Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’Australie a accepté les armes US pour se protéger des USA

Au-delà de “l’humiliation française” il y a dans l’affaire australienne plus encore que des concurrences commerciales inter-impérialistes, il y a les menaces de guerre. Cet enjeu, que ne peut ignorer la présidentielle, est celui de la paix mais aussi celui des conditions de vie de la majorité des citoyens, les couches populaires, la jeunesse, la répression accrue, il s’agit de la défense de l’humanité. Le rôle de “parrain” de l’impérialisme US ainsi révélé après l’Afghanistan, le resserrement de blocus, Biden ou pas, et la volonté de guerre y compris nucléaire se dévoile. Méprisé ou non, Macron reste complice. Malheureusement en France, les forces de progrès, la gauche est très affaiblie, et tout repose sur le PCF, lui-même loin de l’unanimité dans ses propres rangs en matière de résistance, ce qui aboutit à une campagne où cet enjeu de la paix et de la guerre impérialiste se réduit à l’immigration et se transforme en xénophobie. Voici donc le danger que révèle l’affaire australienne et l’urgence pour les communistes de jouer le rôle qui doit être le leur face aux menaces de guerre, qui accompagnent l’autoritarisme fascisant des gouvernements impérialistes et leur volonté d’imposer aux peuples toujours plus d’exploitation et de misère avec la guerre et les dépenses d’armements. La campagne de l’élection présidentielle ne peut plus ignorer cet enjeu. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

photo: affiche soviétique de 1950 :la nature réelle des gouvernements occidentaux

Ce qu’il faut voir c’est qu’en Australie dont le premier partenaire commercial jusqu’ici est la Chine, un mouvement de protestation existe non seulement contre les armes US mais contre la manière dont le pays qui souffre d’une crise économique est forcé de dépenser en armement ce qu’il devrait réserver à l’aide à sa population. Une situation somme toute assez comparable à celle des pays de l’UE et de l’Otan où les États-Unis imposent une croisade.

En France, l’affaire se présente comme une humiliation : notre “partenaire” des USA et son rejeton britannique ont agi en méprisant totalement la France mais l’affaire va plus loin que ça.

Voici la manière dont les opposants australiens eux-mêmes la définissent et ce n’est pas par rapport à la France, à la rupture d’un contrat qu’il dénonçaient également mais bien par rapport à la guerre dans laquelle ils sont entraînés par chantage.

L’Australie a rejoint les États-Unis et le Royaume-Uni dans un « partenariat trilatéral renforcé en matière de sécurité » appelé AUKUS avec l’objectif tacite mais évident de coordonner les escalades contre la Chine. Rapports anti-guerre :

Le président Biden et les dirigeants de l’Australie et du Royaume-Uni ont annoncé mercredi un nouvel accord militaire visant à contrer la Chine. Le pacte, connu sous le nom d’AUKUS, se concentrera sur le partage de technologies militaires sensibles, et la première initiative se concentrera sur l’obtention de sous-marins à propulsion nucléaire australiens.

Des responsables américains s’adressant à CNN ont décrit l’effort de partage de la propulsion nucléaire avec un autre pays comme une « étape extrêmement rare » en raison de la sensibilité de la technologie. « Cette technologie est extrêmement sensible. C’est, franchement, une exception à notre politique à bien des égards », a déclaré un responsable anonyme.

Cet accord remplacera un programme prévu de 90 milliards de dollars pour obtenir douze sous-marins conçus par la France, une dépense odieuse dans les deux sens alors qu’un quart des Australiens ont du mal à joindre les deux bouts pendant une pandémie qui est quatre fois plus susceptible de tuer les Australiens qui ont des difficultés financières. Ce n’est que la dernière en date de la politique sans cesse croissante de Canberra visant à alimenter de vastes fortunes dans l’impasse de Washington avec Pékin aux dépens de son propre peuple.

Si les lecteurs sont curieux de savoir pourquoi l’Australie subvertirait simultanément ses propres intérêts économiques en se retournant contre la Chine son principal partenaire commercial et ses propres intérêts en matière de sécurité en alimentant des provocations dangereuses et inutiles, on peut les renvoyer aux propos de l’analyste politique américain John Mearsheimer lors d’un débat organisé par le groupe de réflexion australien Center for Independent Studies en 2019. Mearsheimer a déclaré à son auditoire que les États-Unis allaient faire tout ce qui était en leur pouvoir pour arrêter l’ascension de la Chine et l’empêcher de devenir l’hégémon régional à l’Est, et que l’Australie devrait s’aligner sur les États-Unis dans cette bataille, sinon elle ferait face à la colère de Washington.

« La question qui est sur la table est de savoir quelle devrait être la politique étrangère de l’Australie à la lumière de la montée en puissance de la Chine », a déclaré Mearsheimer. « Je vais vous dire ce que je suggérerais si j’étais un Australien. »

Mearsheimer a affirmé que la Chine va continuer à croître économiquement et convertira cette puissance économique en puissance militaire pour dominer l’Asie « comme les États-Unis dominent l’hémisphère occidental », et a expliqué pourquoi il pense que les États-Unis et leurs alliés ont toutes les capacités pour empêcher que cela ne se produise.

« Maintenant, la question est de savoir ce que tout cela signifie pour l’Australie? » dit Mearsheimer. « Eh bien, vous êtes dans un dilemme à coup sûr. Tout le monde sait quel est le dilemme. Et d’ailleurs, vous n’êtes pas le seul pays d’Asie de l’Est à être dans ce dilemme. Vous faites beaucoup de commerce avec la Chine, et ce commerce est très important pour votre prospérité, cela ne fait aucun doute. Du point de vue de la sécurité, vous voulez vraiment aller avec nous. C’est juste beaucoup plus logique, non? Et vous comprenez que la sécurité est plus importante que la prospérité, parce que si vous ne survivez pas, vous n’allez pas prospérer. »

« Maintenant, certaines personnes disent qu’il y a une alternative : vous pouvez aller avec la Chine », a déclaré Mearsheimer. Vous avez le choix ici : vous pouvez aller avec la Chine plutôt qu’avec les États-Unis. Il y a deux choses que je vais dire à ce sujet. Premièrement, si vous allez avec la Chine, vous nous ferez comprendre que vous êtes notre ennemi. Vous décidez alors de devenir un ennemi des États-Unis. Parce qu’encore une fois, nous parlons d’une concurrence intense en matière de sécurité. »

« Vous êtes soit avec nous, soit contre nous », a-t-il poursuivi. « Et si vous faites beaucoup de commerce avec la Chine et que vous êtes ami avec la Chine, vous sapez les États-Unis dans cette compétition de sécurité. Vous nourrissez la bête, de notre point de vue. Et cela ne va pas nous rendre satisfaits. Et quand nous ne sommes pas heureux, vous ne voulez pas sous-estimer à quel point nous pouvons être méchants. Il suffit de demander à Fidel Castro. »

Les rires nerveux du public du think tank australien ont ponctué les observations plus incendiaires de Mearsheimer. La CIA est connue pour avoir fait de nombreuses tentatives pour assassiner Castro. D’autres chefs d’État comme Allende et sans doute Chavez ont eu moins de chance, les coups d’État n’ont jamais cessé comme les sanctions et blocus étranglant les peuples.

Donc voilà ce que disent les anti-impérialistes et pacifistes australiens :. L’Australie n’est pas alignée sur les États-Unis pour se protéger de la Chine. L’Australie est alignée sur les États-Unis pour se protéger des États-Unis. D’ailleurs la proportion des dépenses militaires dans le monde témoigne si besoin était de qui accumule les armes au profit non pas de leur peuple mais des trusts de l’armement financiarisés dont l’influence ne cesse de croître avec celle des spéculateurs dont les profits ne reposent plus sur la production mais sur la capacité à faire gonfler leur capacité de pillage du reste du monde.

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Voilà exposé dans sa trivialité pour les Australiens mais aussi pour tous les peuples du monde ce qui n’est pas seulement la manifestation d’un mépris total pour “l’allié vassal” français mais bien une politique impérialiste à laquelle personne n’échappera si les peuples y compris français ne la combattent pas.

Danielle Bleitrach

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4 Commentaires

  • Xuan

    Une observation paradoxale mais bien sentie.
    On pourrait se poser la même question pour notre pays si on repense à l’exclusion de Huawei dans la 5G.
    Je note- pour une fois- la réaction de Mélenchon.

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  • Xuan

    Quant à l’indignation de Le Drian, elle est un peu tardive et bien timide comme le fait remarquer Pascal Boniface “Quand on nous crache dessus, il ne faut pas dire qu’il pleut”.
    En même temps, un lèche-cul peut-il s’indigner de se faire salir la figure ?

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  • marsal
    marsal

    Il faut noter aussi la réaction de la Malaisie, dont le 1er ministre fait part de ses inquiétudes dans un communiqué, notant que cette décision “poussera d’autres puissances régionales à agir de manière plus agressive”. Le 1er ministre malais déclare que “En tant que pays de l’ASEAN, la Malaisie défend le principe du maintien de l’ASEAN en tant que zone de paix, de liberté et de neutralité”, ce qui est la voix du bon sens.
    Il y a aussi dans cette affaire l’aspect américain. Il est clair que, après la catastrophe afghane, les USA avaient besoin de faire une démonstration de force. Il est clair aussi que les USA n’ont jamais apprécié les succès de l’industrie militaire française (ni de l’industrie française tout court, d’ailleurs). Les difficultés commerciales du Rafale, qui a mis de nombreuses années à s’imposer à l’exportation, et qui vient de perdre un nouveau marché en Suisse, juste après une intervention politique américaine sont là pour nous le rappeler. Les américains considèrent que la domination du marché de l’armement est une composante clé de leur domination globale. L’avion F 35 pousse assez loin le concept puisqu’il est truffé d’électronique sur lesquelles les américains ne donnent pas toutes les clés à leurs alliés. Les F 35 achetés par tel ou tel pays restent quand même des avions qui appartiennent en partie aux Etats Unis. Le problème des américains, c’est qu’ils produisent des armes dont la qualité est de plus en plus questionnée, et dont les prix sont de plus en plus chers. Ils sont donc obligés d’intervenir de manière de plus en plus systèmatique par diverses pressions et menaces pour placer leurs produits ou pour empêcher leurs rivaux de placer les leurs.
    C’est là que l’affaire est vraiment inquiétante, car, pour damer le pion à la France, tout en mettant la pression sur la Chine, les USA n’ont pas hésité à “monter d’un cran”, dans la prolifération des techniques nucléaires militaires. Technique nucléaire dont l’Australie ne maîtrise absolument rien et visiblement qu’elle n’imaginait même pas acquérir un jour, puisqu’elle avait exclu cette possibilité de son appel d’offre initial.
    C’est pourquoi, comme le note le 1er ministre malais, les USA lancent ici une course au nucléaire militaire (même s’il s’agit de motorisation nucléaire, et non de missile, c’est quand même un pas très dangereux) tout à fait irresponsable, dans une zone qui contient déjà deux points chauds, en Corée d’une part, et entre Inde et Pakistan d’autre part.
    Quand on voit la manière d’agir des américains, on ne peut que craindre en particulier, le réarmement du Japon comme deuxième digue face à la Chine et le réveil – comme en Europe avec l’Ukraine – des vieux démons…

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Le sous-marin nucléaire n’est pas forcément doté d’armes nucléaires, il s’agit de son mode de propulsion.
    Les autres modes de propulsion nécessitent des batteries chargées par des moteurs à explosion, donc qui nécessitent de l’oxygène et des remontées en surface pour recharger les batteries.
    La propulsion nucléaire permet une autonomie du moteur illimité, seul l’équipage représente une limite par ses stocks d’alimentation et ses limites psychologiques.
    La propulsion nucléaire permet aussi des vitesses bien plus grandes, utiles pour s’échapper ; par contre la torpille russe Shkval a une vitesse au lancement déjà supérieure au sous marin nucléaire et peut atteindre 500 km/h grâce à la super cavitation, c’est plus rapide qu’un TGV.
    Le sous marin Koursk fut coulé lors d’un exercice de démonstration, pour les chinois, de la torpille Shkval en 2000.
    Les nouveaux systèmes anti sous marins russes reposent sur l’utilisation de torpilles dormantes robotisées, elles se déclenchent comme une mine par détection et poursuivent leur cible de manière autonomes, les derniers sous marins russes et certains navires sont équipés de ce type de torpilles.
    Dans ma jeunesse nous étions encore conscient du risque de guerre nucléaire, de l’apocalypse.
    Cela me terrifie que ce sujet ait disparut de la conscience et des débats électoraux.

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