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Après les géants de la tech, Pékin durcit le ton contre le très lucratif secteur éducatif privé

La Chine donne les moyens à son secteur public et renforce le contrôle sur le secteur privé de l’éducation dans le cadre d’un mode de développement socialiste à la chinoise… à peu près le contraire de ce qui est fait en France et dans les autres pays capitalistes. (note de Danielle Bleitrach dans Histoireetsociete)

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Après les géants de la tech, Pékin durcit le ton contre le très lucratif secteur éducatif privé
La charge de travail excessive des écoliers chinois et les coûts prohibitifs liés à l’éducation sont de plus en plus décriés. © Crédit photo : Hector RETAMAL/AFP

Par sudouest.fr avec AFP
Publié le 26/07/2021 à 12h04S’ABONNER Dans un pays où l’enseignement est particulièrement compétitif et élitiste, l’industrie des cours de soutien et des préparations d’examens est un créneau extrêmement juteux en Chine

Nouveau tour de vis réglementaire : après avoir recadré ses géants technologiques, Pékin durcit le ton contre le lucratif secteur éducatif, dont les actions ont dévissé ce lundi 26 juillet. L’industrie des cours de soutien et des préparations d’examens est un créneau extrêmement juteux en Chine, où l’enseignement est particulièrement compétitif et élitiste. Le secteur pesait en 2018 quelque 260 milliards de dollars (220 milliards d’euros), selon le cabinet d’étude L.E.K. Consulting.

Obsédés par la réussite de leurs enfants, les parents chinois ont pour habitude de dépenser sans compter dans les activités de soutien scolaire, ce qui a permis à des géants de l’éducation de voir le jour — certaines firmes sont même cotées aux États-Unis. Mais la charge de travail excessive des écoliers chinois et les coûts prohibitifs liés à l’éducation sont de plus en plus décriés.

Selon de nouvelles directives publiées samedi par le gouvernement, les entreprises de soutien scolaire devront dorénavant s’enregistrer en tant qu’associations à but non lucratif. Et elles ne pourront plus donner de cours le week-end, les jours fériés et pendant les vacances scolaires. Les analystes redoutent que cette législation ne compromette les futures inscriptions et in fine ne pèse sur la rentabilité des entreprises du secteur.

Stimuler la natalité

Résultat, le tour de vis a fait plonger en Bourse lundi les actions des champions chinois de l’éducation privée. New Oriental Education, l’un des leaders du marché, a perdu 47 % à la Bourse de Hong Kong. Koolearn Technology, spécialisé dans les cours en ligne, a cédé plus de 33 % ; tandis que China Maple Leaf Educational, qui prépare notamment à l’admission dans les universités étrangères, a reculé de près de 11 %. Ces valeurs ont fait plonger la Bourse de Hong Kong, qui a clôturé lundi en baisse de plus de 4 %.

Vendredi déjà, le poids lourd du secteur TAL Education Group, coté à New York, avait perdu 71 % sur fond de rumeurs d’un durcissement de la législation. Et son PDG, Zhang Bangxin, a vu sa fortune fondre de 1,1 milliard de dollars, selon l’agence d’information financière Bloomberg. Les nouvelles mesures, qui visent à alléger la surcharge de travail des écoliers chinois et la pression financière sur leurs parents, sont décrétées au moment où Pékin cherche à stimuler la natalité sur fond de ralentissement économique. Le fardeau financier est souvent ce qui dissuade le plus les jeunes couples chinois d’avoir un enfant.

Reprise en main

Ce durcissement réglementaire dans le secteur éducatif n’est pas sans rappeler celui en cours dans le domaine de la tech, où une législation relativement laxiste sur les données, et l’absence de concurrents étrangers, ont permis à des géants locaux d’émerger. Ces derniers mois, le pouvoir a fait preuve de davantage de fermeté et a lancé des procédures à l’encontre de plusieurs poids lourds du secteur, priés de « rectifier » des pratiques jusque-là tolérées.

Alibaba, le géant chinois du commerce en ligne fondé par le fantasque milliardaire Jack Ma, a ainsi été condamné en avril à payer 2,3 milliards d’euros d’amende pour entrave à la concurrence.SUR LE MEME SUJET

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Didi, qui domine en Chine le marché de la réservation de voitures avec chauffeur (VTC), est lui visé par une enquête en lien avec sa collecte de données privées. Ces déboires interviennent après la levée de 4,4 milliards dollars (3,7 milliards d’euros) par Didi lors de son entrée fin juin à la Bourse de New York — à laquelle Pékin n’était pas favorable. Le mastodonte de l’internet Tencent est la dernière entreprise à se retrouver dans le collimateur de Pékin.

Le groupe, ultradominant en Chine sur le marché du streaming musical, a été épinglé samedi par le régulateur pour pratiques anticoncurrentielles et prié de renoncer à ses droits musicaux exclusifs. Lundi, l’action Tencent a dévissé de 7,7 % à la Bourse de Hong Kong.

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