Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Questions théoriques et pratiques sur le socialisme et la voie vers le socialisme au Vietnam, par Nguyên Phu Trong, SG du Parti communiste du Vietnam

Nous avons eu sur Arte deux séances thématiques consacrées à la lutte des Vietnamiens contre l’occupant français puis l’occupant américain. Plutôt réussies parce que nous avons revécu non seulement ces combats extraordinaires d’un peuple démuni de tout mais animé d’une volonté révolutionnaire qui a vaincu successivement les principales armées du monde, mais aussi l’élan que cette lutte a impulsé dans le monde entier, une jeunesse qui fut la mienne qui ne tolérait pas la monstruosité de l’impérialisme. Si le dit impérialisme qui déchaîne sa capacité de mensonge contre l’histoire, notre histoire, autant que contre le socialisme existant en Chine et à Cuba, le Vietnam a été mieux traité parce qu’il a été espéré le voir devenir hostile à la Chine et renonçant au socialisme, à sa direction communiste. D’où l’importance de ce texte qui nous permet d’approfondir notre réflexion sur le socialisme. (note de Danielle Bleitrach)

26/05/2021
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Questions théoriques et pratiques sur le socialisme et la voie vers le socialisme au
Vietnam

L’Agence Vietnamienne d’Information tient à vous présenter ci-dessous, dans son intégralité, cet
article.
“Le socialisme et la voie vers le socialisme au Vietnam est un sujet théorique et pratique
fondamental au contenu vaste, varié et compliqué, d’autant plus que les approches sont
diversifiées. Son traitement exige des recherches soigneuses sur la base d’une analyse
approfondie et scientifique des réalités. Dans le cadre de cet article, je me permets de me limiter
à quelques aspects du sujet. En partant des réalités vietnamiennes, j’essaierai de répondre aux
questions suivantes : Qu’est-ce le socialisme ? Pourquoi le Vietnam choisit la voie du socialisme ?
Que faire et comment faire pour progressivement construire le socialisme au Vietnam ? Qu’est-ce
qui peut être dégagé des réalités de l’œuvre de renouveau et de progression vers le socialisme
au Vietnam durant ces dernières années ?


Le socialisme est généralement abordé sous trois angles : le socialisme en tant que théorie, le
socialisme en tant que mouvement et le socialisme en tant que régime politique. Sous chacun de
ces trois angles, les manifestations du socialisme se diversifient en fonction de la vision du
monde et du niveau de développement au moment historique où il est abordé. Le socialisme
dont il est question dans cet article est le socialisme scientifique fondé sur le marxisme-léninisme
contemporain. Quelle définition à donner au socialisme et quelle direction prendre pour y
parvenir en adéquation avec le contexte particulier du Vietnam ?

Le capitalisme mondial s’adapte à la nouvelle conjoncture


Au temps de l’Union soviétique et du système des pays socialistes dans le monde, le choix du
socialisme au Vietnam n’était pas une question à discuter ; il s’imposait comme une évidence.
Or, depuis l’effondrement du modèle socialiste en Union soviétique et dans plusieurs pays
d’Europe de l’Est, avec comme corollaire le déclin de la révolution mondiale, ce choix devient
sujet de discussions, parfois vives. Les forces anticommunistes et les opportunistes politiques,
excités, ne manquent pas l’occasion pour déformer la réalité et intensifier les actes de
destruction. Dans le rang même des révolutionnaires, l’on constate une vague de pessimisme et
de doute sur la justesse et le caractère scientifique du socialisme. Les pessimistes attribuent
facilement la dissolution de l’Union soviétique et des régimes socialistes en Europe oriental aux
erreurs du marxisme-léninisme et au choix de la voie du socialisme. Ils défendent alors l’idée
selon laquelle nous avons choisi le mauvais chemin et que la déviation est nécessaire. Pire
encore, certaines personnes, en regrettant la confiance qu’elles avaient mise dans le marxisme-léninisme et le socialisme, ont carrément adopté les arguments adverses et la négation du socialisme.

La réalité appuie-t-elle ce sentiment ? Le capitalisme, y compris dans les pays
traditionnellement capitalistes, est-il toujours bel et bien développé ? Le Vietnam a-t-il choisi le
mauvais chemin ?
Nous reconnaissons que le capitalisme n’est jamais aussi globalisé et qu’il a permis d’atteindre de
grandes réalisations, notamment en ce qui concerne la libéralisation et le développement des
forces de production ainsi que le développement scientifique et technologique. Plusieurs pays
capitalistes développés, sur la base de leurs performances économiques et en raison de la lutte
de la classe ouvrière et des travailleurs, ont adopté des réajustements conduisant à
l’institutionnalisation des acquis sociaux plus progressistes qu’auparavant. Depuis le milieu de la
décennie 1970 et surtout depuis l’effondrement de l’Union soviétique, le capitalisme mondial,
poussé par le besoin de s’adapter à la nouvelle conjoncture, s’est efforcé de se réajuster en
promouvant les politiques de “néolibéralisme” au niveau mondial, ce qui lui a donné de nouvelles
marges de développement qui restent inépuisées.


Néanmoins, le capitalisme n’arrive toujours pas à remédier aux contradictions fondamentales qui
lui sont propres. Les crises continuent d’éclater. En 2008 et en 2009, nous avons assisté à une
crise financière et à une récession économique qui, à partir des Etats-Unis, se sont répandues
rapidement à d’autres centres capitalistes et ont impacté la presque totalité des pays du monde.
Les Etats et Gouvernements occidentaux ont introduit des masses monétaires colossales pour
sauver, sans véritables succès, les groupes économiques transnationaux, les géants industriels,
financiers, bancaires et boursiers.

Au jour d’aujourd’hui, nous voyons sévir une nouvelle crise multi facette d’ordre sanitaire, sociale, politique et économique, sous l’impact conjugué de la pandémie du Covid-19 et de la quatrième révolution industrielle. La régression économique a mis en lumière de nombreuses inégalités sociales au sein même des sociétés capitalistes : le recul du niveau de vie de la majorité des travailleurs, la montée du chômage, l’écart accentué entre riches et pauvres, l’aggravation des désaccords et conflits entre groupes ethniques. Les situations de “mauvais développement”, les paradoxes de l’anti-développement se sont dirigés de la sphère économique et financière vers le domaine social, provoquant l’explosion des conflits sociaux. A maints endroits, une question économique s’est vite transformée en question politique, accompagnée de grèves et de manifestations qui ébranlent le pouvoir.

Ces réalités démontrent que le marché libre du capitalisme n’est pas capable à lui seul de régler les difficultés et que, bien au contraire, il peut, dans de nombreux cas, provoquer de graves dégâts aux pays
pauvres et accentuer le conflit entre le travail et le capital sur le plan mondial. Elles mettent en faillite les théories économiques ou les modèles de développement jusqu’ici en mode, vantés par les politiciens capitalistes et leurs experts comme optimaux.

La crise économique-financière et, dans son sillage, la crise énergétique, la crise alimentaire,
l’épuisement des ressources naturelles, la régression environnementale, entre autres, sont en
train de poser des défis monstrueux pour la survie et le développement de l’humanité. Ces défis
sont le résultat d’un processus de développement socio-économique au cours duquel le profit est
considéré comme l’objectif ultime, l’appropriation des richesses et la consommation croissante
des biens matériels comme critères de civilisation, les intérêts individuels comme pilier de la
société. Les crises en cours justifient encore une fois la non durabilité économique, sociale et
environnementale du mode de production et de consommation capitaliste. Selon plusieurs
analystes, ces crises ne pourront pas être résolues de manière radicale dans le cadre du
capitalisme.


Les mouvements de contestation sociale qui ont éclaté récemment dans plusieurs pays capitalistes
nous dévoilent la réelle nature des institutions politiques capitalistes. En réalité, les institutions
“démocratiques et libérales” que l’Occident s’est déployé à promouvoir et à imposer sur le reste
du monde ne garantissent pas du tout que le pouvoir soit dans les mains du peuple, par le
peuple et pour le peuple, quoique ceci est le facteur le plus caractérisant de la démocratie. En
réalité, ces institutions restent essentiellement tributaires d’une minorité riche et au service des
grands groupes capitalistes. Une toute petite minorité représentant à peine 1% de la population
mondiale s’est appropriée la majorité des richesses et des moyens de production. Détenteur des
trois quarts des ressources financières et des savoirs ainsi que des mass-médias les plus
importants, elle domine l’ensemble de la société. C’est la raison profonde qui a déclenché le
mouvement “99 contre 1” aux Etats-Unis en début de 2011, mouvement qui s’est ensuite élargi
dans de nombreux pays capitalistes. Le phénomène d’égalité des droits sans l’égalité de moyens
(d’exercice de ces droits) a conduit à ce que la démocratie reste purement formelle. Dans la vie
politique, le pouvoir du peuple sera accablé là où le pouvoir de l’argent domine. C’est pourquoi
dans les pays capitalistes développés, les élections dites “libres” et “démocratiques” qui peuvent
changer des gouvernements, ne peuvent pas changer les forces dominantes : derrière les
systèmes multipartites, c’est toujours la dictature des groupes capitalistes.


“Rien n’est plus précieux que l’Indépendance et la Liberté”


Nous avons besoin d’une société dans laquelle le développement doit être au service de l’homme,
et non pas une société basée sur la recherche du profit par l’exploitation de l’homme au
détriment de la dignité humaine. Nous avons besoin d’un développement économique qui va de
pair avec le progrès et l’équité sociale, et non pas un développement qui accentue l’écart de
richesse et les inégalités sociales. Nous avons besoin d’une société humaniste et solidaire qui
s’oriente vers les valeurs progressistes, et non pas une société régie par la concurrence
inéquitable, soumise à la loi du plus fort au profit d’une minorité d’individus et de groupes. Nous
avons besoin d’un développement durable et en harmonie avec la nature afin de préserver
l’environnement de vie sain pour les générations futures, et non pas un développement fondé sur
l’exploitation, l’appropriation des ressources naturelles, sur la consommation démesurée et la
destruction de l’environnement. Nous avons besoin d’un système politique dans lequel le pouvoir
est véritablement dans les mains du peuple, par le peuple et pour le peuple, et non pas pour une
minorité riche. Ces belles aspirations sont les véritables valeurs du socialisme vers lesquelles
notre feu Président Hô Chi Minh, notre Parti et notre peuple ont choisi de s’orienter.


Le peuple vietnamien a traversé une longue et difficile lutte révolutionnaire contre le joug
colonial et l’envahissement impérialiste pour protéger l’indépendance et la souveraineté sacrée
du pays, la liberté et le bonheur du peuple sous la devise “Rien n’est plus précieux que
l’Indépendance et la Liberté”.


L’indépendance nationale associée au socialisme constitue la ligne directrice fondamentale et
transversale de la révolution vietnamienne, l’élément essentiel de l’héritage idéologique du
Président Hô Chi Minh. Fort de ses expériences empiriques enrichies par la théorie
révolutionnaire et scientifique du marxisme-léninisme, Hô Chi Minh a tiré une conclusion
profonde et pertinente : seuls le socialisme et le communisme sont en mesure de résoudre de
manière radicale la question de l’indépendance nationale, d’apporter à tous les peuples, à toutes
les nations la liberté, la prospérité et le vrai bonheur.


Dès sa fondation et tout au long de sa lutte révolutionnaire, le Parti communiste du Vietnam
(PCV) affirme, avec persévérance, que le socialisme est le but et l’idéal du PCV et du peuple
vietnamien, que le choix du socialisme est une exigence objective et la voie évidente de la
révolution vietnamienne. En 1930, dans son Manifeste, le Parti communiste du Vietnam a
préconisé de mener une révolution nationale, démocratique, populaire sous la direction de la
classe ouvrière, d’avancer vers le socialisme sans passer par l’étape du capitalisme. A la fin du
20ème siècle, malgré l’effondrement d’un grand bloc du socialisme réel, la disparition du système
des pays socialistes, la crise et le déclin du mouvement socialiste, le Parti communiste du
Vietnam reste persévérant. “Notre Parti et notre peuple sont déterminés à construire le pays par
la voie du socialisme fondé sur le marxisme-léninisme et les pensées de Hô Chi Minh”. Lors du
XIe Congrès du Parti (janvier 2011), nous réaffirmons, dans le Manifeste amendé de 2011 sur
l’édification du pays en transition vers le socialisme, que “le socialisme est l’aspiration de notre
peuple, le choix judicieux du Parti communiste du Vietnam et du Président Hô Chi Minh, en
compatibilité avec la tendance de l’histoire”.


Mais, qu’est-ce qu’il faut entendre par socialisme ? Que faire pour y parvenir ? Ce sont des
questions sur lesquelles nous ne cessons de réfléchir afin de perfectionner progressivement
notre ligne politique, notre vision et les modalités de mise en œuvre en adéquation avec, d’une
part, les règles générales et, d’autre part, les spécificités du Vietnam. Fort de sa réflexion
théorique et des renseignements tirés de la pratique du Dôi-Moi (Renouveau), le Parti communiste du Vietnam est progressivement parvenu à une vision plus juste et plus approfondie du socialisme et de la
période transitoire vers le socialisme. Il a en effet réajusté quelques-unes de ses conceptions
simplistes, à savoir : confusion entre finalité du socialisme et objectif immédiat, appréhension
incomplète des questions relatives aux rapports de production et au régime de redistribution
égalitaire en perdant la vue sur le besoin de développement des forces productives en période
transitoire, rejet d’une économie à plusieurs composantes, assimilation de l’économie de marché
au capitalisme ou de l’État de droit à l’État capitaliste, entre autres.


À présent, même si certaines questions nécessitent des réflexions supplémentaires et
approfondies, nous sommes arrivés à la vision générale suivante : La société socialiste que le
peuple vietnamien se déploie à construire est une société dans laquelle le peuple est maître, la
population est prospère, le pays est puissant, démocratique, équitable et avancé. Elle se
distingue par une économie au niveau de développement élevé, basée sur les forces de
production modernes et les rapports de production progressistes et adaptés, une culture avancée
et imprégnée d’identité nationale. Il s’agit d’une société de la liberté, de la prospérité et du
bonheur dans laquelle les conditions requises sont réunies pour l’épanouissement de tous, les
groupes ethniques cohabitent dans la solidarité, le respect mutuel et l’entraide pour le
développement. Elle se distingue encore par un État de droit socialiste du peuple, par le peuple,
pour le peuple, placé sous la direction du Parti communiste, qui entretient des relations d’amitié
et de coopération avec les pays du monde entier.


Accélérer l’industrialisation et la modernisation du pays


Pour parvenir à ces finalités, nous devons accélérer l’industrialisation et la modernisation du pays
en parallèle avec le développement de l’économie du savoir ; développer une économie de
marché à orientation socialiste ; édifier une culture avancée imprégnée d’identité nationale ;
améliorer le niveau de vie de la population ; assurer le progrès et l’équité sociaux ; garantir la
défense et la sécurité nationales ainsi que l’ordre social ; mettre en œuvre une politique
étrangère dont les mots d’ordre sont l’indépendance, l’autonomie, la multilatéralisation et la
diversification des relations, la paix, l’amitié, la coopération, le développement, l’intégration
internationale proactive et active ; construire une démocratie socialiste ; faire valoir la volonté et
les forces du grand bloc de solidarité du peuple entier en combinaison avec les forces de notre
temps ; édifier un État de droit socialiste du peuple, par le peuple, pour le peuple ; bâtir le Parti
et un système politique purifiés et puissants.


Plus il est impliqué dans la pratique, plus notre Parti se rend compte que la transition vers le
socialisme est longue, difficile et compliquée, car ce processus doit permettre de réaliser des
transformations profondes et qualitatives dans tous les secteurs de la vie sociale. N’oublions pas
que le point de départ du Vietnam est très bas : une économie agricole arriérée ayant de faibles
capacités de production, un pays sortant de plusieurs décennies de guerre aux lourdes
conséquences et devant faire face à des actes de sabotage des forces hostiles. Sa transition vers
le socialisme doit donc être nécessairement longue et échelonnée en nombreuses étapes, avec la
coexistence de différentes modes d’organisation économique et sociale, la lutte entre les
éléments anciens et les éléments nouveaux. C’est pourquoi notre devise de « se passer du
régime capitaliste » doit être comprise comme la volonté de renoncer à un régime d’oppression,
d’injustice et d’exploitation capitaliste, tout comme aux vices et aux institutions politiques
inappropriées au régime socialiste. Elle n’implique en aucun cas le rejet des progrès et des
valeurs de civilisation que l’humanité a acquis au cours de la période de développement du
capitalisme. Bien évidemment, l’assimilation de ces acquis doit être sélective sur la base des
critères scientifiques et progressistes.


L’introduction du concept de l’économie de marché à orientation socialiste constitue une percée
théorique fondamentale et créative de notre Parti, un acquis théorique important obtenu après
35 ans de réalisation du Dôi-Moi, bâti sur les réalités vietnamiennes et la réception sélective des
expériences internationales. Dans notre perception, l’économie de marché à orientation socialiste
est une économie de marché moderne, ouverte au monde, une économie qui fonctionne
pleinement et harmonieusement selon les lois du marché tout en étant placée sous
l’administration de l’État de droit socialiste et la direction du PCV, en suivant l’orientation
socialiste et visant l’objectif final de rendre le peuple prospère, le pays puissant, la société
équitable, démocratique et avancée. C’est un nouveau modèle dans l’histoire de développement
de l’économie de marché. Il s’agit d’un mode d’organisation économique qui reste soumis aux
lois de marché mais qui est dirigé et régi par les principes et la nature du socialisme, ce qui se
traduit dans trois aspects : propriété, organisation – gestion et distribution. Il ne s’agit pas d’une
économie de marché capitaliste ni d’une économie de marché socialiste à part entière (car notre
pays est encore en période de transition).


L’économie de marché à orientation socialiste est caractérisée par la pluralité de formes de
propriété et de composantes économiques. Les différentes composantes économiques régies par
la loi coexistent sur le même pied d’égalité, coopèrent et se concurrencent loyalement. Parmi
elles, le secteur public joue un rôle de première importance ; le secteur collectif et le secteur
coopératif ne cessent de se consolider et de se développer ; le secteur privé est un moteur
important de l’économie ; le secteur à capital étranger est encouragé à se développer en
adéquation avec les stratégies et plans de développement socio-économique. Les rapports de
distribution garantissent l’équité et créent des impulsions au développement. La distribution se
base en grande partie sur la performance, l’efficacité économique et le niveau d’apport en capital
et en nature. La distribution s’effectue par le biais du système de sécurité sociale. L’État exerce
ses fonctions de gérer l’économie par application des lois, stratégies, schémas directeurs, plans,
politiques ainsi que les forces matérielles, ce pour orienter, réguler et promouvoir le
développement socio-économique.


Une caractéristique fondamentale, un attribut important de l’orientation socialiste dans l’économie
de marché au Vietnam consiste en la nécessité d’associer l’économie à la société, de rendre la
politique économique cohérente avec la politique sociale, de faire rimer la croissance économique
avec la réalisation du progrès et de l’équité sociaux dans chaque démarche, dans chaque politique
et tout au long du processus de développement. Cela signifie qu’il ne faut pas attendre un
quelconque niveau de développement économique avant de réaliser les progrès et l’équité sociaux.
Il ne faut surtout pas “sacrifier” le progrès et l’équité sociaux au profit du développement purement
et simplement économique. Bien au contraire, chaque politique économique doit viser des objectifs
de développement social ; chaque politique sociale doit viser la création de force motrice pour la
croissance économique. Encourager l’enrichissement légal doit aller de pair avec l’élimination de la
faim, la réduction durable de la pauvreté et la prise en charge des personnes ayant des mérites ou
les plus vulnérables. Il s’agit d’une exigence de principe pour assurer un développement sain,
durable et orienté vers le socialisme. Nous considérons la culture comme le fondement moral de la
société, la force endogène, le moteur du développement national et de la défense nationale.
Assurer une harmonie entre le développement culturel, la croissance économique et le progrès
social constitue une orientation fondamentale du processus de construction du socialisme au
Vietnam. La culture que nous édifierons est une culture avancée et imprégnée d’identité nationale,
une culture garantissant l’unité dans la diversité, une culture basée sur des valeurs progressistes
et humanistes. Le marxisme-léninisme et la pensée de Hô Chi Minh jouent un rôle dominant dans
la vie morale de la société. De belles valeurs traditionnelles des ethnies du pays sont préservées et
revalorisées. Les réalisations et la quintessence de la culture de l’humanité sont retenues. Nous
nous efforçons ainsi de construire une société civilisée et moderne dans laquelle les intérêts
légitimes des citoyens et la dignité humaine sont préservés, le niveau de connaissances, les
qualités morales, physique, esthétique de la population ne cessent de se rehausser. Nous
préconisons que l’être humain, placé au centre de toute stratégie de développement, doit être à la
fois la finalité et le moteur du renouveau. Ainsi, le développement de l’éducation, de la formation
et de la science et technologie constitue une politique nationale de première importance. La
protection de l’environnement est l’une des questions vitales, un critère de développement durable.
L’édification des familles heureuses, progressistes en tant que cellules saines et solides de la
société, la réalisation de l’égalité des sexes sont les critères d’évaluation du progrès et de la
civilisation.


Le rôle de maître du peuple


La société socialiste s’oriente vers des valeurs progressistes et humanistes. Elle est fondée sur
les intérêts communs que partage la société toute entière, en parfaite harmonie avec les intérêts
légitimes des hommes. Sur le fond, elle se distingue des sociétés concurrentielles dans
lesquelles les individus et les clans se battent pour leurs propres intérêts. Il convient par
conséquence de réunir les conditions nécessaires pour obtenir le consensus social à la place de
l’opposition et de l’antagonisme sociaux. En régime socialiste, les relations tissées entre le Parti,
l’État et le peuple sont celles établies entre les acteurs qui s’entendent sur les objectifs et
intérêts. En effet, toutes les lignes du Parti, les politiques, les lois de l’État sont élaborées au
service du peuple. Le bonheur du peuple se trouve au cœur des préoccupations. Le modèle
politique et le mécanisme de fonctionnement se fondent sur la direction par le Parti, la gestion
par l’État et le rôle de maître exercé par le peuple. La nature du socialisme réside dans l’exercice
de la démocratie. Cette dernière est à la fois l’objectif et la motivation du socialisme.


L’établissement de la démocratie socialiste et la garantie du pouvoir réel du peuple constituent la
tâche d’importance vitale et de longue haleine de la révolution vietnamienne.

Le Vietnam préconise de promouvoir la démocratie, de bâtir l’État de droit socialiste du peuple,
pour le peuple et par le peuple sur la base de la coalition entre ouvriers, agriculteurs et
intellectuels sous la direction du Parti communiste du Vietnam. L’État est mandataire du droit de
maître exercé par le peuple. Il revient à l’État de mettre en œuvre les lignes directrices fixées par
le Parti. Il se charge de mettre en place des dispositifs permettant au peuple d’exercer lui-même
la démocratie directe et la démocratie représentative dans tous les aspects de la vie sociale et de
participer à la gestion de la société. Nous sommes conscients que l’État de droit socialiste se
différencie, en nature, de l’État de droit capitaliste en ceci : la prééminence du droit en régime
capitaliste constitue en réalité un outil de protection au service des intérêts de la classe
bourgeoise, alors qu’elle est, en régime socialiste, un instrument par lequel le peuple s’exprime
et exerce son droit de maître. Les intérêts de la grande majorité des habitants sont ainsi garantis
et protégés. Par l’application du droit, l’État assure les conditions requises dans lesquelles le
peuple est détenteur du pouvoir politique ; il exerce son autorité dictatoriale contre tout acte de
violation aux intérêts de la Nation et du peuple. Par ailleurs, nous préconisons que la grande
solidarité du peuple entier constitue la force et le facteur décisif pour garantir la réussite de la
révolution vietnamienne. Nous travaillons inlassablement pour promouvoir l’égalité et la
solidarité entre nations et religions.


Conscients que la direction du Parti Communiste est le facteur décisif pour le succès de l’œuvre
de Dôi-Moi et le garde-fou de l’orientation socialiste, nous accordons une attention particulière à
la construction et à la rectification du Parti en considérant ce travail comme mission essentielle et
vitale pour le Parti et le régime socialiste. Le Parti communiste du Vietnam est l’avant-garde de
la classe ouvrière vietnamienne. Sa fondation, son existence et son développement sont au
service de la classe ouvrière, des travailleurs et de toute la nation. Lorsque le Parti est arrivé au
pouvoir et prend la direction de la nation, tout le peuple l’a reconnu comme étant l’avant-garde
de la classe ouvrière et en même temps celui des paysans et de tout le peuple vietnamien. Ceci
ne veut pas dire que nous sous-estimons la nature du Parti en tant que représentant de la classe
ouvrière mais implique au contraire une prise de conscience plus complète sur cette nature, car
la classe ouvrière partage les mêmes intérêts avec la classe paysanne et le peuple entier.


Les grandes réalisations des 35 années de Dôi Moi

Notre parti s’appuie avec persévérance sur le marxisme-léninisme et la pensée Hô Chi Minh en
les prenant pour fondements idéologiques et boussole dans l’action révolutionnaire. Le
centralisme démocratique est son principe d’organisation. Le Parti exerce son rôle de direction
par l’élaboration de manifestes, stratégies, orientations d’encadrement des politiques et lignes
directrices. La direction se traduit également par la sensibilisation, la persuasion, le contrôle et la
supervision et notamment par l’exemplarité des adhérents du Pari. Conscient des risques de
corruption, de bureaucratie et de dégénérescence morale, surtout dans le contexte de l’économie
de marché, le Parti communiste du Vietnam s’est imposé comme impératif le renouveau, le
réajustement, la lutte contre l’opportunisme, l’individualisme, la corruption, la bureaucratie, le
gaspillage, la dégénérescence morale… au sein du Parti et dans tout le système politique.
La mise en œuvre de la politique du Renouveau, notamment le développement de l’économie de
marché à orientation socialiste a apporté de grandes réalisations ces 35 dernières années.
Avant le Dôi Moi (1986), le Vietnam était un pays pauvre, ravagé par les guerres causant de
grandes conséquences et pertes humaines, matérielles et environnementales. À titre d’exemple,
on compte aujourd’hui encore des millions de personnes souffrant de maladies graves et des
centaines de milliers d’enfants souffrant des malformations congénitales dues à l’impact de
l’agent orange/dioxine répandu par l’armée américaine au Vietnam pendant la guerre. Selon les
experts, il faudra plus de 100 ans pour le déminage des territoires du Vietnam. Après la guerre,
les États-Unis et l’Occident ont imposé, pendant près de 20 ans, l’embargo économique à
l’encontre du Vietnam. La situation régionale et internationale a connu de grandes mutations qui
nous étaient défavorables. L’alimentation et les produits de première nécessité étaient en sévère
carence. La vie des habitants était tellement difficile. Les trois quarts de la population
vietnamienne vivaient sous le seuil de la pauvreté.


Le Dôi Moi mis en œuvre, l’économie vietnamienne a commencé à se développer de manière
constante à un rythme soutenu d’environ 7% par an au cours des 35 dernières années. Le PIB, en
croissance continue, a atteint 342,7 milliards de dollars en 2020 et a fait du Vietnam la 4ème
grande économie de l’ASEAN. Le revenu moyen par habitant s’est multiplié par 17 pour
s’établir à 3 512 dollars par an. Le Vietnam est sorti en 2008 du groupe des pays à faible revenu.
De la carence alimentaire chronique, le Vietnam est arrivé à assurer non seulement sa sécurité
alimentaire, mais aussi à exporter, au premier rang mondial, le riz et les produits agricoles.
L’industrie du Vietnam a connu un développement soutenu. Les secteurs secondaire et tertiaire
sont en forte croissance et représentent désormais environ 85% du PIB. Le volume des échanges
commerciaux a fortement augmenté pour atteindre 540 milliards de dollar en 2020, dont les
exportations s’affichaient à 280 milliards de dollars. La réserve des devises s’est établie à 100
milliards de dollars en 2020. Le montant enregistré des investissements étrangers a atteint 395
milliards de dollar fin 2020. Sous l’angle de l’apport des secteurs économiques, le PIB est
composé respectivement de 27% du secteur public, 4% du secteur collectif, 30% des
entreprises familiales, 10% du secteur privé domestique et 20% du secteur à investissement
étranger.


Actuellement, le Vietnam compte plus de 97 millions d’habitants regroupant 54 ethnies. Soixante
pour cent de la population vivent à la campagne. Le développement économique a fait sortir le
pays de la crise socio-économique des années 1980. Le niveau de vie des habitants s’est
considérablement amélioré. D’une réduction annuelle de 1,5%, le taux moyen de pauvreté est
passé de 58% en 1993 à 5,8% en 2016 si l’on se réfère au seuil de pauvreté déterminé par le
gouvernement et à moins de 3% en 2020 si l’on applique le seuil de pauvreté
multidimensionnelle (critères d’évaluation plus élevés). A présent, plus de 60% de communes
ont atteint les normes de la nouvelle ruralité. La quasi-totalité des communes rurales sont
équipées de voix carrossables, alimentées par des réseaux électriques, des écoles primaires et
secondaires, des centres de santé et de connexion téléphonique. Lorsque les conditions ne sont
pas réunies pour permettre la gratuité des écoles de tous niveaux, le Vietnam a concentré ses
efforts à éradiquer l’analphabétisme, à rendre universels l’enseignement primaire en 2000 et
l’enseignement secondaire en 2010. Le nombre d’étudiants des établissements supérieurs (au
niveau bac +3 et bac +4) a augmenté de près de 17 fois au cours des 35 dernières années.
Actuellement, 95% des adultes au Vietnam maîtrisent la lecture et l’écriture. L’accès gratuit aux
soins de santé pour tous n’est pas acquis pour l’instant, mais le Vietnam concentre ses efforts
dans le système de santé préventive, la lutte contre les épidémies et l’aide réservée aux plus
vulnérables. De nombreuses maladies autrefois courantes ont été jugulées. Les pauvres, les
enfants de moins de 6 ans et les personnes âgées sont couverts par l’assurance maladie gratuite.
Les taux de malnutrition infantile et de mortalité infantile sont divisés par trois. L’espérance de
vie est passée de 62 ans en 1990 à 73,7 ans en 2020. Les réalisations économiques nous
permettent de mieux prendre en charge les personnes ayant le mérite et les mères héroïnes
(mères des soldats morts pour la Patrie – note du traducteur) et de prendre soin des tombeaux
des soldats morts pour la Patrie. La vie culturelle s’est considérablement améliorée, enrichie et
diversifiée. La connexion à l’Internet de 70% de la population a fait du Vietnam l’un des pays les
plus développés en technologies de l’information sur le plan mondial. L’Organisation des Nations
Unies a reconnu que le Vietnam figure parmi les premiers pays qui ont atteint les objectifs du
Millénaire pour le développement. Avec l’indice de développement humain de 0,704 en 2019, le
Vietnam fait partie du groupe des pays dont l’IDH est le plus élevé du monde, notamment en
comparaison avec les pays au même niveau de développement.


Il est ainsi possible d’affirmer que la mise en œuvre de la politique du Dôi-Moi a entraîné des
changements remarquables, profonds et très positifs au Vietnam : l’économie s’est développée ;
la force de production a été renforcée ; la pauvreté et la famine ont été réduites de manière
rapide et continue ; la vie des vietnamiens s’est améliorée ; de nombreux problèmes sociaux ont
été résolus ; la stabilité politique et sociale, la défense et la sécurité nationales sont assurées ;
les relations extérieures et l’intégration internationale se sont renforcées ; la position et la force
de la nation se sont consolidées ; la confiance du peuple en la direction du Parti est solidement
enracinée. Le Xe Congrès du Parti (2006), en passant en revue les 20 années de renouveau, a
souligné que l’œuvre de renouveau avait remporté “de grandes réalisations d’importance
historique”. En effet, à bien des égards, le peuple vietnamien d’aujourd’hui jouit de conditions de
vie meilleures qu’à tout moment dans le passé. C’est l’une des raisons pour lesquelles la politique
de Dôi Moi, initiée et dirigée par le Parti communiste du Vietnam, a été joyeusement reçue et
appliquée par l’ensemble du peuple vietnamien. Les réalisations du Dôi Moi au Vietnam ont
prouvé que le développement à orientation socialiste non seulement permet des impacts
économiques positifs, mais résout également les problèmes sociaux beaucoup mieux que dans
les pays capitalistes du même niveau de développement économique.


Les résultats et réalisations particuliers obtenus par le Vietnam dans le contexte de la pandémie
de COVID-19 et de la récession économique mondiale qui a débuté dès les premiers jours de
2020 ont été reconnus et appréciés par les peuples et les amis internationaux. Ils traduisent la
supériorité du régime socialiste dans notre pays. Récemment, le XIIIe Congrès national du Parti
a de nouveau affirmé et souligné qu’après 35 ans de mise en œuvre de la politique du renouveau
et 30 ans de réalisation du Manifeste sur la construction du pays pendant la période de transition
vers le socialisme, la théorie sur le renouveau, sur le socialisme et sur le chemin du socialisme
est de plus en plus perfectionnée et progressivement concrétisée. Nous avons obtenu de grandes
réalisations de signification historique et connu un développement plus fort et plus global par
rapport aux années d’avant Dôi Moi. En toute modestie, nous pouvons encore affirmer que :
Notre pays n’a jamais possédé un héritage aussi solide, des potentiels aussi grands et le prestige
international aussi élevé qu’aujourd’hui. En fait, ces réalisations sont le produit de la
cristallisation des idées créatives et l’aboutissement des efforts inlassables, persistants et
continus de l’ensemble du Parti, du peuple et de l’armée. Cela permet d’affirmer que notre
chemin vers le socialisme est correct, conforme aux lois objectives, à la réalité du Vietnam et à la
tendance de développement de l’époque ; que la politique du renouveau de notre Parti est
correcte et créative ; que la direction du Parti est le principal facteur déterminant toutes les
victoires de la révolution vietnamienne. Le programme politique du Parti continue d’être la
bannière idéologique et théorique qui conduit notre nation à poursuivre de manière soutenable sa
cause du renouveau intégral et synchrone. Il constitue également le fondement qui permet à
notre Parti de parfaire la ligne directrice de construction et de défense de la patrie socialiste du
Vietnam dans la nouvelle période ” (Document du XIIIe Congrès national, Volume I, Maison
d’édition Politique nationale et Vérité, Hanoï, 2021, pages 25 – 26).


Défis à relever


Malgré ces réalisations, il nous reste également des lacunes et limites ainsi que de nouveaux
défis à relever dans le processus de développement du pays. Sur le plan économique, la qualité de la croissance et la compétitivité sont encore faibles et insoutenables ; le système d’infrastructures demeure disparate ; l’efficacité et la productivité de nombreuses entreprises, y compris les entreprises publiques, sont encore limitées ;l’environnement est pollué dans de nombreux endroits ; la gestion et la régulation du marché montrent les insuffisances. En même temps, la concurrence s’avère de plus en plus féroce dans
le contexte de la mondialisation et de l’intégration internationale.


Sur le plan social, l’écart entre les riches et les pauvres augmente ; la qualité de l’éducation, des
soins médicaux et de nombreux autres services publics laisse encore à désirer ; la culture, l’éthique
sociale se sont dégradées ; la criminalité et les maux sociaux connaissent des évolutions
complexes. En particulier, la corruption, le gaspillage et la déchéance idéologique, politique et
morale sont toujours observés chez une partie des cadres et des membres du Parti. En même
temps, les forces hostiles cherchent toujours tous les moyens d’intervenir, de saboter, de
déstabiliser et de mener le complot de “l’évolution pacifique” pour abolir le socialisme au Vietnam.
Notre parti est pleinement conscient que le Vietnam se trouve actuellement en transition vers le
socialisme. Pendant ce temps, des facteurs socialistes se sont formés, établis et développés, en
concurrence avec des facteurs non socialistes, y compris des facteurs capitalistes dans un certain
nombre de domaines. Cette concurrence s’avère d’autant plus compliquée et drastique que le
Vietnam a adopté le développement de l’économie de marché, la politique d’ouverture et
d’intégration internationale. Malgré les réalisations remarquables, il existe toujours des aspects
négatifs et des défis qui doivent être considérés avec sobriété et traités de manière opportune et
efficace. Il s’agit là d’une lutte vraiment dure et difficile, exigeant une nouvelle vision, une
nouvelle bravoure et une nouvelle créativité. L’engagement dans la voie du socialisme implique
un processus de consolidation, de valorisation et de promotion constants des facteurs socialistes
afin que ces derniers deviennent de plus en plus dominants et triomphants. Le succès ou l’échec
dépend avant tout de la justesse de la ligne de direction, de la bravoure politique, de la capacité
de leadership et de la combativité du parti.


Aujourd’hui, le Vietnam continue de renouveler son modèle de croissance, de restructurer son
économie avec l’accent mis sur la qualité, la durabilité et les trois percées suivantes : le
perfectionnement des institutions, surtout de celles de l’économie de marché à orientation
socialiste ; le développement des ressources humaines, surtout de la main d’œuvre à haute
qualification ; la modernisation des infrastructures économiques et sociales (Documents du XIIIe
Congrès, volume 2, pp. 337 – 338). En ce qui concerne les affaires sociales, le Vietnam continue
d’accélérer la réduction durable de la pauvreté, d’améliorer la qualité des soins de santé, de
l’éducation et d’autres services publics et d’enrichir la vie culturelle de la population. De plus,
l’ensemble du Parti, le peuple tout entier et les forces armées font de leur mieux pour étudier et
suivre la pensée, la moralité et le style d’Hô Chi Minh avec la détermination de prévenir et de
lutter contre la détérioration de l’idéologie politique, de la moralité et du style de vie d’une partie
des cadres et des membres du Parti, surtout des dirigeants et des gestionnaires à tous les
niveaux, pour mieux mettre en œuvre les principes d’organisation et de construction du Parti,
afin de rendre l’organisation du Parti et l’appareil d’État de plus en plus transparents,
performants et de maintenir la nature révolutionnaire, d’améliorer la capacité de direction et la
combativité du Parti.


La théorie ainsi que la pratique montrent que la construction du socialisme crée un type de
société qualitativement nouveau, ce qui n’est en aucun cas simple et facile. C’est une grande
cause créative, pleine de défis et difficultés, une cause volontaire, continue et à long terme qui
dit non à la précipitation. Par conséquent, en plus de déterminer les bonnes lignes directrices et
les bonnes directions, d’assurer le rôle de leadership du Parti, il est nécessaire de promouvoir
l’esprit créatif, le soutien et la participation active du peuple. Le peuple accepte, soutient et
rejoint avec enthousiasme les politiques du Parti quand celles-ci répondent à ses exigences et
aspirations. La force du peuple, c’est l’origine de toute victoire et du développement.
De l’autre côté, le PCV, étant le parti au pouvoir, dans sa prise de décisions, doit non seulement
partir de la réalité du pays et de son peuple, mais également étudier les expériences
internationales. Dans le monde globalisé d’aujourd’hui, le développement de chaque État-nation
ne peut pas être isolé ni rester à l’écart des impacts du monde, des conjonctures extérieures. Par
conséquent, nous devons nous engager dans une intégration internationale proactive et mettre
en œuvre une politique étrangère d’indépendance, d’autonomie, de paix, de coopération et de
développement, de multilatéralisation et de diversification des relations internationales sur la
base du respect de l’indépendance, de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’égalité et du
bénéfice mutuel et du principe de non-ingérence dans les affaires d’autres pays.
Finalement, il est crucial de nous tenir toujours ferme et persistant en nous basant sur le
fondement théorique du marxisme-léninisme – la doctrine scientifique et révolutionnaire de la
classe ouvrière et laborieuse. La nature scientifique et révolutionnaire radicale du marxisme-léninisme et de la pensée Hô Chi Minh constitue des valeurs durables qui ont été adoptées et
mises en œuvre par les révolutionnaires. Elle continuera à se développer et à vivre dans la
pratique révolutionnaire ainsi que dans l’ère de développement scientifique. Nous devons
apprendre et compléter de manière sélective les dernières réalisations en matière de pensée et
de science dans l’esprit de critique et de créativité afin que nos doctrines et théories soient
toujours mises à jour, prennent de nouveaux souffles du temps et s’éloignent de l’arriération par
rapport à la vie courante.”

COMMENTAIRES DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ASSOCIATION D’AMITIÉ FRANCO-VIETNAMIENNE
01/07/2021


https ://www.lecourrier.vn
Le secrétaire général de l’AAFV apprécie les pensées de Nguyên Phu Trong.
Lors d’une interview accordée à l’Agence Vietnamienne d’Information, Jean-Pierre Archambault,
secrétaire général de l’Association d’amitié franco-vietnamienne (AAFV), a qualifié
d'”intéressantes” les analyses du secrétaire général du Parti communiste du Vietnam (PCV),
Nguyên Phu Trong, concernant la voie de développement du pays vers le socialisme.
Parmi les multiples questions théoriques et pratiques abordées par le chef du PCV, Nguyên Phu
Trong, dans son article intitulé “Certaines questions théoriques et pratiques du socialisme et du
chemin vers le socialisme au Vietnam”, le secrétaire général de l’AAFV, Jean-Pierre Archambault,
s’est intéressé notamment à trois contenus sur “l’indépendance nationale et le socialisme”, “le
non au capitalisme” et “l’économie de marché à orientation socialiste”.
D’après lui, ces trois contenus indiquent le choix qui vient de loin et qui s’inscrit dans la
continuité du XXe siècle. À ses dires, s’il y a des capitalistes au Vietnam, ce ne sont pas eux, ou
leurs serviteurs, qui dirigent le pays selon leurs intérêts. La différence est de taille même si
certains l’escamotent dans des débats qu’ils veulent confus. Économie et société, politique
économique et politique sociale, croissance économique et progrès et équité sociale doivent aller
de pair.
Cela ne va pas sans contradictions, bien sûr. Ainsi, par exemple, encourager l’enrichissement
légal doit coexister avec l’élimination de la faim et la réduction durable de la pauvreté. C’est à
l’État, au Parti et à la population d’y veiller activement.


Réalisations et défis


S’agissant des acquis du Vietnam dans son œuvre de Dôi Moi (Renouveau), Jean-Pierre
Archambault les a qualifiés de “considérables” en citant une série de chiffres parlants : forte
croissance économique depuis dix ans (6-7%/an), faible inflation (0,6% en 2015 par exemple),
baisse du taux de chômage (2,5% en 2017), recul significatif de la pauvreté (de 58% de la
population en 1993 à 5% en 2015), revenu/habitant/an multiplié par 11 de 1986 à 2017 (2.300
USD).
En particulier, en 2010, le Vietnam a quitté le groupe des pays les plus défavorisés pour intégrer
celui des pays à revenu intermédiaire (2.100 USD par habitant et par an).
Selon lui, ces résultats sont “remarquables”, d’autant plus que le passé pèse encore : la
colonisation puis les deux guerres après la fondation de la République démocratique du Vietnam
en 1945. Après la réunification nationale en 1975, la reconstruction d’un pays s’est faite dans le
contexte ô combien difficile de l’embargo économique odieux et criminel des États-Unis et des
pays occidentaux.
Même maintenant, près d’un demi-siècle après la fin de la guerre du Vietnam, l’agent
orange/dioxine tue encore. Il y a quatre millions de personnes contaminées. Et le combat
continue pour que justice soit rendue à Trân Tô Nga, qui a intenté un procès contre les firmes
chimiques américaines qui avaient fourni ce poison à l’armée américaine pour ses épandages,
ainsi qu’à toutes les victimes de l’agent orange/dioxine, a-t-il ajouté.
Cependant, d’après Jean-Pierre Archambault, malgré ses progrès remarquables, le Vietnam doit
faire face à de nombreux défis comme : amélioration de la productivité et de la compétitivité des
entreprises, lutte contre le développement inégal entre villes et campagnes, détermination dans
une perspective de développement durable, éradication des fléaux tels que la corruption et les
inégalités entre riches et pauvres, changement climatique et montée des eaux… Donc, dans le
temps à venir, le pays devra prêter attention à ses atouts dans les domaines comme
informatique, intelligence artificielle, formation professionnelle et santé.
Cette dernière décennie, le Vietnam a continuellement enregistré une croissance économique de
6-7% par an.


Un exemple d’intégration internationale


Appréciant les succès du Vietnam dans son intégration internationale, Jean-Pierre Archambault a
affirmé que “c’était une forte volonté politique de sa part que l’on comprend très bien dans le
contexte de la fin du XXe siècle”.
Le Vietnam entretient des relations diplomatiques avec près de 200 pays. Il commerce avec plus
de 200 pays et territoires, et sa balance commerciale est excédentaire. Il a signé des
partenariats stratégiques avec 17 pays dont la France.
Le Vietnam est le seul pays d’Asie du Sud-Est et l’un des rares au monde à les avoir établis avec
les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Il joue un rôle actif au
sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et du Forum de coopération
économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) qui regroupe 21 pays.
Le Vietnam est l’une des économies les plus dynamiques de la région, et s’affirme comme une
des forces motrices principales pour l’économie mondiale, a-t-il rappelé.
Pour Jean-Pierre Archambault, l’élection du pays au Conseil de sécurité pour la mandature 2020-
2021 “illustre parfaitement la place et le rôle du Vietnam dans l’arène internationale” et le
nombre record de voix (192/193) obtenu par ce pays “traduit la confiance manifestée par la
communauté internationale à l’égard de sa politique extérieure”.
Le secrétaire général de l’AAFV est ravi de voir se développer les relations entre la France et le
Vietnam, “une histoire ancienne, contradictoire” d’après lui. Pour illustration, il a cité les paroles
de Nguyên An Ninh (1900-1943), un intellectuel patriote vietnamien : “L’oppression nous vient
de France, mais l’esprit de libération aussi”.
Il y a eu la solidarité, le soutien politique et matériel, ainsi que l’amitié pendant la colonisation, la
guerre d’Indochine, la guerre du Vietnam, le pays ayant remporté deux victoires historiques au
prix de souffrances inouïes. Le Président Hô Chi Minh appela toujours à distinguer le peuple français et les colons. Mais ce ne fut pas toujours chose simple car le poison du colonialisme était présent chez un certain nombre de nos compatriotes. Puis ce fut l’embargo des États-Unis et des pays occidentaux jusqu’en
1994, la reconstruction et le développement, a-t-il déclaré.
En conclusion, Jean-Pierre Archambault a affirmé que les temps avaient changé. “Des initiatives
font vivre la francophonie. Les assises de la coopération décentralisée ont lieu tous les deux ans,
en alternance dans les deux pays. La France et le Vietnam ont conclu un partenariat stratégique.
Les échanges universitaires se poursuivent. La coopération en matière de santé, qui est depuis
toujours le point fort des liens entre les deux pays, ne se dément pas. De l’avis général, les
relations sont bonnes. Mais elles pourraient donner lieu à de meilleurs résultats, d’abord sur le
plan économique”.
Propos recueillis par Nguyên Thu Hà/CVN

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