mais ils découvraient les bienfaits que leur apportait la course à la colonisation du monde ainsi que les achats de matériels militaires par l’État. Bien sûr, d’un pays à l’autre, ils étaient férocement rivaux entre eux. Ils se sont alors fait la guerre. La Première Guerre mondiale se solda pour leurs peuples par de terribles massacres et pour eux-mêmes par «une catastrophe» : la Révolution d’Octobre 1917.

La deuxième phase (1917-1945) correspondit au traitement, par le Capital monopoliste, de cette nouvelle contradiction que fut la Révolution d’Octobre. D’une part, il y avait la première contradiction, le problème lancinant de la rentabilité du capital, avec toutes les rivalités que cela impliquait. Les Japonais, les Italiens, les Allemands, voulaient une part du gâteau colonial. Mais d’autre part, une deuxième contradiction apparaissait, «énorme». Elle s’appelait «l’URSS», dont la présence contredisait frontalement le système capitaliste en tant que tel. Les chancelleries occidentales d’Europe, principalement française et britannique, ont alors conçu le projet d’utiliser «l’arme nazie» contre l’URSS, tout en tolérant que le Japon se fasse une place à l’Est. L’Allemagne hitlérienne, l’Italie fasciste devinrent «les amis» de la France et de la Grande-Bretagne. Par la suite, «l’arme nazie» chercha bien à écraser l’URSS, comme souhaité, mais elle se retourna également contre ses promoteurs et même contre la lointaine Amérique, qui n’en croyait pas ses yeux. Le Japon, de son côté, fit plus que se donner une place. Il voulut reprendre toute l’Asie à son compte. Cette stratégie échoua complètement tant à l’Ouest qu’à l’Est.

A l’Ouest, le régime hitlérien fut battu et l’Allemagne ramenée à la raison. Mais cette victoire supposa l’intervention décisive de l’URSS, qui, malgré d’importantes pertes humaines, sortit victorieuse et renforcée de la Deuxième guerre mondiale. A l’Est, les armées du Japon impérial se firent mettre la raclée par les Chinois et plus précisément par l’Armée révolutionnaire, dirigée par Mao Zedong.

Enfin partout dans le monde, les peuples exprimèrent avec force qu’ils voulaient que «ça change».

La troisième phase (1945-1975) fut donc celle des concessions que les grandes bourgeoisies furent obligées de consentir après la Deuxième Guerre mondiale pour maintenir leur pouvoir. Loin d’affaiblir le système capitaliste, ces concessions le renforcèrent économiquement. Le Capitalisme monopoliste d’État, structure économique qui, du temps de Lénine, était surtout consacrée à la dépense militaire, est devenu, après 1945, une structure dont la portée fut élargie, tant pour les capitalistes que pour les travailleurs. Certes, les capitalistes estimaient qu’ils devaient produire et stocker des armes, car «l’ennemi socialiste» était toujours là, plus fort que jamais. Mais ils ont compris qu’il leur fallait aussi consolider leur système, qu’il leur fallait «reprendre du poil de la bête» tout en lâchant du lest aux travailleurs. La participation active de ces derniers et des peuples à l’écrasement des nazis, dans un contexte où l’URSS sortait renforcée de la guerre, se traduisit donc par l’extension des droits des travailleurs. Par exemple, en France, l’adoption du statut de la fonction publique ou la mise en place de la Sécurité sociale. Paul Boccara s’est efforcé de théoriser cette période, qui fut l’âge d’or du réformisme : le Capital et le Travail semblaient pouvoir vivre ensemble éternellement.

Cette phase fut aussi, avec ou sans guerre avec les métropoles, celle de la fin des colonies. La pointe extrême de la décolonisation fut le passage au socialisme de plusieurs pays : Chine (1949), Corée du Nord (1953), Cuba (1961), Viêt-Nam (1975). Les pays du socialisme soviétique représentaient environ 6% de la population mondiale, et ces nouveaux pays socialistes, environ 20%. Pendant cette période, le niveau de développement économique des pays socialistes était moindre que celui des pays capitalistes développés mais le montant de la population y était supérieur. L’impérialisme demeurait économiquement dominant. Il n’en était pas moins en recul relatif.

Les années (1970-1980) furent celles de l’apparition progressive de la crise profonde que traversa alors le Capitalisme monopoliste d’État. De la même façon que le dernier quart du 19ème siècle avait été marqué par la crise du Capitalisme de Libre Concurrence, voilà qu’après 25-30 ans de relative prospérité, le Capitalisme Monopoliste d’État «façon 1945» était soumis, dans chaque pays capitaliste développé, à une baisse longue de rentabilité ainsi qu’à des luttes ouvrières répétées et puissantes. Les craintes que l’environnement naturel fut gravement menacé s’exprimèrent publiquement en 1972 (Rapport Meadows). La petite bourgeoisie urbaine commença elle aussi d’entrer dans la danse. Cette crise semblait si évidente, si générale, que nous avons cru, nous communistes, que nous étions entrés dans une époque «naturellement» révolutionnaire. Traumatisés que nous étions par «le Stalinisme», nous avons sauté sur cette occasion historique, croyant que l’on pouvait faire la révolution en faisant uniquement des réformes, c’est-à-dire sans rompre avec le Capitalisme et ses agents dirigeants, le Capital monopoliste. On connaît la suite.

La quatrième phase (1980-2020) est celle dans laquelle nous sommes plongés aujourd’hui. Très rapidement, les grandes bourgeoisies mirent en place ou adoptèrent un nouveau mode de fonctionnement du Capital monopoliste. Il s’est agi, pour elles, de «libérer» le Capital, dont les unités, comme l’a remarqué Arias dans son commentaire de mon précédent papier, étaient devenues de plus en plus grosses, infiniment plus grosses que du temps de Lénine [1]. Ma France Heureuse est très discrète sur cet aspect. Elle signale quand même, en passant, BlackRock (p.42) et les Fonds de pension américains.

Les obstacles professionnels et juridiques qui, dans un pays, pouvaient freiner le départ de capitaux de leur territoire ou l’entrée de capitaux sur ce dernier, furent éliminés au maximum. Puisque globalement l’exploitation capitaliste dans chaque pays ne semblait plus en mesure de rentabiliser le Capital de ce pays, il fallait permettre massivement, à chaque grosse unité de Capital de ce pays, de circuler, de chercher ailleurs de nouvelles occasions de rentabilité. L’État n’a plus eu pour fonction d’aider l’investissement productif sur place, encore moins de financer les dépenses sociales. Il a eu pour fonction de faciliter cette mobilité, de mater le mouvement syndical qui pouvait s’y opposer, de réduire drastiquement les conquêtes sociales de l’après-guerre. C’est ce qu’on appelle «la mondialisation capitaliste». Pour surveiller cette circulation mondiale du Capital, un gendarme s’est désigné : les Etats-Unis. Ce pays, le plus puissant, économiquement et militairement, des pays capitalistes développés, prit totalement en charge, en 1971, la fonction de banquier du monde. Le dollar US accéda au rang de monnaie mondiale.

La finance est alors devenue le mode de fonctionnement régulier du Capital mondialisé. Je vais indiquer un aspect de ce phénomène. Il y en a d’autres. Cela dit, si de gros capitaux s’investissent en Thaïlande, par exemple, parce que des opérations juteuses sont engagées dans l’immobilier de ce pays, mais qu’en réalité ces opérations se révèlent peu rentables, les capitaux considérés doivent pouvoir, selon le critère du taux de profit maximum, se sortir le plus rapidement possible de «ce pétrin». Il leur faut donc des marchés financiers qui leur permettent de quitter le pays en question. Bref, la mondialisation capitaliste, sans oublier d’être une mondialisation militaire (les droits de l’homme) et une mondialisation destinée à satisfaire les exigences du Grand Capital en matière de production de plus-value, ne pouvait être qu’une mondialisation financière. Le monde s’est donc couvert à cette époque d’une ceinture de marchés financiers. Au plan intérieur, l’État social a progressivement disparu et a été remplacé par une sorte d’État financier, destiné à soutenir le Grand Capital.

Il s’est ensuite produit que cette financiarisation, nécessaire au fonctionnement mondialisé du grand capital, est devenue un lieu spécifique pour faire des affaires, pour gagner de l’argent. Dans ce contexte, les entreprises sont elles-mêmes devenues des marchandises, et pour faire bonne mesure, les salariés qui vont avec. Ainsi peuvent-ils considérer, ces salariés, que quand ils (ou elles) travaillent dans une grande entreprise, ils sont susceptibles de se vendre ou d’être vendus au moins trois fois pour un même emploi, la première fois pour le trouver, la deuxième fois, lorsque leur entreprise est vendue, et la troisième fois, pour le garder avec les nouveaux acheteurs. C’est sans doute pour ces raisons que, dans Ma France Heureuse, on trouve des phrases du genre «Notre adversaire, c’est la finance» (p.42). En réalité, comme du temps de Vladimir, l’adversaire des travailleurs, c’est le Capital monopoliste et le Capitalisme monopoliste. Ce dernier est non seulement l’interpénétration du capital bancaire et industriel ou commercial mais la forme financière du fonctionnement de cette interpénétration. Comme l’aurait peut-être dit Jacques Duclos, «le pouvouâârre des mâunâupâules s’est appprrrôôfondi».

Pour en terminer avec cette phase, je vais indiquer brièvement trois phénomènes. Le premier fut la disparition du socialisme de type soviétique au début des années 1990. Les rêve des capitalistes semblait enfin réalisé. Le deuxième fut la mise en place de l’Union européenne, que j’identifie à l’une des évolutions contemporaines de l’Impérialisme. L’Union européenne, issue des années 1990-2000, est le maillon européen du fonctionnement de l’Impérialisme mondial. Le troisième phénomène fut la crise économique, politique, militaire, idéologique en développement de ce système depuis au moins une dizaine d’années. En faisant exploser l’URSS, les grandes bourgeoisies croyaient avoir trouvé la solution finale en leur faveur. Les choses n’ont pas évolué exactement comme elles l’espéraient. Le retrait précipité des Etats-Unis hors de l’Afghanistan en août dernier est une récente illustration de mon propos.

Mes remarques les plus importantes

J’ai dit, au début de ce texte, que le Parti communiste devait redevenir marxiste. Qu’est ce que cela peut bien signifier? Avoir la sensibilité de la lutte des classes est important, mais ce n’est pas être marxiste. La lutte des classes est visible par tous, et les historiens de la bourgeoisie l’ont parfaitement décrite. Ce que Marx apporta fut la connaissance de «l’invisible» de la lutte des classes, plus exactement la connaissance de ce que l’on ne peut en voir rapidement et pleinement que si l’on sait. Le rôle du marxisme est de permettre aux travailleurs d’accéder à l’invisible de leurs luttes, et de se rendre ainsi compte, si besoin est, que cet invisible est visible partout, mais qu’ils ne l’avaient pas vu.

L’invisible de l’idéologie

L’un de ces invisibles est l’idéologie que les ennemis des travailleurs répandent, souvent avec finesse, sur les événements pour en brouiller le sens et que parfois, ceux qui défendent les travailleurs reprennent à leur compte. Je crois par exemple que, dans les limites de la brièveté du nombre de lignes consacré à ce thème, les rédacteurs de Ma France Heureuse ont traité correctement de ce qu’ils ont appelé «Le boulet du stalinisme» (p.11) en disant : « On nous parle toujours du stalinisme… Ces campagnes de dénigrement permanent… ne poursuivent en réalité qu’un seul but : tuer l’idée révolutionnaire du communisme» (p.11). Ces rédacteurs, et Fabien Roussel lui-même, ont eu raison de parler ainsi à propos des critiques adressées aux communistes français concernant Staline. L’idéologie anti-communiste est partout présente [2]. Riposter, combattre cette idéologie, ne consiste pas nécessairement à dire immédiatement et systématiquement «blanc» quand nos adversaires disent «noir». Elle consiste à être méfiant, à nous informer, à lire des ouvrages, pas toujours écrits d’ailleurs par des membres du PCF, à débattre de nos lectures et de nos interprétations. Je me permets de citer par exemple cet ouvrage qu’Elizabeth Martens a consacré au «bouddhisme tibétain» ou à celui que Maxime Vivas vient de publier sur «la question ouïghoure» [3]. Je ne crois pas que ces intellectuels soient membres du PCF. Mais le sérieux de leur investigation et de leurs réflexions nous aident, nous communistes français, à réfléchir. Il y en a d’autres. L’Humanité devrait être au cœur de ce travail sur l’idéologie. Mais comme chacun sait, on est, avec ce journal, en présence d’une «Big Question» qu’il va bien falloir trancher elle aussi. Enfin bref, autant ce que dit Ma France Heureuse sur le Stalinisme paraît raisonnable, autant ce que Fabien Roussel nous apprend sur ce qu’il a dit aux dirigeants de la Chine sur les Ouïghours, quand il s’est rendu dans ce pays, ne paraît vraiment pas à la hauteur : «Que les choses soient claires : lorsqu’il y a des atteintes aux droits, aux libertés et à la dignité humaine, nous les dénonçons toujours avec force, quel qu’en soit le pays qui s’en rend coupable. C’est ce que nous avons dit aux autorités chinoises à propos du sort réservé aux Ouïgours» (p.159). Que Fabien Roussel demande à ces dirigeants, avec les formes qui conviennent, car ce ne sont ni des ennemis ni des petits garçons en culotte courte dont les parents inspectent le nez et les oreilles avant qu’ils aillent à l’école, de lui parler de ce qui se passe au Xinjiang, avec les Ouïghours, surtout compte tenu du degré élevé de désinformation (de soumission à l’idéologie dominante) dans laquelle nous sommes en France, je crois que tout communiste français trouvera cela parfaitement normal.

Mais s’exprimer comme il semble que l’ait fait Fabien Roussel montre qu’il ignore totalement ces questions. Bref, être marxiste, c’est éviter de tomber, au moins sur les grandes questions, dans les pièges de l’idéologie. Sur les Ouïghours, je renvoie au livre de Vivas.

L’invisible des concepts

Il y a l’invisible de l’idéologie mais aussi l’invisible des concepts, c’est-à-dire l’invisible de cette réalité dont les concepts ont pour mission de rendre compte. Ce que les rédacteurs de Ma France Heureuse, et Fabien Roussel par la même occasion, n’ont, me semble-t-il, pas bien compris est que le concept central de la réalité capitaliste contemporaine est celui de «Capital monopoliste», et donc d’Impérialisme, qu’ils confondent avec celui de «libéralisme», extrêmement flou. J’en ai parlé dans ma précédente livraison. Depuis un siècle, le Capital monopoliste a pris le pouvoir au sein du capitalisme et il est devenu de plus en plus puissant. Il s’est incrusté en lui comme le lierre dans les vieux murs d’un château. Il cherche à dominer toujours plus le monde pour en exploiter toujours plus les ressources et le travail.

Certes, le Capital monopoliste (ou, si l’on veut être plus proche de l’entendement populaire, le Grand Capital) a pris des formes différentes au cours du siècle écoulé, en fonction principalement du degré d’intensité de la lutte des classes et de la puissance des forces productives matérielles. L’Impérialisme d’un côté (si l’on s’intéresse aux effets de domination), le Capitalisme monopoliste d’État de l’autre (si l’on s’intéresse à la structure économique de fonctionnement des monopoles) ont évolué, changé. Mais ce sont deux aspects d’une même réalité. Le concept de Capital monopoliste est le concept qui fait la jonction entre l’Impérialisme et le Capitalisme monopoliste. Il réalise la liaison entre ce qui se passe en France et ce qui se passe à l’extérieur, entre le national et l’international. Il fait le lien entre Bolloré en Afrique et Bolloré en France, et l’on peut se dire à coup sûr, «Tiens, mais c’est le même Bolloré!».

Nous sommes aujourd’hui dans cette phase de fonctionnement du Capital monopoliste qui est à la fois l’Impérialisme sous contrôle américain et le Capitalisme monopoliste mondialisé, à fonctionnement principalement financier. Cette phase est la phase ultime du Capitalisme monopoliste. Il n’y en aura pas d’autre. Ce vers quoi, à mon avis, les communistes devraient tendre dans l’immédiat devrait être, à mon avis, la construction du socialisme en France, la fin de l’Impérialisme dans le monde et par conséquent la fin définitive et sans retour, du Capitalisme monopoliste.

Même si l’on doit envisager que cette évolution comportera des étapes, même si le système socialiste global a été affaibli, dans les années 1990, par la défaillance du socialisme de type soviétique, les pays socialistes, au centre desquels se trouve la Chine, continuent de se renforcer économiquement, militairement, politiquement, scientifiquement, idéologiquement. De plus, la quasi-totalité des pays cherche à se développer en toute indépendance de l’Amérique du nord ou des anciens colonisateurs de l’Europe. Il n’y aura bientôt plus que la grande bourgeoisie australienne pour accepter de mourir pour l’Amérique du Grand Capital jusqu’au dernier kangourou.

Cet état nouveau du monde confère des devoirs nouveaux au Parti communiste français. Il devrait d’abord le conduire à faire le point de l’Impérialisme, de sa structure économique et politique, de sa force réelle, en France et dans le monde. Cette analyse a, c’est clair, des conséquences sur les stratégies électorales intérieures. Par exemple, la notion de «droite-gauche» ayant prévalu jusqu’en 1970-1980, avait un sens de moyen-long terme dans un capitalisme d’assise nationale. Elle a perdu toute profondeur politique dans un capitalisme mondialisé, à moins que la social-démocratie considère que le capitalisme n’est plus son horizon politique indépassable, ce qui est peu vraisemblable. Celles et ceux des communistes qui, dans ce pays, raisonnent encore en termes de «droite-gauche» sont en arrière de la main. Je ne pense pas, contrairement à ce qu’a écrit Gilles Mercier, que Fabien Roussel ait en tête une stratégie de ce type [4]. Mais c’est mon opinion et il est vrai que la raison théorique de fond de l’aporie d’une telle stratégie mériterait, de sa part, d’en être mieux éclairée.

Mais alors, si une stratégie de type «droite-gauche» n’est plus possible dans ce pays parce que nous sommes à l’époque du capitalisme mondialisé, quelle stratégie faudrait-il mettre en œuvre? Ma réponse est ici très sommaire mais néanmoins suffisante pour me faire comprendre. Puisque l’Impérialisme est en bout de course, cela veut dire que la mise en place et la construction du socialisme, en France comme dans tous les pays, est désormais une préoccupation concrète, pratique. Ce n’est plus une abstraction révolutionnaire. C’est une exigence. Nous devons appeler non pas les gens de gauche et les communistes à s’unir pour obtenir des résultats illusoires ou passagers. Nous devons appeler le peuple à s’unir en lui-même et ce faisant à prendre son destin en main pour chasser totalement et définitivement la grande bourgeoisie des affaires de ce pays. Car la démocratie, cela ne consiste pas à laisser à nos ennemis la possibilité de reprendre le pouvoir. Cela consiste à les chasser de tous les pouvoirs [5]. Nous devons l’appeler les gens du peuple à procéder à une alliance originelle, totalement nouvelle, une «alliance pour le socialisme».

Cette nouvelle forme d’alliance populaire, cette alliance interne au peuple pour la promotion du socialisme, pour la promotion des intérêts populaires et de ceux de la nation, devrait avoir pour prolongement, me semble-t-il, notre alliance avec les pays du socialisme, notamment avec la Chine, notre alliance avec tous ces pays qui, quel que soit leur régime, veulent se développer en toute indépendance, et apportent déjà au monde un puissant contrepoids à l’agressivité américaine. Nous devrions entretenir avec les pays du socialisme des rapports d’amitié et de solidarité sur la base de ce qu’ils font et non sur la base de ce que la CIA diffuse et dit qu’ils font. Je trouve que Ma France Heureuse est plus que «courte» de ce point de vue. On y parle de la Chine de manière presqu’uniquement négative, pour s’en prévenir en quelque sorte. «Le Parti communiste français… s’est émancipé des partis communistes d’Union soviétique ou d’Asie et sa lecture aujourd’hui n’a rien à voir avec la leur. Je ne partage pas, par exemple, l’idée du parti unique qui suppose l’interdiction de contester, comme en Chine. Je ne partage pas cette vision, parce qu’elle est contraire à notre conception de la démocratie» (p.9). Ce qui est drôle, dans cette histoire, c’est que, du matin au soir et du soir au matin, les communistes chinois passent leur temps à dire : «Vous savez, notre marxisme, notre communisme, c’est un marxisme, un communisme aux caractéristiques chinoises. Ne cherchez surtout pas à nous ressembler. Chacun doit trouver sa voie». Quand les communistes chinois ont-ils demandé aux communistes français de leur ressembler au point qu’il aurait fallu que ces derniers disent à leur tuteur chinois intempestif : «Non, mais ça suffit, laissez-nous tranquilles. Nous, communistes français, nous sommes grands»? Laissons la peur du socialisme et de la Chine aux bêtes à cornes et à Clémentine Autain.

Il me faut terminer ce texte, que je crois trop court mais qui, pour celle ou celui qui le lit, est déjà trop long. J’espère avoir rendu sensible le fait que nous, communistes, vivons une période compliquée et devons, pour cette raison, être exigeants au plan de la théorie. J’ai cité quelques phrases de lecteurs et lectrices du site «Histoire et Société» pour indiquer l’une des directions du débat actuel. Je vais citer une autre personne, Bernard Sarton, qui me paraît leur exact opposé. C’est vraisemblablement un membre du PCF, un camarade. Je ne le connais pas personnellement. Il a publié un article très favorable à Fabien Roussel. C’est son droit le plus strict et je lis sous sa plume que «Fabien exprime un anti-capitalisme très argumenté» [6]. Moi, je suis vraiment moins sensible que lui à la qualité de l’argumentation roussellienne. Certes, je sais, comme le répétait souvent Antoine Casanova, que «la Maison du Seigneur» est vaste et qu’elle abrite des gens bien différents les uns des autres. Mais quand même, ne devons nous pas éviter à tout prix la tentation de «la foi du charbonnier»? En quoi, par exemple, l’interventionnisme fiscal que prône Fabien Roussel peut-il être identifié à une esquisse de l’exigence du socialisme en France ? Comme l’a écrit Xuan : «Promettre des mesures qui vont «dans le bon sens» implique… qu’elles soient réalisables, et a minima, que nous ayons donné les conditions de leur succès (ou de leur échec). C’est la question de l’Etat qui se pose ici, de la démocratie populaire et des moyens de coercition qu’elle se donne pour exister et non pas, illusoirement, “co-exister”» [7]. Je pense que Xuan sera d’accord si j’ajoute que l’Union européenne est un autre «big problem» dont on ne peut plus éluder la solution. Il nous faut briser le carcan européen et sortir de l’idéologie trotskiste, aujourd’hui véhiculée par Ian Brossat (on va révolutionner l’UE de l’intérieur). Comme l’a très récemment montré Jacques Sapir, les promesses salariales actuellement faites dans le cadre de la campagne présidentielle (je ne fais aucune allusion à leur caractère éventuellement démagogique, comme celles d’Anne Hidalgo) sont illusoires dans le cadre de l’UE [8]. Et puis enfin, pour tenir compte de ce que le capitalisme monopoliste est actuellement mondialisé et placé sous commandement nord-américain, on doit absolument retenir ce qu’a écrit Daniel Arias, à savoir que «…la suprématie USA sur l’informatique, le matériel, le web, l’internet, le cloud et les logiciels est une menace pour la sécurité du pays» [9] Bref, peut-on considérer que l’interventionnisme fiscal préconisé par Fabien Roussel est, de par lui-même, susceptible d’entraîner, pour la raison que ça marcherait aux Etats-Unis, l’adhésion des masses populaires françaises derrière la candidature communiste? En quoi, surtout, peut-il réussir ?

Finalement, il existe au moins quatre façons d’intervenir dans un débat important. La première est de ne rien dire. C’est une méthode connue, très ancienne. Je n’en dirai pas davantage à son sujet. La deuxième est celle de l’accord profond. Je suis certain que Bernard Sarton, qui exprime son soutien complet à Fabien Roussel, pense ce qu’il dit. En l’exprimant de façon louangeuse, il estime renforcer la position politique de celui dont on parle. La troisième façon est celle que je me suis efforcé de mettre en œuvre. Elle est critique, avec tout ce que cela peut comporter de déplaisant, mais considère que c’est de la critique que naîtra l’accord recherché. Enfin, je pense qu’il en existe une quatrième. Elle consiste à faire comme si elle lisait entre les lignes et pouvait imaginer ce que Fabien Roussel a voulu réellement dire lorsqu’il s’est exprimé de manière parfois très insuffisante. Quelle est la bonne méthode? Hic Rhodus, hic salta. Il va bien falloir choisir.


[1] Daniel Arias : «Les grands monopoles se sont encore concentrés depuis les écrits de Lénine, l’automobile, le transport, et très récemment la presse, où l’OPA de Vivendi sur Lagardère, menant à la concentration des deux plus gros éditeurs en France sur fond de querelles judiciaires entre milliardaires et fonds de pension américains».  (H et S, 19/09/21). A cette liste, j’ajoute (JCD) le commerce de détail, l’agro-alimentaire, les télécommunications… 

[2] Comme l’écrit Christian Lourdin : «Les Français n’ont jamais vécu sous le socialisme, que je sache! L’opinion qu’ils en ont eu a toujours reposé sur celle exprimée dans les médias à 95% bourgeoises. Alors il faut se baser sur l’expérience de ceux qui ont vécu le socialisme réel et ont eu le loisir de le comparer au capitalisme réel depuis 30 ans. Leur verdict est formel, il n’y a pas photo».

[3] Elizabeth Martens, Histoire du Bouddhisme Tibétain : La Compassion des Puissants, L’Harmattan, 2007; Maxime Vivas, Ouïghurs, Pour en Finir avec les Fake News, Editions La Route de la Soie, 2020.

[4] Gilles Mercier, : «Il s’agit de regagner les abstentionnistes et ainsi de devenir incontournable pour essayer de refaire la stratégie de l’alliance au détriment du contenu», Faire Vivre et Renforcer le PCF, texte posté le 09 septembre 2021.

[5] Jeanne Labaigt : «Il faut, on doit, il est nécessaire (cela ne peut pas ne pas être comme diait Aristote) d’adosser toute campagne active sur une théorie partagée et produite collectivement. Il faut que le but soit clair, aller vers le communisme en passant par le socialisme et une RUPTURE (sic), pas un aménagement» (H et S, 18/09/21). Mireille Popelin : «Il faut parler du but, le socialisme. C’est cela qu’il faut dire aux travailleurs et non ripoliner la façade du capitalisme» (H et S, 21/09/21). Jean-François Dron : «Il faut mettre en place une véritable stratégie de changement de système économique, donc de passage au socialisme» (H et S, 20/09/21).

[6] Bernard Sarton, Faire Vivre et Renforcer le PCF, texte posté le 19 septembre 2021.

[7] Xuan, H et S, (18/09/21).

[8]Jacques Sapir, «Du Social à la Souveraineté, Réflexions sur la Campagne des Présidentielles» (Blog économique). Cet article a été diffusé sur le blog de Jean Lévy, le 21/09/21. 

[9]Daniel Arias,( H et S, 19/09/21).

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16 Commentaires

  • Xuan

    Relisant les deux sujets, toutes mes excuses à Jeanne pour n’avoir pas donné davantage de précision sur le « communisme déjà là ».

    Sa question anticipait un peu la réponse puisque certain considère le « salaire à vie » d’un fonctionnaire comme un « communisme déjà là ».

    Mais peut-être qu’un élément de réponse se trouve dans le second article de jean Claude, ci-dessus :

    « La troisième phase (1945-1975) fut donc celle des concessions que les grandes bourgeoisies furent obligées de consentir après la Deuxième Guerre mondiale pour maintenir leur pouvoir. Loin d’affaiblir le système capitaliste, ces concessions le renforcèrent économiquement ». 

    Bien que beaucoup envient notre peuple pour ces « avancées sociales », on ne peut pas parler d’autre chose que de concessions, parce que l’Etat de la bourgeoisie les déconstruit progressivement, méthodiquement, et que le peuple les défend le dos au mur. Et du reste il en est de même pour toute revendication salariale obtenue par la lutte de classe et remise en cause aussitôt.

    Il est bien sûr nécessaire de tout faire pour préserver ces concessions et la crise sanitaire a montré à quel point le démantèlement de l’hôpital public est dévastateur.

    Par contre affirmer que telle ou telle d’entre elles préfigurerait le communisme en ferait une caricature triviale, tout aussi dévastatrice pour notre idéal.

     

    Le communisme est une société sans classe, donc sans concession d’une classe à une autre.

    Quant à la transition du socialisme, on peut se demander de quelle concession il pourrait être question.

    Si les capitalistes y faisaient des concessions au prolétariat, cela signifierait qu’ils sont encore la classe dominante, au sens étymologique de la concession : “attribution d’un bien ou d’un droit par un supérieur à son inférieur”.

     

    Si on relit la conclusion du Manifeste :

    « … la première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante, la conquête de la démocratie. Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’Etat, c’est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus vite la quantité des forces productives. Cela ne pourra naturellement se faire, au début, que par une violation despotique du droit de propriété et du régime bourgeois de production, c’est-à-dire par des mesures qui, économiquement, paraissent insuffisantes et insoutenables, mais qui, au cours du mouvement, se dépassent elles-mêmes et sont indispensables comme moyen de bouleverser le mode de production tout entier ».

    Ici la seule concession qui soit n’est autre qu’un viager, le droit pour les capitalistes ou certains d’entre eux, de conserver l’usufruit d’une partie du capital, droit temporaire accordé par le prolétariat organisé en classe dominante, parce qu’il a pris le pouvoir.

    Il va sans dire que la prise du pouvoir d’Etat devrait s’étendre à tous ses rouages, militaire, policier, judiciaire, médiatique, et aux principaux monopoles capitalistes industriels, commerciaux et financiers. Et par voie de conséquence à la monnaie, avec toute les implications nécessaires et suffisantes au regard des accords européens.

    Au passage on voit ici, et significativement à travers l’exemple de la Chine Populaire, à quel point cet arrachement est laborieux.

    Mais par contre, sans le pouvoir d’Etat il est carrément impossible.

    Sans le pouvoir d’Etat la lutte de classe est le rocher perpétuellement remonté par Sisyphe, l’illusion d’un communisme déjà là, mais qui redescend sans cesse, et nous n’imaginons pas Sisyphe heureux.

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Assemblée Populaire Nationale et parti unique !
    Prenez le temps de voir comment comment fonctionne l’APN et qui peut en être représentant.
    L’invité est membre du Parti Démocratique celui-ci est l’aile gauche du kuomingtang.
    https://youtu.be/39K3K5Oz9cQ
    Décidément les idées reçues occidentales vont avoir du plomb dans l’aile, nous savions déjà que Mme Merkel avait adhéré à la CDU en RDA, ceci en toute légalité.
    En 2022 il est fort probable que nous entendions la même mélodie sous diverses variations de la part de nos candidats dévoués à la France leur carrière.

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  • Jean-Claude Delaunay
    Jean-Claude Delaunay

    Je viens à mon tour prier Jeanne Labaigt de m’excuser pour ne pas avoir répondu à sa demande d’explication concernant «le communisme déjà là». Mais Xuan, également concerné, s’en est très bien chargé et je n’ai rien à ajouter à ce qu’il en a dit. C’est volontairement que j’ai procédé à une description rapide du 20èmconstruite siècle des pays capitalistes développés, notamment pour montrer que l’intervalle 1945-1980 fut une période au cours de laquelle «les droits» des travailleurs ont considérablement augmenté, mais que, depuis la mise en place de ce que j’appelle le Capitalisme monopoliste financier mondialisé, ces droits ont disparu ou tendent à disparaître, le Capital monopoliste étant resté en place, sans cette RUPTURE que souhaite Jeanne. Il ne suffit pas d’étendre les droits des travailleurs dans une société dominée par le Capital monopoliste. Encore faut-il chasser les Grands capitalistes de tous les pouvoirs à commencer par les pouvoirs économques et politiques. Il y en a d’autres.
     
    Je ne sais pas qui est à l’origine de l’expression «le communisme déjà là», ni si elle aura l’avenir qui justifierait que l’on s’occupât de sa paternité. Quoiqu’il en soit, elle vise à désigner les conceptions de celles et ceux des marxistes et communistes qui, en France, autour des années 1990, ont, selon une expression heureuse de Patrick Theuret, choisi «de bomber le torse pour ne pas montrer qu’ils courbaient l’échine». C’est la reprise, sous une autre forme du débat qui eut lieu, fin du 19ème siècle en Europe, entre réforme et révolution, entre Edouard Bernstein et Rosa Luxemburg. Il peut être intéressant de voir que nous sommes, en ce début du 21ème siècle, dans une configuration idéologico-politique qui n’est pas sans rappeler celle d’il y a un siècle.

    Je vais maintenant parler comme si je bombais le torse.

    Si, dans le cadre du capitalisme, le communisme est déjà là en raison du développement et de la puissance des forces productives matérielles, ce n’est pas la rupture avec le capitalisme qui s’impose, puisque le capitalisme est à l’origine de ce développement. Ce qui s’impose, selon cette approche, est la rupture avec cette fraction des capitalistes qui est conservatrice des rapports anciens. En revanche, les capitalistes modernistes, novateurs, ceux qui sont porteurs de ces développements nouveaux, doivent être encouragés et poussés dans le sens de leur modernisme. Sans doute ne le feront-ils pas d’eux-mêmes ou hésiteront-ils à aller jusqu’au bout de leur modernisme. Il faut donc que les travailleurs les poussent dans cette direction. Il n’est donc pas besoin d’une révolution, d’une rupture avec le capitalisme. Il n’est pas besoin de l’abolir. Il n’est pas besoin d’un parti pour impulser et guider cette rupture. Il suffit que le mouvement social, «les travailleurs», poussent dans le sens révolutionnaire, en conjonction avec les entrepreneurs modernistes sur le terrain de “ce qui est déjà là”. Il suffit enfin que les travailleurs acquièrent des «droits nouveaux». Bref, la société roule sur les rails «d’une évolution révolutionnaire», l’expression est de Lucien Sève. Une citation extraite de l’Idéologie Allemande (1845-1846) est souvent faite en appui de cette conception réformiste des choses : «Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état des choses actuel».
     
    Il existe de nombreuses formes du réformisme. Lucien Sève n’en fut que l’une des illustrations, une illustration savante pourrait-on dire. Mais si l’on dit : “Luttons, mais ne parlons surtout pas de socialisme. Les choses se feront d’elles-mêmes”. On est exactement dans le même cas de figure. La Section économique a été porteuse de cette idéologie, qui est à la fois réformiste et de lutte. Je ne sais pas ce qu’il en est aujourd’hui mais je pense qu’elle est, avec cette idéologie et son paquet-cadeau de la SEF, l’une des sources du réformisme complet de Ma France Heureuse. La SEF ne peut avoir de sens que dans un société socialiste. Ce ne sont pas les luttes pour la SEF qui feront murir d”elles-mêmes la conscience du socialisme nécessaire. J’ajoute que ce projet, qui repose sur le postulat de la totale liberté des étudiants et étudiantes à choisir leur orientation est démagogique. C’est avec le socialisme que se construit la société d’abondance permettant à son tour l’affirmation de la liberté individuelle. Ce n’est pas la liberté individuelle qui construit la société d’abondance. Bon, je vais me faire taper, mais je m’en fous. Au delà d’un certain seuil, j’en ai marre des conneries.

    Pour compléter cette information sur “le socialisme déjà-là”, je renvoie au texte de la conférence présentée par Patrick Theuret devant le Centre Universitaire d’Etudes Marxistes, le 16 mai 2019. Le livre qu’il a publié au Temps des Cerises en 2016 est évidemment une référence de base. On trouvera de lui, un texte sur « «Aufhebung», Karl Marx et la Révolution», avec un avant-propos de Pascal Brula, diffusé sur le site Faire Vivre et Renforcer le PCF, le 08 mai 2019.
     
    Je vais ajouter une remarque, non directement liée à la question soulevée par Jeanne Labaigt. Cette remarque a trait au sens que l’on peut donner à Ma France Heureuse et à ce que ce sens aurait de trompeur.

    En essayant d’être vraiment compréhensif, je me dis que, dans la société française, il existe, et cela depuis longtemps, deux comportements fondamentaux. Le premier est celui que préconisa Nicolas Boileau en 1674, dans son Art Poétique : «Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément». En gros, c’est le comportement que je crois le mieux en mesure de remettre sur pieds le Parti communiste français, et, dans la présente élection, de le rendre le plus offensif possible.
     
    Et puis il y a l’autre comportement, qui fut exprimé quasiment à la même époque (1672) par la camarade Chrysalle, lors d’une réunion de section ayant pour thème «Les rapports genrés et la connaissance» et qui, si ma mémoire est bonne, se tenait à Versailles. Les archives de police indiquent qu’elle y aurait déclaré : «Je vis de bonne soupe et non de beau langage. Vaugelas n’apprend pas à bien faire un potage».
     
    On pourrait se dire : “Eh bien voilà, derrière la discussion que mène Delaunay, il y a cette opposition”.

    A mon avis, l’opposition que suggère ce livre est, je le crains, plus complexe que celle qui existerait entre la bonne grammaire et la bonne soupe. Si telle était l’opposition qui le sous-tend, le problème serait simple à résoudre. Il serait relativement facile de combiner le lard poétique d’un côté, et la soupe au potiron de l’autre. Le problème est que la soupe de la France Heureuse est composite et ressemble davantage à un infâme ratatouille qu’à un bon potage. Le mauvais y gâte le bon sans rémission.

    Le mauvais, c’est notamment l’influence du département PCF de l’international ainsi que l’influence de la Section économique. Nous avons été plusieurs à discuter de ce machin qu’est la SEF bien avant que le livre signé Roussel soit écrit.

    Seulement voilà, dans cette organisation qu’est le PCF, et c’est une longue tradition, “on ne lit pas les autres”, et en général, on lit peu. Et puis, féodalisme oblige, si on lit, on ne va quand même pas discuter de ce qu’on a lu, ne serait-ce que par téléphone. Non, chacun est bien campé sur ses pieds, chacun sait. Et voilà le résultat. C’est abiminable.

    De deux choses l’une : Ou bien François Roussel construit son chemin présidentiel sans tenir compte de ce livre. Il le laisse tomber en fait et même sans le dire. Mais cela signifie qu’avec son équipe, il progresse et s’instruit au fur et à mesure des réunions publiques auxquelles il participe. Il en restera quelque chose pour les militants et pour le vote. Ou bien au contraire François Rousssel refuse de revoir ses positions et il engendrera un degré supplémentaire de déception.
     
     
         

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    • Danielle Bleitrach

      je ne crois pas cher jean claude que le temps d’une campagne électorale présidentielle suivi d’une législative, puis d’un congrès (sans doute pour rien) soit celui dans lequel il soit possible de rectifier le tir comme nous l’appelons de nos voeux; si tel était le cas, il y aurait pire signe que le livre sur lequel tu t’acharnes, ily aurait l’équipe de campagne et la permanence de tous les boulets et autres roubaud quashie qui bombent le torse comme tu le dis d’une manière si imagée… 30 ans d’errance et d’abandon théorique intégral sans parler du refus de la moindre stratégie ce n’est même pas le seul pcf, ses satellites sont pires… oui mais voilà lapolitique c’estl’art du possible et nous n’avons rien d’autre en magasin. Ilfaut à la fois faire monter les exigences, continuer comme tu le fais, comme nous tentons de le faire ici à quelqu’uns d’apporter en espérant que cela sera un peu utile. PAS BEAUCOUP, un peu…ceque tu écris est énormément lu et correspond à un besoin mais aussi à un constat de faiblesse: qu’est-ce qu’on fait ? N’attends pas trop de Roussel, des meilleurs autour de lui, c’est un miracle qu’ils soient là continuons et ne nous arrêtons pas aux déceptions qui ne cesseront de s’accumuler; je trouve miraculeux quand jeconsidère la situation en allemagne et dans d’autres lieux que nous en soyons à la conscience de nous retrouver au congrès de zimmerwald, celui où lénine et quelques autres refusent d’être simplement pacifistes, puisque le pacifisme a échoué. NOUS SOMMES QUELQUES UNS A PENSER L’ECHEC DE L’EUROCOMMUNISME ET DU “COMMUNISME DEJA LA”, mais lénine n’est pas là…ily a simplement le terreau décrit déjà par rosa luxembourg à propos de la france celui du syndicalisme révolutionnaire combiné avec l’opportunisme du chrétinisme parlementaire…
      JE TE LE REPETE :c’est rester dans cette logique que d’attendre de cette élection présidentielle plus qu’elle ne peut apporter. CE QUE TU SOUHAITES comme moietbien d’autres c’estque le but de cette élection soit la reconstitution d’un parti révolutionnaire, ce n’est pas tranché, ce quil’est c’est la conscience qu’Il faut simplement ne déserter aucune bataille.

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    • Daniel Arias
      Daniel Arias

      J’ai supporté le réformisme de cette section économique du PCF, nous faisant gober que de simple malus bonus allaient produire des jours heureux. Le résultat fût un désastre en 2007 pour la candidature de MGB, malgré pourtant la promesse d’une SMIC à 1700 €.
      La conclusion est que la rupture avec le peuple était déjà bien consommée et nous avions perdu la confiance.
      Je me souviens des réunions du comité fédéral où la question de la propriété des moyens de production leur passait par dessus la tête. Une bonne part de leurs soucis étaient les élections et non comment renforcer le PCF en allant devant les boites et dans les quartiers populaires abandonnés par nos militants, nos élites sous la dictée du PS parlent d’échelles de salaire de 1 à 20 alors que beaucoup de travailleurs seraient déjà bien heureux d’obtenir 50% d’augmentation et la réduction de leurs factures. On nous parlait de renforcement du PCF mais sans plan d’action ni suivi, paroles aussi vite oubliées que prononcées.
      Pourtant les conditions matérielles deviennent chaque jour plus difficiles précarité, chômage fort et flicage administratif, destruction des liens sociaux et familiaux, incivilités,…
      Et tout cela dans l’incapacité de réagir des travailleurs face aux informations que nous recevons, inaction face aux injustices car nous ne savons plus vers qui nous tourner ou nous appuyer.
      On nous parle de violence tous les jours, des migrants qui se noient, des vieux qu’on laisse mourir par milliers dans les EPHAD leurs interdisant les soins à l’hôpital, des jeunes qui s’entretuent pour vendre de la merde à d’autres, des étudiants stressés et exploités dans des stages gratuits sous le regard impuissant de leurs parents, la vie plus chère chaque jour pour les besoins de base, des lanceurs d’alerte prisonniers politiques dans nos “démocratie et monarchies”, des manifestants mutilés et curieusement jamais ceux de l’extrême droite.
      On pourrait penser à un mal français mais ce cancer se répand partout où la culture véhiculée par la bourgeoisie se répand.
      Pendant ce temps dans nos fédérations il sera encore question d’arrangements avec nos alliés de gauche au détriment du peuple.

      En Espagne c’est les mêmes peines cumulées, misère, prison politique et gavage des rentiers, mais le PSOE temporise et ses cadres sont de ceux qui se gavent sur la misère des travailleurs alors que le communisme continue a effrayer les bourgeois :

      https://youtu.be/4ndkcCNynEU
      https://youtu.be/nRFe99CE65k
      Une chanson d’un terroriste toujours en prison pour avoir lancé des paroles:
      https://youtu.be/bO9iRmpdSOo

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      • Danielle Bleitrach

        en vous lisant je suis frappée tout àcoup par une évidence : le caractère anti-populaire de ce qui reste du marxisme non seulement dans le pcf mais en france et peut-être en europe. c’est-à-dire la manière dont a été justifié,théorisé l’impuissance stratégique et même celle qui va avec, l’impuissance à s’opposer à la dégradation des conditions de la vie du peuple, de la jeunesse autant que celles de l’environnement, d’où ce sentiment de déclin qui est non seulement l’art de ne pas trouver de solutions aux problèmes vécus par la grande masse mais d’inventer des problèmes pour éviter de résoudre ceux qui sont là; l’incapacité stratégique au socialisme fait partie de ça.

        Le “marxisme” tel qu’il s’appauvrit n’est rien d’autre que le verbiage autour de cette réalité; aujourd’hui au plan international on assiste à un début de résurrection dont nous donnons des exemples ici, dans ce blog mais en france, l’isolement et l’étouffoir se poursuit.

        la section économique est le dernier sursaut dumarxisme dans la déroute de l’eurocommunisme et elle s’inscrit dans cette dérive anti-populaire. incapable de dépasser un jargon qui évite la dictature du prolétariat et théorise l’impuissance stratégique. C’est encore pire si faire se peut avec ceux qui se rassemblent autour de lucien sève,bernardfriot et ce quiprolonge cela avec l’institutionnalisation de la censure de roubaud quashie?

        Revenons à l’objet de ta description, le livre de campagne : le meilleur ou le moins pire de la campagne de Roussel c’est ce qui échappe à toutes ces influences délétères. et c’est malheureusement complètementempirique avec un contexte théorique qui n’en est pas un confond capital et évasion fiscale;.. bref c’est lenord et les frères boquet, des gens de terrain qui dans la dérive générale paraissent avoir conservé un minimum de bon sens. Mais je crains qu’ily ait eu avec l’université d’été un tournant etune campagne inspirée par la déroute théorique de l’impuissance et son galimatias.. la brève lueur de la sortie de l’otan a été très vite étouffée dans leur galimatias et dans un espèce d’inventaire à la prévert qui effectivement rappelle la campagne de marie georges buffet, comment pourrait-il en être autrement ce sont les mêmes qui ont pris le pouvoir et le tirent vers des jeux d’appareil;.

        c’est pour cela que je dis que la campagne des présidentielle ne peut pas être l’horizon que vous en faites…

        IL y a le nécessaire retour au théorique mais il y a ce dans quoi se retrouvent les couches populaire :”qu’est-ce que je peux faire?” c’est là que se situe lemal, un marxisme de salon à la manière d’attack où c’est le diagnostic qui prend des heures et ne débouche sur rien est à mille kilomètres du faire. Les seuls aspects sur lesquels débouchaient le faire de l’originalité de Roussel : lasécurité, lenucléaire et la sortie de l’oTAN par exemple étaient complètement empirique et pris dans une pseudo cohérence qui sous diverses influences ci-dessus consacre de fait l’impuissance à agir. l’impuissance à agir c’est-à-dire la fin de la dictature du capital et ça c’est le théorique autrement cela peut être récupéré par l’extrême-droite à la zemmour qui oriente tout vers l’immigration et lie donc les solutions à ue cause pourrie; pourtant ce n’est pas rien et cela a redonné unpeu d’espoir et tu as raison jean claude on peut espérer que cette “intuition” peut mener à d’autres exigences mais je te le répète pas dans ce contexte immédiat mais dans celui que je vois naitre, celui de la reconstruction du parti, du retour au terrain, à la formation; bref il faut plus de patience autrement nous sommes surs de perdre.

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    • pam
      pam

      je n’ai pas encore eu le temps d’écrire sur le livre de fabien, mais j’y travaille pour dire un peu l’inverse de ce que dit jean-claude… Expliquer les limites pour certaines majeures du livre est utile, mais ne pas voir en quoi il peut être un moment nécessaire du chemin de la reconstruction est une erreur.

      Evidemment, ma première réaction, sur l’hommage à pierre laurent si terriblement peiné du congrès et sur la réponse à la critique de staliniste est de un peu découragée.. Ce n’est pas avec ça qu’on va mobiliser les abstentionnistes du monde du travail, qui se contrefoutent de Pierre Laurent et qui se disent qu’un pouvoir autoritaire qui assurerait leur droits, leur dignité, leur tranquillité ne serait peut-être pas mauvais… En tout cas, à quoi sert un président s’il ne peut pas faire reculer un actionnaire ou un dealer ?

      Mais la lecture complète du livre, en lien avec les interviews et discours de Fabien Roussel, me conduit à une position bien plus positive… Certes, nous sommes très loin de ce qu’il faudrait pour un prochain congrès ! Mais est-ce que ce livre peut aider à une mobilisation des communistes pour transformer la campagne pour l’instant médiatique de FR en une campagne populaire ? C’est décisif, et je comprends après coup que Fabien prenne le temps de montrer l’unité des communistes… De même, l’approche très fiscale de la critique du capitalisme, (comme si le problème du capîtalisme c’était la triche ! alors même que Marx démontre partout tout le contriare) est la base qui permet à Fabien des formules comme “Ils mettent le pays à genoux, moi, je vais les mettre au pas”, mettre au pas les capitalistes, ca a un petit coté stalinien qui me va bien, non ? et alors qu’il fallait batailler au 38eme congrès pour utiliser le terme nationalisation, Fabien peut l’utiliser sans ambiguité “que les actionnaires d’AXA se préparent, si je suis Président de la République, AXA sera nationalisée”

      Et la question essentielle de l’état, du pouvoir et donc de l’enjeu décisif de la dictature du peuple émerge en filigrane dans “Le monde du travail peut reprendre le pouvoir en France, c’est le cœur de mon projet et c’est ce qui me distingue de tous les autres.”

      Je propose donc cette lecture dialectique du livre comme élément d’un mouvement d’ensemble, celui d’une candidature qui peut reconstruire le point de vue communiste, en tentant d’emmener tous les communistes, dans leur situation très émiettée et idéologiquement incertaine…

      De fait, pour reprendre la formule de jean-claude, si j’étais à sa place, je pense que je n’aurai pas fait mieux… L’essentiel étant de savoir si ca “prend” d’abord dans le parti, puis dans le monde du travail, et enfin dans la masse du peuple des quartiers populaires… Le chemin est long, il me semble que fabien continue petit à petit à poser des petits cailloux sur ce chemin…

      Donc, oui, espérons que le livre sera dépassé au moment du vote !

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      • Jean-Claude Delaunay
        Jean-Claude Delaunay

        Bonjour Pierre-Alain, cela faisait un moment que je n’avais plus de tes nouvelles. Tu nous dit que tu es sur le point d’écrire un livre pour expliquer ce que l’on peut lire, en filigrane, dans le livre de Roussel. Je trouve ça très bien. Cela m’aurait étonné que les camarades de Vénissieux n’aient pas un projet de livre sur le feu. Mais le tien s’apparente au «darwinisme littéraire» : tu trouves une vertèbre dans le coin d’une phrase d’un bouquin et tu reconstruis un diplodocus.
         
        Après tout pourquoi pas? Le problème est que la science sociale diffère de la science naturelle et les squelettes, en science sociale, ne sont pas préderterminés. Ils rapetissent ou grossissent en fonction d’éléments qui échappent en partie à notre emprise. Au bout du compte, lorsqu’arrivera le moment de vérité, nous aurons un diplodocus de 10cm de long ou au contraire de 30 mètres. Je pense que tu es conscient de cette difficulté puisque tu écris : «L’essentiel est de savoir si ça prend, d’abord dans le parti, puis dans le monde du travail, et enfin dans la masse du peuple des quartiers». Si ça prend, comme tu dis, le diplodocus fera 30 mètres et si ça ne prend pas il fera beaucoup moins, et, peut-être, même pas 10 cm. Tu fais le pari que ton diplodocus va grandir. On connaissait «le pari pascallien». Toi, tu inventes «le pari roussellien». Je pense que Bernard Sarton, dont tu as publié un texte et diverses réponses sur ton site partage en gros ton point de vue.
         
        Tu dis «qu’expliquer les limites de ce livre est utile mais que ne pas voir qu’elles sont un moment nécessaire de la reconstruction du parti est une erreur». Moi, j’avais toujours pensé qu’on était d’autant moins dans l’erreur que l’on était utile. Mais, Pierre-Alain, ton sens de la dialectique te conduit à prendre ensemble le couple «utilité-erreur». Puis, le considérant comme une unité contradictoire, tu me dis que c’est le propre d’une contradiction que d’être elle-même et son contraire, en sorte que, si l’utilité peut-être le contraire de l’erreur (ce que je croyais), elle en est tout aussi bien le prolongement (situation dans laquelle je me trouverais en réalité, selon toi).
         
        Et pour quelle raison? Eh bien, la réponse est simple quand on est dialecticien. Elle consiste à dire que l’unité du parti est certes une unité contradictoire mais que pour dépasser cette contradiction, les limites exprimant la situation présente contradictoire du parti ne doivent pas être tranchées de manière non dialectique (volontaire, autoritaire). Elles doivent l’être de manière dialectique (en douceur et grâce au mouvement des masses), grâce à de petites phrases, aux luttes qui vont avec et finalement au mouvement des masses lui-même. Les petites phrases du genre : «Ils veulent nous mettre à genoux mais je vais les mettre au pas» vont, par la médiation des luttes, contribuer à mettre les masses en mouvement et de ce mouvement externe naîtra une chaleur, un ferment, une levure interne qui se répandra sur tout le parti et l’unifiera progressivement, à la manière d’un amalgame que l’on pose sur une férraille pour la souder. Ainsi le parti, unifié, deviendra-t-il un instrument puissant de combat politique. 
         
        Je ne souhaite vraiment pas entrer dans ce genre de discussion. Et complémentairement, je crois que le mieux, pour toi, Pierre-Alain, serait de montrer dans le livre que tu prépares «ce que tu crois» plutôt que de décrire dialectiquement mes erreurs qui, soi-dit en passant, ne sont pas seulement les miennes. Mais quand même, fais gaffe, si tu me permets un conseil, de ne pas confondre la dialectique et le grand écart, ou encore ce que Marx appelait «des trilles hégéliennes».
        Essayons de faire le point. Je crois que le niveau ZERO de l’analyse consiste à reconnaître, comme le fait Danielle, que «la politique, c’est l’art du possible, et nous n’avons rien d’autre en magasin». Sur cette base, son intervention, grâce au blog «Histoire et Société», tout en faisant que l’action immédiate des communistes soit la plus percutante possible, est, me semble-t-il, de reconstruire sur le moyen long terme une conscience communiste solide, et notamment, une conscience de l’international et une conscience théorique.
         
        Une fois ce point ZERO établi, il y a l’élection présidentielle et l’intervention de Fabien Roussel dans cette élection. Dans le contexte d’une grande faiblesse politique, théorique et d’organisation, il apparaît de plus en plus clairement (selon moi) qu’il a choisi l’unité formelle du PCF en pariant que la dynamique des luttes permettrait à cette unité formelle de devenir une unité réelle, en tout cas une unité de plus en plus solide. Je pense que c’est aussi ta position ou celle d’autres et c’est ce que tu vas expliquer dans ton prochain bouquin.
         
        Moi, je crois que la crise du système capitaliste va, rapidement, devenir de plus en plus forte. L’impérialisme est à bout de course. C’est en tout cas ma conviction. Or le contexte politique n’est pas réjouissant. D’une part, les masses populaires sont désorientées. Le salariat urbain navigue dans le désarroi. D’autre part, en face si je puis dire, on trouve tous les ingrédients classiques du fascisme : une classe dirigeante n’ayant rien d’autre à proposer que le renforcement de l’exploitation des travailleurs, que la réduction des droits acquis en 1945, que les atteintes aux libertés. A ses côtés, une petite bourgeoisie en voie de déclassement rapide prend place, avec des gens comme Zeymour, avec le Rassemblement national, et même une petite bougeoisie issue de l’immigration, elle aussi en voie de déclassement. Enfin les voyous sont là. Nous sommes dans une situation de pré-fascisme, avec ses trois composantes. Je ne dis pas que le fascisme est là mais je pense que nous en avons les ingrédients et que toute crise économique grave risque de réaliser un autre amalgame de celui du PCF et plus précisément l’amalgame du fascisme.
         
        C’est pourquoi, je suis moins sensible que toi, Pierre-Alain, à l’unité formelle du PCF. A un moment donné, il faut trancher pour être opérationnel, pour que cette unité soit une unité réelle. La voie roussellienne est une voie de très long terme. Toi, tu dis «Non, nous avons le temps, c’est mieux, etc…». Je crains que le temps nous soit compté. Je pense que, pour cette élection, Fabien Roussel aurait pu, par exemple, se composer une équipe beaucoup plus homogène que celle qui anime sa campagne. C’est par l’affirmation de l’unité réelle du PCF sur une base idéologique et théorique solide que le secrétaire aurait pu atteindre selon moi le but qu’il se propose d’obtenir : dépasser les contradictions de son unité formelle, en obtenant un bon résultat à ces élections. Ce n’est pas en laissant se dérouler les contradictions de son unité formelle, tout en les ponctuant de petites phrases présidentielles, qu’il y arrivera.
         
        On verra bien. Il n’y a rien de tel que le mouvement réel pour trancher de savoir qui a tort ou qui a raison.

        PS. J’ai vu que tu avais publié sur ton site le texte sur l’Impérialisme que je t’avais envoyé au début de l’été, ainsi qu’à plusieurs autres camarades. Je le destinais à un autre usage. Mais j’observe que les choses ont changé. Merci donc pour cette publication.
         
         
         
         

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        • Danielle Bleitrach

          cher jean claude, j’avais préparé un sujet sur ta réponse et voici le chapeau que j’avais prévu mais je suis d’accord avec toi, l’histoire tranchera et les derniers développements du week end prouvent à quel point nous avons peu de prise sur elle et sur la nécessité d’un parti révolutionnaire; donc cher jean claude faisons effectivement ce qui nous rend le plus utile et laissons chacun assumer ses responsabilités.
          ALORS voici ce que j’avaisprévu d’écrire pour présenter ta réponse à pam.EN cequi concerne ce dernier ne t’étonne pas s’il publie tes écrits, sache qu’il est très proche de nos espoirs et de nos doutes, et personnellement je leur fais confiance même si je ne suis plus en position d’être totalement à leurs côtés.
          Nous sommes uncertain nombre de rédacteurs intervenant habituellement dans ceblog. Jean claude en fait partie et nous nous en félicitons. Et je partage à 100% sa vision prospective, à savoir que les événements vont nous obliger à ne pas en rester à ce degré zéro de l’engagement qu’il me reproche non sans raison et qui supposerait beaucoup de temps, celui d’une sorte de pégagogie “de reconstruire sur le moyen long terme une conscience communiste solide, et notamment, une conscience de l’international et une conscience théorique” . oui c’est exactement ça, je ne cherche et n’espère rien de plus; mais comme il le dit “Je crains que le temps nous soit compté” Mais voici ses mots :”Je t’envoie le texte que j’ai rédigé suite à l’intervention de pierre alain. Je n’ai pas pu le mettre moi-même sur le site. Tu verras. Je crois que la discussion est importante et intéressante. Mais moi, je n’interviens plus là dessus. Roussel a son idée. Il en a certainement discuté avec d’autres mais moi, je ne suis pas dans le coup. La vie tranchera. J’espère avoir tort.”; cher jean claude, sache que tu as avec tes doutes et ton engagement toute taplace ici et effectivement je ne suis pas sure que partir comme je te l’ai dit de cette campagne présidentielle et ses législatives en perspective soit idéale pour poser ce qui nous préoccupe et qui a peu de chance de se voir traité dans ce contexte qui est ce qu’il est. En revanche, c’est incontournable et donc continuons à déblayer le terrain, là où notre apport peut être utile.

          voilà n’épiloguons pas et soyons utiles si faire se peut encore.
          SI TU LIS ATTENTIVEMENT ce qui se publie ici tu verras que se dessine une stratégie :
          1- à travers le cas die linke et celui de granz cequi est posé c’est la nécessaire autonomie du parti communiste et le fait que les projets communs doivent être concrets, limités dans le temps à des réalisations d’intérêts populaires avec leur appui. LA Référence théorique est marx quand à la suite de la lutte des classe en france il découvre la nécessité de la dictature du prolétariat.
          2- En cequi meconcerne mon projet concret c’est cuba, la lutte contre le blocus et je le menerai avec qui le voudra…non seulement parce que les cubains le méritent mais parce qu’à travers eux c’est la question de l’hypocrisie des droits de l’homme dans laquelle depuis des années nous sommes enlisés;
          3- enfin, il y a la manière dont la chine et la russie interpellent la souveraineté française et européenne y compris en afrique avec un changement radical par rapport à ce vers quoi veut nous diriger le secteur international,laurent et sa bande…
          je crois qu’en fait c’est sur ce triple accord théorique et stratégique que nous nous sommes rassemblés dans ce blog et il faut poursuivre sans s’occuper de la campagne électorale de roussel, en espérant qu’elle ira vers ce que nous espérons.
          3-

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          • Youri
            Youri

            Chers camarades, permettez-moi de vous suggérer cet article paru hier dans Granma, l’organe du PC de Cuba. Son auteur, Frank Josué Solar Cabrales, professeur d’histoire à l’Université de Santiago de Cuba, revient sur le même sujet qui est au coeur de vos (nos) débats : la révolution socialiste est à l’ordre du jour et les détours réformistes pour économiser (prétendument) des souffrances aux peuples sont en réalité des culs-de-sac.

            https://www.granma.cu/pensar-en-qr/2021-09-26/el-realismo-de-lo-imposible-26-09-2021-18-09-57

          • Danielle Bleitrach

            cher camarade youri, je pense que vous avez parfaitement compris la nature de NOS débats ici et je viens de lire le texteproposé, je vais le traduire mais je suis convaincue que si j’ai pris conscience du caractère ineluctable du socialisme à cuba et dans mes errances en amérique latine et parallèlement dans l’origine africaine je sais que c’est partout sur toute la planète que se reproduit les conditions d’une telle exigence; je crois que ceux qui acceptent d’animer et d’être liés à ce blog en sont là.
            Mais lesfaits,la réalité en est là… Une societe française oùpersonne n’ose poser la question du socialisme, celle de lasortie de l’UE alors que l’on est confronté à des folies au quotidien (la montée du prix de l’énérgie où edf doit faire monter la facture pour que soit préservéela concurrence avec leprivé imposé par l’UE), alors que l’on sait que tout “rassemblement”politicien de sommet ne cesse dese heurter à l’impossibilité d’appliquer un programme si on ne va pas plus loin… On (nous lescommunistes) se décide à vaguement parler de nationalisation, de sortie de l’otan quand tous les autres en parlent…parce qu’on ne peut plus faire autrement alorsle “réalisme de l’impossible” c’est-à-dire ce qu’on nous dit être impossible esten france comme partout… Même si comme le montre jeanclaude delaunay on est àlarecherche de l’os de diplodocus pour reconstituer la bête…AU lieu simplementd’affirmerce pourquoi unparti révolutionnaire estfait …ALORS OUI C’est le degré zéro …

        • pam
          pam

          non, je n’ai aucun projet de livre, autre que tenter d’aider au projet de livre sur le socialisme dont nous avons parlé et qui n’avance pas malheureusement… j’évoquais juste un article sur lepcf.fr, article qui tarde parceque ce qui a dominé dans ma première lecture rapide du livre de Fabien était l’irritation, le sentiment qu’il n’aidait pas à faire progresser suffisamment les communistes. J’ai d’ailleurs lu avec satisfaction ta critique, franche mais constructive, sur ce blog… (au passage, je t’ai écrit pour te demander une version pour améliorer la mise en page et publier sur lepcf).

          Mais en tentant de comprendre la difficulté des communistes à déployer la campagne, j’ai constaté que ce qu’il y avait de positif dans les interventions de Roussel n’était pas vu le plus souvent… et qu’on en restait la plupart du temps à un débat d’observateur “ca c’est bien, ca c’est pas bien…” alors qu’il y a de nombreuses vidéos de Fabien qui sont très utile pour des actions militantes locales, et qui peuvent faire entendre un point de vue communiste, capable d’ailleurs d’aller plus loin que le dernier congrès, et je suis convaincu que le rapport de forces dans la théorie ne se transforme pas par la seule activité théorique, mais par sa mise en mouvement militante jusqu’à en faire des questions de masse…

          “idées, qui sers-tu” disait Brecht…. Je pense qu’il y a dans ce livre qui n’est évidemment pas celui que j’aurai voulu, et qui n’est pas non plus celui qu’il nous faut sur le socialisme, il y a malgré tout de quoi faire bouger le rapport de forces, il y a des idées qui peuvent servir à la mobilisation des communistes. Ce n’est donc pas une unité “formelle”, même si cette dimension existe forcément dans les choix tactiques de Fabien, mais bien une unité agissante par la campagne, et cela n’est pas gagné du tout…

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          • Danielle Bleitrach

            C’EST AVEC FABIEN GAY à la direction de l’humanité et Roubaud Quashie voir même Iann brossat(qui au moins ne devrait pas avoir lemonopole) comme porte-paroles que tu espères voir bouger la campagne de fabien roussel,c’est en laissant humilier les gens comme moi par un cadrillon des alpes maritimes que tu espère que vont s’engager des communistes de toujours ? Non tout ceque l’on laisse d’espace à ceux qui dans et hors parti étaient près à s’engager, c’est le “triomphe” de la force d’inertie qui empêche l’action et l’organisation de la campagne… a FORCE DE TOUT TOLérer vous faites gagner ceux qui ont liquidé le parti et que cela ne gène pas de continuer… TOUT CE QUE l’on peut faire alors c’est d’apporter à lamarge et de croiser lesdoigts en votre faveur en tentant de vous gêner le moins possible… C’est le choix du conseil national il exclut les gens comme moi, cequi n’est pas grave s’il vous parait être conciliable avec l’engagement de tous les communistes y compris pierre laurent et sa bande… C’est une option, l’histoire tranchera.
            mais ce que je dis là mérite deux précisions,la première c’est que c’estdanielle bleitrach qui parle et aucun des contributeurs à ce blog, chacun d’eux à partir de choix communs concernant le socialisme commenécessité historique agit comme il l’entend y compris dans cette campagne à commencer parjean claude;
            la seconde précisions est que paradoxalement je ne suis pas pessimiste parceque l’exigence de la situation est telle que nos petites réticences et difficultés seront peut-êtreplus vite qu”on ne le croit balayé et qu’il faut rester rassemblés, chacun à notre manière,j’espère qu’histoire et société y contribuera comme vous les camarades deveneissieux

          • pam
            pam

            suite…
            suite…

            Le problème est que tu as raison sur l’urgence, le risque du fascisme. La construction médiatique de Zemmour qui ressemble à celle de Macron en 2017 est révélatrice, et au passage, JLM pour tenter de rebondir a pris la terrible responsabilité de le légimiter. Donc, oui, si le dernier congrès avait pu faire mieux, si au lieu de ce compromis que Roussel raconte dans son premier chapitre, il avait suivi nos propositions, on serait mieux, il serait mieux aujourd’hui pour se hisser à la hauteur du défi historique. Donc, il faut saisir chaque occasion pour que la direction du parti prenne conscience qu’il faut aller plus loin et plus vite, et je fais un peu ce pari stupide que Roussel sera capable de bouger dans les semaines et les mois qui viennent. Je n’ai pas vu de réactions de sa part sur Zemmour, mais quand on écrit un livre intitulé “Ma France”, il me semble facile de dénoncer avec Ferrat ceux qui porte Vichy… C’est vrai qu’il a une équipe de campagne peu homogène sur le fonds politique, c’est son choix tactique, mais ce n’est pas ce qui me pose problème en pratique aujourd’hui.

            On ne servira à rien de plus si on ne porte pas ce qui mettra des communistes en mouvement dans la campagne, en tentant de leur donner les outils politiques nécessaires, et tous nos débats sur le socialisme en font partie… On a l’habitude au réseau de faire progresser des idées sans la direction du parti…

            Enfin, si je t’ai répondu, ce n’est évidemment pas pour toi, et j’espère qu’on aura d’autres occasions d’échange, mais pour éviter que tes articles soient réutlisés par ceux qui veulent démontrer que la candidature Roussel est une impasse.

          • Danielle Bleitrach

            pam : sache qu’à ma connaissance, les différents collaborateurs de ce blog ont des attitudes politiques très différentes… marianne s’implique de plus en plus dans la vie de sa fédération et distribue des tracts pour la campagne de fabien roussel àtour de bras, jean claude delaunay suit l’affaire de pékin, catherine winch telle que je la connais doit suivre avec passion et un peu de désespoir les soubresauts qui agitent le parti travailliste à londres… nous attendons un compte-rendu… Moi je me livre à mes divers centres d’intérêt et mon appartement est envahi par des colis de médicaments pour Cuba, andrei vote pour le kprf et fait le tour de l’europe, il était à malaga et puis à hambourg mais ilprépare la réunion sur maurice thorez BIENTÖT à,PARIS…un de ses derniers articles dans la pravda était pour dire du bien du meilleur maire du monde, un communiste français, plus son enthousiasme devant la fête de l’humanité…Baran veut faire de moi une lectrice des éditions du seuil et nous échangeons sur notre passion commune pour azimov et la psychohistoire… franchement imaginer que l’on puisse réutiliser histoire et societe contre le parti communiste français et qui grand dieu?
            Je viens deprendre un café avec une amie qui m’a expliqué comment dans sa section marseillaise,un cadre du parti a déclaré qu’il n’y aurait pas de dynamique de la campagne de fabien roussel lui dirigeant. la cellule de cette section a protesté et deux copines ont déclaré “et bien nous on va faire campagne que tu le veuilles ou non!” de quel côté tu crois que je sois dans cet affrontement ? Le seul ennui c’est que je sais qu’en croyant emporter l’unanimité le conseil national a donné de la force à celui qui affirme sans état d’âme qu’il n’y aura pas de dynamique et qui passe toute une réunion à décortiquer les propositions de fabien roussel, en expliquant que c’est du mauvais syndicalisme et refuse de créer les comités des jours heureux parce qu’il ne sait pas quoi leur faire faire…
            Alors je me dis que la véritable campagne commence en janvier et qu’à ce moment il pourra être fait un premier bilan de la campagne, s’il est bon et si la dynamique a réussi à vaincre les obstacles tant mieux…

          • pam
            pam

            je n’ai pas de doute sur pour quoi tu te démènes… sur l’agenda, mon inquiétude est que si les communistes en sont au même point en janvier, ce soit trop tard… de ce point de vue, jean-claude a raison d’insister sur l’urgence de la situation, et j’espère après le débat JLM / Z que Fabien le voit… On a la même configuration médiatique qu’en 2017, d’énormes moyens mis en oeuvre pour orchestrer ce moment particulier de la 5eme république ou la bourgeoisie réorganise sa domination… et elle trouvera une solution nettement plus à droite, Z sert de test sans doute, quand on voit tous les candidats de droite proposer un référendum sur l’immigration…
            Et la solution ne viendra pas d’en haut de Fabien mais comme tu le dis des cocos qui diront, moi je mène campagne, et qui passeront outre les freins et les attentismes…

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