Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Une clé pour comprendre la contre-offensive de l’empire par Atilio A. Boron

Atilio Jesus Alberto Borón (Buenos Aires, 1 de julio de 1943) est un sociologue, politologue, universitaire et écrivain argentin très célèbre en Amérique latine qui dans cet article insiste sur l’évolution de l’impérialisme face à la montée de la Chine mais aussi de nouveaux rapports sud-sud comme des alliances multipolaires. En 2004, grâce à un rapport de Fidel Castro de 1983, j’envisageais déjà dans Les États-Unis de mal empire (1), le rôle que jouerait la Chine dans de nouveaux rapports sud-sud et le fait que les États-Unis et leurs vassaux européens en particulier se retrouveraient de plus en plus en porte à faux dans l’acceptation de l’incroyable abomination qu’est la politique USA. Les temps ont changé depuis l’échec du Vietnam, le repliement sur des bases dans lesquelles on installe des dictatures dont fait état l’article. Nous Français, sommes encore, comme l’explique le sociologue Atilio Boron drogués par nos médias à cette acceptation des blocus, sanctions au point d’être paralysés dans l’action contre cette ignominie. Mais aussi drogués à la peur de ce que représente la Chine, mentalité de petits blancs prêts à accepter le trumpisme fascisant ou la complicité des “démocrates” (2). (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

27 juillet 2021 | Uncategorized | 0 Commentaires

Beaucoup de gens drogués par les « moyens de désinformation » de masse, ou par le « sicariat médiatique » (parce que ces organisations avec leurs fausses nouvelles, leurs armures et leurs dissimulations d’informations sont aussi meurtrières que les troupes des cartels de la drogue) expriment leur résignation, dans certains cas leur surprise, face à la recrudescence du blocus décrété par le gouvernement américain contre Cuba (ainsi que le Venezuela et le Nicaragua).

Les ambitions de domination de Washington sur les terres au sud de la rivière Bravo sont archi-connues. Comme l’a dit le président mexicain López Obrador dans son discours du 24 juillet dernier (à l’occasion du 238e anniversaire de la naissance de Simon Bolivar), « la politique des deux derniers siècles, caractérisée par des invasions pour mettre ou enlever des dirigeants selon la volonté de la superpuissance, est actuellement inacceptable; nous devons dire adieu aux impositions, aux ingérences, aux sanctions, aux exclusions et aux blocus. » En effet, « l’inertie historique » conduit à l’interventionnisme, aux déstabilisations de gouvernements respectables et aux blocus génocidaires, violant les préceptes les plus sacrés de la légalité internationale. Et un secteur important de l’opinion publique a ingurgité, digéré cette monstruosité et n’y réagit plus.

Que la dénonciation courageuse de López Obrador les fasse prendre conscience du caractère aberrant de la doctrine Monroe ancienne ou nouvelle mouture.

Mais il y a d’autres raisons, plus nouvelles qui expliquent la contre-offensive américaine.

Je vais pour l’instant simplement en souligner une : la direction de l’empire, ce que certains appellent « l’État profond », s’est rendu compte que l’Amérique a déjà cessé d’être la première économie du monde. Il peut encore, selon certains paramètres, être un peu plus grand que la Chine, mais dans quelques années, selon les rapports de l’OCDE, le géant asiatique dépassera largement l’économie américaine.

Mais ce n’est pas le principal problème : oui, le fait qui les inquiète est que la Chine est devenue le premier partenaire commercial de la grande majorité des pays de la planète. L’image éloquente qui accompagne cette note ne concerne que le lien commercial et sous-estime l’importance du lien étant donné que, dans la quasi-totalité des cas, le pays asiatique est à son tour le principal partenaire financier.

Cette situation est totalement inédite, jamais vue dans l’histoire de l’économie internationale et qui plus est, une chose chose qui s’est produite en une période, historiquement brève, de vingt ans seulement. Et il s’agit d’une modification qui n’est pas conjoncturelle ou passagère mais structurelle et qui révèle, de façon saisissante, le déclin redouté de l’« empire nord-américain ».

Cette nouvelle réalité apporte l’une des clés – pas la seule puisque nous mentionnons plus haut « l’inertie historique » – qui explique la belligérance américaine renouvelée dans la région. Le durcissement du blocus susmentionné s’accompagne d’un soutien ferme au « narcogouvernement » colombien, l’« Israel sud-américain », qui lui facilite ses troupes, ses mercenaires, ses narcotrafiquants et ses paramilitaires pour harceler non seulement la République bolivarienne voisine du Venezuela, mais aussi pour opérer en Haïti et perpétrer un magnicide.

A cela s’ajoutent les pressions intenses exercées sur les gouvernements réticents à obéir aux ordres de la Maison Blanche, comme ceux du Mexique, de la Bolivie, de l’Argentine et maintenant du Pérou.

Face à un changement d’ampleur comme celui illustré par cette image, le commandement a été de se replier sur l’arrière-garde stratégique des États-Unis : l’Amérique latine et les Caraïbes et de s’efforcer à partir de là, avec une région totalement dominée par des gouvernements de droite d’atténuer les conséquences de ce brusque changement dans les relations de forces économiques entre les États-Unis et la Chine.

Cette politique a une histoire : dans les années 70, quand Washington s’est rendu compte qu’il serait vaincu au Vietnam il a alors décidé de semer des dictatures militaires à travers la région pour mieux résister à la tempête. Hier comme aujourd’hui, la recette est la même : déstabiliser les gouvernements insoumis ou simplement avec des prétentions à la neutralité et renforcer les sbires de l’empire. A cette occasion, ils ont atteint leur objectif, mais il est maintenant très peu probable qu’avec cette même politique, ils obtiendront le même résultat.

(1) Estados Unidos o el imperio del mal en peor (esas leccinones de reistencia que nos llegan des sur. institut cubano del libro edtorial jose marti . 2006.

(2) Il faut également noter le parallélisme entre cette manière de semer des dictatures après l’échec du Vietnam pour contrebalancer l’échec et continuer à encercler on la retrouve en Asie centrale avec la chute de l’Afghanistan.

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