Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La vérité cynique du capital et de son État face à l’épidémie, vu par Marx…

suite à la discussion d’aujourd’hui sur la ré-orientation de ce blog : un petit détour théorique me parait utile…

Voici ce morceau choisi de Marx que l’on croirait pensé pour illustrer la description des mesures prises par Macron et ses semblables face à une épidémie révélatrice – Notons que c’est encore excessif d’attribuer à Macron les capacités de l’empereur et son aspect historiquement le plus avancé de son temps. Mais ce qui reste pertinent est la démonstration que toute tentative de résoudre la question sociale dans l’ordre bourgeois est impossible, cela ne mène qu’à la répression. Donc la seule possibilité est de concevoir une stratégie d’abolition du capitalisme, de construction d’un nouvel ordre dans lequel économie et politique se confondent – préoccupation qui distingue le parti révolutionnaire de ses semblables. On comprendra mieux j’espère le pourquoi de notre désir d’échapper aux aléas d’une campagne électorale. Notez que Marx place dans la même logique la Convention et Robespierre : ce qui est selon lui de plus avancé historiquement et dont Napoléon est la réalisation …

“Napoléon voulut, d’un seul coup, anéantir la mendicité. Il chargea les autorités de préparer des plans en vue d’éliminer la mendicité dans toute la France. Le projet se fit attendre. Napoléon perdit patience. Il écrivit à son ministre de l’intérieur, Cretet, et lui intima l’ordre de supprimer la mendicité dans le délai d’un mois. Il lui disait :

“On ne doit pas passer sur cette terre sans laisser de traces qui recommandent notre mémoire à la postérité. Ne me réclamez plus trois ou quatre mois pour recevoir des renseignements. Vous avez de jeunes auditeurs, des préfets avisés, des ingénieurs des ponts et chaussées bien instruits ; mettez-les tous en mouvement, ne vous endormez pas dans le travail bureaucratique habituel.”

En quelques mois tout fut fait. Le 5 juillet 1808 parut la loi qui interdit la mendicité. Comment ? Par la création des dépôts de mendicité, qui se transformèrent tellement vite en établissements pénitentiaires que l’indigent ne put bientôt plus y entrer qu’après être passé devant le tribunal correctionnel. Pourtant M. Noailles du Gard, membre du corps législatif, s’écria alors :

Reconnaissance éternelle au héros qui assure un refuge à l’indigence et des aliments à la pauvreté. L’enfance ne sera plus abandonnée, les familles pauvres ne seront plus privées de ressources, ni les ouvriers d’encouragement et d’occupation. Nos pas ne seront plus arrêtés par l’image dégoûtante des infirmités et de la honteuse misère.”

Ce dernier passage cynique est la seule vérité de ce panégyrique.

il faut pour trouver ce que propose Marx face à cette énumération des tentatives politiques avortées de la bourgeoisie pour résoudre la question sociale tient au fait que même là où la forme politique est la plus développée chaque parti attribue à l’autre parti le paupérisme, mais aucun ne songe à changer de société.

ainsi en est-il selon lui de la “société politique “la plus évoluée de son temps, celle d’Angleterre:

Comment la bourgeoisie anglaise, le gouvernement et la presse qui lui sont liés conçoivent-ils le paupérisme ?

Dans la mesure où la bourgeoisie anglaise admet que le paupérisme est une faute de la politique, le Whig considère le Tory et le Tory le Whig comme la cause du paupérisme. D’après le Whig, la source principale du paupérisme, c’est la grande propriété foncière et la législation protectionniste interdisant l’importation de céréales. D’après le Tory, tout le mal réside dans le libéralisme, la concurrence, le système manufacturier poussé trop loin. Aucun des partis n’en trouve la raison dans la politique en général, mais plutôt, uniquement, dans la politique du parti adverse. Et aucun des deux partis ne songe à une réforme de la société.

Nous avons là “le jeune Marx”, celui qui n’a pas encore mis à jour la plus-value mais s’en prend aux hégéliens de gauche et à leur réforme “par le haut” de l’État. il faut aller à la fin de la démonstration qui revient à dire que cette solution est impossible sans la révolution, sans le socialisme et c’est pour cela que notre blog a choisi de s’intéresser au dit socialisme en considérant comme inopérantes toutes les solutions émanant des partis politiques bourgeois, donc intéressons-nous au socialisme. Mais voyons la fin …

Nous allons dire au “Prussien” ce qu’est une “révolution sociale à âme politique” ; nous lui révélerons le secret de son incapacité à s’élever avec ses beaux discours, au-dessus du point de vue politique borné.

Une révolution “sociale” à âme politique est : ou bien un non-sens complexe, si le “Prussien” comprend par révolution sociale une révolution “sociale” opposée à une révolution politique, et prête néanmoins à la révolution sociale une âme politique au lieu d’une âme sociale ; ou bien une simple paraphrase de ce qu’on appelait d’ordinaire une “révolution politique” ou une “révolution tout court”. Toute révolution dissout l’ancienne société : en ce sens, elle est sociale. Toute révolution renverse l’ancien pouvoir : en ce sens, elle est politique.

Que notre “Prussien” choisisse entre la paraphrase et le non-sens ! Mais, autant une révolution sociale à âme politique est paraphrastique ou absurde, autant une révolution politique à âme sociale est quelque chose de rationnel. La révolution en général, -le renversement du pouvoir existant et la dissolution des anciens rapports- est un acte politique. Mais, sans révolution, le socialisme ne peut se réaliser. Il a besoin de cet acte politique, dans la mesure où il a besoin de destruction et de dissolution. Mais là où commence son activité organisatrice, et où émergent son but propre, son âme, le socialisme rejette son enveloppe politique.

Il nous a fallu tout ce long développement pour déchirer le tissu d’erreurs dissimulées dans une seule colonne de journal. Les lecteurs ne peuvent tous avoir la culture et le temps pour se rendre compte d’une telle charlatanerie littéraire. Le “Prussien” anonyme n’a-t-il donc pas l’obligation, vis-à-vis de son public de lecteurs, de commencer par renoncer à toute élucubration littéraire dans le domaine politique et social, comme aux déclamations sur la situation allemande, et de se mettre plutôt à l’étude consciencieuse de son propre état ?”

(“Vorwärts !” No.64. 10 août 1844, Paris, le 31 juillet 1844)

En attendant le moins que l’on puisse faire c’est empêcher la mort des prolétaires, une lutte contre l’épidémie, l’obscurantisme, ne pas avoir plus de complaisance pour ceux qui attribuent le choléra à l’empoisonnement des puits par les judéobolchéviques que Marx n’en eut pour les régressions proudhoniennes… On n’imagine pas Marx et encore moins Lénine (qui chaque fois qu’il se trouvait devant un échec opérait un retour à la Théorie y compris par Hegel) en train de flatter si peu que ce soit une régression scientifique de ce niveau par temps d’épidémie…

Et pour finir, voici un article qui me parait frappé du coin du solide bon sens… Il y a 176 fois plus de risques de mourir du covid dans un pays capitaliste que socialiste…

https://www.legrandsoir.info/le-capitalisme-tue-176-fois-plus-de-risques-de-mourir-du-covid-19-dans-un-pays-capitaliste-que-dans-un-pays-socialiste.html

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