Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La presse et la campagne anticommuniste dans l’UE

Nous venons tous de vivre la ridicule censure qui a frappé tous ceux qui sur facebook osaient écrire un mot faisant référence au communisme d’une manière positive, des propositions de lecture de la part des gestionnaires du site qui se référaient à la rééducation de la “haine”… C’était grotesque mais surtout inquiétant tant était évident la volonté de juger du contenu du débat politique en France selon les critères à l’œuvre aux USA. Mais ce qui rend cette censure encore plus inquiétante c’est le contexte européen. S’il est fait une grande réclame aux moutons noirs comme Victor Orban s’attaquant aux homosexuels en revanche l’arrestation arbitraire des communistes en Pologne (1) et l’attaque décrite ici contre le journal communiste Junge Welt est passé sous silence. Notre correspondant de la Pravda en Europe occidentale Andrei Doultsev nous l’a transmis et Marianne l’a traduit. En France, que dire sinon que les communistes ont été plus ou moins privés d’une presse communiste qui porte réellement leurs idées, et qu’il faut empêcher à tout prix ce travail d’étouffement. Autre remarque, on craint légitimement l’accès au pouvoir de l’extrême-droite mais ce travail de censure contre les communistes n’est pas mené par la dite extrême-droite, il en prépare le terrain. ( note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

“Une ressource indésirable.”

N° 54 (31114) 27 mai 2021

Auteur : Andrei DULTSEV, correspondant de la “Pravda” en Europe occidentale.

https://gazeta-pravda.ru/issue/54-31114-27-maya-2021-goda/nezhelatelnyy-resurs/?sphrase_id=110383

Les journalistes du journal marxiste allemand Junge Welt luttent pour leurs droits.

La persécution des communistes en Allemagne a malheureusement une longue et persistante tradition. Après l’interdiction du parti communiste en 1956, l’Allemagne de l’Ouest, où les communistes étaient hors-la-loi, a non seulement empêché les communistes d’enseigner mais même à travailler comme postiers. Cette chasse aux sorcières se poursuit à ce jour. En mars de cette année, on apprend officiellement que des membres du parti communiste ont été mis sur écoute par le contre-espionnage allemand. Le journal marxiste Junge Welt, classé comme extrémiste par le bureau allemand de protection de la constitution (service de contre-espionnage Verfassungsschutz), s’est attelé à la lutte pour les droits politiques.

À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la ministre fédérale allemande de la justice, Christina Lambrecht, a salué le travail des journalistes indépendants et leur a promis davantage de protection : “Il n’y a pas de démocratie sans liberté de la presse”, a déclaré la politicienne du parti social-démocrate allemand (SPD). Dans le même temps, l’organisme allemand de surveillance du contre-espionnage, Verfassungsschutz, a mentionné Junge Welt dans un article distinct depuis 2004, ce qui a provoqué la colère du comité de rédaction.

Dans son discours à l’occasion de la Journée de la liberté de la presse, Stefan Huth, rédacteur en chef du journal, a écrit : “Dans le cas de la Russie, de la Chine, de Cuba et d’un certain nombre d’autres pays, le gouvernement allemand réagit en premier – en paroles et en actes – lorsqu’il y a une prétendue attaque contre les droits démocratiques. En Allemagne, cependant, nous avons des normes différentes, comme peuvent en témoigner les rédacteurs, les éditeurs et la coopérative Junge Welt. Depuis 2004, notre journal est officiellement sous l’œil vigilant du service de contre-espionnage allemand en tant qu'”organisation” extrémiste. L’étiquette en elle-même est insupportable. Mais il a aussi des conséquences plus profondes sur le travail éditorial : notamment parce que ce statut remet en cause l’autonomie financière du journal et la possibilité de le publier. Un exemple concret est le refus des propriétaires des panneaux d’affichage des transports publics à Hambourg, Cologne, Leipzig et Berlin, en mars de cette année, d’apposer des affiches de Junge Welt avec le slogan de notre campagne actuelle “Qui a peur de qui ?”. Le refus de placer notre annonce a été brièvement justifié dans une lettre reçue par la rédaction : “Ni le client ni le slogan ne correspondent à la neutralité politique stipulée dans le contrat.”

L’imprimeur d’Esslingen a été encore plus clair : “Vous avez (placé) une annonce pour le quotidien ‘Junge Welt’, qui est mentionné dans le rapport annuel de l’Office fédéral allemand pour la protection de la Constitution. Ceci est malheureusement en contradiction avec notre principe de ne pas publier les organisations mentionnées dans le rapport sur la protection de la constitution.” Mais la publicité dans les lieux publics n’est pas la seule à en pâtir : une grande chaîne de supermarchés a tenté d’interdire la vente de Junge Welt dans le service de presse en se référant au rapport de contre-espionnage, et diverses stations de radio refusent de diffuser des émissions payantes pour la même raison. On nous informe régulièrement que dans les salles de lecture des bibliothèques publiques, le message “Unwanted resource” apparaît lors de la tentative d’accès au site “Junge Welt”.

Les rédacteurs et éditeurs de Junge Welt considèrent la mention du journal dans le rapport annuel du Verfassungsschutz comme un scandale politique. Dans une lettre ouverte datée du 12 mars, ils ont demandé aux groupes parlementaires de tous les partis représentés au Bundestag de répondre aux questions suivantes : “Pensez-vous que ces actions des autorités fédérales contre le journal sont compatibles avec la liberté d’expression et la liberté de la presse, qui sont garanties par la Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne ?”. Pensez-vous qu’il soit acceptable qu’un quotidien, le Junge Welt, soit soumis à d’importantes restrictions publicitaires simplement parce qu’une autorité n’aime pas l’opinion exprimée dans le journal ? Quelle action votre groupe parlementaire peut-il entreprendre pour défendre le journal ?”

Seuls les Verts et die Linke ont répondu ; les autres ont préféré garder le silence. Amira Mohamed Ali et Dietmar Bartsch, leaders de la faction du parti de gauche au Bundestag, ont publié une déclaration : “La liberté de la presse n’est pas seulement un droit constitutionnel – elle doit être appliquée dans la pratique, ce qui vaut également pour tous les journaux.” Et les députés de die Linke a déposé une demande d’enquête parlementaire, signée par 52 députés, qui a été publiée sur le site web du Bundestag. Elle pose les questions : “L’analyse marxiste est-elle inconstitutionnelle ? Est-il permis de parler d’une société de classe et de faire une critique de principe du capitalisme par rapport à la société allemande ? Est-il permis à un organe gouvernemental d’évaluer la position politique d’un quotidien et d’influencer ainsi ses activités ?” La rédaction attend que le gouvernement fédéral réponde aux questions sur la liberté de la presse.

(1) Aymeric Monville nous a alerté sur l’arrestation de ce militant communiste en Pologne, nous relayons la vidéo qu’il a publiée en attendant de relayer un surcroit de l’information.

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1 Commentaire

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Quelles sont les valeurs de l’UE ?
    https://www.vie-publique.fr/fiches/20302-quelles-valeurs-lunion-europeenne-defend-elle

    Quelles sont les valeurs de l’UE ?

    Le traité de Lisbonne a précisé les valeurs de l’Union européenne : respect de la dignité humaine, liberté, démocratie, égalité, État de droit, respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Elles sont dites communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes (art. 2 TUE).

    Affirmées pour la première fois par le traité sur l’Union européenne (TUE), signé à Maastricht en 1992, ces valeurs ont été par la suite confirmées et complétées par la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (2000).

    Nous attendons avec impatience les réactions en paroles et actes des représentants de l’UE et de leurs principaux chefs d’État concernant les persécutions politiques en Europe : militants communistes polonais, ukrainiens, espagnols, journalistes comme Julian Assange toujours en prison malgré que le principal témoin ait déclaré avoir menti, Pablo Hasel toujours incarcéré dans la prison de la monarchie espagnole pour avoir chanté le communisme et a la misère des peuples.
    Nous attendons toujours la condamnation du soutien ouvert aux nazis et autres fascistes antisémites répandus dans les pays de l’Est et en Espagne ou en Grèce, mais aussi chez nous et dans toute l’Amérique, nous attendons toujours les condamnations des propos racistes de Navalny, des suprémacistes blancs et des fascistes capitalistes exploiteurs en Amérique latine, des bataillons nazis équipés de blindés en Ukraine, de la célébration publique de criminels de guerre responsables de génocides.
    Nous attendons toujours l’expulsion des officiers et soldats fascistes présents dans les armées européennes et manifestant publiquement leur idéologie.

    Après tout l’UE n’a-t-elle pas été construite par les anciens collabos de la seconde guerre mondiale, nos alliés de gôche ont appuyé la saloperie du 19 septembre 2019 au parlement européen proposée par l’extrême droite polonaise, nous voyons qu’au nom du totalitarisme les seuls qui sont chassés ou dont la réputation est salie sont les communistes.

    Communistes dont tous les grands dirigeants ont au contraire unis le peuple avec leurs différences d’origine, d’ethnie, de religion ; l’URSS et la Chine en sont de merveilleux exemples.

    Sur twitter une jeune chinoise diffuse des vidéos des minorités en Chine, ces images sont classées comme sensibles et demandent une confirmation pour y accéder ; l’une d’elle est la vidéo de la fête de l’aid el kebir au Xinjiang où l’on voit simplement une foule célébrer une fête voilà ce qui pour Twitter est “sensible” et mérite un avertissement — des musulmans célébrant pacifiquement en chine une fête musulmane — par conte la propagande mensongère de l’occident permet à l’extrême droite d’y polluler et d’insulter les progrès bien réels des pays socialistes.

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