Le lion devenu vieux et le combat contre la lâcheté…

Des camarades ont retrouvé cette vidéo qui date de l’automne 2019 et dans laquelle j’explique à Vénissieux pourquoi j’ai écrit mes mémoires. Je n’en change pas un mot en particulier sur mon optimisme en tant que communiste et pourtant cela explique aussi mon renoncement à être autre chose que sympathisante et pourtant à m’investir pleinement dans la campagne de Fabien Roussel …

Non seulement j’ai été censurée – le livre s’est pourtant bien vendu- pas un mot dans la presse dite bourgeoise, mais comme d’habitude l’interdiction de prononcer même mon nom dans la presse “communiste” ça fait trente ans que ça dure… mais le dialogue que j’attendais n’a jamais eu lieu… Pourtant le questionnement demeure plus d’actualité que jamais. Mais il y a eu un moment c’était le 22 avril 2020, je subissais une campagne de harcélement de la part d’un individu en plein délire devenu disciple de Raoult et qui m’accusait de tiédeur envers son idole… il m’avait désigné sous le vocable DB 1938, pour bien marquer mon âge et laisser entendre que j’étais une “espionne” à surveiller… C’était grotesque et il y a des moments où la moindre égratignure vous déchire… Des plaies personnelles comme chacun, le tout avec cette censure totale,la même subie depuis 30 ans. Donc ce 22 avril, ce jour-là l’Humanité et le parti n’ont pas célébré l’anniversaire de Lénine. Que l’on me censure moi passe encore, mais Lénine,trop c’était trop…

En outre, j’étais convaincue que tous ces gens qui avaient du féminisme plein la bouche osaient avec moi ce qu’ils n’auraient jamais fait à un homme, le fait d’être une vieille femme me rendait encore plus vulnérable.

Je me suis récité cette phrase de phèdre le fabuliste latin que je traduisais jadis : Quicumque amisit dignitatem pristinam,  ignavis est etiam jocus in casu gravi., en français : quiconque a perdu son ancienne puissance, devient le jouet du lâche dans le malheur.

J’ai jugé que j’avais atteint les limites du grotesque et de l’indécence intellectuelle qu’un individu peut subir sans humiliation et que donc je quittais ce parti en tant qu’adhérante et n’y reviendrait plus jamais, ni dans aucun collectif c’était trop dangereux . Mais ce refus était purement personnel et j’ai continué à penser comme je le dis dans cette intervention que l’existence d’un parti communiste est indispensable aux exploités et à mon pays. Ce qui dépasse ma personne… Au contraire désormais j’encouragerai ceux qui auront la force et les capacités à se battre pour que ce parti retrouve lui aussi sa puissance.

si j’avais un conseil à donner aux jeunes, ce serait celui de Snowden, qui rejoint étrangement le jeune Marx qui affirme sa volonté d’agir pour le bien de tous quoiqu’il lui en coûtât: “Si vous croyez en quelque chose, vous devez être prêt à défendre ce quelque chose ou vous n’y croyez pas vraiment du tout. Il y aura toujours des conséquences pour les opposants au pouvoir et il ne fait aucun doute que j’ai dû faire face à des représailles, comme tous les lanceurs d’alerte d’intérêt public sortant de la communauté du renseignement au cours des dernières décennies, depuis Daniel Ellsberg. Mais cela ne veut pas dire que cela ne vaut pas la peine d’être fait. Ce sont des risques qui valent la peine d’être pris.”

Je pense que se battre pour qu’il existe un parti communiste digne de ce nom est le noyau de bien des choses qui me sont essentielles, il faut simplement que chacun agisse où il est le plus utile. C’est une rude bataille qui a besoin de tous parce que personne ne nous fera de cadeau.

Parce que ce parti lui aussi était comme le lion devenu vieux de la fable : il avait perdu son ancienne puissance et il devenait le jouet de médiocres qui insultaient lâchement sa faiblesse… Il n’avait pas besoin de ma fragilité,de mes incapacités, il avait besoin de combattants et je les vois de nouveau là et je m’en réjouis. Mon combat n’est pas celui du parti, je dis ce que j’estime juste et vrai…

Une porte s’est ouverte avec la campagne de Fabien Roussel,il serait temps que tous les communistes encartés ou pas mesurent qu’il existe un renouveau possible et que celui-ci est en train de concerner la planète… Oui comme je l’affirme au début je suis optimiste parce que le pessimisme est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre…

Danielle Bleitrach