Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les leçons de la pandémie

Cet article du KPRF est un des articles les mieux documentés sur les effets de la pandémie dans le monde dans sa première partie, mais le sujet traité dans sa deuxième partie est la conséquence de la perte de l’esprit scientifique qui caractérisait l’URSS et le retour à tous les obscurantismes concernant en particulier les vaccins. C’est en effet un sujet tout à fait essentiel et pas seulement en ce qui concerne l’URSS, la perte de l’esprit scientifique et le refuge dans l’irrationnel a atteint un grand nombre d’individus et prospère avec le capitalisme. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

N° 49 (31109) 14-17 mai 2021

Auteur : Yury YEMELYANOV.

https://gazeta-pravda.ru/issue/49-31109-1417-maya-2021-goda/uroki-pandemii/

Pour la deuxième année consécutive, le coronavirus est le principal problème de la Russie.

Les rapports sur le nombre de personnes infectées et tuées par son fléau font chaque jour les grands titres des actualités. Bien que de nombreux médias soulignent les progrès de la Russie dans la lutte contre la maladie et la situation critique des autres pays touchés par la pandémie, ils ne mentionnent pas que la Russie se classe au 6e rang mondial pour le nombre de cas (4,739 millions début mai) et au 7e rang pour le nombre de victimes de la maladie (111 000 début mai). Et ce malgré le fait que la Russie se classe au 9e rang mondial en termes de population.

Où le coronavirus a-t-il fait moins de dégâts que dans notre pays ? Dans les listes des 190 pays infectés par le coronavirus, qui sont publiées quotidiennement par l’Université Johns Hopkins, les dernières places sont occupées par des pays peu peuplés situés sur des îles. Des pays comme le Groenland, la Micronésie, le Vanuatu, les îles Marshall, les Seychelles, la Dominique et Saint-Kitts ont été les moins touchés par l’infection mondiale, car il a été relativement facile d’isoler la population locale des étrangers infectés et de soigner les quelques patients locaux.

Derrière la Russie dans ces listes, on trouve également de nombreuses nations pauvres d’Afrique et d’Asie. Cela peut s’expliquer par le fait que ces pays ne comptent pas beaucoup de mégapoles à forte densité de population, qui sont les principaux vecteurs d’infection. En outre, bon nombre de ces pays ont été tenus à l’écart du chemin des personnes infectées par le covid. Il est également possible que, pour une raison quelconque, les populations de ces pays soient plus immunisées contre le coronavirus.

La Russie est également devant certains pays hautement développés qui ont une longue tradition de mesures de protection strictes contre les maladies infectieuses. Bien que la population de la Russie (147 millions d’habitants) ne soit pas beaucoup plus importante que celle du Japon (126 millions), le nombre de décès par covid en Russie est 10 fois supérieur à celui du Pays du Soleil Levant (10 391). Le Japon, dont la population est la onzième du monde, se classe au 38e rang sur la liste des pays comptant le plus grand nombre de cas de covid dans le monde. Cela peut être dû à l’habitude locale de couvrir une partie du visage avec un masque même lors d’un petit rhume.

Par rapport à l’Australie également, la comparaison n’est pas en faveur de notre pays. Bien que la population y soit 5,5 fois moins nombreuse qu’en Australie, le nombre de personnes décédées du covid est 118 fois plus élevé qu’en Australie (910). La raison, apparemment, est que l’Australie a depuis longtemps mis en place des mesures de quarantaine strictes. Des décennies avant la pandémie, les personnes arrivant par avion étaient traitées comme des étrangers venus d’un pays infecté. Après l’atterrissage, des personnes montaient à bord de l’avion et aspergeaient les passagers encore assis à leurs sièges avec un agent qui tue les bactéries. Et lorsqu’ils descendaient sur le terrain de l’aérodrome, ils marchaient longtemps sur des tapis imbibés de liquide désinfectant.

Les autorités australiennes appliquent les mesures les plus strictes pour protéger leur pays de la pandémie actuelle, comme en témoigne la décision prise par le gouvernement du continent d’interdire les vols à destination et en provenance de l’Inde dès que la recrudescence des maladies et des décès liés au coronavirus dans ce pays a été connue. Bien que quelque 9 000 citoyens australiens se trouvent actuellement en Inde, ils sont interdits de retour dans leur pays depuis le 3 mai sous peine d’une peine de prison de 5 ans et d’une amende de 66 000 dollars. Grâce à ces interdictions, il n’y a pas eu d’augmentation significative des cas ou des décès de COVID-19 en Australie ces dernières semaines.

Cependant, l’écart en termes d’incidence et de nombre de victimes est particulièrement important entre la Russie et des pays qui, contrairement à notre pays, ont poursuivi la voie de la construction socialiste. Les événements de l’année dernière ont montré que ce ne sont pas tant les conditions géographiques, qui ont permis un isolement partiel du reste du monde, ou la longue tradition historique de lutte contre les infections, que les systèmes socialistes qui ont contribué le plus efficacement à repousser la contagion mondiale. Les pays qui ont conservé le système socialiste ont contré l’infection par une excellente organisation de la médecine gratuite et une action vigoureuse des appareils de l’État et du parti pour assurer la sécurité de la population. La pandémie a été surmontée grâce au haut niveau de sensibilisation des citoyens. Les populations de ces pays ont montré leur confiance historique dans les politiques des partis communistes au pouvoir et leur volonté d’unité patriotique face au danger.

En janvier 2020, la Chine se classait au premier rang mondial en termes de nombre de personnes infectées et de personnes décédées, mais elle a relativement rapidement stoppé la propagation de la pandémie et parvient toujours à étouffer les nouveaux foyers d’infection virale. La République populaire de Chine, qui compte 1,4 milliard d’habitants, se classe désormais au 99e rang mondial pour le nombre de personnes infectées, derrière non seulement la Russie, les États-Unis et les principaux pays européens, mais aussi l’Albanie, avec 2,8 millions d’habitants, et l’Estonie, avec 1,3 million. Bien que la Chine compte 17 fois plus d’habitants que l’Allemagne, le nombre de personnes atteinte du covid dans l’Empire du Milieu est 16 fois moins élevé que dans ce pays européen développé. Bien que la Chine et l’Inde aient une population presque équivalente, le nombre de décès liés à cette maladie est 37 fois plus élevé en Inde qu’en Chine.

Les voisins socialistes de la Chine ont également obtenu des succès impressionnants, parvenant à prendre des mesures pour protéger leurs populations du coronavirus après l’épidémie de Wuhan. Au cours de la pandémie qui a sévi pendant un an dans la République socialiste du Viêt Nam, 2 693 personnes ont contracté le covid et 35 en sont mortes. Au cours de la même période, 5 350520 personnes ont été infectées par le coronavirus en France, dont la population est près de la moitié de celle de son ancienne colonie, le Viet Nam, et 100832 sont décédées.

En République démocratique populaire du Laos, pays voisin du Viet Nam, 323 personnes ont été infectées par le covid, mais personne n’est mort. Grâce à des mesures de quarantaine strictes, le gouvernement de la République populaire démocratique de Corée a fait en sorte qu’aucun cas de coronavirus n’ait été signalé jusqu’à présent dans la partie nord de la péninsule coréenne.

Bien que Cuba, qui continue de construire le socialisme, soit entourée par les États-Unis et d’autres pays de l’hémisphère occidental où la pandémie fait rage, l’île de la Liberté, avec son excellente organisation de la santé publique, a réussi à contrer la contagion. Bien que Cuba et sa voisine, la République dominicaine, aient pratiquement la même population, le nombre de victimes du covid est 5 fois moins élevé chez les Cubains que chez les Dominicains. Le contraste est encore plus frappant si l’on compare le nombre de victimes à celui des États-Unis. Bien que Cuba compte 30 fois moins d’habitants que les États-Unis, le nombre de décès y est plus de 850 fois inférieur à celui de son voisin du nord.

Il ne fait aucun doute que si la pandémie avait éclaté lorsque l’URSS existait, elle aurait été étouffée dans l’œuf dans notre pays avec des pertes minimes. L’efficacité d’un système de défense antiépidémique en constante expansion et amélioration en URSS a été confirmée en 1960, lorsque la variole a été rapidement enrayée, et en 1970, une épidémie de choléra a été stoppée. Même après l’effondrement du système socialiste, les vestiges du passé soviétique ont continué à aider les gens à lutter contre la catastrophe mondiale. L’apparition de vaccins russes contre le coronavirus et les mesures visant à organiser la quarantaine et le traitement des malades n’ont été possibles que parce qu’au cours des sept décennies soviétiques, un système de soins de santé hautement développé, un réseau d’institutions médicales scientifiques et une puissante industrie pharmaceutique ont été créés.

Les vestiges des normes de comportement soviétiques, même après 30 ans d’imposition de la morale bourgeoise, ont joué un rôle sérieux dans la lutte contre la pandémie. Comme pendant la Grande Guerre patriotique, de nombreux médecins et travailleurs médicaux de la Russie moderne, ne ménageant pas leurs efforts, ont travaillé de manière désintéressée pour sauver les malades. Comme s’ils renouaient avec une tradition soviétique, des centaines de milliers de jeunes gens aidaient les malades et les nécessiteux. Les réserves non utilisées du passé soviétique ont contribué au fait que la Russie est toujours derrière la grande majorité des pays d’Europe occidentale et d’Amérique en ce qui concerne le nombre de cas de coronavirus et le nombre de victimes par habitant.

Quand il y a des brèches dans la quarantaine

Après le début de la pandémie, il semblait que la Russie prenait des mesures adéquates pour y faire face. Dès que des foyers de la maladie ont été détectés à Wuhan, il a été annoncé que les différents patients chinois bloqués en Russie avaient été mis en quarantaine. Les ressortissants russes qui s’étaient rendus en Chine après le début de la pandémie étaient également isolés. Ils ont ensuite été transférés en Russie où ils ont été à nouveau mis en quarantaine pendant un certain temps. Il a également été fait état d’une interdiction d’importation de légumes chinois dans le kraï de Primorsky.

Cependant, aucune mesure de ce type n’a été prise pour les isoler des pays d’Europe occidentale et d’Amérique, qui étaient déjà devenus un important vivier du coronavirus au printemps 2020. Peu après le début de la pandémie, le virus a été détecté à Moscou et à Saint-Pétersbourg, devenus depuis longtemps la principale porte d’entrée du pays sur l’Occident. C’est par ces deux capitales russes que le coronavirus a commencé à déferler sur les étendues de notre immense patrie.

Il est rapidement apparu que de nombreux citoyens russes qui, au début de la pandémie, s’étaient retrouvés dans les pays touchés, n’étaient pas pressés de rentrer dans leur pays. La croyance que rester à l’étranger était un besoin humain essentiel, ancrée dans leur esprit au cours des dernières décennies, a paralysé les connaissances acquises à l’école sur la nature des épidémies et les a empêchés d’intégrer les dernières informations sur la nouvelle contagion. Ce n’est qu’après que différents pays ont commencé à interrompre leur communication avec le monde que les amateurs de voyages ou de vie à l’étranger ont paniqué et exigé leur retour. Pendant plusieurs mois en 2020, la Russie a dû dépenser beaucoup d’argent pour transporter 200 000 de ses citoyens du monde entier.

Cependant, dès le second semestre 2020, les restrictions sur les voyages à l’étranger ont commencé à s’assouplir. Bien que le chef du Rospotrebnadzor Mme Popova a déclaré en janvier 2021, lors de son intervention à la télévision, que 90 % des maladies pandémiques sont importées de Turquie, aucune mesure n’a été prise pour freiner le flux de passagers de la Russie vers “la riviera turque” et retour. Toutes les chaînes de télévision ont diffusé des publicités sur les avantages et la “sécurité” de rester en Turquie. Ce n’est que lorsqu’il s’est avéré que la Turquie dépassait de nombreux pays du monde en termes de morbidité et de mortalité dues au coronavirus que les autorités russes ont imposé des restrictions sur les voyages en Turquie. À cette époque, plus de cent mille citoyens russes se prélassaient sur les plages turques. Et à nouveau, il a fallu envoyer à la hâte des avions vides pour ramener les amateurs de rivages ensoleillés vers des contrées plus fraîches… et pour livrer à la Russie de nouveaux porteurs de la maladie mortelle.

Mais pourquoi des centaines de milliers de Russes sont-ils devenus comme les jeunes ‘auto-stoppeurs’ qui montent sur le toit des trains, ou les chauffards qui dévalent les routes ? Il est possible que beaucoup d’entre eux n’aient même pas eu conscience du danger mortel pour eux-mêmes et leurs proches. Qu’est-ce qui ne va pas dans l’esprit des Russes modernes ?

Quand 38 est un motif d’alarme

Lorsque le mercure du thermomètre atteint 38, il ne fait aucun doute que la maladie est grave. Aujourd’hui, ce même chiffre, cette fois en pourcentage, est un indicateur de la très mauvaise santé de la société russe. En effet les sondages montrent que seulement 38 % de la population russe croit en la nécessité de la vaccination contre le coronavirus. L’écrasante majorité des personnes interrogées dans le cadre de ces enquêtes ont déclaré ne pas croire à la possibilité d’échapper à cette dangereuse maladie par la vaccination.

Cependant, nous savons que tant que la proportion de personnes vaccinées contre la maladie parmi la population du pays n’atteindra pas 60-70%, la pandémie continuera à faire souffrir des centaines de milliers de personnes et à en tuer des dizaines de milliers. De nombreux observateurs étrangers s’étonnent : dans un pays où plusieurs types de vaccins efficaces ont été mis au point, la population hésite à se vacciner contre le coronavirus. Alors que jusqu’en Argentine, les files d’attente s’allongent pour se faire vacciner avec le vaccin russe, la patrie de son invention n’est pas pressée de se faire vacciner. En conséquence, un certain nombre de pays dans le monde nous ont déjà dépassés en termes de personnes vaccinées.

On sait que pour convaincre ses sujets des bienfaits de la vaccination contre la variole, l’impératrice Catherine II a autorisé le médecin à pratiquer la vaccination sur sa main en présence de la Cour. Depuis lors, et surtout pendant les années du régime soviétique, la population de notre pays a été alphabétisée, éduquée et vaccinée à plusieurs reprises. Les écoliers soviétiques chantaient une chanson disant qu’ils n’avaient pas peur des piqures. Néanmoins, dans les dernières années de l’existence de l’Union soviétique, une méfiance à l’égard des vaccinations a commencé à se répandre dans le pays. D’une part, les raisons de la réticence à se faire vacciner étaient bien connues. Parfois, les vaccinations étaient effectuées sans tenir compte des caractéristiques individuelles de l’organisme, ce qui entraînait des effets secondaires désagréables. D’autre part, le rejet de l’expérience séculaire de la vaccination a été causé par une perte de confiance croissante dans tout ce qui venait des autorités.

La confiance a chuté à mesure que la population était convaincue du manque de fiabilité des promesses des dirigeants du pays. Cette méfiance s’est intensifiée pendant la perestroïka de Gorbatchev. La campagne de discrédit du passé soviétique, déclenchée à cette époque, a provoqué des doutes sur toutes les réalisations du socialisme, y compris l’élimination des maladies contagieuses par la vaccination. La destruction de la foi dans l’ordre social, qui reposait sur les principes de la théorie scientifique communiste, s’est accompagnée du discrédit de la connaissance scientifique. Ce n’est pas un hasard si, à cette époque, les séances de Kachpirovski[célèbre hypnotiseur, qui ‘guérissait’ pratiquement tout par écran de TV interposé, NdT] et de Tchoumak étaient constamment diffusées à la télévision, rassemblant des millions de téléspectateurs.

Des publications imprimées contenant des doctrines sur les auras et les chakras, ainsi que des ouvrages délirants de Fomenko et Nosovsky ont été distribués dans tout le pays. Même dans les instituts de recherche, des ignorants parlaient d’herboristes philippins qui auraient éliminé les calculs de la vésicule biliaire sans intervention chirurgicale, et dans les cinémas, on voyait des films charlatanesques de E. von Daniken sur des extraterrestres qui auraient jeté les bases de la civilisation humaine.

La chute du système soviétique a provoqué une réaction en chaîne dans l’esprit de nombreuses personnes, révisant tout ce en quoi elles avaient cru auparavant. Les connaissances scientifiques ont également été rejetées. Il est significatif que la société “Znanie” (le Savoir), dont les conférenciers avaient l’habitude de parler aux publics de toutes les régions des succès de la science, ait commencé à décliner à l’ère post-soviétique et ait été dissoute en juillet 2016. “Znanie – sila” (le Savoir est une force), un magazine publié à des millions d’exemplaires, est désormais publié à 4 500 exemplaires. Les tirages de la littérature scientifique de vulgarisation ont diminué des centaines de fois.

Les connaissances qui sont encore transmises à l’école ne sont plus perçues par de nombreux enfants et adolescents comme étant dignes d’attention et de mémorisation. Ces dernières années, seuls 2,3 % des Russes ayant terminé leurs études secondaires étaient capables de répondre correctement aux sept questions exigeant des connaissances de niveau élémentaire. Seuls 30% ont rejeté la thèse délibérément erronée selon laquelle toute radioactivité est d’origine humaine. Seuls 31% ont nié l’affirmation selon laquelle le laser fonctionne en concentrant les ondes sonores. Seuls 48% savaient que les électrons sont plus petits que les atomes. Seuls 45 % des répondants ne sont pas d’accord avec l’affirmation selon laquelle les premiers humains ont vécu en même temps que les dinosaures.

Il s’est avéré qu’un tiers des Russes croient que le Soleil tourne autour de la Terre. 20% des répondants, croyant que la Terre tourne néanmoins autour du Soleil, ont déclaré qu’une révolution autour du Soleil se produit au cours du mois. Jusqu’à la moitié des personnes interrogées croient en la capacité des sorcières et des sorciers à jeter des sorts. On ne sait pas combien de ceux qui croient aux sorcières, aux malédictions et au mauvais œil ont caché leurs superstitions aux sociologues.

Des absurdités non scientifiques sont constamment propagées par les médias. Récemment, un film a été diffusé sur l’une des chaînes de télévision centrales, dans lequel il était affirmé que les personnes en question buvaient, mouraient dans des accidents de la route ou commettaient des actes de hooliganisme exclusivement parce qu’un sort avait été jeté sur eux. Les absurdités diffusées intensivement sont absorbées avec avidité par les personnes habituées à les consommer en permanence.

J’en veux pour preuve qu’au cours d’une longue course en taxi dans les rues de Moscou, un jeune chauffeur ne s’est jamais lassé de me raconter des histoires d’extraterrestres errant dans la capitale russe, de communication constante de certaines personnes avec des mondes parallèles, et m’a assuré qu’il existait une certaine “faille” dans le quartier de Sokolniki, par laquelle des personnes du passé pouvaient entrer dans Moscou. Une fois, alors que je parlais à des étudiants d’un puits superprofond sur la péninsule de Kola, j’ai mentionné que certaines personnes sont convaincues : le forage du puits s’est arrêté parce que des voix de l’enfer ont été entendues d’en bas. En entendant mes paroles, l’un des étudiants s’est exclamé : “Vous n’y croyez pas ? !”

De tout temps, les ignorants et les incultes ont toujours été convaincus de la justesse de leurs idées butées et primitives sur le monde et ont résolument rejeté la connaissance scientifique. Des personnages de Tchekhov croyaient que “l’électricité est une supercherie” et estimaient qu'”il est impossible” que l’homme ait évolué à partir d’un singe. Le protagoniste de la pièce “Jours difficiles”, l’huissier Kharlampy Gavrilych Moudrov, selon A.N. Ostrovski, “un homme d’une espèce très importante”, est convaincu qu’il fait partie des rares personnes ayant un “esprit solide”, et qu’il peut donc lire des livres. Moudrov explique : “Je lis, mais je ne crois pas ce qui est écrit ; quels que soient les documents qu’on me donne, je ne les crois pas ; même s’il était écrit que deux fois deux font quatre, je ne le croirais pas, parce que j’ai l’esprit solide”.

L’incrédulité des ignorants à l’égard de la vérité scientifique est combinée à la peur de l’inconnu et de l’incompréhensible. Lorsque Moudrov a prononcé le mot “métal”, son interlocutrice Nastasia Pankratievna a demandé “de ne pas lui faire peur”. La marchande a informé l’homme de loi que lorsqu’elle entendait le mot ‘soufre’, elle en tremblait de tout son corps. [en russe – ou vieux-russe – il s’agit d’un mot particulier ‘joupel’ qui signifie en référence à la Bible ‘soufre incandescent’, il est utilisé aujourd’hui au sens figuré, approximativement comme ‘chiffon rouge’ agité au nez du taureau, NdT].

Depuis le début du XXIe siècle, le numéro d’identification du contribuable, ou NIC, a le même effet que les mots “métal” et “soufre” sur Nastasia Pankratieva. Certains ecclésiastiques influents ont vu dans les numéros ou les codes à barres utilisés pour le NIC le “nombre du diable” mentionné dans le Nouveau Testament. Il y a même des gens qui se sont réfugiés au fond des bois pour l’avoir cru. Aujourd’hui, le même “soufre” qui fait trembler les gens de peur est devenu le concept de “vaccination”. Plus récemment, une actrice populaire à la télévision a soutenu que la vaccination actuelle a été prédite et condamnée autrefois par Saint Païssios du Mont Athos, et qu’elle devrait donc être abandonnée. Parfois, les ennemis de la science nous assurent que sous couvert de vaccination, les gens sont “pucés”.

Ainsi, des obscurantistes ignorants se présentent comme des patriotes. En fait, ils aident à réaliser les plans d’extermination des gens de notre pays que le Führer démoniaque a échafaudés. Dans son discours de Prusse orientale du 4 avril 1942, Hitler a appelé à maintenir la population des régions occupées “au niveau de culture le plus bas possible… Si… un culte de sorcellerie… apparaît dans tel ou tel village, nous ne pourrons que nous en féliciter.

Le 22 juillet 1942, au même quartier général, il annonce : “Il faut répandre de sang-froid les notions superstitieuses selon lesquelles l’inoculation est une activité extrêmement dangereuse”. Ainsi, Hitler entendait se débarrasser des personnes “superflues” dans l'”espace vital” qu’il destinait exclusivement aux Allemands. On voit que près de 80 ans plus tard, ce plan russophobe est mis en pratique avec succès par l’entremise de soi-disant patriotes.

Vues : 112

Suite de l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.